Une révolution citoyenne en Espagne ?

Révolution, révolution… crie la foule… la révolution commence ici !

Ins­pi­ré par la révo­lu­tion égyp­tienne, le “Mou­ve­ment du 15 mai” a été lan­cé dans une cin­quan­taine de villes en Espagne sur les réseaux sociaux et relayé par des sms pour lut­ter contre le chô­mage et la cor­rup­tion à quelques jours des élec­tions municipales.

En effet plus de 20% de la popu­la­tion active est sans emploi et près de la moi­tié des espa­gnols de moins de 25 ans n’a pas de travail.

Une situa­tion inac­cep­table pour les mani­fes­tants qui refusent de payer la crise du sys­tème ban­caire qui frappe très dure­ment leur pays et reven­diquent l’instauration d’une “véri­table démo­cra­tie maintenant”.

Est-ce bien là le début d’une révo­lu­tion citoyenne en Espagne ?

La mani­fes­ta­tion du 15 mai 2011 contre le plan d’austérité espa­gnol tourne à l’affrontement avec les forces de l’ordre à Madrid. 24 per­sonnes on été inter­pel­lées, et cinq poli­ciers bles­sés selon les auto­ri­tés. Un groupe a per­tur­bé la cir­cu­la­tion dans la capi­tale en s’asseyant sur l’une des prin­ci­pales voies de la ville. Le défi­lé avait pour­tant débu­té dans le calme, hier en fin d’après-midi. A une semaine d‘élections muni­ci­pales cru­ciales pour la majo­ri­té socia­liste, des mani­fes­ta­tions ont été orga­ni­sées dans 50 villes du pays. Pas ques­tion pour ces Espa­gnols de payer la fac­ture d’une crise finan­cière qui n’est pas la leur mais celle des ban­quiers et des poli­tiques, selon les orga­ni­sa­teurs du mouvement :
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http://dai.ly/iDs5OM
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A Madrid, la police a pro­cé­dé à plu­sieurs arres­ta­tions tard dans la nuit du dimanche 15 mai après une mani­fes­ta­tion paci­fique contre les mesures d’austérité du gou­ver­ne­ment, qui s’était ter­mi­née par de vio­lents affron­te­ments. Bien que des ras­sem­ble­ments se soient tenus dans 50 villes à tra­vers le pays, la plu­part des affron­te­ments eurent lieu dans la capi­tale. La majo­ri­té des mani­fes­tants était des jeunes se plai­gnant de ne pas être assez bien payés ou de ne pas pou­voir trou­ver de tra­vail mal­gré un haut niveau d’étude. L’Espagne a l’un des taux de sans-emploi le plus éle­vé de la zone euro avec 21,3% et 4,9 mil­lions de chô­meurs. Quelques heures avant, des dizaines de mil­liers d’étudiants, de groupes et de chô­meurs ont mar­ché sous la ban­nière de “Nous ne sommes pas de la mar­chan­dise aux mains des poli­ti­ciens et des banquiers” :

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http://www.youtube.com/watch?v=nrm2H8qeUhs&feature=player_embedded
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Un cam­pe­ment de pro­tes­ta­tion ins­tal­lé en plein centre de Madrid (place de la Puer­ta del Sol) le 17 mai 2011 a été déman­te­lé par les forces de l’ordre espa­gnoles. Les orga­ni­sa­teurs du sit-in récla­maient un chan­ge­ment poli­tique et social dans le pays :
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http://dai.ly/jmsRD7
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18 mai 2011 : Revue de presse inter­na­tio­nale de Cécile de Ker­vas­doué (AUDIO)

« nous allons cam­per ce soir ici sur la place de la Puer­ta del Sol à Madrid… dit le haut par­leur… Revo­lu­tion, révo­lu­tion… crie la foule… la révo­lu­tion com­mence ici ! »

Et le site de la Van­guar­dia à Bar­ce­lone conti­nue : La révo­lu­tion ici est en marche ! Per­sonne ne s’attend à voir une révo­lu­tion en Espagne… et pour­tant elle est là, elle est en marche crient les mani­fes­tants… parce que ce que nous vivons ce n’est pas une crise, non, c’est une escro­que­rie… nous en avons assez… assez de cette socié­té gérée par des ban­quiers… assez de la cor­rup­tion… assez de l’injustice… assez de petite poli­tique à la petite semaine… assez du bipar­tisme… assez de la rési­gna­tion col­lec­tive sous pré­texte de pro­té­ger la démo­cra­tie des dan­gers de l’extrémisme… il y a des alter­na­tives poli­tiques… Oui, il s’agit juste de les réin­ven­ter… sans vio­lence mais avec fermeté.

