Ernst, La vierge corrigeant l’enfant Jésus devant trois témoins
Appel pour un moratoire sur la construction de nouvelles prisons en Belgique et la liste des 100 premiers signataires (Liste 21 février 2017)
Le nombre de détenus en Belgique a doublé entre 1980 et les années 2000, passant de 5.000 à plus de 11.000. Cette inflation carcérale ne s’explique pas par l’explosion du crime et de la délinquance, qui sont restés stables[Voir [les données de l’Institut national de criminalité et criminaliste (INCC) ]]. Il s’agit d’un tournant punitif et répressif, également pris par la plupart des pays européens au cours des années 1970 — 1980. Les gouvernements successifs y ont répondu par la construction de nouvelles prisons. En 30 ans, le nombre de cellules a augmenté de 176%. Pendant la dernière décennie des nouvelles prisons ont été construites, prétendument pour lutter contre la surpopulation carcérale : à Ittre (2003), Hasselt (2005), Marche-en-Famenne (2013), Leuze-en-Hainaut (2014) et Beveren (2014). Pourtant, le taux de surpopulation des cellules en 2015 était encore de 10%. Un constat s’impose : plus on construit de prison, plus on les remplit.
Le gouvernement actuel annonce sa volonté d’en construire davantage : à Vresse-sur-Semois, à Lantin, à Verviers, à Leopoldsburg, à Wavre et à Paifve. Ainsi que les prisons de Haren et de Termonde, pour l’instant bloquées par la mobilisation des citoyens.
La construction d’une méga-prison à Haren est emblématique de la fuite en avant qui nous mène droit dans le mur. Elle devrait être la plus grande de Belgique, d’une superficie de 51.000 m² de bâtiments, et 15.000 m² de surfaces extérieures, et détruirait l’un des derniers grands espaces verts et arables de Bruxelles. Composée de huit entités, elle permettrait l’enfermement de 1200 détenus. Le coût total de cette seule mégaprison, sur les 25 années que prévoit le contrat du « partenariat-public-privé » négocié dans une complète opacité, est estimé à plus de 3 milliards d’euros[[Soit 120 millions d’euros par ans en moyenne, ou 7% du budget annuel de la Justice en 2016, qui rapporté au PIB est l’un des plus bas d’Europe.]]. Cette somme colossale engloutie dans les murs d’une seule prison n’est, bien entendu, plus disponible pour la Justice, qui est chroniquement sous-financée. Elle ne l’est pas non plus pour la prévention de la délinquance, ni pour la réinsertion des détenus. Il est désormais connu que la désocialisation qu’entraine la privation de liberté sur les détenus, la coupure d’avec leur famille et la société, l’absence de programme de suivi et d’accompagnement ont des effets dévastateurs sur leurs capacités à se réinsérer dans la société, à trouver un emploi, un logement.
En Belgique, environ 50% des détenus récidivent[[http://pro.guidesocial.be/actualites/une-premiere-etude-nationale-sur-la-recidive-en-belgique.html ; http://www.justice-en-ligne.be/rubrique194.html ]], témoignage de l’échec cuisant de la prison comme peine de justice. L’enfermement devait dissuader la délinquance, or, elle est parfois l’école du crime.
La construction des nouvelles prisons, et de la méga-prison de Haren en particulier, nous met devant un choix de société. Rappelons que les prisons sont avant tout des prisons pour les pauvres. Pas parce que les pauvres commettent plus de délits, mais parce qu’ils sont davantage condamnés tout au long de la chaîne pénale. Le constat dressé dans le dernier rapport 2016 de l’Observatoire international des prisons de Belgique est sans appel : « la plupart des détenus possèdent une position socioéconomique faible. La plupart n‘ont pas de diplôme. 30% seraient analphabètes, 45% n’auraient que leur CEB[[CAAP, Offre de services faite aux personnes détenues dans les établissements pénitentiaires de Wallonie et de Bruxelles, 2013 – 2014.]]. Avec un parcours de vie empreint de ruptures avec les institutions premières d’inscription au sein de la société, que ce soit au niveau de la famille, de l’école ou du travail… »[[P. MARY, F. BATHOLEYNS, J. BEGHIN, « La prison en Belgique : de l’institution totale aux droits des détenus ? », Déviance et Société, 2006, vol. 30, n° 3, pp. 389 à 404.]].
