Ce mercredi 25 mars La Permanence Vidéo des Luttes Sociales a filmé l’action publique mené dans le cadre de la campagne « Our Land Our Business » qui rassemble plus de 200 organisations de la société civile à travers le monde.
Elle dénonce l’implication de la Banque mondiale dans les politiques foncière et les accaparements des terres. A l’occasion de la conférence « Terre et Pauvreté » du 23 au 27 mars des actions conjointes seront menées dans différents pays.
Saisie foncière
« Les paysans et les autres personnes vivant en milieu rural ont un droit à la terre et aux autres ressources naturelles. »
(Projet de Déclaration des Nations-Unies sur les droits des paysans).
« Les Etats doivent reconnaître et respecter tous les détenteurs de droits fonciers légitimes et les protéger contre les menaces et les violations »
(Directives sur la gouvernance foncière de la FAO, 2012).
Etant donné que la Banque mondiale a violé ces droits par de nombreux accaparements de terres à travers le monde.
Nous, mouvements paysans et organisations de la société civile luttant pour la souveraineté alimentaire, avons décidé de reprendre le contrôle des terres agricoles pour y pratiquer une agriculture durable basée sur les méthodes agroécologiques !
STOP AUX ACCAPAREMENTS DES TERRES ! LA BANQUE MONDIALE VS. LE FORUM SOCIAL MONDIAL
Bruxelles, le 25 mars 2015 — Action publique
Ce 25 mars des dizaines de paysans et de représentants d’ONGs belges ont envahi les bureaux de la Banque mondiale à Bruxelles pour y planter des patates !
« Depuis des années la Banque mondiale contribue à l’accaparement des terres des petits paysans en faveur de l’agrobusiness » dénoncent les ONG belges partenaires de la campagne internationale « Our Land Our Business ». « Dans ces conditions, nous avons décidé d’accaparer les bureaux de la Banque mondiale pour y planter des patates en soutien aux mouvements paysans qui luttent pour leur droit à la terre à travers le monde !»
Contexte
Du 23 au 27 mars, quelques technocrates de la Banque mondiale se réunissent pour discuter des politiques foncières mondiales, à l’occasion de la conférence annuelle « Terre et Pauvreté ». Les ONG dénoncent une imposture : « ces discussions se tiennent de manière opaque et non démocratique, dans une vision de marchandisation des terres agricoles mondiales et alors que chaque année de nouveaux cas démontrent l’implication de la Banque mondiale dans les accaparements de terres ». Pour dénoncer ces pratiques, des actions de protestation se tiennent dans différents pays du monde dans le cadre de la campagne mondiale « Our Land Our Business » .
De l’autre côté de la planète, les mouvements sociaux et les organisations de la société civile se réunissent du 24 au 28 mars à Tunis à l’occasion du Forum Social Mondial. A cette occasion, les mouvements paysans, emmenés par la Via Campesina (le plus grand syndicat paysan au monde), lance un appel pour une « Grande convergence mondiale des luttes pour la Terre et l’Eau » . « La résistance des mouvements paysans et de la société civile est en marche pour réclamer le droit à la terre des paysans », expliquent les ONG. « Nous avons voulu nous organiser pour montrer notre soutien à ce mouvement de résistance international mais également pour réclamer un meilleur accès à la terre pour les paysans en Europe et en Belgique ».
Chèr-es militant-es de la Terre et de l’Eau
Nous, les mouvements sociaux, les mouvements de base et les alliés nous nous sommes rencontrés, au Forum Social Africain de Dakar en octobre 2014, dans la nécessité d’unir toutes les luttes de la Terre et l’Eau en y associant la criminalisation des militants et militantes. Nous avons élaboré une déclaration intitulée « Droits à l’eau et à la terre, une lutte en commun » pour appeler à mettre en place une « Convergence mondiale des luttes Terre et Eau » lors du Forum Social Mondial de Tunis qui se déroulera du 24 au 27 mars 2015.
