CARTER ET L’AFFAIRE DES CINQ
L’ex président des Etats-Unis James Carter, lors de la conférence de presse qu’il a tenue à la fin de son voyage à Cuba et pendant l’interview donnée à la télévision cubaine, a fait référence à l’affaire des 5.
« Je crois que la rétention des cinq cubains n’a pas de sens, les tribunaux états-uniens et aussi les organisations de droits de l’homme dans le monde ont eu des doutes. Maintenant, ils en sont à 12 ans passés en prison et j’espère que dans un futur proche ils seront libérés afin de rentrer dans leurs foyers.
J’ai rencontré deux des mères des prisonniers et trois de leurs épouses, je leur ai fait part de mes sentiments, et j’espère que dans le futur ils seront libérés, selon le droit états-unien. »
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« Je crois que les cinq cubains doivent être libérés parce qu’ils ont déjà passé 12 ans en prison et que les circonstances originales de leurs procès ont été considérées comme suspectes, même par les juges et le système judiciaire états-unien. »
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« Dans des conversations privées avec le président Bush et avec le président Obama, j’ai abordé le sujet de la libération de ces personnes. »
« Je reconnais les limitations à l’intérieur du système judiciaire des Etats-Unis, et j’espère que le Président pourra concéder cette grâce ; mais c’est une décision que seul peut prendre le Président, en fait je n’ai pas à dire au Président ce qu’il doit faire. Mais le Président, aussi bien avant que maintenant, sait que mon opinion est que le jugement des Cinq a été très douteux, que des normes ont été violées, et que les restrictions concernant leurs visites ont été extrêmes. »
« Je sais maintenant que les membres de leurs familles ont pu leur rendre visite et j’espère que dans le futur cette grâce puisse leur être accordée, et qu’il puisse aussi y avoir un meilleur accès des familles à ces prisonniers aux Etats-Unis. »
« Des fonctionnaires m’ont, par exemple, informé que l’accrochage avec le petit avion sur La Havane, qui a causé la mort de deux des pilotes, a eu lieu après que les Président des Etats-Unis ait informé les leaders cubains [des associations contre-révolutionnaires de Floride, ndt] qu’il n’y aurait plus de vols. Les fonctionnaires cubains m’ont dit qu’ils avaient signifié très clairement au Président des Etats-Unis qu’on ne pouvait permettre le survol de la capitale par des appareils, et qu’ils se devaient de protéger la souveraineté de Cuba. Ainsi, quoique il s’agisse là d’un fait sérieux, c’est un fait très sérieux, j’ai des doutes sur ces longues condamnations qui ont été infligées à ces personnes. Mais quand je rentrerai, je pense avoir une conversation avec le président Obama. Ceci est ma déclaration publique, j’ai déclaré auparavant la même chose à d’autres leaders nord-américains, et nous avons parlé en faveur de la libération des Cinq. Une des raisons, qu’ils soient ou non coupables, c’est qu’ils ont effectué un long séjour en prison, plus de 12 ans. En fait, s’ils sont coupables, ils ont déjà été suffisamment châtiés. »
sources : Assemblée Nationale de Cuba – traduction : A . Arroyo
Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
Le premier avril 2011.
Monsieur le Président,
La petite ville où je vis avec ma famille est située au pied des Pyrénées, en Béarn.
De nombreux Béarnais, comme leurs voisins Basques ont émigré, surtout à la fin du dix-neuvième siècle vers l’Argentine, l’Uruguay, Cuba et les Etats-Unis (en particulier à Miami).
Les liens, jamais rompus avec nos “cousins d’Amérique”, expliquent notre conscience aigüe de l’ingérence des Etats-Unis dans les pays latino-américains.
L’histoire des cinq cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González, prisonniers aux Etats-Unis depuis plus de douze ans est une illustration flagrante, un cas d’école de cette ingérence !
Pendant plus de douze ans, lobbies, fondations, groupes de pressions politiques ont financé, organisé, manipulé l’information concernant l’affaire des Cinq aux Etats-Unis et dans le monde.
Elle est liée au terrorisme exercé par les Etats-Unis à l’encontre Cuba, sujet tabou, passé sous silence depuis plus cinquante ans. Ce terrorisme a été organisé au plus haut niveau, dès la création, en janvier 1960 par Allen Dulles, directeur de la CIA, de « la force spéciale » chargée d’actions de subversion contre Cuba.
