Rassemblement devant l’ambassade des USA : Stop à l’intervention occidentale en Syrie

25.09 2012 /
18h ambassade USA: 27 Bd du Régent, 1000 Bruxelles
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USA : pourvoyeur de terroristes et fauteur de guerre en Syrie

Ras­sem­ble­ment devant l’ambassade des USA

Mar­di 25 sep­tembre à 18h

27 Bd du Régent, 1000 Bruxelles

Métro : Arts-Loi

Stop à l’intervention occi­den­tale en Syrie

Jadis, l’Occident menait la Guerre Sainte pour répandre le chris­tia­nisme et la civi­li­sa­tion. Aujourd’hui, la reli­gion nou­velle s’appelle « droits de l’Homme », « démo­cra­tie » ou « pro­tec­tion des civils ». Au nom de ses valeurs et de ses inté­rêts, l’Occident, Etats-Unis en tête, ne recule devant aucun sale coup : finan­ce­ment de groupes d’opposition et de filières ter­ro­ristes, dés­in­for­ma­tion, opé­ra­tions psy­cho­lo­giques (Psyops), livrai­son d’armes, for­ma­tion de mer­ce­naires, actions de sabo­tages et de désta­bi­li­sa­tion, embar­gos et sanc­tions, atten­tats ciblés, atten­tats aveugles et au besoin, bom­bar­de­ments massifs.

Si la Syrie est aujourd’hui dans la ligne de mire de nos Etats, ce n’est cer­tai­ne­ment pas parce que le régime mal­traite ses oppo­sants. Nous avons vu en effet com­ment nos élites pou­vaient faire preuve de com­pas­sion et d’indulgence envers leurs alliés régio­naux qui ne sont pas moins vio­lents comme le régime de Tel-Aviv, celui d’Ali Abdal­lah Saleh au Yémen, de Ben Ali en Tuni­sie, celui des Saoud au Royaume du même nom ou celui des Al Kha­li­fa au Bahreïn.

D’abord, la Syrie paie le prix de son atta­che­ment à sa sou­ve­rai­ne­té natio­nale. C’est le der­nier pays arabe capable de résis­ter au cou­rant néo­con­ser­va­teur qui déferle avec le sou­tien de l’Occident sur les pays de la région à la faveur du « prin­temps arabe ».

Ensuite, la Syrie subit des repré­sailles pour son insou­mis­sion à Israël. L’alliance stra­té­gique que Damas a tis­sée avec l’Iran et les orga­ni­sa­tions de la résis­tance liba­naise et pales­ti­nienne est un crime grave et sans appel aux yeux de nos élites. Offi­ciel­le­ment en état de guerre avec Israël, l’Etat syrien est de sur­croît doté de la der­nière armée arabe capable de résis­ter à la super­puis­sance de Tsahal.

Tous les mémo­ran­dums altruistes de l’Occident sur la Syrie ne servent qu’à dis­si­mu­ler ces deux réa­li­tés. Pour se rendre compte de l’imposture huma­ni­taire, est-il besoin de rap­pe­ler l’aveu de l’ex-président éta­su­nien Hen­ry Kis­sin­ger, affir­mant que « les grandes puis­sances n’ont pas de prin­cipes, seule­ment des inté­rêts » (cf. Georges Soros, On Glo­ba­li­za­tion, New York Review of Book, 2002, p. 12)?

Nous aurions bien vou­lu croire que la mis­sion de nos élites soit de répandre le Bien. Mais nous pen­sons avoir le droit d’être scep­tique quant aux inten­tions et aux moyens mis en œuvre en Syrie par ceux-là même qui nous avaient tant pro­mis l’avènement de la démo­cra­tie en Afgha­nis­tan, en Irak ou en Libye.

