Remise d’une lettre de revendication au président du Conseil d’administration de la Résidence Porte de Hal
Une petite vingtaine de membres de la santé en lutte ont remis une lettre de revendication au président du Conseil d’administration de la Société royale de philanthropie qui dirige la Résidence Porte de Hal.
« Président et membres du Conseil d’administration de la Résidence Porte de Hal,
Les travailleurs de votre établissement subissent des conditions de travail inhumaines, des manquements légaux récurrents, une ambiance nauséabonde et un management par la terreur.
Les horaires ne sont pas respectés, le cadre légal non plus ; les travailleurs sont licenciés pour un oui ou pour un non ; les salaires impayés partiellement ou totalement ; les congés refusés ; les bénévoles expulsés sans raison, avec interdiction de franchir à jamais le perron de l’établissement ; les compétences et tâches des travailleurs remises sans cesse en question ; les absences non remplacées laissant le personnel en place en très grande souffrance face à la charge de travail ; etc. Tout cela ne manque également pas d’impacter la qualité de vie des résidents.
L’ensemble des témoignages, sans exception, font apparaitre que ces manquements, la lourdeur du travail, cette ambiance psychologiquement peu tenable et les différents cas de harcèlement rapportés proviennent d’une seule et même origine : la directrice de l’établissement. Celle-ci gère l’institution sans humanité ni considération pour les travailleurs et les résidents. À de multiples reprises les travailleurs ont cherché à dialoguer avec la directrice afin d’améliorer les situations problématiques, ils ont également averti les membres du Conseil d’administration, sans aucun résultat.
Il est de votre responsabilité, en tant que Président et membres du Conseil d’administration de la Résidence Porte de Hal, de veiller à ce que cette situation soit résolue et, au vu de la gravité des faits et des manquements, que la directrice soit empêchée de nuire en étant écartée immédiatement.
Nous espérons que cela sera fait rapidement, dans un délai maximum de 14 jours.
La santé en lutte mènera des actions et soutiendra les travailleurs dans leur combat jusqu’à obtention de la revendication.
Sincèrement,
Des travailleurs et La santé en lutte. »
Témoignage N°1 : « La peur est omniprésente »
Je travaille depuis des années à la Résidence Porte de Hal. Depuis toujours cette résidence a eu la réputation d’être une des meilleures maison de repos de Bruxelles. Jusqu’il y a peu c’était un vrai plaisir d’y travailler.
La Résidence Porte de Hal, anciennement appelée « Hospice des aveugles » est une propriété de la Société Royale de Philanthropie. Une société qui a été fondée en 1828 sous l’impulsion de la noblesse et la bourgeoisie bruxelloise pour venir en aide aux plus pauvres. Il y a quelques années, le conseil d’administration de la Société Royale de Philanthropie, présidée aujourd’hui par Patrick Parmentier et présidée à l’époque par la Comtesse d’Aspremont Lynden, a nommé une nouvelle directrice à la Résidence.
Depuis l’arrivée de cette nouvelle directrice, l’ambiance a terriblement changé. La Résidence est devenue un lieu de torture et de harcèlement ! La peur est omniprésente, le personnel est littéralement paralysé.
Le management de la direction nous laisse sciemment sans procédure et sans balise, nous sommes évaluées selon son humeur. Il existe très peu de procédure et nous travaillons au tâtonnement, nous pallions les manques comme nous pouvons. D’ailleurs les effectifs n’ont fait que diminué depuis son arrivée, les départs, licenciements et démissions ne sont pas remplacés. Les personnes malades ne sont pas remplacées non plus. Ce qui fait que si nous sommes quatre à travailler le matin et qu’une personne est absente, celle-ci ne sera pas remplacée et nous devons faire le travail de quatre à trois. Si on compte en plus le sous effectif, la charge est souvent très lourde.
Quand nous demandons des renforts ou des explications, quand nous posons des questions ou interpellons la direction pour des problèmes, nous sommes quasi systématiquement injuriées, engueulées, voir licenciées. Les licenciement sont d’ailleurs très rapide. Pour un « oui » ou pour un « non » certaines de nos collègues ont été mises à la porte ! Pire, les déléguées syndicales sont harcelées quotidiennement et deux ont déjà été virées ou poussées à la démission. Le harcèlement est devenu une méthode de management pour la direction qui ne recule devant aucun scrupule. Elle s’immisce même dans nos vies privées afin d’exercer des pressions.
j’ai l’impression que l’objectif est de nous mettre dans un état de peur constant. Sans repère, sans balise, sans procédure, sans échelle d’évaluation, nous sommes à la merci de son bon vouloir.
Nous n’avons donc jamais de réponse à nos questions. La direction nous maintien dans l’ignorance de tout. Nous n’avons pas de regard sur nos heures sup’, on nous change notre horaire quotidiennement sans notre accord, les changements opérés dans l’institution se font de jour au lendemain sans rien nous annoncer,… bref j’ai l’impression que l’objectif est de nous mettre dans un état de peur constant. Sans repère, sans balise, sans procédure, sans échelle d’évaluation, nous sommes à la merci de son bon vouloir.
