Beaucoup de personnes à la manif … mais parmi elles Marie Christine Marghem, ministre MR de l’environnement, et le Premier ministre qui s’est même félicité de la mobilisation !
Et pourtant, deux jours seulement après cette marche record pour le climat à Bruxelles, le 4 décembre 2018, la Belgique a voté contre deux textes européens sur le climat. Ces textes prévoient que d’ici à 2030 l’Union européenne devra atteindre 32% d’énergie renouvelable et 32,5% d’efficacité énergétique, des objectifs remis en question par les autorités belges.
« il faut plus d’ambition de la part de nos décideurs belges sur le plan européen et international en dépassant les clivages entre Fédéral et Régions ou entre partis politiques. » comme le souligne Nicolas Van Nuffel, président de la Coalition Climat. Le cap a été donné par le rapport du GIEC : « nous ne pouvons dépasser 1,5°C de réchauffement et pour y arriver, nos émissions doivent être réduites d’au moins 55% d’ici 2030. Nous attendons de la Belgique qu’elle rejoigne le camp des pays ambitieux au sein de l’Union européenne. »
Le mouvement pour le climat est-il unitaire ? Le sociologue Razmig Keucheyan s’affaire à déconstruire le consensus qui règne sur le sujet, non pour dénoncer les idéaux écologistes, mais pour faire apparaître l’écologisme tel qu’il l’observe : un simulacre. La cause environnementale est, selon lui, progressivement investie par des dynamiques capitalistes qui, si elles peuvent sembler compatibles avec l’écologie, n’ont pour but premier que l’accumulation de profits. Pour l’auteur, ce fait doit être analysé.
Ainsi, les catastrophes naturelles annoncées, la lutte contre la disparition progressive de la biodiversité font désormais l’objet de spéculations financières à très grande échelle, à travers l’expansion d’un marché de la réassurance prolifique, et l’échange de « droits à polluer » ou d’« obligations catastrophe ». Finalement, la lutte pour la sauvegarde de la nature constitue l’opportunité d’ouvrir de nouveaux marchés, sources de profits inédits. La protection de l’environnement se traduit également dans le renforcement d’inégalités existantes.
Ce sont évidemment les pays les plus pauvres qui souffriront le plus des conséquences du dérèglement climatique, et au sein même des pays, les « inégalités écologiques » vont se creuser. Ainsi, aux États-Unis, c’est bien souvent dans les régions habitées par des minorités raciales que l’on trouve, de nos jours, les décharges de déchets toxiques…