Cette Déclaration « Droits à l’eau et à la terre, une lutte en commun » de Dakar 2014, est le point de départ et de construction de cette Convergence, écrite dans un esprit de solidarité et mutualisation collective. Une équipe a été mandatée par les premiers signataires pour constituer un groupe de coordination avec des organisations internationales pour porter et construire la Convergence de Lutte de l’Eau et la Terre à Tunis. D’ores et déjà l’équipe, constituée de CMAT, COSPE, GRAIN, FIAN, TNI, CICMA, Via campesina, a commencé à travailler et vous invite à venir nous renforcer. Sofia Monsalve monsalve@fian.org est mandatée en tant que facilitatrice du groupe Terre de l’IPC pour relayer cette demande.
L’équipe de la Déclaration vous invite à rejoindre l’ espace « Convergence mondiale des luttes Terres et Eaux » » pendant le Forum Social Mondial de Tunis du 24 au 27 mars 2015, qui sera articulé autour des luttes et des droits au niveau national et international chaque matinée du 24, 25 et 26 avec une thématique transversale pour construire ensemble cette future Convergence. Les après-midi sont à vous pour l’organisation autogérées de vos activités, pour que vous puissez joindre vos activités à la construction de cette Convergence. Pour signaler votre intention de mutualiser les efforts et toute information contactez bergamasco@cospe-fi.it
Si vous souhaitez participer ou contribuer au programme ci-dessous pendant le forum de Tunis, n’hésitez pas ! Pour l’organisation des plénières thématiques transversales, veuillez-vous adresser aux points focaux de l’organisation de chaque matinée.
Une plénière est prévue la première matinée pour échanger sur les stratégies de luttes au niveau national notamment pour construire des plateformes, si vous avez des expériences de lutte pour le droit à la terre et à l’eau contactez : raineri@cospe-fi.it
Une plénière en deuxième journée nous réunira autour de textes internationaux comme outils de la lutte, pour toute proposition, contactez : monsalve@fian.org
La troisième matinée toujours en plénière, sera consacrée à quelles actions de luttes allons-nous mener. Pour contribuer chaque organisation est invitée à structurer sa proposition en trois points : 1.- Quel est l’objectif politique spécifique commun que nous devons poursuivre ? 2. Où et quand faut-il concentrer nos actions ? 3. Comment les signataires de la Déclaration peuvent-ils faire avancer cet objectif à cette occasion ? contactez : annelies.schorpion@viacampesina.org et chantal.jacovetti@wanadoo.fr
En attendant signez et faites circuler la Déclaration « Droits à l’eau et à la terre, une lutte en commun » et mobilisez-vous pour être acteur avec nous à Tunis pour signer la déclaration : www.farmlandgrab.org et www.watergrabbing.net
L’équipe* de la Déclaration de Dakar 2014 « Droits à l’eau et à la terre, une lutte en commun »
Fait le 12 février 2015.
*CMAT, COSPE, GRAIN, FIAN, TNI, CICMA, Via campesina
Cette Déclaration, amendée par les organisations internationales qui composent l’Equipe chargée de porter la Déclaration jusqu’à Tunis, sera la base de notre texte commun pour construire notre future Convergence
Droits à l’eau, à la terre, une lutte commune
Déclaration de Dakar contre l’accaparement de l’eau et des terres
Nous, organisations de la société civile, mouvements sociaux et de bases, engagés dans la défense des droits à la terre et à l’eau, nous nous sommes réuni(e)s à Dakar dans le cadre du Forum Social Africain pour lutter et protester contre les accaparements de toutes les ressources naturelles, l’Eau et la Terre, nos biens communs, et contre les violations systématiques des droits de l’homme qui les accompagnent. Le partage de nos idées nous a amené à reconnaître la solidarité essentielle de nos combats, étant donné le caractère inextricable de l’accaparement des ressources naturelles, de l’eau et de la terre en particulier.
