Bahar Kimyongür porte plainte contre les plus hauts responsables de l’État belge.
Il assigne en Justice l’ancien Premier ministre Guy Verhofstadt, l’ex-Ministre de la Justice Laurette Onkelinx ainsi que son collègue de l’Intérieur Patrick Dewael
Communiqué du Clea : http://leclea.be/clea/communiques/bahar-vs-etat_belge.html
Il y a exactement cinq ans, les plus hautes autorités politiques, judiciaires et policières de Belgique avaient osé. Elles avaient osé organiser un véritable complot d’État, dans la plus parfaite illégalité.
Réunis à l’initiative du Cabinet de la Ministre Laurette Onkelinx, vingt-cinq fonctionnaires d’élite avaient en effet décidé de monter une machination aussi cynique qu’épouvantable –dans le but de faire arrêter Bahar Kimyongür aux Pays-Bas, où il allait se rendre pour assister à un concert de musique.
À l’époque, on s’en souvient, la Turquie venait de lancer à l’encontre de ce citoyen belge un mandat d’arrêt international –reposant, pourtant, sur des allégations dénuées de tout fondement. Or, une fois appréhendé à l’étranger (en l’occurrence aux Pays-Bas), Bahar Kimyongür aurait pu –au regard des conventions internationales– y être « légalement » extradé vers Ankara. En effet, la Belgique n’extrade pas ses nationaux.
Eugène Dimmock, conseiller de Guy Verhofstadt (Premier ministre); Pascale Vandernacht (chef de Cabinet adjoint de la ministre de la Justice); Alain Lefebvre, le directeur de la Sécurité publique (Intérieur); André Demoulin, l’administrateur général de la Sûreté de l’État ; le procureur fédéral Daniel Bernard accompagné de ses adjoints, Johan Delmulle et Leen Nuyts…: en date du 26 avril 2006, ces responsables de premier plan s’étaient donc concertés afin de définir la meilleure façon de se plier aux injonctions turques. Quitte à abandonner –à la torture et à la sauvagerie– l’intégrité physique, voire la vie, d’un de leurs ressortissants.
Une cabale, un crime, une forfaiture… La Belgique se sera ainsi prêtée à une abomination pour remettre (via un pays tiers) Kimyongür à des services policiers, dont il n’avait cessé de dénoncer les comportements odieux à l’encontre d’opposants politiques et syndicaux, ou de défenseurs des droits humains –alors que, au niveau européen, la Turquie est toujours classée numéro 1 en matière d’atteintes répétées aux droits de l’Homme.
Interpellé sur le territoire néerlandais, incarcéré aux Pays-Bas 68 jours durant, Kimyongür va finalement être totalement absout des imputations contenues dans le mandat d’amener turc. Le 4 juillet 2006, confirmant ses droits inaliénables à la liberté d’expression et à la liberté d’association, notre compatriote sera remis en liberté par les juges de la Chambre d’Extradition du Palais de Justice de La Haye.
Ce mardi 12 avril, en toute logique, une plainte pour « coalition de fonctionnaires » sera donc déposée contre X (visant les vingt-cinq fonctionnaires réunis en secret le 26 avril 2006, ainsi que les ministres qui ont couvert leurs agissements) –une procédure intentable en vertu de l’article 233 du Code pénal. Celui-ci punit, en effet, de peines de prison, les fonctionnaires qui, « en réunion », auraient décidé la mise en œuvre de « mesures contraires aux lois ».
La Belgique, à travers les personnalités visées par cette plainte, ne se laissera évidemment pas faire. Comme dans le dossier DHKP‑C, où (dix années durant) le Parquet fédéral a tout tenté pour salir l’honnêteté et la militance démocratique de Kimyongür, il ne fait aucun doute que tout sera exécuté pour que les personnes ici mises en cause ne soient jamais déférées devant les tribunaux.
Pour que la vérité soit totalement établie ; pour que les représentants des principaux corps d’État –coupables d’illégalités– ne se voient octroyés une insolente impunité…, seule la mobilisation de l’opinion démocratique sera une nouvelle fois déterminante.
Mais, ce que nous sommes collectivement parvenus à accomplir hier pour permettre que triomphe l’innocence de Bahar, aujourd’hui il ne tient qu’à nous de le réitérer : lui rendre justice, en faisant sanctionner ceux qui se sont acharnés à violer ses droits, quitte à le laisser assassiner.
Pour expliciter toutes les raisons et circonstances qui ont justifié le dépôt de cette plainte inédite,
nous vous invitons évidemment à venir assister à la conférence de presse
qui se tiendra le mercredi 13 avril 2011, à 11 heures précises,
au siège de la Ligue des droits de l’Homme
(22 rue du Boulet, près de la Bourse).
Prendront part à cet événement :
Monsieur Bahar Kimyongür,
Maître Christophe Marchand,
Monsieur Benoît Van der Meerschen au nom de la Ligue belge des droits de l’Homme et Monsieur Jean Flinker du Comité pour la Liberté d’Expression et d’Association (CLEA)
POUR TOUS RENSEIGNEMENTS
www.leclea.be