Au départ, Zak a été décrit comme un toxicomane en manque qui voulait cambrioler la bijouterie. Il a été accusé d’avoir un couteau en main. Or, le seul couteau repéré sur place ne portait pas de trace de son ADN.
Zak Kostopoulos, jeune homosexuel, activiste séropositif, a été brutalement assassiné le 21 septembre 2018 par le propriétaire d’une bijouterie et celui d’une agence immobilière, soi-disant parce qu’il avait essayé de cambrioler le magasin du premier dans le centre d’Athènes, en plein jour, sous le regard de passants qui pour la plupart n’ont pas réagi. Les coups de ces deux assaillants ont été achevés par l’intervention des agents de la police qui sont intervenus par la suite, comme le démontre bien clairement la vidéo qui a fait le tour des médias et des réseaux sociaux.
Suite aux événements choquants, la police et les institutions judiciaires se sont montrées réticentes à exécuter les procédures nécessaires pour récolter les preuves et faire avancer l’investigation. Dans le même temps, les médias ont lancé une impressionnante campagne de diffamation contre Zak, pourtant victime, dans le but de la rendre responsable de son assassinat et surtout de justifier les actes des auteurs, qui dans un sens incarnaient “Monsieur Tout-le-monde”, des représentants de cette classe moyenne en qui le public pouvait s’identifier.
sondage tweeté par la télévision privée Skaï
dépêche reprise massivement par les médias grecs le 24 septembre 2018
Au départ, Zak a été décrit comme un toxicomane en manque qui voulait cambrioler la bijouterie. Il a été accusé d’avoir un couteau en main. Or, le seul couteau repéré sur place ne portait pas de trace de son ADN. Ensuite, les examens toxicologiques ont prouvé qu’il n’avait consommé aucune drogue. Et enfin, le rapport médico-légal de dix pages réalisé par trois experts prouve que la mort de Zak est due à une crise cardiaque provoquée par les coups qu’il a subi. En langage plus simple : il a été battu à mort.
A nouveau les médias grecs cherchent à détourner ces preuves pourtant indubitables dans le but d’alléger la responsabilité des vrais coupables. L’attaque cardiaque est rebaptisée “crise de panique” . Dans un autre article on lit que, même s’il n’était pas drogué à ce moment précis, sa mort ne pouvait être due qu’à l’usage de drogue qu’il avait fait dans le passé…
Par ailleurs, ce n’est que deux mois plus tard que la police a décidé de lancer une enquête concernant le comportement de ses agents. Mieux vaut tard que jamais.
Après dix ans de mémoranda et d’austérité exhaustive, la société grecque se voit déraper dans une voie de violence extrême : des crimes sexistes et racistes font la une tous les jours. Il y a une dizaine de jours, un paysan grec (sympathisant de l’Aube dorée) a tué un ouvrier albanais à Corfou, suite à une dispute sur la Macédoine. Quelques jours plus tard, à Rhodes, une étudiante de 21 ans a été brutalement violée, battue et enfin jetée à la mer, sévèrement blessée mais encore vivante, pour y mourir plus tard dans la torture. Les auteurs sont deux jeunes, un grec originaire d’une “bonne” famille de l’île et un Albanais. Depuis, les médias chargent l’Albanais, tout en essayant de trouver en quoi la fille est responsable de ce qui lui est arrivé : pourquoi elle est sortie avec eux, quels vêtements elle portait, est ce qu’elle avait mené une vie “légère” auparavant.
Malgré tout, face à ces horreurs, une partie de la société grecque se mobilise pour revendiquer la justice pour Zak, que ce soit en Grèce ou ailleurs comme à Bruxelles. D’autres s’organisent contre le sexisme au regard du viol de Rhodes. Il y a aussi ceux qui font le lien entre cette montée de la violence sexiste et raciste et les vagues d’austérité extrême et la misère qu’elles ont provoquée. Enfin, il y a ceux qui luttent pour des alternatives à cette voie catastrophique.
Marina Kontara