L’Histoire des lions

Le 17 jan­vier 2023, un hom­mage col­lec­tif a été ren­du à Mau­rice Mpo­lo, Ministre de la jeu­nesse et des sports, Joseph Oki­to, Pré­sident du bureau du Sénat, Patrice Lumum­ba, pre­mier Pre­mier Ministre de la Répu­blique démo­cra­tique du Congo, 62 après leur assas­si­nat com­man­di­té notam­ment par l’Etat belge.

Le 17 jan­vier 2023, un hom­mage col­lec­tif a été ren­du à Mau­rice Mpo­lo, Ministre de la jeu­nesse et des sports, Joseph Oki­to, Pré­sident du bureau du Sénat, Patrice Lumum­ba, pre­mier Pre­mier Ministre de la Répu­blique démo­cra­tique du Congo, 62 ans après leur assas­si­nat com­man­di­té notam­ment par l’État belge. 

Un devoir de mémoire pour conti­nuer à faire entendre le com­bat de Patrice Lumum­ba et des pères de l’indépendance congolaise.

Un com­bat essen­tiel alors qu’en Bel­gique, notre gou­ver­ne­ment refuse encore de pré­sen­ter des excuses pour le sys­tème colo­nial et qu’un hôtel de vente bruxel­lois s’adonne à du recel de cadavres humains congolais…

Mer­ci à Mémoire colo­niale et lutte contre les dis­cri­mi­na­tions pour cette action et à celles et ceux qui étaient présent.e.s.

 

Fin novembre 1960, Lumum­ba est cap­tu­ré. De sa pri­son, il écrit à sa femme Pau­line cette lettre. 

Ma com­pagne chérie,

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te par­vien­dront, quand ils te par­vien­dront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais dou­té un seul ins­tant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes com­pa­gnons et moi avons consa­cré toute notre vie. Mais ce que nous vou­lions pour notre pays, son droit à une vie hono­rable, à une digni­té sans tache, à une indé­pen­dance sans res­tric­tions, le colo­nia­lisme belge et ses alliés occi­den­taux – qui ont trou­vé des sou­tiens directs et indi­rects, déli­bé­rés et non déli­bé­rés, par­mi cer­tains hauts fonc­tion­naires des Nations-Unies, cet orga­nisme en qui nous avons pla­cé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assis­tance – ne l’ont jamais voulu.

Ils ont cor­rom­pu cer­tains de nos com­pa­triotes, ils ont contri­bué à défor­mer la véri­té et à souiller notre indé­pen­dance. Que pour­rai-je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en pri­son sur ordre des colo­nia­listes, ce n’est pas ma per­sonne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a trans­for­mé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tan­tôt avec cette com­pas­sion béné­vole, tan­tôt avec joie et plai­sir. Mais ma foi res­te­ra inébran­lable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débar­ras­se­ra de tous ses enne­mis inté­rieurs et exté­rieurs, qu’il se lève­ra comme un seul homme pour dire non au capi­ta­lisme dégra­dant et hon­teux, et pour reprendre sa digni­té sous un soleil pur.

Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libé­rés de tous les coins du monde se trou­ve­ront tou­jours aux côtés de mil­lions de congo­lais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colo­ni­sa­teurs et leurs mer­ce­naires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne rever­rai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congo­lais, d’accomplir la tâche sacrée de la recons­truc­tion de notre indé­pen­dance et de notre sou­ve­rai­ne­té, car sans digni­té il n’y a pas de liber­té, sans jus­tice il n’y a pas de digni­té, et sans indé­pen­dance il n’y a pas d’hommes libres.
Ni bru­ta­li­tés, ni sévices, ni tor­tures ne m’ont jamais ame­né à deman­der la grâce, car je pré­fère mou­rir la tête haute, la foi inébran­lable et la confiance pro­fonde dans la des­ti­née de mon pays, plu­tôt que vivre dans la sou­mis­sion et le mépris des prin­cipes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on ensei­gne­ra à Bruxelles, Washing­ton, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on ensei­gne­ra dans les pays affran­chis du colo­nia­lisme et de ses fan­toches. L’Afrique écri­ra sa propre his­toire et elle sera au nord et au sud du Saha­ra une his­toire de gloire et de digni­té. Ne me pleure pas, ma com­pagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, sau­ra défendre son indé­pen­dance et sa liberté.

Vive le Congo ! Vive l’Afrique !

Patrice Lumumba

 

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