Dans le monde entier, les femmes* se battent pour leurs droits : de l’Iran à l’Espagne, des États-Unis à l’Amérique latine et aussi en Belgique. “Cette lutte reste d’actualité et très importante. Il existe encore de grandes inégalités entre les femmes et les hommes. Notamment dans notre propre pays” pense Zoé Masquelier (une des initiatrices du Collecti.e.f 8 Maars). “Par exemple, les femmes* gagnent encore annuellement en moyenne 23% de moins que les hommes et la moitié des femmes retraitées ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Le week-end dernier encore, deux femmes, dont l’une était enceinte de six mois, ont été assassinées par leur (ex-)partenaire. Elles sont les vingt-et-unième et vingt-deuxième victimes de féminicide cette année. La violence à l’égard des femmes*, sous diverses formes, est très répandue en Belgique et résulte d’un système structurel d’inégalités et de domination qui, jusqu’à aujourd’hui, est trop peu combattu. ”
Le Collectief soutient que les politiques gouvernementales sont inadéquates et qu’elles augmentent en fait les inégalités. “La crise énergétique et économique avec la diminution du pouvoir d’achat, les politiques du marché du travail, la réforme des pensions, le gel des salaires, les mesures d’austérité, l’absence d’action réelle en faveur du climat, les ambitions et budgets limités en matière de lutte contre les violences de genre et sexiste, etc. ont un impact particulièrement fort sur les femmes qui travaillent, les minorités de genre, les pensionnées, les personnes issues de l’immigration et les personnes handicapées, ce qui ne fera qu’accroître les inégalités. ”
“Nous ne pouvons pas accepter cela. Grâce aux nombreuses mobilisations d’en bas de ces dernières années, la question de l’égalité de genre a été inscrite à l’agenda politique. Nous voulons continuer à faire campagne pour que quelque chose change réellement. Le Collectief 8 Maars appelle donc à une grève féministe le 8 mars avec les engagements suivants : la fin des violences de genre ; une vie digne avec un salaire et une retraite décents ; des services publics forts pour toustes ; pour un droit de libre choix sur notre propre corps et un accès aux soins pour toustes ; pour le respect de notre terre et du climat ; pour un accueil digne des réfugié.e.s, une politique migratoire décente et contre le racisme. “, dit la militante.
Selon le Collecti.e.f 8 Maars, la grève féministe fait partie d’un mouvement international, qui a débuté en Pologne, Amérique Latine, en Espagne et dans des dizaines de pays à partir de 2016. Les initiatrices appellent toutes les femmes* et leurs alliés à cesser toute activité le 8 mars prochain : en abandonnant le travail rémunéré ou les tâches de soins à la maison, en cessant les études et/ou la consommation de produits industriels. Cela peut également se faire en interrompant ces tâches pendant une heure ou une journée, ou par une action symbolique comme le port d’un symbole violet. En faisant grève, elles veulent exposer le rôle central que jouent les femmes* dans la société en cessant de faire ce qu’elles font d’habitude.
LA GRÈVE FÉMINISTE C’EST QUOI ?
On reprend cet outil historique de lutte dans un contexte de mobilisation féministe internationale pour visibiliser le rôle important que joue le travail des femmes dans le fonctionnement de cette société. Nous sommes toutes des travailleuses, que ce soit des travailleuses salariées, indépendantes, informelles, non payées, domestiques, etc…
POURQUOI EST-CE TOUJOURS NÉCESSAIRE DE SE MOBILISER ET FAIRE GRÈVE EN 2023 ?
Pour assurer une vie digne : salaire, pension, pouvoir d’achat.
En 2023 une femme gagne toujours annuellement 23% de moins (tous secteurs confondus) qu’un homme. 43% des femmes travaillent à temps partiel pour 11% des hommes. Pourtant, seule une minorité d’entre elles l’ont réellement choisi.
A la retraite, en moyenne une femme gagne en moyenne 400 euros de moins qu’un homme. La réforme actuelle des pensions minimums pourrait même augmenter encore les inégalités femmes-hommes.
Dans ce contexte de crise économique, les factures deviennent impayables et le coût de la vie ne cesse d’augmenter. Nous devons bloquer l’augmentation des factures, pas nos salaires.
