“Je m’appelle Jordan et je suis en colère.
En tant que cheminot, j’ai participé à la grève des 6 et 7 janvier 2016 contre le plan d’économies voulu dans les chemins de fer par ce gouvernement qui affiche clairement sa volonté de détruire nos services publics et les acquis sociaux légués par nos aïeux.
Je suis en colère parce qu’aujourd’hui, ne pas courber l’échine et résister, signifie pour l’Etat, ses médias et sa justice un danger à combattre à tout prix. Je suis en colère car dans la volonté manifeste de s’en prendre au droit de grève et au droit à l’action collective, la justice a décidé de m’imposer de payer une astreinte de 1700 euros pour participation à un piquet de grève.
Je suis en colère mais ne serais jamais résigné”
Dans la foulée des dernières grèves des cheminots en janvier 2016, Jordan Croeisaerdt s’est vu infliger non seulement une astreinte de près de 1700 euros pour participation à un piquet de grève mais est aujourd’hui l’objet d’une procédure disciplinaire. La direction cherche par tous les moyens à le renvoyer. Les méthodes employées sont scandaleuses (aucun huissier ne lui a remis de document au piquet ; il a reçu l’astreinte à son domicile, après que la direction a vraisemblablement communiqué son nom et son adresse aux huissiers, et aujourd’hui tout est mis en œuvre pour le mettre à la porte) et les accusations portées contre lui dans les médias sont mensongères.
Il s’agit en réalité d’une tentative évidente d’intimidation s’inscrivant dans un contexte général de répression accrue des mouvements sociaux tandis que l’austérité imposée est, elle, de plus en plus violente. Nous nous inquiétons et dénonçons fermement cette criminalisation généralisée.
Tout ceci n’est pas sans rappeler : en France, les peines de prison écopées par les syndicalistes de Goodyear luttant pour leur emploi ou le licenciement abusif des salariés d’Air France ; en Espagne, les poursuites judiciaires contre 300 travailleurs et les tirs de flash-ball sur les mineurs en grève.
De même, en Belgique, la violence à laquelle ont été confrontés les ouvriers d’Arcelor Mittal n’était que les prémisses d’une violence qui se généralise à l’encontre de la contestation et le recours systématique aux huissiers lors des grèves instaure un climat de peur et exacerbe les tensions.
Tout ceci n’a que trop duré, une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre tous ! Il est évident que le gouvernement réactionnaire a déclaré une guerre sociale en s’attaquant de front à nos acquis sociaux, à nos services publics, à nos conditions de travail et de salaires. Et face à la colère grandissante de la population, il s’en prend aujourd’hui à nos droits syndicaux et à nos libertés fondamentales. Cette politique contraste avec l’impunité totale dont jouissent les grands fraudeurs fiscaux, les patrons voyous et certaines multinationales sans scrupule.
Face à de telles dérives, nous nous devons urgemment de nous unir et de réagir collectivement. C’est pourquoi, nous nous engageons à participer à toute initiative allant dans ce sens.
Ainsi, nous nous opposons et disons :
• STOP à toute forme de répression du mouvement social ;
• STOP à l’instrumentalisation médiatique visant à criminaliser systématiquement le mouvement syndical dans son ensemble ;
• STOP à la privatisation progressive de nos services publics ;
• STOP à la destruction de nos acquis sociaux !
Nous défendons et sommes :
• POUR un soutien total à Jordan Croeisaerdt, pour que cesse immédiatement toute poursuite à son encontre ;
• POUR un rail fort, de qualité, gratuit et public, nécessaire dans le contexte de transition énergétique à mener dans les années à venir ;
• POUR un investissement massif dans tous les services publics ;
• POUR une mobilisation large et conséquente pour défendre ces droits et nos acquis !
Liens utiles :
Solidarité avec Jordan et contre la repression des mouvements sociaux