Ces différentes innovations techniques, en sollicitant l’imagination auditive des cinéastes et des ingénieurs du son, laissent pourtant intacte la question de l’invention artistique, et plus particulièrement celle des nouveaux rapports image-son.
L’histoire du cinéma sonore est-elle seulement technique ? Une conférence de Claude Bailblé
Depuis le phonautographe de Léon Scott (1857), nombre d’inventions techniques en cascade (microphone, lampe triode, haut-parleur, modulateur optique…) finissent par se rencontrer en un seul dispositif : le cinéma sonore des années 1930. Commence alors l’exploration des possibilités expressives de la monophonie, que d’autres progrès technologiques (l’enregistrement magnétique, la caméra silencieuse, le montage et mixage multipistes) viennent faciliter.
L’enregistreur autonome (le Nagra des années 1960) démultiplie ces possibilités en libérant la prise de son des contraintes de l’énergie électrique. On redécouvre le plein air, les acoustiques naturelles et la diversité des sons réels. Avec le numérique et la spatialisation (en 5.1), la mise en scène du sonore connaît un nouveau développement : l’immersion auditive englobante et les effets dynamiques spectaculaires. Ces différentes innovations techniques, en sollicitant l’imagination auditive des cinéastes et des ingénieurs du son, laissent pourtant intacte la question de l’invention artistique, et plus particulièrement celle des nouveaux rapports image-son.
Claude Bailblé est enseignant-chercheur, maître de conférences au département Cinéma de l’université de Paris VIII et intervenant dans des écoles professionnelles.