Nous avons essayé plusieurs fois de communiquer, d’envoyer des emails, de saisir le CESI, d’écrire au conseil d’administration mais rien n’y fait. La situation reste inchangée, pire elle s’aggrave. Nous sommes toutes et tous en burn out, en dépression, avec des troubles du sommeil, des idées suicidaires ou autre. Nous venons travailler la boule au ventre, l’angoisse est omniprésent… Quand j’entends mon téléphone sonner j’ai des crises de panique…
Nous n’avons plus les moyens de donner des soins correcte aux résidents… ce qui entraine un danger pour eux.
En bref, ce management et cette directrice est responsable d’une augmentation inquiétante de la charge de travail, de l’ambiance nauséabonde, des conflits internes, de la diminution de la qualité des soins et du manque de personnel. Les familles des résidents ne sont pas dupes, la Résidence Porte de Hal n’est plus que l’ombre d’elle même. Nous n’avons plus les moyens de donner des soins correcte aux résidents… ce qui entraine un danger pour eux.
Par ce témoignage, j’aimerais alerter l’opinion public, les familles des résidents, le conseil d’administration et mes collègues. Nous devons changer de direction, elle est nocive pour le bien être et la vie du personnel et des résidents. Si on continue comme ça nous allons droit à la catastrophe : dépressions, suicides et morts !
TÉMOIGNAGE N°2 : « Ne cédons pas à la division et à la peur, unissons nous pour faire bloc face aux menaces ! »
Le personnel de la Résidence Porte de Hal a besoin de votre soutien.
La direction a choisi délibérément de diviser pour mieux régner et elle y excelle ! Il faut l’arrêter !
Nous ne sommes pas parfaits mais nous avons toujours fait de notre mieux pour aider et soutenir les familles qui nous faisaient l’honneur de nous confier leurs proches. Nous continuons encore aujourd’hui à donner le meilleur de nous-mêmes, à rester professionnels en toute circonstance, mais beaucoup d’entre nous sont réellement en souffrance, épuisés, en dépression, en burn out et en même temps, paralysés par cette manipulatrice de haut vol mais on continue d’avancer et de croire en notre résidence.
Le personnel de cette résidence est unique et exceptionnel, dévoué et compétent et les directions précédentes l’avaient bien compris et savaient valoriser nos compétences. La directrice d’aujourd’hui ne fait que nous diviser, détruire, humilier, rabaisser, menacer… Les conditions de travail actuelles (restriction maximale du personnel, non remplacement des malades…) nous compliquent ô combien nos tâches quotidiennes ! Parlons-en du personnel en maladie, le taux de maladie “explose” littéralement et au lieu de se poser les bonnes questions, elle nous envoie directement chez le médecin contrôle. D’ailleurs, pendant la première vague du Covid où le gouvernement a autorisé le chômage temporaire, dans toutes les maison de repos et cliniques on demandait de l’aide, dans notre résidence la direction a mis plein de collègues au chômage par souci d’économie financière. Un scandale !
Nous dénonçons cette politique de la terreur et les tentatives de pressions organisées par la direction !
Ne cédons pas à la division et à la peur, unissons nous pour faire bloc face aux menaces !
TÉMOIGNAGE N°3 : « La situation se dégrade depuis des mois. Le personnel est à bout ! »
Je travaille à la Maison de Repos. Depuis des mois maintenant, la situation se dégrade pour les résidents et le personnel. Le stress au travail est terrible, et le personnel fait face à des intimidations et du harcèlement.
Les priorités de la direction et du personnel ne sont pas les mêmes. La directrice donne la priorité à l’argent au détriment du bien-être des résidents et du personnel. En plus de se désintéresser de la qualité des soins , elle n’est jamais courant de ce qui se passe, pour la bonne et simple raison qu’elle n’est jamais présente dans les services.
De plus, il y a une claire volonté de sa part de diviser le personnel, avec du favoritisme d’une part, du harcèlement de l’autre. La direction tente aussi d’avoir des informations sur certaines collègues pour les harceler. Cela a instauré un climat malsain de méfiance entre collègues, qui a un impact clair sur le moral et le physique, nuit à la qualité au travail, et réduit la motivation du personnel. On voit les mêmes attitudes face aux résidents et aux familles, avec des prises de décisions à la “tête du client”.
Beaucoup de collègues ont été mis au chômage pendant une longue période. D’autres ont été mis à la porte, avec des licenciements abusifs et des augmentations de la charge du travail pour les autres. Certaines tâches ne sont plus faites.
Il y a aussi un clair manque de compétence de la direction, avec par exemple des erreurs de paiements. De plus en plus de tâches sont déléguées ou sous-traitées. Des collègues surchargés ne savent plus faire leurs travail, car ils doivent soutenir la direction.
La direction refuse de communiquer avec nous. Les décisions sont prises sans nous et peuvent changer à tout moment. Nous ne sommes pas non plus accompagnés dans ces changements, et il n’y a pas de suivi. On nous annonce des nouveaux fonctionnements, et ensuite c’est “débrouillez-vous”.
Le personnel est à bout, mais personne ne veut affronter la direction de peur de représailles.
Les résidents aussi sont mécontents, mais n’osent rien dire de peur d’être renvoyés. »
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