vendredi 17/02/2017 à 19h,
Brésiliens comme moi de Susana Rossberg. “Si l’on enlève les aspects spécifiques au Brésil, toutes les immigrations se ressemblent. C’est ce qui donne à ce film un caractère universel. L’immigration brésilienne, comme les autres, est le résultat de l’exploitation de l’homme par l’homme , de l’égocentrisme des riches. À l’intérieur d’un système de consommation, je montre comment des gens réussissent à vivre, en se disant satisfaits, avec peu. Ce phénomène est parfois repris dans des discussions à propos de la différence Nord-Sud mais il se retrouve également au cœur de l’Europe. Il me semble important, à une époque où on accumule de plus en plus et on met l’accent sur la richesse personnelle, d’essayer de revenir à des valeurs plus simples, plus saines !”
17/02/2017 à 19h : Brésiliens comme moi de Susana Rossberg, 2007, 86′.
Maison de la Francité — 18, rue Joseph II — 1000 Bruxelles.
Maison de la Francité, en collaboration avec l’Association Royale de la Presse NORD-SUD (ARPNS)
Susana Rossberg, ancienne élève de l’INSAS et aujourd’hui connue et reconnue dans la profession pour ses talents de monteuse, a collaboré aux films de Marion Hänsel et de Jaco Van Dormael auxquels elle est restée fidèle. Brésiliens comme moi, le documentaire qu’elle vient de réaliser, traite du sort des gens, brésiliens ou non, qui vivent illégalement en Belgique. Après deux ans d’écriture et de nombreuses recherches, elle rencontre Patrice Bauduinet (P.B.C. Pictures) qui accepte de produire le film. Elle s’entoure alors de Michel Baudour à la caméra, et d’Olivier Hespel au son. Rencontre avec une femme passionnée à la recherche du lien à travers les racines.
Susana Rossberg, réalisatrice et monteuse
Cinergie : Quel est le sujet de Brésiliens comme moi ?
Susana Rossberg : Le film porte le nom d’une vieille chanson brésilienne. Le sujet apparent est la communauté brésilienne en Belgique. Mais j’avais envie de m’exprimer sur quelque chose qui me tient à coeur : les problèmes des Brésiliens mais aussi ceux de l’immigration en général. On parle souvent du travail illégal et l’idée « de mettre dehors les illégaux », mais dans le contexte de la globalisation, avons-nous encore le droit d’être si exclusifs ?
C. : Etes-vous partie à la recherche des Brésiliens que vous connaissiez déjà ?
S. R. : Je ne les connaissais pas tous. Je ne connaissais que ceux qui sont arrivés, comme moi, dans les années 60, pendant la période de la dictature. J’ai quitté le Brésil il y a 40 ans et je me sens frustrée de ne pas suffisament connaître les gens de mon pays. J’ai attendu 18 ans avant de pouvoir y revenir à cause de la dictature.
À la quarantaine, j’ai arrêté de travailler et j’ai terminé, aux Etats-Unis, des études commencées à 18 ans. J’ai fait une maîtrise en “Etudes brésiliennes” parce que j’avais envie de mieux connaître l’histoire de mon pays. Plus tard, la politique d’ouverture du président Lula a permis à l’ambassade brésilienne de s’ouvrir et d’organiser des rencontres. Cala m’a permis de renouer avec ma communauté d’origine et de rencontrer beaucoup de personnes.
C. : Vous êtes vous sentie plus proche de votre communauté d’origine à travers ce film ?
S. R. : Que je fasse un film ou non, je voulais me rapprocher des Brésiliens. Lorsque la productrice qui devait financer mon film a changé d’avis, j’ai décidé de le poursuivre coûte que coûte. Le travail de repérage m’avait aidé à renouer avec ma communauté et cela aurait pu me suffire. Mais j’ai eu envie d’aller jusqu’au bout. Dans ce film, je souhaite montrer ce que je ressens et ce qu’ils ressentent face à une société encore plus dure qu’avant.
C. : Comment vivent-ils ?
S. R. : Cette population est ici pour des raisons économiques. Il y en a qui repartent dans d’autres pays et Brésiliens comme moi de Susana Rossbergd’autres qui se font contrôler et qui sont renvoyés au Brésil. Ici, ils vivent à plusieurs dans des appartements mais curieusement, ils n’ont pas envie de partir.
Certains envoient de l’argent à leur famille, d’autres font venir femme et enfants ici parce que l’éducation y est meilleure, même si leur réalité est proche de l’esclavage. J’ai rencontré une assistante sociale qui m’a raconté que des Brésiliennes, engagées au noir dans des sociétés, sont payées 2 € de l’heure pour nettoyer des Ministères ! C’est très ironique de vouloir renvoyer ces gens vu que leur présence et leur salaire dérisoire arrangent bien certains employeurs qui s’en servent contre l’augmentation des salaires légaux.
C. : Vous occupez-vous également du montage ?
S. R. : Pour le moment, je monte seule car j’ai 28 heures de rushes et je perdrais beaucoup de temps à expliquer le film à quelqu’un d’extérieur. Mais j’ai demandé des conseilsà certaines personnes dont Sandrine Deegen.
C. : Techniquement, comment avez-vous travaillé ? Avec de la pellicule ou du numérique ?
S. R. : J’ai filmé en DV-CAM. Cela ne m’a pas posé de problèmes car en pellicule je me serais sentie coupable de filmer autant de rushes ! C’est beaucoup moins cher et les images sont très belles.
On avait prévu un film de 52 minutes mais j’ai déjà dépassé cette durée. Heureusement, j’ai un producteur très zen !
Dimitra Bouras et Jean-Michel Vlaeminckx