Rassemblement contre l’isolement et la précarité étudiante

22.02 2021 / 14h - 00h
ULB - Campus du Solbosch - Avenue Franklin Roosevelt 50, 1050 Bruxelles

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Évè­ne­ment de Union syn­di­cale étu­diante, ULB CGSP Ensei­gne­ment-Recherche et Mal­frap USE

 APPEL A MOBILISATION :

Nous avons lu, vu et enten­du les dis­cours de la rec­trice de l’ULB, ain­si que de Valé­rie Gla­ti­gny : force est de consta­ter que les paroles ne suf­fisent plus. Les mesures demeurent inchan­gées depuis des mois et nous refu­sons de conti­nuer de les sup­por­ter. C’est pour­quoi nous appe­lons à une ras­sem­ble­ment des étudiant.e.s.
Infos pra­tiques :
 — Venez masqué.es, res­pec­tez les gestes barrières
‑Pro­gramme : soon !

Voici notre communiqué de presse et nos revendications :

« Nous, étu­diants, étu­diantes, sommes à bout.
Près d’un an après le début de cette crise sani­taire, il est désor­mais impos­sible de nier la détresse psy­cho­lo­gique et la pré­ca­ri­té ram­pante par­mi les étudiant‧e‧s. Nous dénon­çons le manque de moyens nous concer­nant mis en place depuis le début de la pan­dé­mie, ain­si que l’insuffisance des nou­velles mesures annon­cées et la non concer­ta­tion du gou­ver­ne­ment et des uni­ver­si­tés avec nous, étudiant‧e‧s, vis-à-vis des déci­sions prises.
L’aug­men­ta­tion du taux de dépres­sion chez les étudiant.es, les sui­cides et les décro­chages sco­laires mas­sifs, nous montrent à quel point la ges­tion poli­tique de la crise a favo­ri­sé l’i­so­le­ment des étudiant‧e‧s et ses consé­quences des­truc­trices (1). En effet, près de 60% des étudiant‧e‧s sont en décro­chage sco­laire, et 80% d’entre elleux se sentent fragilisé.es psy­cho­lo­gi­que­ment en rai­son de l’isolement social et de leurs condi­tions d’étude (lieu non-adap­té, baisse fla­grante de la qua­li­té de l’en­sei­gne­ment, etc) (2).
En plus de l’i­so­le­ment, la pré­ca­ri­té étu­diante tue aus­si. Celle-ci qui, déjà pré­sente avant la crise n’a fait que s’ac­croitre. En effet, énor­mé­ment (plus d’un quart) d’étudiant‧e‧s ont per­du leurs jobs, et cela impact gran­de­ment leurs condi­tions de vie (dif­fi­cul­té à payer le loyer, les frais ali­men­taires, sco­laires et médi­caux) qui dépendent bien sou­vent de ce reve­nu (3). Etant don­né le sta­tut pré­caire de leurs jobs, dû à la non-recon­nais­sance du sta­tut des étudiant‧e‧s comme adultes et travailleur‧euse‧s en for­ma­tion, ils et elles n’ont pas droit au chô­mage tem­po­raire. Ce qui fait que les dif­fé­rentes aides dis­po­nibles actuel­le­ment ne sont pas suf­fi­santes ou tout bon­ne­ment absentes pour répondre aux besoins de toutes et tous. Des alter­na­tives sont pour­tant pos­sibles. Au Dane­mark par exemple, chaque étudiant‧e reçoit un reve­nu men­suel (une sorte de salaire étu­diant) pen­dant six ans et l’en­sei­gne­ment supé­rieur y est gra­tuit (4). A cela s’ajoute la frac­ture numé­rique (soit l’i­né­ga­li­té d’ac­cès aux outils tech­no­lo­giques), qui creuse les inéga­li­tés socio-éco­no­miques entre les étudiant‧e‧s et empêche un accès égal à l’en­sei­gne­ment en dis­tan­ciel (5).
Il est aber­rant de voir que pra­ti­que­ment aucune aide finan­cière n’a été mise en place pour les étudiant‧e‧s (tan­dis que plu­sieurs mil­liards d’eu­ros ont été alloués pour aider les entre­prises et les indé­pen­dants) (6).
Le manque de consi­dé­ra­tion, d’écoute, de moyens, d’aide, que nous subis­sons en tant qu’étudiant‧e.s ne sont pas des pro­blé­ma­tiques nou­velles, elles pré­exis­taient déjà à la crise. Et il en est de même pour le sous-finan­ce­ment des sec­teurs publics tel que l’enseignement supé­rieur ou bien celui de l’hô­pi­tal publique (7). Ce sous-finan­ce­ment de l’en­sei­gne­ment supé­rieur s’o­père par ailleurs en même temps que le nombre d’étudiant·e·s aug­mente, ce qui rend d’autant plus néces­saire une amé­lio­ra­tion des infra­struc­tures pour les accueillir, et l’embauche de per­son­nel pour les accom­pa­gner (8).
Nous fini­rons par dénon­cer la vio­lence et le mépris avec les­quels le gou­ver­ne­ment a lais­sé des jeunes dans la misère, et com­ment il a bri­sé, via le confi­ne­ment, l’un de leurs besoins les plus fon­da­men­taux : les rela­tions sociales et affec­tives, tout en leur fai­sant por­ter la res­pon­sa­bi­li­té et la culpa­bi­li­té de la pro­pa­ga­tion du virus — lorsque certain‧es d’entre elles et eux, à bout, ne res­pectent pas les mesures alors même qu’ils et elles souffrent d’i­so­le­ment (9).
Nous appe­lons tou‧te‧s les étudiant‧e‧s à venir se ras­sem­bler le lun­di 22 février 14h à l’ULB Sol­bosch, contre l’i­so­le­ment et la pré­ca­ri­té étudiante !

