Séminaire “Le Sud selon Johan Van der Keuken, cinéaste du monde”

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Le 6, 7 et 8 juin 2011, de 10h à 18h au Festival Millenium.

« Si je ne suis pas ici citoyen du monde, je ne le serais nulle part ailleurs ». JVK

Infos pra­tiques :

Fes­ti­val Mil­le­nium : http://www.festivalmillenium.org/

De 10h à 18h. Atten­tion ! Le Sémi­naire aura lieu dans deux endroits dif­fé­rents, le CIVA et le Vendôme.

CIVA — Centre Inter­na­tio­nal pour la Ville, l’Ar­chi­tec­ture et le Pay­sage : Rue de l’Er­mi­tage, 55 à 1050 Bruxelles.

Ciné­ma Ven­dôme : 18 chaus­sée de Wavre à 1050 Bruxelles (Porte de Namur)

Le 6 juin au CIVA

Le 7 juin au Ciné­ma Ven­dôme (salle 5)

Le 8 juin au CIVA

Ins­crip­tion pour les trois jours : 15€ (atten­tion, les places sont limitées)
Ver­se­ment à effec­tuer sur le compte de ZIN TV ASBL

à la Banque Argen­ta : BE67 9794 3467 4987
En com­mu­ni­ca­tion “la pen­sée en images et en sons” + Pré­nom et Nom.
Envoyez-nous éga­le­ment un mail avec vos coor­don­nées à contact@zintv.org

Dans le cadre du Fes­ti­val Mil­le­nium se tien­dra un sémi­naire qui sera don­né par Thier­ry Odeyn, cinéaste et pro­fes­seur à l’INSAS. Celui-ci va par­cou­rir durant trois jours, une par­tie de l’œuvre ciné­ma­to­gra­phique de Johan van der Keu­ken (1938 — 2001). Les films de ce cinéaste et pho­to­graphe néer­lan­dais témoignent d’un désir de renou­vel­le­ment des formes dans le lan­gage docu­men­taire. Cette démarche remet prin­ci­pa­le­ment en cause la repré­sen­ta­tion codée puisqu’il n’y a jamais eu de “réa­li­té” sur l’écran : le film est le résul­tat d’un tra­vail d’interprétation qui est donc par nature fic­tion­nel. Le tra­vail poli­tique du ciné­ma ne consiste pas seule­ment en l’apport d’un conte­nu, mais est sur­tout un espace de fabri­ca­tion de formes lié à ce conte­nu afin de redé­fi­nir un rap­port au spec­ta­teur. Johan Van Der Keu­ken disait : « Il y a le débat sur la per­ti­nence à uti­li­ser les moyens d’écriture du ciné­ma à des fins poli­tiques. Cer­tains cinéastes qui sont dans une posi­tion de lutte disent que ce n’est pas leurs sou­cis de défi­nir les moyens du lan­gage ; or moi je dis qu’il faut atta­quer le lan­gage lui-même en met­tant jus­te­ment ce lan­gage pré­dé­ter­mi­né hors d’état de fonctionner. »

C’est ain­si que Johan van der Keu­ken défi­nis­sait sa démarche ciné­ma­to­gra­phique, qu’il essayait d’amener tou­jours plus loin… Dans son film “Vers le Sud” il part phy­si­que­ment ailleurs cher­cher son sujet et plus tard dans “Amster­dam Glo­bal Vil­lage”, c’est l’ailleurs qui est ici [sa ville] qu’il fil­me­ra. « Là-bas j’étais sur­tout le voya­geur qui essaie hon­nê­te­ment d’avoir pré­sent à l’esprit ce qui unit les hommes au-delà de toutes leurs dif­fé­rences, alors qu’ici, en péné­trant dans un quar­tier moins connu peu­plé de visages étran­gers, j’ai brus­que­ment été gagné par un sen­ti­ment de déra­ci­ne­ment. Et j’ai su qu’il me fal­lait pré­ci­sé­ment fil­mer à Amster­dam, ce monde qui tourne en une ronde folle, pour essayer de trans­po­ser, ici pré­ci­sé­ment, l’inconnu dans le fami­lier. En effet, si je ne suis pas ici un citoyen du monde, je ne le serai nulle part ailleurs. »

Thier­ry Odeyn – qui pro­longe sa fonc­tion péda­go­gique à l’INSAS et l’IHECS – a for­mé plu­sieurs géné­ra­tions de jeunes cinéastes aux­quels – réa­li­sa­teur de docu­men­taires – il a incul­qué le désir de témoi­gner du monde. Théo­ri­cien enga­gé du ciné­ma, il insiste dès lors sur l’exigence du regard et l’importance poli­tique de l’acte de fil­mer. Dans un sou­cis de pro­gres­sion et de réflexion sur sa propre démarche et ses pra­tiques, Zin TV et le Fes­ti­val Mil­le­nium pro­posent de don­ner à entendre l’analyse per­ti­nente de Thier­ry Odeyn.

