Rencontre avec Félix Boggio Éwanjé-Épée &Stella Magliani-Belkacem autour du livre “Les féministes blanches et l’empire”
Félix Boggio Éwanjé-Épée est étudiant en philosophie et membre des comités éditoriaux de ContreTemps et de RdL, La Revue des Livres
Stella Magliani-Belkacem travaille aux éditions La fabrique. Ensemble, ils ont contribué à Contre l’arbitraire du pouvoir (2012) et ont coordonné Race et capitalisme (Syllepse, 2012)
Présentation
Depuis la loi dite « sur le voile à l’école » de réelles fractures sont apparues entre les différentes composantes du mouvement féministe pour aboutir à des clivages profonds en termes de mots d’ordre, d’actions et de mobilisations. Dans le même temps, l’offensive raciste s’est affermie, greffant à sa rhétorique la question des « droits des femmes ». Il est de plus en plus courant d’analyser ce virage en terme d’« instrumentalisation du féminisme à des fins racistes ». Ce livre entend précisément interroger et discuter cet énoncé.
L’idée qu’un mouvement social, une politique d’émancipation, puissent être simplement utilisés, ou récupérés par l’ordre existant pour renforcer son discours rencontre bien des limites. Comment expliquer que la réaction ait pu soudainement se parer de vertus « féministes », elle qui a toujours été si hostile aux mouvements féministes, elle qui est si prompte à défendre le patriarcat ? Pour comprendre ce tournant, il faut envisager la chose non comme une simple « récupération » ou « instrumentalisation » mais plutôt comme une convergence d’intérêt, comme une affinité entre les objectifs, à court ou moyen terme, de larges franges du féminisme et du pouvoir raciste et impérialiste, à des moments historiques précis.
C’est dans cette perspective que les auteur-e‑s de ce court essai entreprennent une généalogie des stratégies féministes : non pas une histoire détaillée, mais plutôt un coup de projecteur sur des situations historiques où la question raciale et/ou coloniale s’est trouvée au cœur du discours des féministes. Les suffragettes et « la mission civilisatrice », le féminisme de la deuxième vague et, plus près de nous, l’épisode de la loi sur le voile à l’école ou encore celui de la solidarité internationale, constituent ces « moments » dont l’étude met à jour les logiques qui ont conduit certaines féministes à promouvoir leurs objectifs aux dépens des colonisé-e‑s et descendant-e‑s de colonisé-e‑s.
Le livre propose une discussion stratégique sur le féminisme et le racisme, un récit des occasions perdues et de certaines faiblesses héritées que les mouvements progressistes doivent comprendre et dépasser pour inventer des futurs émancipateurs.
Samedi 5 Janvier 2013 de 19h00 à 22h00
Rue du Chevreuil, 4 à 1000 Bruxelles
Info : 0476/84.19.69 et/ou info.egalite@gmail.com
Prix : 2 Euros
Rendez-vous au local d’ ÉGALITÉ à partir de 18h30.
Bonnes feuilles : http://www.egalite.be/?p=5012