La motion de la Ligue des travailleuses domestiques

PVLS — 2022

Pro­duc­tion : ZIN TV & la CSC Bruxelles

La Ligue des tra­vailleuses domes­tiques a dépo­sé une motion au Par­le­ment bruxel­lois le ven­dre­di 25 novembre 2022.

Suite au Par­le­ment des tra­vailleuses domes­tiques le 16 juin der­nier, la Ligue des tra­vailleuses domes­tiques de la CSC Bruxelles, sans réponse poli­tique conti­nue de se mobi­li­ser. A l’occasion de la jour­née inter­na­tio­nale de la lutte contre les vio­lences faites aux femmes, la Ligue a dépo­sé une motion au Par­le­ment Bruxel­lois à l’attention des chef-f-es de par­tis exi­geant qu’iels s’engagent à défendre une réso­lu­tion por­tant sur :

  • La pro­tec­tion des tra­vailleur-euses lors d’un dépot de plainte contre un patron abuseur ;
  • Un accès aux for­ma­tions Actiris ;
  • Un accès à un tra­vail légal.

Les travailleuses sans-papiers en grève pour l’application de la convention 189

Le 16 juin 2022, La Ligue des tra­vailleuses domes­tiques sans papiers de la CSC se met pour la pre­mière fois en grève pour pro­tes­ter contre l’exploitation, mettre en lumière leur tra­vail indis­pen­sable mais invi­sible et exi­ger un per­mis de tra­vail ain­si que la régularisation.

La Ligue sou­ligne que, bien que la Bel­gique ait rati­fié la conven­tion 189, celle-ci n’est pas com­plè­te­ment appli­quée. Son appli­ca­tion sup­po­se­rait : un accès à la sécu­ri­té sociale (pen­sions, allo­ca­tions de chô­mage, cou­ver­ture mala­die), la fixa­tion d’un salaire mini­mum, des horaires stables, des heures sup­plé­men­taires payées et un accès à la for­ma­tion. Des condi­tions qui impliquent, selon la Ligue, l’accès au per­mis de tra­vail, l’une des reven­di­ca­tions de cette grève adres­sée aux res­pon­sables poli­tiques de la Région bruxel­loise. En effet, en Bel­gique, les Régions sont com­pé­tentes pour la déli­vrance des per­mis de tra­vail, alors que c’est l’autorité fédé­rale qui l’est pour les per­mis de séjour – avec toutes les dif­fi­cul­tés admi­nis­tra­tives qu’une telle répar­ti­tion peut induire. De plus, la régu­la­ri­sa­tion par le tra­vail n’existe pas en Bel­gique. Pour obte­nir un droit de séjour par le tra­vail, il faut signer un contrat de tra­vail depuis son pays d’origine et faire la demande avant de s’installer en Belgique.

La Ligue réclame éga­le­ment « l’articulation entre les poli­tiques bruxel­loises et les poli­tiques fédé­rales afin d’avancer vers l’établissement des cri­tères clairs, per­ma­nents et la mise en place d’une com­mis­sion indé­pen­dante ». En effet, le sta­tut des res­sor­tis­sants étran­gers est régi par la loi du 15 décembre 1980. Celle-ci pré­voit, dans ces articles 9bis et 9ter, deux méca­nismes de régu­la­ri­sa­tion pour les per­sonnes rési­dant en Bel­gique sans titre de séjour et ne pou­vant se rendre dans leur pays d’origine pour effec­tuer une demande en ce sens. Dans les faits, les voies légales de régu­la­ri­sa­tion du séjour en Bel­gique sont pra­ti­que­ment inopé­rantes. Rai­son pour laquelle les col­lec­tifs de sans-papiers reven­diquent l’introduction de cri­tères de régu­la­ri­sa­tion clairs et per­ma­nents à l’article 9bis et la créa­tion d’une com­mis­sion per­ma­nente et indé­pen­dante de l’administration pour trai­ter les demandes.

En Espagne, les méca­nismes de régu­la­ri­sa­tion sont régis par la Ley de extra­n­jería (Loi des étran­gers) qui, contrai­re­ment à la loi belge, per­met aux per­sonnes rési­dant dans le pays depuis plus de 3 ans sans un titre de séjour valable, de pou­voir accé­der à un contrat de tra­vail. Mais les cri­tères à rem­plir pour y accé­der sont assez contrai­gnants. D’une part, il doit s’agir d’un contrat de tra­vail d’une durée mini­male d’un an et à temps plein. D’autre part, l’employeur doit embau­cher en prio­ri­té les travailleur·euses espagnol·es. Dans les faits, sans titre de séjour valable, il y a peu des chances d’obtenir un contrat de tra­vail et, sans contrat, il n’y a pas de titre de séjours. C’est pour cette rai­son que lors du ras­sem­ble­ment célé­brant la rati­fi­ca­tion de la conven­tion 189, les tra­vailleuses domes­tiques ont bran­di leurs dra­peaux reven­di­quant la réforme de la loi des étran­gers, per­met­tant l’accès à un contrat de tra­vail dès l’arrivée au pays.

Plus d’in­fos : Tra­vailleuses domes­tiques mobi­li­sées (Gre­sea)

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