La Libye pour ne citer que cet exemple a curieu­se­ment dis­pa­ru de nos écrans-radars alors que les milices y font régner la ter­reur et pro­cèdent à une épu­ra­tion eth­nique et reli­gieuse métho­dique. Des dizaines de mil­liers de pri­son­niers poli­tiques accu­sés de loyau­té envers l’ancien régime et d’émigrés sub­sa­ha­riens crou­pissent dans plu­sieurs pri­sons secrètes. Ces déte­nus sont quo­ti­dien­ne­ment tor­tu­rés et par­fois assas­si­nés dans l’indifférence géné­rale. Tous les jours, des atten­tats sont com­mis par des incon­nus et des règle­ments de compte opposent des bandes rivales. Les tom­beaux des saints consi­dé­rés comme « héré­tiques » sont détruits un à un sous le regard bien­veillant des nou­velles forces de « sécu­ri­té » (cf. De Mor­gen, 30 août 2012). Bref, la Libye est en pleine voie de « somalisation ».

Depuis dix-neuf mois, un feu des­truc­teur ravage la Syrie. Affir­mer que ce feu est ali­men­té par la seule intran­si­geance et la seule bru­ta­li­té du pou­voir syrien est par­fai­te­ment mal­hon­nête. Car ce feu n’est ni une nou­veau­té ni exclu­si­ve­ment dû à des fac­teurs inté­rieurs. Ce feu est en effet entre­te­nu sous forme de guerre lar­vée par les puis­sances occi­den­tales depuis la libé­ra­tion de ce pays en 1946 du joug fran­çais. Sou­cieuse de res­tau­rer leur tutelle sur la Syrie, ces puis­sances colo­niales ont indi­rec­te­ment contri­bué à la mili­ta­ri­sa­tion de ce pays en sou­te­nant la créa­tion et l’expansion d’Israël (1948) ain­si que toutes les pétro­mo­nar­chies du Golfe dont le dis­cours reli­gieux sec­taire s’avérait utile face au pan­ara­bisme prô­né entre autres par l’Egypte de Nas­ser et la Syrie baassiste.
En avril 1949, pour éta­blir leur hégé­mo­nie sur la Syrie et sou­la­ger Israël, les USA ont sou­te­nu le coup d’Etat du colo­nel Za’im.
En 1957, soit bien avant l’avènement de la Syrie d’Hafez el-Assad, l’axe amé­ri­ca­no-bri­tan­nique a pla­ni­fié d’assassiner trois diri­geants syriens jugés trop pro-sovié­tiques (cf. Ben Fen­ton, The Guar­dian, Mac­mil­lan backed Syria Assas­si­na­tion Plot, 27 sep­tembre 2003). A l’époque, tous les plans de ren­ver­se­ment du régime baas­siste ont été envi­sa­gés par la CIA et le SIS (MI‑6) : orga­ni­sa­tion de troubles, appels à l’insurrection, créa­tion d’un « Comi­té Syrie Libre », arme­ment de l’opposition, « acti­va­tion des Frères Musul­mans à Damas ». Bien naïf serait celui qui nie­rait la simi­li­tude entre cet épi­sode de l’histoire syrienne et la situa­tion actuelle.

Reve­nons un moment sur le trai­te­ment de l’information à pro­pos des évé­ne­ments récents.
A par­tir de mars 2011, pro­fi­tant de l’agitation nais­sante dans le pays, nos experts en com­mu­ni­ca­tion ont exa­gé­ré le poids de l’opposition et l’ampleur de la vio­lence d’Etat tout en mini­mi­sant le réel sou­tien popu­laire dont dis­pose le gou­ver­ne­ment de Damas ce que d’ailleurs l’ambassadeur de France en Syrie Eric Che­va­lier n’a pas man­qué de repro­cher à son ministre Alain Jup­pé. On nous a sciem­ment caché la mili­ta­ri­sa­tion d’une par­tie de l’opposition syrienne et la pré­sence de groupes ter­ro­ristes s’infiltrant depuis le Liban, une réa­li­té pour­tant consta­tée dès le mois d’avril 2011 par des jour­na­listes d’Al Jazee­ra, la chaîne qata­rie. La cen­sure impo­sée par le patron d’Al Jazee­ra alias émir du Qatar sur les évé­ne­ments qui révé­le­raient la conspi­ra­tion anti-syrienne a contraint ces jour­na­listes à faire « défec­tion » pour uti­li­ser un terme que l’on nous sert tou­jours à sens unique.
Qui plus est, à vou­loir dénon­cer sys­té­ma­ti­que­ment la pro­pa­gande de l’Etat syrien, la presse mains­tream occi­den­tale a soit gobé soit ali­men­té la pro­pa­gande de l’opposition radi­cale allant jusqu’à dégui­ser des mas­sacres de sol­dats ou de civils par des ter­ro­ristes en « crimes de la dic­ta­ture » comme à Jisr-Al-Chou­ghour (juin 2011), Hou­la (mai 2012), Deir Ez Zor (mai 2012) ou Daraya (août 2012).

