Le FACIR interpelle les partis et candidats sur leur politique culturelle.

Cette lettre a été envoyée aux différents partis politiques par la Fédération des Auteurs Compositeurs Interprètes Réunis afin d'interpeller ceux-ci sur leur politique culturelle en vue des futures élections. Le FACIR invite la presse ce 27 janvier à 10h30 à une Conférence de Presse.

Chère madame, cher monsieur,

La jeune Fé­dé­ra­tion des Auteurs, Com­po­si­teurs et Inter­prètes Réu­nis, le FACIR, a orga­ni­sé en juin 2013 les pre­miers « Etats Gé­né­reux de la Musique », qui ont ras­sem­blé plus de 300 pro­fes­sion­nels à Bruxelles.

Notre constat est alar­mant. L’extraordinaire réus­site de quelques artistes de la Fé­dé­ra­tion Wal­lo­nie- Bruxelles ne doit pas mas­quer que notre « mar­ché inté­rieur » est, cultu­rel­le­ment par­lant, l’un des plus petits et des plus « colo­ni­sés » du monde. La Bel­gique fran­co­phone importe plus de 95% de ses livres, ses films et ses musiques. Nous écou­tons vingt fois moins nos propres artistes que les amé­ri­cains et les japo­nais, dix fois moins que les français, les ita­liens et les sué­dois… et six fois moins que les belges néerlandophones !
Par ailleurs, la réa­li­té des artistes de la musique en FWB est aujourd’hui dif­fi­cile, han­tée par des res­tric­tions bud­gé­taires, et par les per­pé­tuelles remises en cause de notre sta­tut pro­fes­sion­nel et de nos droits d’auteur.
Si, par la force des choses, la Wal­lo­nie et Bruxelles devaient demain se réin­ven­ter un des­tin com­mun, les artistes auraient un rôle fon­da­men­tal à jouer dans la construc­tion d’un ima­gi­naire col­lec­tif. On ne peut pas bâ­tir une nation sur un vide culturel.

Nous sommes per­sua­dés que ce constat inter­pelle des femmes et des hommes poli­tiques, à Bruxelles et en Wal­lo­nie, dans chaque ville et dans chaque com­mune. A l’occasion des pro­chaines échéances élec­to­rales, nous vous invi­tons à réa­gir avec nous à ces ques­tions et nous vous deman­dons de por­ter nos revendications.

C’est pour­quoi notre fé­dé­ra­tion, qui repré­sente des mil­liers d’artistes et de mé­lo­manes, adresse aujourd’hui ce cour­rier à l’ensemble des par­tis dé­mo­cra­tiques et des can­di­dats aux pro­chaines élections.

Pré­sence d’œuvres musi­cales belges en FWB :

Le pour­cen­tage obli­ga­toire d’œuvres autoch­tones dif­fu­sées en radio et té­lé­vi­sion (quo­ta mini­mum dans l’audiovisuel) est de 25% en Flandre et de 40 à 60 % en France, mais seule­ment de 4,5% à 10 % en Fé­dé­ra­tion Wal­lo­nie-Bruxelles. Cette carence en dif­fu­sion mé­dia­tique bloque toute la chaîne de pro­duc­tion des œuvres musi­cales et artis­tiques, ré­duit les inves­tis­se­ments, étrangle le sec­teur musi­cal et asphyxie l’emploi artis­tique. Com­ment expli­quer ce dé­ca­lage par rap­port à nos voi­sins, et com­ment y remédier ?

La RTBF, les mé­dias et l’uniformisation du pay­sage culturel :

Les pro­duc­tions musi­cales sont de plus en plus for­ma­tées et uniformes.
Les grands mé­dias, pri­vés comme publics, ne se posent plus en ‘dé­cou­vreurs de talents’ mais pri­vi­lé­gient les stars inter­na­tio­nales, les émis­sions de té­lé­réa­li­té et les gros fes­ti­vals. La dif­fu­sion dans les salles et fes­ti­vals est mas­si­ve­ment domi­née par les pro­duc­tions étran­gères, essen­tiel­le­ment françaises et anglo-saxonnes, au dé­triment des artistes de la FWB.