Voi­là ce qui s’affiche sur toute la presse espa­gnole depuis 3 jours que dure ce qui s’appelle main­te­nant le Mou­ve­ment du 15 mai… un mou­ve­ment presque tota­le­ment absent des pages de la presse étran­gère et euro­péenne… omni­pré­sent pour­tant sur toutes les unes de tous les jour­naux espagnols

Que se passe-t-il en Espagne ?

Une dicho­to­mie répond el Pais à Madrid… en réa­li­té tout est une affaire de perception.

Il y a face à vos yeux deux mondes ! Le monde des vieux… celui que l’on croit bien en place… ce mee­ting du Par­ti­do Popu­lar qui a rem­pli les arènes de Valence mal­gré les pour­suites pour faits graves de cor­rup­tion poli­tique qui entachent l’un de ses prin­ci­paux dirigeants…

Il y a plus loin de chez nous la visite d’une vieille dame en Irlande dans un pays qui comme nous vacille sous le poids d’une crise finan­cière et poli­tique… une visite qui a plus que jamais l’odeur de la naphtaline.

Et puis il y a aus­si bien sûr la poli­tique spec­tacle… et ce spec­tacle en ce moment il est déso­lant, c’est celui du chef du FMI dont la course à la suc­ces­sion est d’ailleurs déjà lan­cée à tra­vers le monde.

Et face à ce monde, et ces méca­nismes de poli­tiques vieillis­sants… et bien il y a le bruit de la rue… tous ces jeunes qui sortent en bas de chez nous, en bas de chez vous, et qui campent sur la place publique pour dire non ! Non, nous méri­tons beau­coup mieux que ça !… et tout d’un coup, subi­te­ment, dit un des­sin d’el Pais… et bien, nous nous sen­tons tous, vieux… tous les par­tis poli­tique… toutes les ins­ti­tu­tions… deviennent des vieux machins.

Et pour­tant rajoute el Per­io­di­co en Cata­logne, comme el Pais d’ailleurs… la muse de ce mou­ve­ment du 15 mai, c’est une homme… et un homme âgé, voire très agé… un fran­çais ou plu­tôt son récent pam­phlet… indi­gnez-vous de Sté­phane Hessel.

Et bien l’Espagne s’est jetée depuis trois jours dans l’indignation que prône Sté­phane Hes­sel… mal­gré la police qui dis­perse avec vio­lence les mani­fes­tants… raconte el Mun­do… à Madrid à la Puer­ta del Sol mais aus­si dans des dizaines d’autres villes du pays… des mil­liers de per­sonnes campent et cam­pe­ront dans les centres ville pour mon­trer com­bien le mal-être poli­tique et social est aigüe dans tout le pays, pour­rait-on dire dans toute l’Europe.

Et toute la presse se demande ce matin… mais au fait que veulent ces mani­fes­tants de tous bords, de tout âge, sans affi­lia­tion poli­tique ni idéo­lo­gique et qui des­cendent comme ça, spon­ta­né­ment dans les rues ? Explique el Mun­do sou­vent appe­lé par Twit­ter, Face­book, et bien d’autres réseaux sociaux.
Ce mou­ve­ment du 15 mai a d’ailleurs un blog main­te­nant avec un slo­gan… “la démo­cra­tie, la vraie… main­te­nant, sans attendre”

Ce mou­ve­ment se qua­li­fie lui même de citoyen de par­ti­ci­pa­tif et démo­cra­tique… il s’inspire éga­le­ment, outre du pam­phlet de Sté­phane Hes­sel, du mou­ve­ment du peuple islan­dais qui refuse aus­si, lui,d’avaler la cou­leuvre et de payer l’addition de cette fameuse crise éco­no­mique et politique.

Et “Démo­cra­tie réelle” pré­vient… mal­gré la vio­lence des éva­cua­tions poli­cières… les cam­pe­ments vont se main­te­nir ou reve­nir au moins jusqu’à dimanche pro­chain, date des élec­tions muni­ci­pales et régio­nales… l’idée étant de faire pres­sion, coûte que coûte, sur des par­tis poli­tiques vieillis­sants qui ont per­du toute légi­ti­mi­té, tout contact aux yeux de leurs électeurs.

