L’université populaire de Bruxelles fait sa rentrée

Le ven­dre­di 13 sep­tembre 2024, le rec­to­rat de l’ULB orga­ni­sait son évé­ne­ment tra­di­tion­nel de ren­trée. L’u­ni­ver­si­té popu­laire Walid Daq­qa était aus­si au ren­dez-vous pour dénon­cer une fois de plus, la com­pli­ci­té de l’ULB dans le géno­cide et la colo­ni­sa­tion en cours en Palestine.

L’u­ni­ver­si­té popu­laire de Bruxelles était pré­sente pour rap­pe­ler qu’il n’y a pas de ren­trée à Gaza et pour exi­ger des auto­ri­tés de l’ULB la fin des par­te­na­riats avec les uni­ver­si­tés israé­liennes, d’ar­rê­ter de mettre les uni­ver­si­tés pales­ti­niennes et israé­liennes sur un même pied d’é­ga­li­té et la fin des par­te­na­riats avec les entre­prises pri­vées qui par­ti­cipent direc­te­ment ou indi­rec­te­ment à la colo­ni­sa­tion israé­lienne. Iels étaient là en nombre mal­gré les mesures de répres­sions qu’iels subissent depuis l’oc­cu­pa­tion du bâti­ment F de mai à juin 2024.

Une dizaine d’ONG et syn­di­cats s’inquiètent des mesures répres­sives qui visent le mou­ve­ment pro­pa­les­ti­nien en Belgique

Ces der­nières semaines, ces asso­cia­tions constatent que la répres­sion du mou­ve­ment pro­pa­les­ti­nien par diverses auto­ri­tés ne cesse de s’intensifier. De l’atteinte à la liber­té d’expression de per­sonnes por­tant des signes de sou­tien à la Pales­tine aux amendes admi­nis­tra­tives déli­vrées en marge des mani­fes­ta­tions pro­pa­les­ti­niennes, la répres­sion vise éga­le­ment des per­sonnes ayant par­ti­ci­pé à l’occupation de bâti­ments uni­ver­si­taires. Par ces actions, les auto­ri­tés portent atteinte à un droit fon­da­men­tal : le droit de pro­tes­ter. A un mois des élec­tions com­mu­nales, ces asso­cia­tions appellent les auto­ri­tés à une vigi­lance démocratique.

Depuis la fin août, une sep­tan­taine de per­sonnes qui ont par­ti­ci­pé ou sou­te­nu l’occupation d’un bâti­ment de l’ULB sur le cam­pus du Sol­bosch ont reçu une convo­ca­tion de la police notam­ment pour « appar­te­nance à un groupe prô­nant la ségré­ga­tion et la dis­cri­mi­na­tion raciale ». Une infrac­tion qui pour­rait mener à des peines pri­va­tives de liber­té. Sans pré­ju­ger du fond du dos­sier dont per­sonne n’a encore connais­sance, c’est l’ampleur du nombre de convo­ca­tions ain­si que la qua­li­fi­ca­tion qui inquiètent nos ONG. Pour rap­pel, l’occupation « Uni­ver­si­té popu­laire de Bruxelles » expul­sée le 25 juin der­nier, enten­dait dénon­cer l’offensive israé­lienne res­pon­sable de plus de 40.000 morts dans la bande de Gaza. Elle appe­lait éga­le­ment les auto­ri­tés de l’ULB à rompre toutes formes de col­la­bo­ra­tion avec « les ins­ti­tu­tions aca­dé­miques et entre­prises sio­nistes qui par­ti­cipent à l’oppression sys­té­ma­tique du peuple palestinien ».

