Que nos vies puissent durer

Le col­lec­tif Trans­fem­bel­gium

PVLS — 2024

Le “Tran­gen­der Day Of Remem­brance” a lieu chaque 20 novembre, en mémoire de Rita Hes­ter, assas­si­née le 20 novembre 1998, dans le Mas­sa­chu­setts aux Etats-Unis.

Cette jour­née de sou­ve­nir rend hom­mage aux per­sonnes mortes parce qu’elles étaient trans.

Extrait du dis­cours du col­lec­tif trans­fem­bel­gium lu à l’oc­ca­sion du TDOR 2024 à Bruxelles :

“Nous sommes le 20 novembre, une fois encore. Nous voi­là, une fois encore réunies, pour un jour sym­bo­lique, où nous ren­dons hom­mages à nos sœurs, à nos frères, à nos adelphes, par­ti-es trop tôt, mais aus­si durant lequel nous met­tons en lumière la vio­lence de nos vies et autant que de nos morts. Et, n’y allons pas par des voies détour­nées : si belles, riches et exem­plaires soient-elles, nos vies sont si sou­vent émaillées de haine, de dou­leur, de vio­lence, et finissent si sou­vent dans des drames.

Car, oui, la trans­pho­bie tue. Ce n’est pas un slo­gan choc, ce n’est pas une phrase toute faite. C’est une ter­rible réa­li­té. Encore en 2024, la trans­pho­bie tue.

A au moins 448 reprises, durant cette der­nière année. Avec un niveau de vio­lence incroyable. Alors que les gens bien sous tous rap­ports, les per­sonnes cis et straights comme cer­taines LGB nous disent que « ça va mieux », atten­dant presqu’on les remer­cie de nous consi­dé­rer comme des per­sonnes, pour nous s’achève une année par­ti­cu­liè­re­ment mor­telle, avec un nombre effa­rant de meurtres. C’est en effet l’année qui fut la plus vio­lente et la plus meur­trière depuis 2008, date des pre­miers recen­se­ments. J’aimerais vous dire d’imaginer, mais vous visua­li­sez sans doute déjà.

Je devrais dire 448 noms. Mais, gla­çantes sont ces excep­tions, celles et ceux qui furent si vio­lem­ment, inti­me­ment et inté­gra­le­ment détruites que même leurs noms sont perdus.

Et pre­nons une ins­pi­ra­tion, pour affron­ter, en apnée un bref extrait de cette lita­nie dégueulasse.

« Poi­gnar­dée. Poi­gnar­dée. Poi­gnar­dée. Etran­glée. Poi­gnar­dée. Tuée par balle. Poi­gnar­dée, bat­tue à mort ». Cette vio­lence, proche, per­son­nelle, per­pé­trée par des incon­nus comme par des proches, par­fois dans la rue mais aus­si jusque dans nos foyers, en dit long sur cette haine trans­phobe qui brule encore si fort dans notre monde. Oui, la trans­pho­bie nous tue, la trans­pho­bie nous détruit. La trans­pho­bie brule nos corps, nos vies et notre histoire.

Et ce jour, l’un des rares jours qui nous per­mettent de par­ler de nous, parle avant tout de notre mar­tyr. C’est un jour pour par­ler de deuil, mais sur­tout notre rage. J’ai envie de hur­ler mon ras le bol, de vomir l’idée, en par­ti­cu­lier aujourd’hui, de tour­ner autour du pot. On crève, on nous butte, parce qu’on est trans. Parce qu’on nous hait, qu’on se dise Trans­genres ou Transsexuelles.

Plus encore, cette haine intime vise par­ti­cu­liè­re­ment les femmes trans dans leur corps et leur inti­mi­té. Objets ultimes de désir et autant que de mépris, nous nous devons d’être et demeu­rer en pre­mière ligne, parce que c’est nous, femmes trans et per­sonnes trans­fé­mi­nines qui cre­vons en plus grand nombre sous les cous, les lames et les balles, aus­si bien d’inconnus que de proches, qui nous atti­rons autant que nous repul­sons. La trans­pho­bie tue. Les actes trans­phobes tuent. Cette socié­té trans­phobe de merde nous tue.

De plus, met­tons les choses au clair a chaque fois que cette socié­té nous pousse à choi­sir nous même la mort, par usure, par fatigue, par peur, c’est aus­si un meurtre. Chaque mort vio­lente d’une per­sonne trans EST.UN.MEURTRE.

Retrou­vez ici l’in­té­gra­li­té du dis­cours du col­lec­tif Trans­fem­bel­gium.

 

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