Aujourd’hui, plus de 200 millions d’hectares de terres seraient accaparées dans le monde entier par des entreprises, gouvernements, élites, spéculateurs, souvent soutenus par la Banque Mondiale, le Forum Monétaire International, le G8 et autres consortiums. Cette main mise par une minorité sur nos biens communs engendre concentration, expulsion puis asservissement des populations : ce sont des terroirs et territoires entiers qui sont vidés de leur communautés, qui ont perdu leur identité et leurs écosystèmes, où la vie n’est plus ! Bafoués de leurs droits et de leur dignité, les communautés se retrouvent avec des familles déstructurées, migrantes, sans droits, appauvries, affamées. L’accès, la gestion des espaces de vie communautaires sont détruits par des groupes militaires ou les forces de l’ordre des États criminels, soutenus par des élites économiques, financières et politiques.
Ainsi les profits faramineux d’une élite sont construits sur la violation systématique des droits de la majorité de paysan-nes, habitant-es de quartiers informels, pêcheurs, communautés d’éleveurs et nomades, travailleur/euses qui sont expropriés de leur terres et moyens de subsistance par la violence, l’intimidation et les tortures. L’accaparement des terres s’accompagne toujours de l’accaparement de l’eau par différents moyens : les cultures non-durables consommatrices d’eau, la privatisation des services de distribution et gestion des eaux, la contamination incontrôlée des nappes produite par les exploitations minières, l’éviction des communautés pour la constructions de barrages, la militarisation des points d’accès à l’eau et des territoires, l’expulsion des pêcheurs et des éleveurs de leur milieux de vie, et la pénalisation de la pauvreté hydrique sont autant d’instance d’accaparement de l’Eau, des Mers, et de la Terre.
La criminalisation des militant-e‑s qui se battent pour la protection des biens communs est aujourd’hui un phénomène courant, quoique caché par les autorités. Car la Terre et l’Eau sont des ressources de plus en plus rares, et par conséquent cruciales pour la sécurité des sociétés et la souveraineté des États aujourd’hui et demain ! Or, cette organisation de la rareté qui est à la base de la crise hydrique et de la crise foncière n’est pas une donnée naturelle, elle est construite par des enjeux politiques, géostratégiques et financiers.
Dans notre engagement militant, notre solidarité est bâtie sur des principes et convictions qui nous unissent :
1. les droits humains à l’eau et à la terre sont fondamentaux et essentiels pour la vie. Toutes et tous, hommes et femmes, adultes et enfants, riches ou pauvres, doivent pouvoir en jouir.
2. L’eau et la terre sont non seulement des ressources naturelles vitales, mais aussi une partie de notre héritage commun, dont la sécurisation et la gouvernance doivent être préservées par chaque communauté pour le bien commun de nos sociétés et de l’environnement, aujourd’hui et pour les générations à venir.
3. L’Eau et la Terre sont des biens communs, et pas des marchandises.
4. Le mandat légal et constitutionnel que nous reconnaissons à l’État est celui de représenter l’intérêt des peuples. Raison pour laquelle l’État a le devoir de s’opposer à toute politique nationale ou traité international qui menacent les droits humain à l’eau à la terre et aux territoires.
5. Les politiques de gestion de la terre et de l’eau doivent favoriser la réalisation de l’équité sociale, l’égalité de genre, la santé publique et la justice environnementale.
C’est pourquoi, avec les sociétés civiles, en Afrique et dans le monde,
Nous nous engageons à :
- sensibiliser, former et organiser les communautés en milieux urbains et rurales pour construire un mouvement fort et solidaire pour reconnaître et faire respecter nos droits à la terre et à l’eau et aux territoires ;
- Défendre dans toutes les instances le droit des citoyen-ne‑s et des communautés au consentement préalable, libre et éclairé vis-à-vis des institutions dans la gouvernance des ressources naturelles ;
- mettre en synergie les groupes engagés et en lutte contre l’accaparement de l’eau et de la terre pour former des plateformes nationales et régionales pour renforcer une convergence internationale des luttes de la Terre et de l’Eau.