NOS REVENDICATIONS :

Nous, étu­diantes, étu­diants, refu­sons de subir les consé­quences de cette ges­tion désas­treuse de la crise, nous ne serons pas cette “géné­ra­tion sacri­fiée”. Il aurait pu en être autre­ment, si les prio­ri­tés n’a­vaient pas été les mêmes. Mais il est encore temps de sau­ver ce qui peut être sauvé.
C’est pour­quoi nous revendiquons :
1) Une ré-ouver­ture pro­gres­sive des uni­ver­si­tés et hautes écoles, avec des cours en pré­sen­tiel tout en res­pec­tant les mesures sani­taires ain­si que des cours éga­le­ment enre­gis­trés pour que les per­sonnes à risque puissent ne pas se pré­sen­ter (mesures hybrides).
Nous pen­sons qu’une ré-ouver­ture pro­gres­sive et par­tielle des uni­ver­si­tés ain­si que des hautes écoles, est pos­sible, et que compte tenu de la détresse psy­cho­lo­gique des étudiant‧e‧s, elle se révèle même être indis­pen­sable. Il suf­fi­rait que des moyens suf­fi­sants soient mis en place : le res­pect des gestes bar­rière et le port du masque, des méthodes hybrides d’en­sei­gne­ment, une ven­ti­la­tion adé­quate dans les salles de classe, de la pré­ven­tion et des tes­ting rapides. L’université de Brown aux États-Unis a d’ailleurs main­te­nu depuis avril un taux de posi­ti­vi­té très faible sur son cam­pus grâce à ces mesures (10).
2) Cepen­dant, ces mesures hybrides doivent être mises en place sans aug­men­ter la charge de tra­vail des enseignant‧e‧s, du per­son­nel admi­nis­tra­tif et du per­son­nel d’en­tre­tien. C’est pour­quoi nous reven­di­quons éga­le­ment une hausse des moyens finan­ciers et humains (recru­te­ment, for­ma­tions, fonds supplémentaires…).
3) Par ré-ouver­ture des uni­ver­si­tés, nous enten­dons par là éga­le­ment la reprise (avec pré­cau­tion tou­jours), des acti­vi­tés cultu­relles et spor­tives au sein du cam­pus, car ces acti­vi­tés font par­tie inté­grante de notre vie uni­ver­si­taire. Nous esti­mons en effet qu’une reprise des cours en pré­sen­tiel uni­que­ment ne suf­fi­ra pas à sou­la­ger le mal-être qu’engendre l’isolement.
4) Un allè­ge­ment de la matière éva­luée pour les étudiant.es. Par exemple, en pri­vi­lé­giant un modèle d’é­va­lua­tion conti­nue : qui éva­lue­rait la même masse de matière que le modèle actuel, mais sur un temps plus allon­gé au fil de plu­sieurs éva­lua­tions — moins dures qu’un exa­men car moins consé­quentes. Cela évi­te­rait la sur­charge de matière durant le blo­cus en plein confi­ne­ment (comme ces deux der­niers qua­drilles) et pour­rait réduire le décro­chage sco­laire, en favo­ri­sant un tra­vail plus régu­lier et des ses­sions de fait plus accessibles.