Quinze jours après la mort du jeune touriste italien Fabio Di Celmo en 1997 dans un attentat à la bombe à La Havane, son frère Livio Di Celmo a reçu des appels de médias du monde entier. Pourtant, ni CNN, ni ABC, ni The Herald, ni The London Telegraph ni tant d’autres n’ont publié d’article expliquant la connexion entre l’administration Nord Américaine et les terroristes de Miami. Les journalistes italiens du Corriere, ou de la Repúbblica n’ont pas informé leurs lecteurs sur la mort d’un de leur concitoyen, victime du terrorisme « made in USA », pas plus qu’ils ne donnent aujourd’hui d’information sur les Cinq. Les grandes agences de presse (AP, UPI, Reuters, AFP) jouent bien leur rôle dans le domaine de la désinformation.
Que des journalistes de Floride aient été payés pour écrire des articles haineux afin de créer un climat délétère lors du procès des Cinq nous choque certes, mais ne nous surprend pas, c’était dans la logique du gouvernement des Etats-Unis de l’époque. Là où nous sommes très déçus, Monsieur le Président, c’est de voir que vous appliquez la même politique que vos prédécesseurs à l’égard de Cuba. Lors de votre élection, nous aspirions vraiment à de nouvelles relations entre vos deux pays.
Il y a trois semaines à peine, nous avons appris un nouvel acte de blocus envers Cuba : la saisie des 4 207 000 de dollars, qui lui étaient destinés par le Fond Mondial de Lutte contre le Sida et la Tuberculose. Pourtant un blocus ne devrait pas toucher le domaine de la santé d’après les conventions internationales.
Par contre, votre administration a proposé d’allouer 20 millions de dollars dans son budget 2012 aux programmes destinés à ramener ce que vous appelez « la démocratie » à Cuba. C’est un véritable acte de guerre. L’obsession des gouvernements successifs des U.S.A. est en fait la mise à mort de la révolution cubaine. Cuba est un pays souverain, le choix de gouvernement de Cuba, Monsieur le Président, ne regarde que les seuls Cubains !
Avec votre accession à la présidence des Etats-Unis, rien ne va donc changer ? Est-il pensable que le rapport qu’écrivait le sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires interaméricaines Lester D.Mallory à son secrétaire d’Etat Roy R. Rubottom, le 6 avril 1960 dans un mémorandum, soit encore d’actualité ? Il préconisait :
« La majorité des Cubains soutient Castro, il n’y a pas d’opposition politique efficace… Tous les moyens doivent être entrepris rapidement pour affaiblir la vie économique de Cuba… Une mesure qui pourrait avoir un très fort impact serait de refuser tout financement et livraison à Cuba, ce qui réduirait les revenus monétaires et les salaires réels et provoquerait la famine, le désespoir et le renversement du gouvernement ».
Dans un tel contexte, Jusqu’où va aller l’acharnement de votre pays envers les cinq Cubains ? Quelle justice peuvent attendre ces cinq patriotes emprisonnés pour avoir défendu leur pays, alors même que celui qui les a fait arrêter est le protecteur des pires terroristes de Floride ? Cet homme, Hector Pesquera, est l’instigateur de la destruction du dossier de Posada Carriles, dont le procès est en cours à El Paso. Ce criminel va-t-il sortir du procès en héros, blanc comme neige ?
Au nom des nombreux amis des Cinq dans le monde, je vous demande une fois de plus, Monsieur le Président, d’être digne de votre prix Nobel, de signer la clémence exécutive qui leur rendra enfin la liberté dont ils sont privés depuis plus de douze ans.
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
PS : Nous avons appris avec une profonde tristesse le décès de l’avocat Leonard Weinglass infatigable défenseur de la cause des Cinq. Soyez assuré, Monsieur le Président, que nous continuerons son combat pour la Justice.
Jacqueline Roussie, 64360 Monein (France)
Copies à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Janet Napolitano Messieurs Harry Reid, Eric Holder, Pete Rouse, Donald Werrilli, John F. Kerry et M. l’Ambassadeur des USA en France