Des visages qui nous parlent, interpellent et nous révèlent l’urgence d’une régularisation pour tous !
La pandémie de COVID19 a fragilisé encore davantage les personnes sans-papiers et a mis en évidence leur manque d’accès aux soins de santé les plus élémentaires. Invitées par la Coordination des sans-papiers et de nombreuses autres organisations (1), plus de 300 personnes ont manifesté le 20 juin, place du Luxembourg à Bruxelles, pour réclamer une régularisation immédiate et permanente.
Les personnes en séjour irrégulier ont été abandonnées par les institutions d’État pendant le confinement et ont dû s’en remettre à l’entraide, aux réseaux de solidarité et à la survie. Perte de revenus en raison de l’arrêt de l’économie (formelle comme informelle), peu ou pas d’accès à des aides sociales, vie en habitats collectifs où la distanciation sociale est impossible, absence de mutuelle en cas de maladie…
Les personnes sans papiers ont connu une période exceptionnellement douloureuse durant la crise. Leur situation n’est pourtant pas nouvelle. Plus que le coronavirus, c’est la politique migratoire qui les condamne. En fait, ces femmes, ces hommes et ces enfants vivent en confinement depuis de nombreuses années : ils risquent des contrôles policiers à chaque sortie, n’obtiennent pas de réponses claires de l’administration quant à leur statut et vivent dans la peur de l’expulsion et de la maladie.
Pourtant, l’accès aux soins est un droit, garanti par la Déclaration des Droits de l’Homme et de nombreux autres traités internationaux ratifiés par la Belgique.
En théorie, depuis 1996, le pays garantit l’accès aux soins de santé pour les personnes sans-papiers via une procédure d’aide médicale urgente qui doit couvrir la quasi-totalité de la population étrangère en séjour irrégulier. Mais il apparaît qu’en pratique, de nombreuses failles empêchent l’accès aux soins appropriés.
Une étude réalisée en 2014 révèle que toutes les personnes en séjour irrégulier rencontrées ont éprouvé des difficultés à accéder aux services de santé et/ou à recevoir des soins appropriés en Belgique(2) .
Deux tiers d’entre elles souffraient cependant d’au moins une maladie chronique. De plus, un tiers des personnes interrogées souffraient également d’un problème de santé mentale diagnostiqué, lié notamment au manque de sommeil, à l’anxiété et au stress.
Les manifestant(e)s rassemblé(e)s le 20 juin à l’occasion de la Journée mondiale des Réfugié(e)s ont demandé à la première ministre Sophie Wilmès et au gouvernement de les intégrer dans L’État de droit belge, par une régularisation sur base de critères clairs et permanents à inscrire dans la loi de 1980, avec la création d’une Commission indépendante de régularisation.
La régularisation des personnes sans-papiers et l’accès universel aux soins de santé aux populations les plus vulnérables est une condition essentielle pour garantir la santé et la dignité de tous et de toutes.