Projection film « L’heure des brasiers » 3/3

29.01 2012 /
21h Cinéma NOVA Rue d’Arenberg 3 à 1000 BXL

Projection film “L’heure des brasiers” 3/3

Cinéma NOVA Rue d’Arenberg 3 à 1000 BXL

L’heure des bra­siers #3 : Vio­lence et libération

Fer­nan­do Eze­quiel Sola­nas, San­tia­go Alva­rez & Octa­vio Geti­no, 1968, AR, vo st fr, 85′

Dédiée à l’argumentation idéo­lo­gique, la der­nière par­tie du trip­tyque se foca­lise sur les prises de conscience et les résis­tances popu­laires. Impré­gnée de l’arrivée de “Che” Gue­va­ra dans l’univers des gué­rillas d’Amérique latine, elle prend la forme d’une exal­ta­tion aux luttes de résis­tance et de libé­ra­tion à tra­vers toute l’Amérique latine.

29.01 > 21:00

Rue d’Arenberg 3 à 1000 BXL

L’heure des brasiers 

Fer­nan­do Eze­quiel Sola­nas, San­tia­go Alva­rez & Octa­vio Getino
1968, AR, 264’

Consi­dé­ré comme le pre­mier long métrage de Fer­nan­do “Pino” Sola­nas (qui signe­ra ensuite des films comme “Tan­gos, l’exil de Gar­del”, “Le Sud” ou “Le voyage”), “L’heure des bra­siers” a été réa­li­sé au sein de Cine Libe­ra­ción. Ce groupe de pro­duc­tion et de dif­fu­sion ciné­ma­to­gra­phiques se consa­crait à la lutte contre la dés­in­for­ma­tion, en s’inscrivant dans le mou­ve­ment dit du Tiers-ciné­ma. Il s’agissait de se démar­quer du Pre­mier-ciné­ma, hol­ly­woo­dien, indus­triel et com­mer­cial, et du Second-ciné­ma reven­di­quant la notion d’auteur dans une pers­pec­tive réformiste. 

La volon­té du Tiers-ciné­ma était celle de la déco­lo­ni­sa­tion cultu­relle, de l’engagement, de l’ancrage au cœur des pro­ces­sus sociaux et poli­tiques, tout en cher­chant à dépas­ser la dénon­cia­tion des cir­cons­tances de vie pour contri­buer à de nou­velles dyna­miques sociales et cultu­relles. Sola­nas et Geti­no pré­cisent à l’époque : “le Tiers-ciné­ma oppose au ciné­ma indus­triel un ciné­ma arti­sa­nal ; au ciné­ma des indi­vi­dus, un ciné­ma des masses ; au ciné­ma d’auteur, un ciné­ma des col­lec­tifs ; au ciné­ma de dés­in­for­ma­tion néo­co­lo­nial, un ciné­ma d’information ; au ciné­ma d’évasion, un ciné­ma qui res­taure la réa­li­té ; au ciné­ma pas­sif, un ciné­ma agres­sif ; au ciné­ma ins­ti­tu­tion­na­li­sé, un ciné­ma de guérilla,…”.

Mani­feste révo­lu­tion­naire, “L’heure des bra­siers” est l’emblème du Tiers-ciné­ma. Lors de sa sor­tie, il fut dif­fu­sé prin­ci­pa­le­ment dans les cir­cuits paral­lèles en Argen­tine, tan­dis qu’il était pro­je­té dans les fes­ti­vals euro­péens à l’heure des révoltes ouvrières et étu­diantes de mai 68. Par­tout, il fut salué pour sa liber­té et son inven­ti­vi­té for­melles, mais aus­si pour sa pug­na­ci­té, sa rigueur et son effi­ca­ci­té démons­tra­tive… Au point d’être deve­nu un clas­sique du ciné­ma sud-amé­ri­cain et une réfé­rence dans le ciné­ma poli­tique, ne ces­sant d’alimenter la réflexion sur l’ingérence des pays riches et la révolte comme seul moyen de se libé­rer du joug de l’oppresseur.

Fresque de plus de 4 heures, réa­li­sée clan­des­ti­ne­ment en 16mm et sans son syn­chrone, il est le fruit d’un tra­vail colos­sal : près de deux cents heures d’entretiens enre­gis­trés durant deux années d’enquête (de 1966 à 1968). Adop­tant la struc­ture de l’essai (il a pour sous-titre “Notes sur le néo­co­lo­nia­lisme et la vio­lence”), il se divise en cha­pitres et en notes, les réa­li­sa­teurs expli­quant avoir fil­mé “en uti­li­sant la pel­li­cule comme un car­net et la camé­ra comme un stylo”.

“L’heure des bra­siers” ne s’adresse pas à nous comme à des sujets qu’il convient de diver­tir, mais comme à des mili­tants poten­tiels avec les­quels il faut débattre. Ain­si la deuxième et la troi­sième par­ties com­portent-elles des écrans noirs qui per­mettent d’interrompre la pro­jec­tion pour que s’engage le débat. De sorte qu’il existe plu­sieurs ver­sions du film selon le prin­cipe de l’œuvre ouverte. Pour Sola­nas, “un film sur la libé­ra­tion, c’est-à-dire sur une étape inache­vée de notre his­toire, ne peut être qu’un film inache­vé, un film ouvert sur le pré­sent et sur le futur de la libé­ra­tion. Il revient aux pro­ta­go­nistes de le pour­suivre et de le compléter”.