Répres­sion des mani­fes­ta­tions, sanc­tions admi­nis­tra­tives communales

Par ailleurs, ces der­niers mois, plu­sieurs dizaines per­sonnes ont reçu des sanc­tions admi­nis­tra­tives com­mu­nales en rai­son de leur par­ti­ci­pa­tion à des mani­fes­ta­tions en sou­tien à la Pales­tine, à Bruxelles, à Gand et à Lou­vain. Cer­taines de ces mani­fes­ta­tions ont d’ailleurs été répri­mées par les forces de police, notam­ment à Uccle le 28 mai der­nier, aux abords de l’ambassade israé­lienne. Le bourg­mestre de la com­mune avait alors jus­ti­fié l’intervention poli­cière (canons à eau, gaz lacry­mo­gènes, etc.) par le fait que ces mani­fes­ta­tions n’étaient pas auto­ri­sées par la com­mune. Cette posi­tion est contraire au droit inter­na­tio­nal, comme plu­sieurs ONG l’ont rap­pe­lé dans un cour­rier au bourg­mestre ucclois. Droit inter­na­tio­nal qui rap­pelle que : “Le défaut de noti­fi­ca­tion préa­lable aux auto­ri­tés d’un ras­sem­ble­ment à venir, lorsque cette noti­fi­ca­tion est requise, ne rend pas illé­gale la par­ti­ci­pa­tion à la réunion en ques­tion, et ne doit pas en soi ser­vir de motif pour dis­per­ser la réunion ou arrê­ter les par­ti­ci­pants ou les orga­ni­sa­teurs, ou pour infli­ger des sanc­tions injustifiées”.

Dra­peau et kef­fieh cou­verts par la liber­té d’expression

La Ligue des droits humains est éga­le­ment aler­tée depuis plu­sieurs mois par des pres­sions poli­cières abu­sives sur des per­sonnes por­tant des signes de sou­tien à la Pales­tine (dra­peau pales­ti­nien et kef­fieh) dans l’espace public. Ces per­sonnes sont priées d’enlever ces signes, sous peine d’arrestation. La LDH a reçu des témoi­gnages en ce sens éma­nant d’Anvers et de Bruxelles. L’argument mis en avant par la police serait « la neu­tra­li­té de l’espace public ». Or, le simple fait de por­ter un dra­peau pales­ti­nien est cou­vert par la liber­té d’expression. Il ne consti­tue pas en tant que tel une menace à l’ordre public, ni une inci­ta­tion à la vio­lence ou la haine qui pour­raient jus­ti­fier une inter­dic­tion. Les asso­cia­tions rap­pellent éga­le­ment les pres­sions impor­tantes subies par le média ZIN TV en mars 2024, après avoir accueilli en octobre 2023 une confé­rence orga­ni­sée par plu­sieurs asso­cia­tions et por­tant sur « la cri­mi­na­li­sa­tion des voix pales­ti­niennes dans l’Union européenne ».

Le droit de pro­tes­ter en danger

Pres­sions sur un média alter­na­tif, sur des per­sonnes por­tant des signes de sou­tien à la Pales­tine dans l’espace public, sanc­tions admi­nis­tra­tives com­mu­nales visant les participant·es aux mani­fes­ta­tions et désor­mais enquêtes pénales en marge de l’occupation de bâti­ments uni­ver­si­taires : mises bout à bout, ces dif­fé­rentes mesures répres­sives envoient un signal très pré­oc­cu­pant quant au droit de pro­tes­ter en Bel­gique. Nos asso­cia­tions s’inquiètent for­te­ment de cette esca­lade et appellent les auto­ri­tés locales concer­nées à mettre tout en œuvre pour pro­té­ger cet acquis fon­da­men­tal, à quelques semaines des élec­tions communales.

Signa­tures :

ABVV-FGTB
Amnes­ty Inter­na­tio­nal Belgium
Asso­cia­tion belgo-palestinienne
Avo­cats sans frontières
BelRefugees
CNCD-11.11.11.
Green­peace Belgique
Kif Kif
Liga voor mensenrechten
Ligue des droits humains
MOC
Mou­ve­ment Pré­sence et Action Culturelles
Soralia
ZIN TV

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