Pendant que des milliards sont engloutis dans les prisons du Masterplan, la pauvreté et la misère se sont aggravées à Bruxelles — huit des communes belges avec le plus bas revenu moyen du pays se trouvent toujours à Bruxelles — et aucune politique actuelle ne permet d’inverser cette tendance.
Nous n’avons pas besoin de plus de prisons, mais d’un projet de société qui donne une place digne à chacun, qui mette un terme à la misère et qui renforce les liens de solidarité. Plutôt qu’un énième « masterplan prisons, nous voulons un « masterplan justice et solidarité » capable d’offrir à tous un futur avec avenir.
Pour ces raisons, nous appelons à un moratoire immédiat sur la construction de toute nouvelle prison en Belgique. Nous appelons également à l’organisation d’états généraux citoyens de la prison pour tourner la page du désastre carcéral en cours.
Signataires :
Jean-Baptiste Godinot, asbl respire ; Luk Vervaet, enseignant dans les prisons ; Jean-Marc Mahy, Educ’Acteur ; Laurent Moulin, président du Comité de Haren ; Philippe Massay, criminologue, conseiller auprès du gouvernement de la FWB ; ; Nadine Rosa-Rosso, enseignante ; Malika Hamidi, sociologue ; Daniel Wagner, enseignant dans les prisons ; Karin La Meir, conseillère conjugale ; Elisabeth Grimmer, employée, Comité de Haren ; Eric Hulsens, ere-lector provinciaal hoger onderwijs ; publicist Antidote ; Nordine Saïdi, militant décolonial / Bruxelles Panthères ; Jean-Marie Dermagne, avocat et ancien bâtonnier ; Nadia Boumazzoughe, Muslim’s Rights Belgium ; Paul Delmotte, prof. retraité ; Aya Tanaka, réalisatrice de documentaire ; Ingrid Goossens, enseignante ; Rachida Aziz, Le Space ; Lieven De Cauter ; cultuurfilosoof, RITCS, KULeuven ; Eveline Bijl, enseignante ; Michel Soucy, scénographe illustrateur ; Thea Staes, onderzoeker aan de faculteit rechten ULB ; Flor Dewit, Marxistisch antiquariaat Aurora ; Juliette Béghin, collaboratrice scientifique Centre de recherches criminologiques (ULB) ; Manu Scordia, dessinateur ; Christou Verniers, ex-directrice de la FUNOC ; De Ly Myriam, activiste pour la Palestine ; Françoise Thirionet, animatrice ; Barbara Van Dyck, onderzoekster ULB ; Mohsin Mouedden, président de l’ASBL les Ambassadeurs de la Paix ; Rachida El Garani, filmregisseur ; Jeannine Tips, animatrice Solidarités Nouvelles ; Mark Vanderveken, médecin ; Valentine Julien, bedrijfsleidster, democratie.nu ; Tom Grimonprez, militant anti-carcéral ; Elena Cal Atan, fonction publique ; Mustapha El Faieq, project medewerker ; Alain de Halleux, réalisateur ; Axel Claes, kunstenaar ; Véronique Vanderbeken, Intérimaire ; Bruxelles Laïque ; Bernard Bolze, cofondateur Prison Insider ; Marie-Jo Fressard, présidente Solidarité Maroc 05 ; Observatoire International des Prisons, section belge ; Nicolas Cohen, avocat ; Damien Scalia, professeur, ULB ; Corinne Gobin, politologue à l’ULB ; Renaud De Heyn, enseignant et auteur de bande dessinée ; Pierre Lambillon, conseiller à la cour du travail de Liège ; Laloy Leonor, présidente du Cercle d’Interrogation sur le Milieu Carcéral de Saint Louis Bruxelles ; Centre d’Action Laïque asbl ; John Nève, économiste, doctorant à Paris 1 Panthéon Sorbonne & Université Saint-Louis Bruxelles ; Dominique De Laet, éducatrice ; Souad Fila, écrivaine ; Peter Terryn, Solidarity for All ; Isabel Sofia del Valle Lopez, fonctionnaire à la retraite ; Patrick Lenskens, IT adviseur ; Valentine Orban, étudiante en 3ème bac droit ; Philippe De Clerck, architecte ; Sophie Delforge, sans profession ; Marc Vanderhoeven, ICT ; Charline Rother, assistante sociale en milieu carcéral ( service externe d’aide aux justiciables à Bruxelles) ; David Jamar, chargé de cours UMONS ; Marc Nève, avocat, ancien vice-président du CPT (Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants – Conseil de l’Europe) ; Paul Lannoye, président du GRAPPE, député européen honoraire ; Manuela Cadelli, présidente de l’Association syndicale des Magistrats (ASM) ; Mélodie Wegnez, film editor, colorist ; Benjamin Deman, juriste FGTB ; Christian Kunsch, président du Mouvement ouvrier chrétien MOC ; Mohamed Aadel, Association marocaine pour les Droits humains (AMDH Belgique) ; Jérémie Piolat, auteur, doctorant en anthropologie, UCL ; Stéphanie Guilmain, activiste contre la méga-prison de Haren ; Dominique Willaert, artistiek leider Victoria Deluxe (Gent) ; Fabienne Delchevalerie, SolidHaren asbl ; Marie-Françoise Cordemans, enseignante ; Youssef Chihab, directeur du département Europe, AFD International ; Nathalie Caprioli, journaliste ; Ronnie Ramirez, cinéaste, enseignant ; Anne Fivé, citoyenne ; Diane Bernard, professeur UCL, KUL, St-Louis et ULg ; Nicolas De Groodt, chargé de projet ; Jean-Louis Renaud, photographe citoyen ; Céline Cuvelier, artiste, animatrice à la prison de Berkendael ; Galia De Backer, historienne ; Bibianne Bolle, citoyenne ; Philippe Delchevalerie, Solidharen ; Veronique de Leener, directeur MAKS vzw ; Claude Debrulle, Directeur-Général honoraire, Direction-Générale de la Législation au ministère de la Justice ; Herman De Ley, professor-emeritus UGent ; Claudine Penen-Vandernoot, retraitée, défenseuse des droits humains ; Marc Taeldeman, gepensioneerd, directeur basisonderwijs ; Farida Aarrass, Comité Free Ali ; Khadija Senhadji, socio-anthropologue ; Didier Van der Meeren, enseignant ; Ico Maly, docent Tilburg University ; Barbara Herman, sociologue ; Philippe Hunt, professeur — Académie royale des Beaux-Arts, ISTI-ULB ; Martine Five, assistante sociale retraitée ; Marie Malengreau, employée chez Atrium Brussels ; La Ligue des Droits de l’Homme ; Fabienne Brion, professeur à l’Ecole de criminologie de l’Université catholique de Louvain ; Jérôme Pelenc, chercheur FNRS-ULB ; Julie Jaroszewski, artiste ; Sylvie Olivier, architecte ; Agathe De Brouwer, avocate au Barreau de Bruxelles Cabinet ARTéGAL ; Laure de St Gilles, Occupy Brussels Belgium ; Ludo De Brabander, Vrede vzw ; Maïa Chauvier, slameuse/actrice ; Aurore Van Opstal, réalisatrice ; Latifa Sellami, employée administrative ; Denise Gere, ancien membre de la commission de surveillance près la Prison de Saint Gilles ; Daniele Bosson , médecin biologiste ; Nathan Hubot, demandeur d’emploi ; Indra Costermans, onderwijsopbouwwwerker ; Judith Postelmans, gepensioneerd, onderwijs ; Inge Kerkhofs, psychotherapeute in de contextuele psychotherapie, geëngageerde bij Hart boven Hard ; Patrick Dewals, psychiatrisch verpleegkundige/politicoloog ; Eef De Bruyne, projectcoördinator ; …
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