Et Cin­co dias pré­vient encore… les cam­pe­ments spon­ta­nés se mul­ti­plient dans les centres villes espa­gnols… déjà 42 villes sont concer­nées aujourd’hui… l’éditorialiste de cin­co dias com­mente alors :

Moi j’aime bien voter… choi­sir, par­ti­ci­per, puis que mon vote soit utile… la poli­tique génère un phé­no­mène de rejet, oui, un manque de confiance ; mais voter, par­fois, peut ren­for­cer la convic­tion de l ‘impor­tance du sys­tème démo­cra­tique et de ses ins­ti­tu­tions… un jour les poli­tiques seront je l’espère plus pro­fes­sion­nels c’est à dire plus enclins à res­pec­ter l’intérêt géné­ral plu­tôt que leurs inté­rêts personnels.

En atten­dant, je vois ces jours-ci les rues inon­dées de pan­cartes publi­ci­taires qui comme s’il s’agissait d’acheter un télé­vi­seur me donnent l’ordre d’aller voter… voter… et vous savez ce que ça me fait moi ? Et bien cela me fait le même effet que lorsque l’on me dit “dis donc, suis moi toi”… je n’ai qu’une envie fina­le­ment c’est de faire le contraire… c’est qu’aujourd’hui les poli­tiques font les mêmes erreurs que les entre­prises et les mul­ti­na­tio­nales… et ils en payent le prix… ils ne savent faire que de la Pub… et plus per­sonne ne croit à leurs manœuvres de mar­ke­ting poli­tique géné­ra­li­sées… tout sim­ple­ment parce qu’elles sont vieillottes… comme s’ils n’avaient rien com­pris… rien com­pris à l’importance d’internet et des réseaux sociaux par exemple… comme s’ils n’avaient sur­tout plus conscience que leur job c’est d’abord de répondre à la popu­la­tion dans son ensemble et non à leurs simples sympathisants.

Et pour­tant raconte le por­tail espa­gnol de Qué… les poli­tiques tentent de récu­pé­rer ce mou­ve­ment spon­ta­né qui ne leur appar­tient pas… qui leur échappe même… qui ne veut ni de leur sou­tien oppor­tu­niste ni de celui des syn­di­cats ni de celui de la télé­vi­sion ; tous taxés d’être des organes de la cor­rup­tion géné­ra­li­sée du pays… ain­si le par­ti socia­liste au pou­voir dit sou­te­nir ces mani­fes­ta­tions sans les avoir organiser.

Mais c’est faux… c’est une mani­pu­la­tion poli­tique du PSOE ! Crient tant ABC que la razon… les deux jour­naux conser­va­teurs espa­gnols… vous croyez voir là des indi­gnés, des déses­pé­rés, des jeunes mani­fes­ter mais c’est un com­plot des membres du par­ti socialiste.

Qui sont les indi­gnés ? écrit ABC… des tri­bus urbaines de tout type de pelage qui visent à semer le chaos dans notre pays… la preuve : écou­tez les appels per­ma­nents des hauts par­leurs dans les rues qui leurs demandent de ne pas user de la vio­lence et de ne sur­tout pas consom­mer d’alcool… et ces jeunes dés­œu­vrés croient être la nou­velle démocratie ?

Mais Rajoy, le chef de file du Par­ti­do Popu­lar à droite, leur a répon­du : c’est trop facile de dis­qua­li­fier les poli­tiques, c’est du popu­lisme dan­ge­reux pour notre démo­cra­tie et qui vise à pous­ser tous les élec­teurs vers l’extrême droite… pour­tant ce que dit ce mou­ve­ment dépasse lar­ge­ment nos fron­tières, pré­vient le Pério­di­co en Cata­logne… c’est que cette jeu­nesse tou­ché en Espagne à 40% par le chô­mage veut tout sim­ple­ment mieux… en tout cas, elle refuse de payer pour une crise dont elle ne se sent pas res­pon­sable et dont les par­tis en place sont inca­pables de trou­ver des solu­tions… c’est en fait une alter­na­tive à l’abstention… une alter­na­tive et un rejet de la poli­ti­sa­tion pro­fes­sion­nelle en plus d’un appel fina­le­ment à la poli­ti­sa­tion de toute la socié­té… chaque citoyen doit être poli­ti­sé et enga­gé, en bref une véri­table révolution 

Source:http://www.agoravox.tv/actualites/citoyennete/article/une-revolution-citoyenne-en-30265