Assez de ces inégalités qui nous précarisent.
Pour repenser les services publics et revaloriser des métiers dans lesquels les femmes sont surreprésentées. Trouver des solutions collectives pour permettre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Insuffisance de places dans les crèches, travailleuses sociales à bout, hôpitaux en détresse.
Assez de la destruction des services publics et dévalorisation des métiers de soin qui font peser une responsabilité collective quasi exclusivement sur les épaules des femmes*
Pour la libre disposition de nos corps et l’accessibilité à des services de santé pour toutes.
La loi de l’avortement reste toujours restrictive et peu accessible pour les plus précaires d’entre nous et les femmes migrantes. Avorter est un droit fondamental. En Belgique, nous attendons toujours la dépénalisation complète de l’IVG.
Protections hygiéniques taxées à 21%. Faiblesse du programme de l’éducation à la sexualité et la prévention des violences sexuelles et sexistes. Climat transphobe, homophobe persistant sans structure d’écoute et ni accueil réel des victimes. Assez qu’on se mêle de nos corps et de nos vies.
Pour la fin des violences faites aux femmes*
En 2022, 22 femmes* sont mortes pour le fait d’être femme*. 20 plaintes sont déposées par jour pour violences conjugales. Le dysfonctionnement et manque de financements des structures d’accueil, lenteur administrative et politique isole et met en danger les femmes*.
Assez des féminicides, des meurtres de femmes* parce qu’elles sont femmes*. Assez de la complicité politique et juridique dont les auteurs bénéficient. Assez des violences médicales et gynécologiques, et des difficultés d’accès aux soins. Assez des violences physiques et psychologiques (domestiques, sexuelles, dans le couple, harcèlement de rue et au travail…)
Pour la défense du vivant, le respect de notre terre et contre l’effondrement de la biodiversité
Cet été, nous avons vu brûler nos forêts, vécu des sécheresses et des inondations colossales. Depuis le mois de juillet nous épuisons les ressources de la planète. Cet hiver, nous assistons à l’absurdité du mondial au Qatar et au désastre de la COP27.
Assez de l’inaction politique, des promesses non tenues, des 1% des plus riches qui détruisent notre planète avec la complaisance des Etats.
Pour un accueil et des politiques migratoires dignes et la lutte contre le racisme qui nous divise.
Des milliers de personnes, dont des femmes et enfants dorment dans la rue. Coupes budgétaire, politique migratoire inhumaine, parcours impossible pour les Mineurs Non Accompagné.e.s et les sans-papiers. Assez des politiques racistes qui enferment, condamnent à la pauvreté et tuent. Régularisation pour toutes !
UNE GRÈVE DES FEMMES* ? COMMENT PARTICIPER ?
Pour exiger des mesures concrètes et efficaces contre ces inégalités structurelles, le Collecti.e.f 8 Maars appelle les femmes* à la grève. Cela peut se faire de différentes manières. Le jour du 8 mars, vous pouvez arrêter de travailler sur votre lieu de travail, ne faire aucune tâche domestique chez vous, ne pas participer au cours. Être solidaire avec les femmes* en grève, mais aussi avec celles qui ne peuvent jamais s’arrêter !
Nous appelons tout le monde à organiser au sein et/ou en dehors des lieux de travail des actions symboliques, des assemblées, des rencontres, des manifestations, des flashmobs, à faire du bruit. Décorez votre balcon, votre lieu de travail, votre ville. Faites une publication sur les réseaux sociaux sous l’hashtag #8M2023. Participez à une action locale, organisez des garderies afin que toutes puissent se rendre à des actions. Marquez le coup. Arrêtez-vous 1h ou 1 journée complète, pour démontrer que lorsque les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête.”
Pour des actions sur votre lieu de travail, prenez contact avec votre organisation syndicale pour voir quelles sont les modalités pratiques de la couverture de grève.
Coordonnées FR :
Zoé MASQUELIER : 0474.28.76.83
Chiara FILONI : 0486.11.98.32
Coordonnées NL :
Justine BEGEREM : 0472.97.70.60