On peut en conclure que l’Occident mène au moins une guerre psy­cho­lo­gique contre la Syrie.

Est-il cepen­dant rai­son­nable de croire que l’Occident n’est pas mili­tai­re­ment enga­gé dans ce pays ?

En automne de l’année der­nière, lorsque le gou­ver­ne­ment syrien a appe­lé les conju­rés à dépo­ser les armes, Vic­to­ria Nuland, porte-parole du dépar­te­ment d’Etat US, a som­mé ses pro­té­gés syriens de déso­béir. Paral­lè­le­ment, les agents de la CIA et leurs aco­lytes euro­péens ont inci­té les sol­dats syriens à pas­ser dans les rangs d’une armée de mer­ce­naires pla­cée sous com­man­de­ment de l’OTAN par le tru­che­ment de l’armée turque.
Sans sur­prise, les QG de l’Armée syrienne libre (ASL) ins­tal­lés au Hatay accueille désor­mais des ter­ro­ristes du monde entier dési­reux d’en découdre avec les Syriens patriotes accu­sés d’être des « infi­dèles » à la solde de « l’ennemi chiite ». Ces ter­ro­ristes y reçoivent une for­ma­tion mili­taire, des armes, des pick-up sur­mon­tés de fusils-mitrailleurs, des MANPAD (sys­tèmes por­ta­tifs de défense anti-aérienne) et des appa­reils de com­mu­ni­ca­tion performants.

« Nous avons sur­tout récu­pé­ré des roquettes RPG9 pui­sées sur les stocks de l’ar­mée saou­dienne » jubile un rebelle dans les colonnes du Figa­ro (28 juin 2012) qui ajoute « Elles ont été ache­mi­nées par avion, jus­qu’à l’aé­ro­port d’A­da­na, où la sécu­ri­té turque a sur­veillé les déchar­ge­ments avant de savoir à qui ces roquettes allaient être des­ti­nées ». Petits détails : l’armement saou­dien est essen­tiel­le­ment amé­ri­cain et la base turque d’Adana dont parle le ter­ro­riste, est la base amé­ri­caine d’Incirlik.

L’Occident s’est long­temps défen­du de four­nir des « moyens létaux » aux ter­ro­ristes alors que des agents du Ser­vice fédé­ral de ren­sei­gne­ment (BND) croi­sant au large de la Syrie trans­met­taient des infor­ma­tions concer­nant les mou­ve­ments des troupes syriennes aux ser­vices bri­tan­niques et US pour qu’elles par­viennent aux rebelles (cf. Bild am Sonn­tag, 19 août 2012).
Selon le Sun­day Times, les ser­vices bri­tan­niques basés à Chypre ont eux aus­si aidé les insur­gés à mener plu­sieurs attaques.
Le fait d’indiquer à ces der­niers à quel moment et quel endroit ils doivent tirer sur les troupes syriennes ne revient-il pas de fac­to à par­ti­ci­per mili­tai­re­ment au conflit ? L’Occident semble donc loin d’être neutre et habi­té par de louables inten­tions. En cette époque de crise et de réces­sion, il peut même se tar­guer de mener une guerre low cost dans laquelle les seules vic­times sont des Arabes.

