Réappropriation de l’héritage de Pablo Neruda
Par David B. Abrigo (El Ciudadano)
Source : http://www.elciudadano.cl/2010/12/29/denuncian-expropiacion-del-legado-nerudiano/
Traduction : ZIN TV
La Fondation Pablo Neruda est une institution privée qui détient les droits d’auteur de l’œuvre du célèbre écrivain Chilien. Toutefois, un groupe d’amis de l’écrivain dénoncent une réappropriation illégitime, accusant ainsi son directeur à vie, M. Juan Agustin Figueroa, qui transforme un héritage en un juteux bénéfice.
“Je laisse aux syndicats/ du cuivre, du charbon et du salpêtre/ ma maison des flots à Isla Negra./ je veux qu’ici reposent les bafoués, les malmenés/ de ma patrie, pillée par les haches et les traîtres. / profanée dans son sang, écarlatée / consumée en guenille volcaniques…” Pablo Neruda (Testament, Canto General, Mexico 1950)
Il existe une mouvement pour la récupération de l’héritage de Neruda, depuis la fin de la dictature. C’est le caractère “public” de toute l’œuvre qui est entre les mains de la Fondation Pablo Neruda qui est revendiquée, l’utilisation de la maison-musée et de ses écrits.
Le groupe d’amis affirment que, les dirigeants de la Fondation violent le règlement statuaire avec laquelle elle a été fondée en 1973, et qui fut modifié par son directeur sous la tutelle militaire (1982). Ainsi, le groupe conteste les droits d’auteur obtenus pour une copie d’une publication de l’anthologie populaire en 1972, projet commun entre le poète et le gouvernement de l’Unité populaire. Lors de cette initiative, Pablo Neruda a exprimé son désir de ne pas toucher les recettes de la publication, édité à un million d’exemplaires et destiné à être distribués gratuitement, y compris dans les bibliothèques publiques, les écoles et les syndicats au Chili.
Raul P. Valdivia, se définit Chilien et adepte de Neruda par vocation, est à la tête d’une initiative qui vise, selon ses mots, dénonçant le « plagiat / vol / détournement de l’anthologie (…) faite aujourd’hui avec la même impunité avec laquelle on a assassiné Salvador Allende, l’appropriation illégale de nos richesses minérales par des mains étrangères et de l’attitude indolente contre notre peuple dans les domaines de la santé et l’éducation. »
Face à ces faits, il explique que « la gène de voir un manque absolu de patriotisme, pour nos véritables intérêts nationaux, de la part des autorités », ajoutant qu’ « aucun des trois pouvoirs indépendants »qui composent l’Etat du Chili, à jamais dit un seul mot à ces outrages épouvantable.
Mario Casasús, journaliste, dans sa recherche intitulée « La gestión de la Fundación Neruda, una mirada crítica » (Gestion de la Fondation Neruda, un regard critique), indique qu’au départ « l’intention de Neruda a été de créer la ‘Fondation Cantalao’ à laquelle il fit don des terres à Punta de Tralca, et pour laquelle il a rédigé des statuts pour le fonctionnement de Cantalao. Il n’a jamais voulu créer des succursales de maisons-musée, et encore moins une fondation qui fasse le culte de sa personnalité. »
Actuellement, la Fondation est une institution privée qui gagne de l’argent avec l’accès aux maisons-musées du poète. Les revenus sont de l’ordre de 250 millions de dollars par année. En outre, l’institution privée possède les droits exclusifs de tous les exemplaires de l’œuvre de Neruda dans le monde.
Une série de lettres adressées à différentes personnalités demandant une position sur la question n’a eu aucun effet auprès des autorités gouvernementales, y compris l’ancien Président Michelle Bachelet. Des démarches ont été prises dans le même sens par la « Asociación Americana de Juristas » (Association américaine de juristes).
Enfin, signalons qu’il existe un lien économique entre le président de la Fondation Pablo Neruda, Juan Agustin Figueroa et Ricardo Claro, membres de la direction de Cristal Chile. M. Ricardo Claro (décédé en 2008) fut accusé de collaborer dans la persécution et assassinats de six employés de la société Elecmetal et de la société de transport Vaportes (dont il est le propriétaire), ces entreprises ont été signalés par des organisations des Droits de l’Homme et décrites comme des centres de torture agissant durant la dictature d’Augusto Pinochet, par conséquent, selon Casasús : « le lien n’est peut-être pas illégal, mais c’est certainement immoral. »