Sophie Heine dédicace son livre “Oser penser à gauche”

27.10 2011 /
18h Librairie 100 Papiers Avenue Louis Bertrand 23 à 1030 Bxl
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Image_6-24.png Oser pen­ser à gauche de Sophie HEINE

Cer­tains dou­te­ront sans doute de la per­ti­nence dans le contexte actuel d’un nou­vel ouvrage de redé­fi­ni­tion de la pen­sée de la gauche. N’y a‑t-il pas aujourd’­hui d’autres besoins plus pres­sants pour les cou­rants pro­gres­sistes : mieux s’organiser, mieux se mobi­li­ser, mettre fin à leurs divi­sions ? L’un des pré­sup­po­sés à la base de cet écrit est pré­ci­sé­ment que, pour pou­voir répondre à ces divers défis, une idéo­lo­gie claire et cohé­rente consti­tue un préa­lable indis­pen­sable. « La connais­sance est pou­voir », comme l’écrivait déjà Anto­nio Gram­sci. Autre­ment dit, on ne peut chan­ger la socié­té sans une idéo­lo­gie claire, dotée de dimen­sions à la fois ana­ly­tiques et pres­crip­tives, car la lutte de classes se tra­duit dans les socié­tés démo­cra­tiques occi­den­tales autant par le conflit poli­tique et idéo­lo­gique que par le com­bat stric­te­ment social.

Dans cette optique, Sophie Heine revi­site les défi­ni­tions de trois mots (le “libé­ra­lisme”, le “cos­mo­po­li­tisme” et le “réfor­misme”) qui ont joué un rôle majeur dans l’en­tre­prise de dépo­li­ti­sa­tion et de dis­pa­ri­tion de la conscience des conflits de classe. Dévoyés et mis au ser­vice de fins particulières,leur signi­fi­ca­tion radi­ca­le­ment éman­ci­pa­trice a été occul­tée. Or ils sont capables d’in­suf­fler un nou­vel élan, mobi­li­sa­teur et cor­res­pon­dant aux défis de notre époque, à une véri­table poli­tique de gauche.

Le libé­ra­lisme s’est mué une pen­sée indif­fé­ren­ciée, créant l’illusion d’une réso­lu­tion des contra­dic­tions sociales par une théo­rie éco­no­mique unique et n’appréhendant le conflit que sous sa forme cultu­relle ou iden­ti­taire. Le cos­mo­po­li­tisme a per­mis de jus­ti­fier le dépas­se­ment non seule­ment des iden­ti­tés natio­nales étroites mais aus­si des sou­ve­rai­ne­tés poli­tiques et éco­no­miques. Le lan­gage des « réformes » est quant à lui deve­nu le cha­peau du lent déli­te­ment de la plu­part des ins­ti­tu­tions sociales mises en place dans le cadre des États sociaux après 1945.

Face à ces inter­pré­ta­tions hégé­mo­niques, deux options se pré­sentent aux cou­rants de gauche.

La réac­tion la plus simple et au pre­mier abord la plus évi­dente consiste à reje­ter ces trois termes en bloc et à se récla­mer de leur contraire en se défi­nis­sant comme « anti-libé­raux », « patriotes » et « révo­lu­tion­naires ». À l’opposé d’une telle stra­té­gie, cet essai juge au contraire plus pro­met­teur de ré-ouvrir le débat là où il a été clô­tu­ré par la doxa et de ré-explo­rer et refon­der ces trois tra­di­tions de pensée.
Aujourd’hui, la prio­ri­té pour la gauche est de redon­ner confiance aux citoyens en leur mon­trant qu’une réponse réel­le­ment pro­gres­siste à la crise est pos­sible et, au-delà, une autre socié­té, plus juste et plus vivable et dans laquelle cha­cun puisse mener une vie décente. Pour cela, elle doit savoir ce qu’elle veut et elle doit être convain­cante. Or elle a trop long­temps délais­sé la ques­tion de sa refon­da­tion idéo­lo­gique. Cet opus­cule se vou­lait une modeste contri­bu­tion au débat qui s’enclenche aujourd’hui au sein de la gauche : les trois concepts défen­dus, acca­pa­rés par la droite, peuvent consti­tuer les germes d’une nou­velle pen­sée pro­gres­siste, cohé­rente et mobi­li­sa­trice, consciente des apports his­to­riques des dif­fé­rentes gauches mais adap­tée aux défis de notre temps. Le but était d’élaborer un hori­zon, à la fois exi­geant et réa­liste, ain­si que des pistes stra­té­giques pour y par­ve­nir : une socié­té dans laquelle l’épanouissement de cha­cun est la condi­tion de l’épanouissement de tous, ce qui requiert une sou­ve­rai­ne­té démo­cra­tique et éco­no­mique réelle trans­po­sée en par­tie au niveau euro­péen et dans un esprit d’ouverture au reste du monde. Si ces pro­po­si­tions sont débat­tues, com­plé­tées, amen­dées, contes­tées ou démon­tées, bref, si elles sont consi­dé­rées dignes d’intérêts par le peuple de gauche, alors l’objectif ini­tial de cet essai aura lar­ge­ment été atteint.

L’auteure : Cher­cheuse FNRS au Centre d’études de la vie poli­tique (CEVIPOL) de l’Université de Bruxelles, Sophie Heine tra­vaille actuel­le­ment à l’Université d’Oxford (UK).

Paru­tion : 2010

ISBN : 9782930402901

226 pages

11,5 x 17 cm

12 €