Chez les pro­fes­sion­nels de la musique, l’analyse des mé­dias du ser­vice public est alar­mante. La RTBF reflète de moins en moins la qua­li­té et la diver­si­té des pro­duc­tions de la FWB. Elle ne reflète plus notre richesse cultu­relle et n’assure plus le lien entre les artistes et le public en FWB. Et les très rares émis­sions qui assurent encore ces fonc­tions sont en dan­ger de disparition…

La Culture comme vec­teur d’émancipation sociale :

Sommes-nous bien conscients du poids de la culture comme source d’emplois spé­cia­li­sés (tech­ni­ciens, musi­ciens, pro­gram­ma­teurs, admi­nis­tra­tifs, mana­geurs,…) et d’entreprises non dé­lo­ca­li­sables (salles de concerts, fes­ti­vals, labels, stu­dios, ventes online, centres cultu­rels, droits d’auteurs, etc…). A titre d’exemple, une ré­cente étude de la SACEM (France) dé­montre que le poids du sec­teur cultu­rel dé­passe celui de l’industrie auto­mo­bile dans ce pays.
Mais la culture n’est pas qu’une mar­chan­dise ou une indus­trie. C’est aus­si un for­mi­dable vec­teur d’é­du­ca­tion, d’é­man­ci­pa­tion per­son­nelle. La pra­tique artis­tique est l’apprentissage du dé­bat, de l’accueil de l’autre. L’éducation et la culture sont des com­po­santes essen­tielles de la citoyen­ne­té, de la natio­na­li­té et de l’humanisme.

Ensei­gne­ment artis­tique à l’école :

Aujourd’hui, les dis­ci­plines artis­tiques (et musi­cales) sont en dé­li­ques­cence dans l’enseignement au Sud du pays. Quand elles sont obli­ga­toires, elles ne requièrent pas de for­ma­tion par­ti­cu­lière de la part des ensei­gnants. Lorsqu’elles sont option­nelles, elles sont majo­ri­tai­re­ment né­gli­gées par les étu­diants. Par ailleurs, aucun sys­tème d’évaluation externe n’est mis en place.
Ne croyez-vous pas impor­tant de mettre en place un pro­gramme d’é­du­ca­tion musi­cale à l’école (en lui don­nant une place dans les grilles de cours de la mater­nelle au secon­daire) ? N’est-il pas fon­da­men­tal que cette édu­ca­tion artis­tique soit por­tée par des artistes com­pé­tents et expérimentés ?

Le modèle éco­no­mique en pleine mutation :

La dif­fu­sion de la musique sur inter­net a bou­le­ver­sé les anciens modèles éco­no­miques de l’industrie musi­cale, et notre rap­port à la musique. De nom­breux musi­ciens sortent chaque année des écoles dans un mar­ché dé­jà saturé.

La menace qui plane depuis quelques semaines sur les droits d’auteurs des artistes (une impor­tante source de reve­nus mena­cée par le pro­jet de CODEX), et un « sta­tut d’intermittent pour artistes » per­pé­tuel­le­ment remis en cause, sont autant de réa­li­tés qui fra­gi­lisent nos professions.
Com­ment remo­bi­li­ser la socié­té autour de ses créa­teurs et de ses pro­duc­teurs pour leur don­ner les moyens de vivre et de travailler ?

Diag­nos­tic du sec­teur de la Culture :

Dans un contexte d’austérité bud­gé­taire, si les bud­gets ne peuvent être gon­flés, il existe des pistes de finan­ce­ment, des éco­no­mies d’échelles à réa­li­ser urgem­ment, et des gas­pillages à com­battre. A quand un diag­nos­tic éco­no­mique du sec­teur cultu­rel et édu­ca­tif ? N’est-il pas pri­mor­dial de pré­ser­ver des moyens pour garan­tir la diver­si­té et la créa­ti­vi­té musi­cale ? Ce diag­nos­tic devrait être réa­li­sé par une com­mis­sion d’experts (uni­ver­si­taires, artistes, ou spé­cia­listes) indé­pen­dants et impartiaux.
Rôle du FACIR et des asso­cia­tions de professionnels :
Pour repen­ser une poli­tique cultu­relle nou­velle et auda­cieuse, les artistes doivent être consul­tés, c’est leur domaine d’expertise (FACIR pour la musique, Conseil­Dead pour le Théâtre, etc..).

