COP 21 : réaction d’Attac France au nouveau texte

Le texte final va-t-il entériner la position des États-unis et de leurs alliés ?

Après dix jours de négo­cia­tions au Bour­get, un texte proche de celui qui devrait être adop­té était atten­du. Or le nou­veau texte de 29 pages n’est pas encore celui-là ! L’essentiel des sujets tra­dui­sant les enjeux poli­tiques de la négo­cia­tion sont encore en dis­cus­sion. Le texte com­porte tou­jours en effet des options dif­fé­rentes pour les sujets de la dif­fé­ren­cia­tion des enga­ge­ments, du finan­ce­ment, des objec­tifs à long terme de réduc­tion des émis­sions, du niveau et des sujets de contrainte juri­dique. Cela fait beaucoup !

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Nous savons cepen­dant qu’il existe une option lourde, der­rière le rideau d’un pro­ces­sus appa­rem­ment très lisse et d’une diplo­ma­tie bien rodée : le texte final va-t-il enté­ri­ner la posi­tion des États-unis et de leurs alliés ?

Après avoir sup­pri­mé toute contrainte sur les enga­ge­ments de réduc­tion des émis­sions de gaz à effet de serre et après avoir sor­ti des négo­cia­tions les niveaux d’émission, l’avantage pour­rait être pous­sé encore un peu plus loin : un inven­taire des enga­ge­ments serait réa­li­sé tous les cinq ans après 2020 mais avec une révi­sion des enga­ge­ments non contrai­gnante ; les finan­ce­ments eux-mêmes pour­raient être lais­sés à l’appréciation des États et des fonds financiers.

Pour Gene­viève Azam, éco­no­miste et porte parole d’Attac, « par un jeu de voca­bu­laire, l’accord de Paris, « uni­ver­sel contrai­gnant » pour­rait accom­plir la volon­té d’en finir avec un des piliers de la Conven­tion de 1992 et du pro­to­cole de Kyo­to : la res­pon­sa­bi­li­té cli­ma­tique est com­mune mais dif­fé­ren­ciée, elle sup­pose des enga­ge­ments contrai­gnants pour les pays les plus pol­lueurs, aus­si bien en termes de niveau d’émission que de finan­ce­ment. Si tel était le cas, après plus de vingt ans de flot­te­ment, c’est l’autre pilier de la conven­tion qui s’imposerait sans par­tage, celui de la sou­mis­sion des objec­tifs cli­ma­tiques aux règles du libre-échange et des mar­chés finan­ciers ».

Pour Maxime Combes, éco­no­miste et porte-parole d’Attac France sur les enjeux cli­ma­tiques, « le pro­jet d’accord pour­rait enté­ri­ner un réchauf­fe­ment cli­ma­tique supé­rieur à 3 °C, sans qu’il n’y ait de pers­pec­tive d’amélioration dans les pro­chaines années, accen­tuant le déca­lage abys­sal entre l’objectif affi­ché et la réa­li­té du réchauf­fe­ment, entre la bulle des négo­cia­tions et l’état d’urgence cli­ma­tique auquel sont confron­tées les popu­la­tions les plus vul­né­rables ; la pré­si­dence fran­çaise vou­lait un accord juste, ambi­tieux, équi­li­bré et juri­di­que­ment contrai­gnant, c’est pas gagné ».

Récents docu­ments d’analyse :

Note de décryp­tage Attac du 8 décembre. : pré­sen­ta­tion de la pire et de la moins mau­vaise des options dans le texte en cours de négo­cia­tion et des options absentes du texte

Rap­port de Glo­bal Jus­tice Now, membre du réseau inter­na­tio­nal Attac, qui sou­ligne cinq rai­sons pour les­quelles les accords com­mer­ciaux ren­draient la menace du chan­ge­ment cli­ma­tique beau­coup plus dif­fi­cile à contenir

Tra­duc­tion des prin­ci­pales décla­ra­tions des chefs d’État et de gou­ver­ne­ment en mesures concrètes

Pho­to : Arthur Lauvergnier.

ATTAC-France