Une autre pos­si­bi­li­té peut être de gar­der le modèle actuel mais en rédui­sant la matière indi­vi­duelle des dif­fé­rents cours.
5) Une prise de déci­sion démo­cra­tique entre les professeur‧e‧s, assistant‧e‧s et les étudiant‧e‧s quant à ces moda­li­tés d’apprentissage et d’évaluation.
6) Une semaine de vacances avant la semaine tam­pon pour per­mettre aux étudiant.es en détresse psy­cho­lo­gique de souf­fler. Nous esti­mons en effet que la semaine post blo­cus n’a pas été suf­fi­sante pour nous per­mettre de véri­ta­ble­ment relâ­cher la pres­sion que nous vivons.
7) Des bourses spé­ciales covid pour aider finan­ciè­re­ment celles et ceux qui en ont besoin main­te­nant, ain­si que l’extension du chô­mage tem­po­raire aux étudiant.es jobistes. A long terme nous reven­di­quons un salaire étu­diant car les étudiant·e·s, par leurs nom­breuses acti­vi­tés actuel­le­ment sous-payées ou exer­cées à titre gra­tuit, par­ti­cipent à la pro­duc­tion de richesse et ce notam­ment via les stages. La garan­tie d’un reve­nu durant les études per­met­trait de lut­ter contre la pré­ca­ri­té étudiante.
8) Un accès à un sou­tien psy­cho­lo­gique gra­tuit et une réelle infor­ma­tion sur ce sujet.
9) Toutes ces mesures ne seront pos­sibles que via un refi­nan­ce­ment du sec­teur de l’en­sei­gne­ment supérieur.
10) Une réelle prise en compte par le gou­ver­ne­ment des besoins actuels de tout‧e‧s les étudiant‧e‧s, que ce soit en tant que jobiste, sta­giaire, étudiant·e ou apprenti·e. Plus géné­ra­le­ment, nous reven­di­quons une concer­ta­tion des étudiant.e.s quant aux déci­sions gou­ver­ne­men­tales prises dans le cadre de la ges­tion de la crise.
Nous sommes bien enten­dus soli­daires à tous les oubliés de la crise sani­taire, que ce soit le per­son­nel soi­gnants, les per­sonnes sans-papiers, les per­sonnes sans abri, les per­sonnes pré­ca­ri­sées, les per­sonnes âgées, les per­sonnes déte­nues (11), les femmes (12), les travailleur·se·s surexposé.e.s (en grande par­tie des femmes, mais pas uni­que­ment (13)), le sec­teur cultu­rel et l’horeca. »
Si tu rejoins nos reven­di­ca­tions, ou que tu en as d’autres à faire por­ter, si tu es aus­si en détresse ou en colère que nous, rejoins-nous le 22 février sur le cam­pus du Sol­bosch à l’ULB !!
A lun­di !
Signé : des étudiant.e.s en détresse, soutenu.e.s par l’USE* (Union Syn­di­cale Etudiante).
*L’Union syn­di­cale étu­diante est est un syn­di­cat étu­diant qui milite contre les injus­tices dans l’en­sei­gne­ment supé­rieur et pour un ensei­gne­ment, public, gra­tuit, de qua­li­té et acces­sible à tous.tes.
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