Julian Assange est un réfugié politique sensé être protégé par le droit international. En le privant de liberté, la Grande-Bretagne, l’Équateur et l’UE se sont alignés à Donald Trump et sont désormais complices !
Les fake-news circulent librement et ceux qui révèlent la vérité sont persécutés et emprisonnés.
Ce lundi 15 avril 2019, à Bruxelles s’est tenu un rassemblement devant l’Ambassade de Grande Bretagne pour exiger la libération de Julian Assange… et de rappeler le besoin de protéger les lanceurs d’alertes ! Julian Assange est un réfugié politique sensé être protégé par le droit international. En le privant de liberté, la Grande-Bretagne, l’Équateur et l’UE se sont alignés à Donald Trump et sont désormais complices ! Alors que c’est un droit et un devoir de dénoncer les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ! A travers ce qui est reproché à Julian Assange, c’est aussi la liberté de l’information qui est menacée.
Assange puni par les méchants
Il ne reste pas grand-chose à ajouter à tout ce qui a déjà été dit, et l’a été, sur l’affaire Assange. Une opération qui viole absolument le droit international tel qu’établi par le Groupe de travail des Nations Unies contre la détention arbitraire, qui, dans une résolution exhaustive datée du 4 décembre 2015, a établi que la détention du fondateur de Wikileaks était arbitraire et illégale et devait être libéré. En outre, le paragraphe 100 exigeait que “les Gouvernements suédois et britannique garantissent la situation de M. Assange afin d’assurer sa sécurité et son intégrité physique, de faciliter l’exercice de son droit à la liberté de circulation aussi rapidement que possible et de garantir le plein exercice des droits garantis par les normes internationales en matière de détention des personnes”.
Dans un système international où la légalité durement acquise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale est de plus en plus bafouée, ce qui s’est passé n’a rien d’étonnant. Dans cette véritable tragédie pour l’humanité — car c’est bien ce que signifie la persécution de Julian Assange — il y a quelques méchants.
L’un, Lenín Moreno, une synthèse répugnante de Judas et Barabás qui prive l’Australien nationalisé équatorien de l’asile diplomatique accordé il y a sept ans. Peu après l’avoir privé d’accès à Internet et au téléphone, il est accusé d’être celui qui a mis en lumière les négociations obscures de Moreno. Le président de l’Équateur “Judas” est d’autant plus détestable qu’il n’a même pas eu le courage d’expulser le requérant du siège de l’ambassade de l’Équateur à Londres, mais a plutôt demandé à la police métropolitaine, en violation de son immunité diplomatique, de pénétrer dans le bâtiment et de l’appréhender de force. Rarement un tel exemple de vilenie et de servilité n’a été vu face aux ordres de l’empire, désireux de donner une leçon exemplaire à Assange comme un signal intimidant à ceux qui, comme lui, veulent garantir le droit à l’information, une composante essentielle d’un ordre politique démocratique.
Deuxièmement, la Maison Blanche… c’est l’autre méchant, et cela depuis l’époque du “progressiste” Barack Obama qui a fait l’impossible pour extrader Assange vers les Etats-Unis. Si cela devait se produire, le journaliste devrait, si cette demande était acceptée, être soumis à des “techniques d’interrogatoire très dures” (euphémisme pour éviter de dire torture), à une succession sans fin de procès et d’accusations, à la prison et, probablement, à son meurtre dans une “mutinerie de prisonniers” bien orchestré d’une prison peuplée de voyous, narcos et criminels de la pire sorte. Sa mort éventuelle dans un conflit entre prisonniers empêcherait les États-Unis d’être accusée d’avoir condamné à mort un homme qui voulait juste que la vérité soit connue de tous.
Troisièmement, les imprésentables “représentants du peuple” à la Chambre des communes du Royaume-Uni et du Congrès étasunien. Les premiers ont à peine réprimé joie par des grandes manifestations jubilatoires lorsque le Premier ministre Theresa May a attesté de l’arrestation d’Assange. La même chose s’est produite au Sénat et à la Chambre des représentants des États-Unis, composés en grande partie de politiciens qui se sont enrichi par leur fonction législative en protégeant les lobbies et les entreprises qui finançaient leur carrière politique et en condamnant la majorité de la population de leur pays à des difficultés économiques croissantes au point où “le 1% le plus riche des États-Unis possède un revenu supérieur à 90% de la population”. Ces personnages sont ceux qui ont permis au salarié moyen de ce pays de “devoir travailler plus d’un mois pour gagner ce qu’un PDG gagne en une heure”. Eh bien : c’est cette racaille-là qui a célébré avec joie l’arrestation d’Assange (voir dans : Nicholas Kristof : “An Idiot’s Guide to Inequality”, dans le New York Times, 22 juillet 2014 et dans la note de William Marsden, “Obama’s State of the Union speech will be call to arms on wealth gap”, 26 janvier 2014).
Enfin, quatrièmement, les gouvernements européens qui non seulement consentent à l’attaque de Washington contre la libre circulation de l’information et la transparence essentielle de la gestion publique, mais admettent aussi, en tant que vassaux indignes, que les souhaits de la Maison Blanche et les lois adoptées par le Congrès de ce pays sont désormais extraterritoriaux et appliqués dans leur propre pays sans tenter le moindre signe de contestation ou de résistance. En ce sens, l’accompagnement embarrassant de l’Europe aux décisions de Washington : de l’affaire Assange aux sanctions économiques contre la Russie ; ou de la campagne criminelle contre Kadhafi en Libye à l’agression brutale contre la Syrie ; ou du blocus de Cuba jusqu’au clown d’opérette monté autour du personnage de Juan Guaidó au Venezuela, disent clairement que l’art du bon gouvernement est quelque chose qui semble avoir été perdu dans une Europe qui a abandonné toute prétention de souveraineté nationale et de dignité et s’est résignée à remplir le rôle déshonorant d’un ami fidèle des troupes de l’Empereur.
Par Atilio A. Boron
Sociologue Argentin
Source de l’article : Solidaridad / traduit par ZINTV