Nous revendiquons auprès des États
- De soutenir et mettre en place la Déclaration des Droits des Paysans et des personnes vivant en milieux rurale auprès du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
- d’appliquer immédiatement les directives volontaires du CSA/FAO pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale, et de garantir la justiciabilité effective des droits y compris ;
- d’adopter les directives volontaires de la FAO pour garantir des pêches artisanales durables
- de mettre en place des politiques de réforme agraire et de redistribution équitable et de gestion durable de la terre, de l’eau et d’autres ressources naturelles.
- de s’engager dans la mise en place du droit humain à l’eau qui a été reconnu et explicité par la résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies 69/2010, en adoptant les mesures constitutionnelles et législatives garantissant à toutes et tous la disponibilité et l’accessibilité de l’eau et des services d’assainissement, ainsi que la justiciabilité concrète du droit à l’eau ;
- de reconnaître, respecter et protéger les droits collectifs coutumiers sur l’accès, la sécurisation et la gouvernance du foncier et de l’eau et des ressources naturelles, nos biens communs ;
- d’assurer le consentement libre, préalable et éclairé des populations en ce qui concerne toute décision relative à la gestion de la terre, de l’eau ou d’autres ressources naturelles.
- de mettre en place le Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail relative aux peuples indigènes et tribaux ;
- de reconnaître, respecter et protéger les droits des groupes vulnérables et marginalisés, des femmes et des jeunes en particulier, concernant l’accès, la sécurisation et la gouvernance de la terre et de l’eau ;
- de rejeter les politiques nationales et les traités internationaux favorisant la privatisation et la marchandisation des ressources naturelles et l’accaparement de l’eau, dont particulièrement les cartes pré-payées pour l’accès à l’eau, l’ajustement automatique du tarif, et les Accords de Partenariat Économique entre UE et pays ACP, aussi bien concernant les biens que les services ;
- de dénoncer les classements climat des affaires (doing business) de la Banque Mondiale et les systèmes de biodiversity offsettings, qui ne s’appuient que sur le registre de la spéculation, au détriment des critères sociaux et environnementaux, et favorisent l’accaparement des terres et de l’eau.
Nous revendiquons auprès des États et des institutions internationales :
- d’approuver explicitement la promotion des droits humains, dont le droit à l’eau et à l’accès à la terre, dans le cadre des Objectifs de Développement Durable de l’Agenda ONU post-2015 ;
- de fonder les relations de coopération et partenariat sur les impératifs du droit au développement, garanti par la cohérence des politiques, en défense et au profit des communautés et non des intérêts économiques et géopolitiques ;
- De mettre en place un Traité contraignant pour punir les crimes des entreprises multinationales
- d’adopter les mesures et les outils de droit international pertinents, dans le cadre du Pacte Internationale des Droits Économiques, Sociaux et Culturels (PIDESC) des Nations Unies, afin de renforcer concrètement le droit humain à l’eau et à l’assainissement, de clarifier et spécifier les obligations des États, et d’empêcher toute forme d’accaparement de l’eau.
Nous appelons les sociétés civiles, les mouvements sociaux et de base, les ONGs et les syndicats, à partir du Forum Social Africain, à adopter cette plateforme et soutenir ses revendications avec tous les moyens à disposition. Ce n’est qu’en solidarisant nos luttes, à partir de la protection de nos droits aux ressources essentielles pour la vie, que nous pourrons faire entendre la voix de la société civile dans les négociations vers l’adoption des Objectif du Développement Durable post-2015, l’application des directives internationales et régionales sur le foncier et les ressources naturelles, et la COP 2015 pour la protection de l’environnement.
Rendez-vous à Tunis pour renforcer la convergence des luttes et faire un bilan de notre engagement et des étapes à suivre :
Eau et terre même dégâts même combats
L’équipe* de la Déclaration de Dakar 2014 « Droits à l’eau et à la terre, une lutte en commun »
Fait le 10 février 2015
*CMAT, COSPE, GRAIN, FIAN, TNI, CICMA, Via campesina…