En rap­pe­lant ces faits, notre but n’est abso­lu­ment pas de mini­mi­ser les res­pon­sa­bi­li­tés du gou­ver­ne­ment de Damas dans la ter­rible répres­sion du mou­ve­ment de contes­ta­tion syrien, les crimes d’Etat com­mis au nom de « la paix et la sécu­ri­té », le degré de cor­rup­tion de cer­tains hauts fonc­tion­naires de l’Etat, la cruau­té de ses ser­vices de ren­sei­gne­ment, ni l’impunité dont ils ont trop long­temps béné­fi­cié. Tous ces fac­teurs internes de la tra­gé­die syrienne font par­tie des élé­ments déclen­cheurs de la légi­time révolte popu­laire lan­cée en mars 2011.

Nous réité­rons au pas­sage notre pro­fonde indi­gna­tion face au degré de vio­lence du conflit syrien et sou­hai­tons que le peuple syrien puisse accé­der à l’improbable démo­cra­tie à laquelle il aspire légitimement.

En sou­li­gnant le rôle de l’Occident dans la mili­ta­ri­sa­tion de l’Etat syrien, nous tenons avant tout à renou­ve­ler cet aver­tis­se­ment à ceux qui croient en « la libé­ra­tion » du peuple syrien par la voie des armes : au-delà du carac­tère illé­gi­time de l’action de nos pom­piers pyro­manes, celle-ci a pour seul résul­tat l’augmentation de la souf­france de ce peuple et entraîne inexo­ra­ble­ment l’humanité dans une aven­ture aux consé­quences que nul ne peut aujourd’hui mesurer.

Les show média­tique d’un Laurent Fabius qui appelle au meurtre du pré­sident syrien (en décla­rant qu’il ne mérite pas de vivre), celui d’un Didier Reyn­ders qui vient de plai­der au som­met de Paphos pour « le devoir d’ingérence » en Syrie ou les décla­ra­tions scan­da­leu­se­ment vio­lentes de l’administration Oba­ma ne font que pré­ci­pi­ter l’humanité vers ce chaos.

Hier ‑au nom du res­pect de la sou­ve­rai­ne­té des peuples, de l’humanisme et de la paix‑, nous, avons dénon­cé l’invasion de l’Afghanistan sans pour autant éprou­ver de sym­pa­thie pour les Tali­bans. Nous avons mani­fes­té contre l’invasion de l’Irak sans pour autant défendre le pré­sident Sad­dam Hus­sein. Nous avons pro­tes­té contre l’ingérence occi­den­tale en Côte d’Ivoire sans être des lau­da­teurs du pré­sident Laurent Gbag­bo. Nous nous sommes indi­gnés de l’implication occi­den­tale dans la guerre civile libyenne sans ado­rer le diri­geant Kadha­fi. Et aujourd’hui, nous nous insur­geons contre l’intervention mili­taire en cours en Syrie sans pour autant être des par­ti­sans du pré­sident Bachar El-Assad.

Consta­tant que la des­truc­tion de la Syrie ne pro­fite qu’à ses enne­mis de tou­jours, conscients que seules les ini­tia­tives prô­nant la paix, le dia­logue et la récon­ci­lia­tion pour­ront offrir une alter­na­tive digne et viable au peuple syrien, nous appe­lons tous les véri­tables amis de la Syrie à condam­ner l’ingérence de nos diri­geants dans les affaires de ce pays.

Dans le cadre du lan­ce­ment de notre cam­pagne pour la paix, le dia­logue et la récon­ci­lia­tion en Syrie, nous appe­lons à pro­tes­ter contre l’ingérence mili­taire occi­den­tale par un ras­sem­ble­ment devant l’ambassade des Etats-Unis à Bruxelles le mar­di 25 sep­tembre à par­tir de 18 heures.

Pour le Comi­té contre l’ingérence en Syrie (CIS)

Bahar Kimyongür

comitesyrie@hotmail.fr