Projection film “L’heure des brasiers” 3/3
Cinéma NOVA Rue d’Arenberg 3 à 1000 BXL
L’heure des brasiers #3 : Violence et libération
Fernando Ezequiel Solanas, Santiago Alvarez & Octavio Getino, 1968, AR, vo st fr, 85′
Dédiée à l’argumentation idéologique, la dernière partie du triptyque se focalise sur les prises de conscience et les résistances populaires. Imprégnée de l’arrivée de “Che” Guevara dans l’univers des guérillas d’Amérique latine, elle prend la forme d’une exaltation aux luttes de résistance et de libération à travers toute l’Amérique latine.
29.01 > 21:00
Rue d’Arenberg 3 à 1000 BXL
L’heure des brasiers
Fernando Ezequiel Solanas, Santiago Alvarez & Octavio Getino
1968, AR, 264’
Considéré comme le premier long métrage de Fernando “Pino” Solanas (qui signera ensuite des films comme “Tangos, l’exil de Gardel”, “Le Sud” ou “Le voyage”), “L’heure des brasiers” a été réalisé au sein de Cine Liberación. Ce groupe de production et de diffusion cinématographiques se consacrait à la lutte contre la désinformation, en s’inscrivant dans le mouvement dit du Tiers-cinéma. Il s’agissait de se démarquer du Premier-cinéma, hollywoodien, industriel et commercial, et du Second-cinéma revendiquant la notion d’auteur dans une perspective réformiste.
La volonté du Tiers-cinéma était celle de la décolonisation culturelle, de l’engagement, de l’ancrage au cœur des processus sociaux et politiques, tout en cherchant à dépasser la dénonciation des circonstances de vie pour contribuer à de nouvelles dynamiques sociales et culturelles. Solanas et Getino précisent à l’époque : “le Tiers-cinéma oppose au cinéma industriel un cinéma artisanal ; au cinéma des individus, un cinéma des masses ; au cinéma d’auteur, un cinéma des collectifs ; au cinéma de désinformation néocolonial, un cinéma d’information ; au cinéma d’évasion, un cinéma qui restaure la réalité ; au cinéma passif, un cinéma agressif ; au cinéma institutionnalisé, un cinéma de guérilla,…”.
Manifeste révolutionnaire, “L’heure des brasiers” est l’emblème du Tiers-cinéma. Lors de sa sortie, il fut diffusé principalement dans les circuits parallèles en Argentine, tandis qu’il était projeté dans les festivals européens à l’heure des révoltes ouvrières et étudiantes de mai 68. Partout, il fut salué pour sa liberté et son inventivité formelles, mais aussi pour sa pugnacité, sa rigueur et son efficacité démonstrative… Au point d’être devenu un classique du cinéma sud-américain et une référence dans le cinéma politique, ne cessant d’alimenter la réflexion sur l’ingérence des pays riches et la révolte comme seul moyen de se libérer du joug de l’oppresseur.
Fresque de plus de 4 heures, réalisée clandestinement en 16mm et sans son synchrone, il est le fruit d’un travail colossal : près de deux cents heures d’entretiens enregistrés durant deux années d’enquête (de 1966 à 1968). Adoptant la structure de l’essai (il a pour sous-titre “Notes sur le néocolonialisme et la violence”), il se divise en chapitres et en notes, les réalisateurs expliquant avoir filmé “en utilisant la pellicule comme un carnet et la caméra comme un stylo”.
“L’heure des brasiers” ne s’adresse pas à nous comme à des sujets qu’il convient de divertir, mais comme à des militants potentiels avec lesquels il faut débattre. Ainsi la deuxième et la troisième parties comportent-elles des écrans noirs qui permettent d’interrompre la projection pour que s’engage le débat. De sorte qu’il existe plusieurs versions du film selon le principe de l’œuvre ouverte. Pour Solanas, “un film sur la libération, c’est-à-dire sur une étape inachevée de notre histoire, ne peut être qu’un film inachevé, un film ouvert sur le présent et sur le futur de la libération. Il revient aux protagonistes de le poursuivre et de le compléter”.