Hollande enterre la patrie des Droits de l’Homme

La militante basque française Aurore Martin a été arrêtée par la police française pour être aussitôt livrée à la police espagnole pour des faits qui ne sont pas considérés comme des délits en France.

same­di 3 novembre 2012 

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Le pire. L’incroyable. L’inimaginable. L’impensable vient d’être com­mis par celui dans lequel le peuple de gauche orphe­lin avait cru recon­naître l’héritier spi­ri­tuel de Fran­çois Mit­ter­rand. L’accumulation de bourdes ajou­tées aux couacs à répé­ti­tion d’un gou­ver­ne­ment pous­sant l’amateurisme jusqu’à la cari­ca­ture pou­vait en réjouir cer­tains et en aga­cer d’autres. Il n’y avait certes — qui pou­vait en dou­ter ? — pas grand-chose à attendre d’un pré­sident sans des­sein, sans pro­jet, sans pro­gramme et sans ambi­tion, por­té au pou­voir par la seule volon­té du peuple fran­çais… de sor­tir le sor­tant. Un énorme mal­en­ten­du. Une vic­toire en trompe l’œil. « Six mois ! Cela fera bien­tôt six mois que l’homme de gauche a por­té au pou­voir l’homme du chan­ge­ment main­te­nant. Avec les résul­tats et déjà les renon­ce­ments que l’on sait », écri­vions-nous il y a quelques jours seule­ment. S’il n’y avait que cela…

En ce ven­dre­di 2 novembre 2012 — jour des morts — moins de six mois après son élec­tion aux fonc­tions suprêmes, Fran­çois Hol­lande flan­qué de son ministre de l’Intérieur (sorte de clone label­li­sé de gôche de Nico­las Sar­ko­zy, Brice Hor­te­feux et Claude Guéant réunis) ridi­cu­lise la France sur la scène inter­na­tio­nale en enter­rant le peu qu’il lui res­tait pour méri­ter encore l’appellation de « patrie des Droits de l’Homme ».

Aus­si incroyable que cela puisse paraître, la mili­tante basque fran­çaise Aurore Mar­tin a été arrê­tée par la police fran­çaise pour être aus­si­tôt livrée à la police espa­gnole pour des faits qui ne sont pas consi­dé­rés comme des délits en France !

Et c’est le gou­ver­ne­ment de gauche d’un pays pré­si­dé par un socia­liste reven­di­qué qui vient d’exécuter cette basse besogne qui fera date dans l’histoire opaque du par­ti dit socia­liste français.

Aurore Mar­tin avait quit­té la clan­des­ti­ni­té depuis plus d’un an. Tout le monde savait où elle était.

Que reproche-t-on très pré­ci­sé­ment à la jeune femme ?

Aurore Mar­tin est soup­çon­née d’avoir par­ti­ci­pé en 2006 et 2007, à six réunions publiques — quatre en Espagne, deux en France — orga­ni­sées par Bata­su­na, orga­ni­sa­tion poli­tique inter­dite en Espagne où elle est consi­dé­rée comme une orga­ni­sa­tion ter­ro­riste depuis 2003 alors que Bata­su­na est auto­ri­sée et par­fai­te­ment légale en France !

Cette affaire est le symp­tôme de l’amateurisme et de l’inconséquence d’un pré­sident et d’un gou­ver­ne­ment qui ne maî­trisent rien de la situa­tion à laquelle le rejet de Nico­las Sar­ko­zy les amène aujourd’hui à être confrontés.

Livrée par la France, sous l’autorité de son pré­sident socia­liste Fran­çois Hol­lande, à un pou­voir espa­gnol répres­sif en mal d’autorité, la jeune femme est aujourd’hui pas­sible, en Espagne, d’une peine de 12 ans d’emprisonnement.

Dans cette affaire, au-delà du ridi­cule, la France s’est désho­no­rée. Et le pré­sident de la patrie des Droits de l’Homme, défi­ni­ti­ve­ment disqualifié.

Chris­tian JACQUIAU

Source : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article131175