rencontre avec la Lonko Juana Kuante
Pour la défense du centre cérémonial Ngen Mapu Kintuante
Dans son rôle de Lonko, Juana Kuante est une dirigeante politique et spirituelle de la communauté mapuche de Pitriuco situées aux environs du rio Pilmaiquén à près de 900 km au sud de Santiago.
Les communautés mapuche située dans les environs de cette rivière vivent un grave conflit dû à la présence de l’entreprise Eléctrica Pilmaiquén S.A. qui projette de construire une série de barrages dont trois d’entre eux sur la rivière Pilmaiquén.
Juana Kuante dirige la résistance des communautés mapuche contre la construction de ces barrages qui a commencé en septembre de cette année. Le territoire ancestral a déjà été occupé par l’entreprise. Elle a coupé des arbres millénaires et a refusé aux communautés l’accès à leurs centres de cérémonie. Le rio Pïlmaiquén est depuis des temps immémoriaux la demeure de Kintuante, esprit protecteur de la rivière, de ce territoire et de ses habitants. La construction du barrage implique d’inonder 18 km² qui incluent l’antique centre cérémonial mapuche williche Ngen Mapu Kintuante, c’est pourquoi sa construction constitue une attaque directe à leur pratique religieuse, un attentat à la continuité de leurs pratiiques rituelles et un dommage au patrimoine culturel de ce peuple.
Par ailleurs il faut souligner que pour construire ce barrage, il n’y a pas eu de consultation préalable des communautés, comme le stipule la
Convention 169 de l’OIT concernant les peuples indigènes et tribaux des Nations Unies.
La Lonko Juana Kuante a de plus assumé la défense publique des prisonniers politiques défenseurs de l’espace cérémonial Ngen Mapu Kintuante comme c’est le cas de la Machi Millaray Huichalaf, autorité religieuse supérieure et protectrice d’une communauté mapuche. La machi Millaray s’est trouvée détenue quatre mois dans la prison de Haute sécurité de Valdivia, accusée de l’attaque incendiaire d’une habitation dans la propriété Pisu Pisué, accusation qui n’a pu être vérifiée c’est pourquoi on a dû la laisser en liberté. Beaucoup de membres de communautés ont été persécutés politiquement, on a perquisitionné leur maison, emprisonnant et criminalisant ceux qui s’opposent à la construction de ces barrages.
Les autorités traditionnelles et spirituelles mapuche ont déposé un recours de protection contre le responsable de la Direction des Eaux qui a autorisé la construction de la centrale hydroélectrique sur la rivière Pilmaiquén. Ce recours cherchait à garantir l’égalité et la non-discrimination contre les peuples indigènes. L’Etat chilien protège la liberté religieuse de tous les citoyens à exercer leurs différentes croyances, cependant, il ne le fait pas de manière égale pour les peuples indigènes auxquels on empêche le déroulement de leur spiritualité.
Sur la photo, la Lonko de la communauté Pitruico, Juana Kuante, la Machi de la comunidad El Roble Carimallín, Millaray Huichalaf, accompagnées par deux porte-parole et par l’avocate Nancy Yañez, au moment de déposer un recours de garantie à la Cour Suprême de Santiago du Chili.
Avec ce recours on a tenté de protéger un territoire de haute signification culturelle, rituelle et spirituelle pour le peuple mapuche williche, comme c’est le cas de Ngen Mapu Kintuante.
Les fondements de ce recours sont :
1. Le droit à la Non-Discrimination, car en inondant un site cérémonial on viole le droit de pouvoir exercer leur culte à ces communautés.
2. Droit à la propriété ancestrale et en particulier aux espaces qui ont une signification culturelle.
3. Ledroitàvivredansunenvironnementdépourvudecontamination.
Lien du trailer du documentaire „Territorio sagrado“