“Mr. Francken le sexisme n’est pas un problème étranger, le féminisme n’est pas une valeur occidentale. Ce sont vos politiques racistes et celles de votre gouvernement austéritaire qui oppriment les femmes”
Nous ne laisserons pas Francken et toutes et tous les autres racistes usurper les valeurs féministes pour alimenter leurs politiques néocoloniales.
Nous nous réunissons ce 4 février devant le Ministère de l’Immigration pour dénoncer plus particulièrement les propos de Théo Franken, qui profite de la sur-médiatisation des événements de viols qui se sont déroulés à Cologne la nuit du 31 décembre, pour proposer l’instauration de cours de « respect de la femme » pour les réfugiés.
Le viol est un phénomène social grave qui est bien trop souvent sous-estimé ou banalisé. En Belgique, ce ne sont pas moins de 3000 viols qui sont enregistrés chaque année. Cela équivaut à 8 viols par jour. Sans compter que beaucoup de victimes ne portent pas plainte. Ce phénomène est une des conséquences les plus graves d’une société dominée par les hommes, dans laquelle la femme est souvent réduite à un rôle de reproductrice et d’objet sexuel, considérée comme devant satisfaire les désirs de l’homme. Loin du cliché du violeur en puissance qui se baladerait dans les rues le soir à l’affût d’une victime potentielle, rappelons que les violences sexuelles ont lieu dans plus de 98% des cas par des hommes proches de la victime (conjoint : 48%, membre de la famille, connaissance ou personne liée au travail).
Les études faisant état de cette réalité ne manquent pas et les nombres de plaintes déposées tous les jours sont nombreuses. Mais Mr Théo Franken et bien d’autres ne s’y intéressent que lorsqu’un cas parmi les milliers recensés chaque année est susceptible de servir leur discours xénophobe. Seulement si l’auteur des faits est d’origine étrangère ou musulmane. Largement aidés par les médias, les racistes de tous bords ont profité des événements survenus à Cologne le soir du 31 décembre pour alimenter un climat de peur et de division visant à la politique du bouc émissaire pour nous éloigner des vraies causes de l’augmentation de la précarité sociale.
Ce dont on est sûres c’est que deux personnes ont porté plainte pour viol à Cologne ce soir-là et que des centaines d’autres femmes ont été agressées. Ce n’est pourtant pas un évènement isolé. Que ce soit en Allemagne ou ailleurs, des abus sexuels se produisent malheureusement trop souvent lors de fêtes bien alcoolisées. Chaque année, à la fête de la bière à Munich, au moins une plainte pour viol est enregistrée chaque jour dans l’enceinte de l’Oktoberfest. Les viols sont nombreux lors des baptêmes et autres fêtes estudiantines, les auteurs des faits profitant de la vulnérabilité de leur victime en état d’ébriété. Il n’existe pas de chiffres faisant état de cette réalité en Belgique mais si l’on prend l’exemple des États-Unis, des études estiment qu’une fille sur 5 est victime d’agression sexuelle sur les campus universitaires. Est-ce que notre gouvernement va, par conséquent, mettre en place des cours de « respect de la femme » à destination des étudiants ?
Les viols et autres agressions faites aux femmes concernent tous les milieux sociaux et culturels. Le sexisme n’est pas l’apanage des migrants ou des musulmans comme on le laisse trop souvent entendre sous couvert de l’égalité homme-femme. Il suffit pour s’en convaincre de regarder comment notre société capitaliste met en vente le corps des femmes : publicité, salon de l’auto, etc.
Nous voudrions donner un petit cours de respect des femmes à Mr Francken et à son gouvernement en leur expliquant que ce sont leurs politiques qui oppriment les femmes. Franken n’a vraiment aucune leçon à donner quand on sait que ces politiques de restrictions au droit d’établissement en Belgique tuent les possibilités d’émancipation de milliers de femmes qui se voient contraintes de survivre dans la clandestinité, poussées vers des boulots au noir extrêmement précaires et dont certaines se retrouvent parfois piégées par des réseaux de prostitution et de traite des êtres humains !
Quant au gouvernement dans son ensemble, ses politiques d’austérité mènent, elles aussi, à l’effondrement des droits des femmes en les plongeant dans la précarité. Beaucoup de femmes sans emploi ont vu leurs allocations baisser et certaines se sont vues tout bonnement exclues de leurs droits aux allocations de chômage. Les femmes sont mises sous pression sur le marché de l’emploi alors que l’on sait qu’il n’y a pas assez d’offres disponibles pour couvrir la demande et que le nombre de places en crèche sont insuffisantes.
Pour défendre notre dignité nous nous devons donc de lutter contre toutes les formes de dominations qui s’entremêlent : patriarcale, raciale et capitaliste !
Les Affranchies (groupe féministe).
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