Rassemblement contre la violence au travail

04.09 2018 /
17h30-20h30 Hôtel de ville d'Etterbeek, 113 avenue d'Auderghem 1040 Bruxelles
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Morte à cause de la vio­lence au tra­vail – Jusqu’où l’indifférence ?

Jeu­di 23 août 2018 notre délé­guée syn­di­cale, col­lègue, amie, a mis fin à ses jours. Elle allait avoir 47 ans. C’était une belle per­sonne, tou­jours prête à écou­ter et à défendre ses col­lègues. Elle laisse sa famille, des amis, des col­lègues, sous le choc, effon­drés, aba­sour­dis. Notre délé­guée s’est ôté la vie pour en finir avec l’angoisse, avec le stress et la dou­leur liés aux vio­lences qu’elle a subies pen­dant de longues années au tra­vail, à la Mis­sion Locale d’Etterbeek.

Cette vio­lence venait d’une direc­tion agres­sive : qui mal­gré les inter­pel­la­tions a été main­te­nue en fonc­tion pen­dant des années mais aus­si d’un har­cè­le­ment quo­ti­dien mené contre les délé­gués syn­di­caux (aujourd’hui sur les 5 délé­gués syn­di­caux res­tants, 4 sont en burn-out dont une qui a fait une ten­ta­tive de sui­cide l’année pas­sée), parce qu’ils pre­naient la parole pour défendre leurs col­lègues. Elle venait éga­le­ment d’une charge de tra­vail exces­sive que, mal­gré ses demandes et appels à l’aide répé­tés, la direc­tion n’avait pas allégée.

Depuis plus de 2 ans, les délé­gués dénon­çaient ces pra­tiques, sans que le Conseil d’administration et la direc­tion prennent la mesure de la gra­vi­té des faits dénon­cés. Aujourd’hui encore, la direc­tion et le CA n’ont fait preuve d’aucune dili­gence, ni pris aucune de leurs res­pon­sa­bi­li­tés : pen­dant trois jours, ils n’ont fait aucune com­mu­ni­ca­tion aux tra­vailleurs, ne les ont pas réunis pour leur per­mettre d’exprimer ce qu’ils vivaient après un tel choc, n’ont ins­tal­lé aucune cel­lule de crise pour les accom­pa­gner. Au contraire, consigne a été don­née de ne pas ébrui­ter l’affaire. Il a fal­lu attendre lun­di matin pour qu’un repré­sen­tant du Conseil d’administration réunisse les membres du per­son­nel sur demande des syn­di­cats. Aucune réunion urgente du CA n’a été convo­quée à ce jour. Le sui­cide d’une tra­vailleuse et d’une délé­guée n’est visi­ble­ment pas suf­fi­sant grave pour que le Bourg­mestre Vincent de Wolf, les éche­vins d’Etterbeek membres du CA et le reste des membres du Conseil d’administration de la Mis­sion Locale, se réunissent pour en discuter.

Aujourd’hui les tra­vailleurs de la Mis­sion Locale veulent dénon­cer la pres­sion et le har­cè­le­ment qu’ils subissent depuis plu­sieurs années. Encore récem­ment, la direc­tion a exi­gé de plu­sieurs col­lègues qu’ils écrivent un rap­port à charge contre un délé­gué syn­di­cal, dans le but avoué de le licen­cier. Ces pra­tiques de déla­tion, de mani­pu­la­tion, de chan­tage, sont indignes et pour­tant, la direc­trice par inté­rim dont il est ques­tion, qui a mis la pres­sion sur les tra­vailleurs, les a har­ce­lés, n’est à ce jour pas écar­tée de ses fonc­tions de ges­tion de per­son­nel et de l’entreprise.

A la Mis­sion Locale d’Etterbeek, la vio­lence est bana­li­sée, cer­taines per­sonnes qui l’incarnent et la pro­pagent ne sont pas inquié­tées. La vio­lence est dans les murs, dans la culture même de l’entreprise. La CNE a dépo­sé une plainte pénale pour har­cè­le­ment auprès de l’auditorat du tra­vail, pour que les res­pon­sa­bi­li­tés soient iden­ti­fiées, que la dyna­mique de l’entreprise change radi­ca­le­ment, et pour empê­cher qu’une tra­gé­die pareille se reproduise.

Ce que les délé­gués de la Mis­sion Locale d’Etterbeek ont subi pen­dant des années, de nom­breux autres délé­gués le vivent au quo­ti­dien dans d’autres entre­prises, où ils défendent leurs col­lègues. Pres­sions, menaces, har­cè­le­ment, stag­na­tion pro­fes­sion­nelle, licen­cie­ment, déni­gre­ment, repré­sailles. Tout cela n’est pas un cas iso­lé dans le sec­teur. Parce qu’ils ont le cou­rage de par­ler, qu’ils cherchent à orga­ni­ser leurs col­lègues, ils sont de plus en plus sou­vent la cible de direc­tions qui ne veulent pas s’embarrasser de concer­ta­tion avec leurs tra­vailleurs, qui ne veulent ni la trans­pa­rence ni la démo­cra­tie qu’une délé­ga­tion syn­di­cale ins­taure du fait même de son exis­tence. Cet évè­ne­ment tra­gique nous rap­pelle à tous qu’attaquer les délé­gués syn­di­caux, c’est bien atta­quer les repré­sen­tants et les sou­tiens des tra­vailleurs et donc les tra­vailleurs eux-mêmes.

Cela met aus­si en lumière une nou­velle fois le fait que le monde du tra­vail est et conti­nue à deve­nir, pour un nombre crois­sant de tra­vailleurs, un milieu violent, où les pra­tiques de mana­ge­ment les plus inhu­maines sont cau­tion­nées et encou­ra­gées par un nombre de plus en plus grand d’employeurs, où ils sont contraints de subir la mal­trai­tance et l’arbitraire ou à démis­sion­ner. Les tra­vailleurs sont obli­gés d’assumer une charge de tra­vail de plus en plus lourde avec de moins en moins de moyens. Le bien-être au tra­vail, ins­crit dans la loi comme une obli­ga­tion de l’employeur, n’est pas une prio­ri­té pour bon nombre de direc­tions et de res­pon­sables poli­tiques. En atten­dant, la vio­lence au tra­vail tue.

Nos orga­ni­sa­tions syn­di­cales n’en res­te­ront pas là. Nous conti­nue­rons à com­battre fer­me­ment toute vio­lence au travail.

En mémoire et en soli­da­ri­té avec notre délé­guée, et pour dénon­cer fer­me­ment la vio­lence au tra­vail, nous orga­ni­sons un ras­sem­ble­ment le mar­di 4 sep­tembre à 17h30 devant l’Hôtel com­mu­nal d’Etterbeek (Ave­nue d’Auderghem 113, 1040 Etterbeek).

Le Set­ca et la CNE

source :face­book