Le droit international à la rescousse des baleines

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Les baleines sont-elles sauvées? La disparition des principales espèces de baleines par la chasse n’a été évitée que grâce au moratoire adopté en 1986, à un moment ou cette économie était déjà en déclin...

3 avril, 2014

La Cour de jus­tice inter­na­tio­nale de la Haye a ren­du un arrêt très clair sur la chasse à la baleine japo­naise dans l’océan aus­tral : elle n’a rien de scien­ti­fique. Le Japon doit donc mettre fin à ce pro­gramme. En effet, com­ment tuer des cen­taines de baleines pour ensuite les com­mer­cia­li­ser peut-il être consi­dé­ré comme une acti­vi­té scientifique ?

Pour com­prendre cette aber­ra­tion, il faut remon­ter dans le temps. En 1986, un mora­toire inter­na­tio­nal sur la chasse com­mer­ciale à la baleine est adop­té, mais le Japon va uti­li­ser une faille dans les textes inter­na­tio­naux : le mora­toire ne couvre pas la chasse à des fins scien­ti­fiques. Il suf­fi­sait donc tout sim­ple­ment de rebap­ti­ser une acti­vi­té com­mer­ciale, à échelle indus­trielle, en pro­gramme scien­ti­fique et le tour était joué. Depuis cette date, tous les ans pen­dant l’été aus­tral, la flotte japo­naise har­pon­nait des cen­taines de baleines.

Une déci­sion his­to­rique : il n’y a rien de scien­ti­fique dans cette activité

baleine.gif Repre­nant les argu­ments por­tés par de nom­breuses orga­ni­sa­tions éco­lo­gistes, comme Sea She­pherd ou Green­peace ou même de gou­ver­ne­ments oppo­sés à la chasse à la baleine, le gou­ver­ne­ment aus­tra­lien a deman­dé en 2010 à la Cour de jus­tice inter­na­tio­nale de sta­tuer sur le sujet. Le 31 mars 2014, les juges de la Haye ont pris un arrêt his­to­rique : sans inter­dire la chasse scien­ti­fique, elle a recon­nu l’illégalité des pra­tiques japo­naises. Le Japon doit donc mettre fin à ce pro­gramme, annu­ler toutes les licences et ne plus accor­der aucune per­mis­sion de tuer des baleines dans ce cadre. Cette déci­sion ouvre enfin une voie vers la fin défi­ni­tive de ce mas­sacre industriel.


Les baleines sont-elles sauvées ?

Le gou­ver­ne­ment japo­nais a annon­cé qu’il recon­nais­sait cette déci­sion de jus­tice. Mais le pays a déjà contour­né le droit inter­na­tio­nal une fois… il n’est à ce stade pas exclu qu’il tente de le bafouer à nou­veau en met­tant en place un nou­veau pro­gramme sur des bases un peu plus scien­ti­fiques, ou qui du moins en aurait l’apparence. C’est pour­quoi aujourd’hui, la vigi­lance reste de mise.

Il faut enfin ran­ger la chasse com­mer­ciale à la baleine – quelles qu’en soient les jus­ti­fi­ca­tions, scien­ti­fiques ou autre – dans les pla­cards de l’histoire. La dis­pa­ri­tion des prin­ci­pales espèces de baleines par la chasse n’a été évi­tée que grâce au mora­toire adop­té en 1986, à un moment ou cette éco­no­mie était déjà en déclin. Il est aujourd’hui pré­ma­tu­ré pour dire que toute chasse com­mer­ciale est doré­na­vant impos­sible et il est du devoir de la jus­tice inter­na­tio­nale mais aus­si des orga­ni­sa­tions non gou­ver­ne­men­tales de res­ter mobi­li­sées, afin que la science ne soit pas à nou­veau uti­li­sée comme prétexte.

Les baleines res­tent menacées

Enfin, n’oublions pas que ne s’estimant pas tenue par le mora­toire inter­na­tio­nal de 1986 auquel elles ont for­mel­le­ment objec­té, la Nor­vège et l’Islande sont les deux seuls pays au monde à encore pra­ti­quer la chasse com­mer­ciale à la baleine, Oslo et Reyk­ja­vik jugeant la popu­la­tion des espèces chas­sées suf­fi­sam­ment abondante.

D’autres menaces pèsent aujourd’hui sur les baleines comme sur l’ensemble des éco­sys­tèmes marins : consé­quences des dérè­gle­ments cli­ma­tiques et aci­di­fi­ca­tion des océans, consé­quences de la pol­lu­tion, ou encore du déve­lop­pe­ment des acti­vi­tés maritimes.

L’arrêt défi­ni­tif du pro­gramme japo­nais pour­rait d’ailleurs avoir un autre effet salu­taire : il per­met­trait de déblo­quer la situa­tion au niveau de la Com­mis­sion balei­nière inter­na­tio­nale, de mener une vraie col­la­bo­ra­tion scien­ti­fique avec le Japon et d’adopter des mesures de pro­tec­tion face à ces nou­velles menaces.

À suivre…

Source de l’ar­ticle : green­peace