ZIN TV est un pro­jet de péda­go­gie audio­vi­suelle au ser­vice des citoyens enga­gés dans le tis­su asso­cia­tif. Nos for­ma­tions ini­tient le par­ti­ci­pant au repor­tage social, au ciné­ma docu­men­taire et à la fic­tion. Elles cherchent à libé­rer le lan­gage audio­vi­suel des for­ma­tages télé­vi­suels, ins­ti­tu­tion­nels ou com­mer­ciaux. Les ate­liers sont conçus comme un espace de libé­ra­tion des formes et du lan­gage cinéma.
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Image_1-65.pngJohan van der Keuken :

« En 1963 à l’IDHEC, une idée régnait alors, idée dont j’ai beau­coup souf­fert quand j’étais à l’école de ciné­ma, c’est la notion de gram­maire nor­ma­tive. On ne pou­vait conce­voir de lan­gage ciné­ma­to­gra­phique en dehors d’un sys­tème orga­ni­sé et rigide de règles pré­cises qui nous dic­taient ce qu’on devait faire et ce qu’on ne pou­vait pas faire en ciné­ma. (…) C’est par exemple le fait que toute la gram­maire du ciné­ma de fic­tion repose sur le champ/contrechamp, ou sur la confron­ta­tion par le mon­tage paral­lèle de deux angles de prise de vue ou de deux regards qui consti­tue l’espace sup­po­sé de la fic­tion. Et tout le lan­gage du ciné­ma de fic­tion est bra­qué sur la cré­di­bi­li­té de cet espace. (…) Mais je crois qu’une grande par­tie du ciné­ma docu­men­taire, du ciné­ma expé­ri­men­tal et du ciné­ma révo­lu­tion­naire  — Ver­tov par exemple – est déjà pas­sé à côté de cette cré­di­bi­li­té pour essayer autre chose, pour décou­vrir des élé­ments d’autres “lan­gages”.

Et de toute façon un autre lieu s’installe dès qu’on vise la cré­di­bi­li­té de l’image, c’est pour dépas­ser l’image et éta­blir un dia­logue avec la conscience du spec­ta­teur. (…) Je crois que cette idée – la recherche de la cré­di­bi­li­té – a été en grande mesure rem­pla­cée par la notion de confron­ta­tion avec le réel, avec n’importe quel réel, afin d’en extraire un moment qui serait sen­ti comme réel. C’est, je crois, un pro­ces­sus propre à tout l’art moderne où on ne repro­duit plus une chose exis­tante, dans la tête ou sur un cro­quis, qu’on va ensuite mettre en pein­ture ou en musique, mais où existe l’échange avec le hasard, avec l’intuition et aus­si “volon­té” de la matière. Toutes ces forces vont impo­ser au départ du pro­jet une direc­tion, des sen­ti­ments. Et peut-être, à la fin du pro­ces­sus, pro­duit-on quelque chose qui est réel, mais au pre­mier abord, le réel n’est pas une chose ins­crite, cir­cons­crite, une chose dont on peut déjà dire des choses défi­ni­ti­ve­ment. (…) Ces choses ne se passent pas seule­ment sur un plan intel­lec­tuel, mais elles se situent au niveau même de la matière. On ins­taure un dia­logue avec la matière qu’on a sous la main ».

Johan van der Keuken.

Extrait : page 10 et 11 de « Johan van der Keu­ken, cinéaste et pho­to­graphe ». Ouvrage Col­lec­tif sous la direc­tion de Serge Meu­rant, édi­té par le Minis­tère de la Com­mu­nau­té fran­çaise, Ser­vice de l’audiovisuel, Réseau d’action cultu­relle-ciné­ma R.A.C.C. 1983

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