Le FACIR a l’ambition de deve­nir l’interlocuteur de ré­fé­rence pour toutes les dé­ci­sions concer­nant la musique non clas­sique, et cela, avec tous les par­te­naires et dans tous les domaines qui concernent l’exercice de notre mé­tier, tels que les pou­voirs publics, par­tis poli­tiques, minis­tères, com­mis­sions, droits d’auteur, médias.

C’est dans cet esprit que nous ouvrons aujourd’hui un dia­logue qui, nous l’espérons, s’enrichira de vos propres ré­flexions et pro­po­si­tions autour de ces matières. Nous invi­tons la presse ce lun­di 27 jan­vier 2014 à 10h30 à la Biblio­thèque du CERCLE DES VOYAGEURS, Rue des grands carmes 18, 1000 Bruxelles.Un drink clô­tu­re­ra la séance. Mer­ci de confir­mer votre pré­sence à facir@facir.be.

Veuillez agréer, chère madame, cher mon­sieur, l’expression de nos plus musi­cales salu­ta­tions. Pour la Fé­dé­ra­tion des Auteurs Com­po­si­teurs et Inter­prètes Réunis :

Claude Semal, Ivan Tir­tiaux, Guillaume van Parys, Toine Thys, Mathias Bres­san, Michel Debrulle, Karine Ger­maix, Phi­lippe Tas­quin, Julie Jaros­zews­ki, Manu Her­mia, Phi­lippe Del­haye, Alain Pierre, Claire Spi­neux, Clé­ment Nour­ry, François Cro­nem­berg, Maxime Blé­sin, Pir­ly Zurs­tras­sen, Sam Gerts­mans, Julie Her­mant, Thier­ry Pou­cet, Didier Mon­seur, Patrick Joniaux, Cloé Defos­sez alias Cloé du Trèfle, Gau­tier Bour­gois, Clau­dine Bourg, Léo­nor Bailleul, Pierre Cler­ckx, Gori Eli­jah, Patrick Georges, Eve Beu­vens, Alphonse Bod­son, Mar­tin Des­champs, Crys­tel Wau­tier, Chan­tal Bon­fa, Paul Her­mant, Chan­tal Dri­cot, Fran­cis Debra­ban­dere Laurent Dou­mont, Bar­ba­ra Mal­ter Ter­ra­da Frans Daels, Nico­las Sand, Bej­main Ber­trand, Ste­phan Pou­gin, Anne Gen­nen, Cé­line Chap­puis Jean-Pierre Froi­de­bise, Bilou Doneux, Eric Ronsse, Clé­ment Del­chambre, Tama­ra Sze­fer, Laurent Bar­bier, Rudy Mathey, Benoît Bos­schaert, Oli­vier Colette, Radi Kadu­sic, Marie War­nant, Anne Wolf, Phi­lippe Del­haye, Ber­nard Del­pierre, Renaud Per­son, Isa­belle Poi­tre­naud (Café- Théare au B’Izou), Jean Sae­re­mans, Nico­las Cham­pagne Michel Paré, Michel Vri­j­dag Jean-Louis Gaillard Natha­lie Loriers, Hugues Maré­chal, Diane Bro­man, Katy Saud­mont, Damien Cam­pion, Seb Degreef, Ste­phane Mer­cier, Oli­vier Cima, Gla­dys Tou­ly, Karin Clercq, Jacques Mou­ton, Michel Van Muy­lem (La Sou­pape), Jean-François, Mitsch Gé­rard, Weis­sen­stein, Aline Dha­vré, Thier­ry de Brou­wer, Ber­nard Cas­tel­loes, Pas­cale Ramet-Rivages, Mat­thieu Van­de­na­beele, Chris­tian Schreurs, André Klenes, Etienne Richard, Jacques Verhae­gen, Gaë­ta­no Bout­cher Eric Tom­son Anne Ber­nard Simon Cogels Joa­chim Loneux Claire Ruwet Antoine Pierre Bar­ba­ra Wier­nik Guillaume Palom­ba Alexandre Buyr