Actualité venant d’Haïti

Des élections qui enveniment l'avenir du pays.

Nous vous pro­po­sons la lec­ture de quatre articles issus de sites d’in­for­ma­tions sur Haï­ti : Agence Hai­tienne de Presse (AHP) & ALTERPRESS (Réseau alter­na­tif hai­tien d’information).


Péti­tion d’écrivains haï­tiens : Intel­lec­tuels et artistes contre l’imposition d’un choix poli­tique à la population

ven­dre­di 31 décembre 2010

Nous, citoyens haï­tiens, écri­vains, créa­teurs, cher­cheurs, dénon­çons avec la plus grande fer­me­té auprès du peuple haï­tien , des citoyens du monde , et de l’opinion inter­na­tio­nale les attaques à la vie , les atteintes au droit, et autres actes répré­hen­sibles favo­ri­sés ou encou­ra­gés par le pou­voir actuel pour impo­ser un choix poli­tique que la popu­la­tion mas­si­ve­ment rejette. L’autorité judi­ciaire semble agir au béné­fice d’un sec­teur poli­tique. Dans les pro­vinces de nom­breux cas de per­sé­cu­tion de membres de par­tis poli­tiques oppo­sés au groupe affi­dé au pou­voir en témoignent.

L’affaire Patrice Dumont, au-delà du ridi­cule que de nom­breux conci­toyens dénoncent, est une preuve sup­plé­men­taire de l’instrumentalisation des membres de l’appareil judi­ciaire déjà si affai­bli. Qu’il s’agisse d’excès de zèle ou de l’application d’une consigne, ce sont là les effets indé­niables d’une dérive auto­ri­taire du pouvoir.

1) De nom­breux citoyens haï­tiens avaient expri­mé leurs réserves rela­tives à l’impartialité du Conseil élec­to­ral pro­vi­soire. Une par­tie des repré­sen­tants de la « com­mu­nau­té inter­na­tio­nale » , en par­ti­cu­lier l’OEA, dans le mépris de ces voix haï­tiennes, s’est embar­quée sans dis­cer­ne­ment avec le pou­voir et ses alliés dont un Conseil élec­to­ral décrié, dans le scan­dale élec­to­ral du 28 novembre 2010. Ils sont tous res­pon­sables de ce nau­frage annon­cé. Mal­gré leur manque de confiance dans le pro­ces­sus, des can­di­dats et des élec­teurs avaient accep­té de par­ti­ci­per à ces élec­tions. Leur bonne foi a été trom­pée. Non seule­ment le vote n’a pas pu être mené à son terme, mais encore ce jour- là, des bul­le­tins ont été épar­pillés et détruits dans de nom­breux bureaux par­tout à tra­vers le pays.

2) Toutes manœuvres tech­niques ou com­pro­mis boi­teux que les pro­mo­teurs et orga­ni­sa­teurs envi­sa­ge­raient pour impo­ser même comme bon second le can­di­dat du pou­voir aux pré­si­den­tielles et l’ensemble des can­di­dats de la plate-forme, néces­si­te­raient de leur part des pra­tiques répres­sives qui entrai­ne­raient en retour diverses formes de résis­tance dans la popu­la­tion. En per­sis­tant dans cette voie le pou­voir poli­tique actuel et toute ins­ti­tu­tion qui lui ser­vi­rait d’appui obli­ge­ront l’ensemble de la socié­té à récla­mer l’annulation pure et simple des « élec­tions » du 28 novembre 2010, ce qui cor­res­pond déjà à la demande for­mu­lée par une par­tie de la popu­la­tion et consti­tue le point de vue majo­ri­taire des sec­teurs orga­ni­sés de la société.

Par ailleurs dans plu­sieurs loca­li­tés du pays, des groupes de gens peu aver­tis ont entre­pris sous l’empire de leurs croyances en la sor­cel­le­rie, des lyn­chages de plu­sieurs per­sonnes sans défense, essen­tiel­le­ment des vodoui­sants, qu’ils accusent à tort d’être les pro­pa­ga­teurs de l’épidémie de cho­lé­ra. Ces lyn­chages ont eu lieu dans l’indifférence de l’Etat, ce qui cor­res­pond clai­re­ment à non-assis­tance à per­sonne en dan­ger. Nous exi­geons que le gou­ver­ne­ment mette l’action publique en mou­ve­ment contre les assas­sins de ces conci­toyens vic­times de l’ignorance et de l’obscurantisme. Sans stig­ma­ti­ser les citoyens d’un quel­conque pays vic­time comme nous de l’état du monde, nous dénon­çons cette pra­tique de déni du gou­ver­ne­ment et de la MINUSTAH quant aux cir­cons­tances de l’arrivée du cho­lé­ra en Haï­ti. Ce refus de recon­naître leur res­pon­sa­bi­li­té, dans le mépris des conclu­sions des scien­ti­fiques, contri­bue à créer une atmo­sphère de panique et trouble des esprits qui vont cher­cher des causes ailleurs.

Les res­pon­sables du gou­ver­ne­ment avec leurs alliés doivent se res­sai­sir et prendre de bonne foi le che­min du dia­logue avec tous les sec­teurs, du res­pect de nos voix et de nos choix, s’ils veulent sau­ve­gar­der la paix sociale déjà si fragilisée.

Dr. Jean André, Bonel Auguste, Jean-Claude Bajeux, Jean Hénold Buteau, Pierre Buteau, John Pycard Byron, Chris­tophe Phi­lippe Charles, Louis Phi­lippe Dalem­bert, Molière Estin­vil, Laen­nec Hur­bon, Ronald Jean-Jacques, Hugues Joseph, Gary Klang, Josa­phat Robert Large, Nicole Lebrun, Jean Lhé­ris­son, Ket­tly Mars, Frank­lin Midi, Nadève Ménard, Jean Euphèle Mil­cé, Mireille Nico­las, Lochard Noel, Mac­ken­zy Orcell, Les­lie Péan, Joseph E. Phi­lippe, Claude C. Pierre, Marie Rolande Pierre, Savan­na Sava­ry, Eddy Simon, Woo­ly Saint-Louis Jean, Luc Smarth, Eve­lyne Trouillot, Lyo­nel trouillot, Gary Victor


AHP, 29 décembre 2010, Port-au-Prince – AHP — Le groupe des 12 (sur 18) can­di­dats à la pré­si­dence qui réclament l’annulation des élec­tions du 28 novembre a réité­ré mer­cre­di son rejet du pro­ces­sus élec­to­ral dans sa glo­ba­li­té, pré­si­den­tielle et légis­la­tives comprises.

Ces can­di­dats qui main­tiennent cette posi­tion depuis le jour du scru­tin contro­ver­sé ont réaf­fir­mé leur posi­tion, alors qu’un groupe d’experts de l’OEA sol­li­ci­tés par le pré­sident René Pré­val devrait arri­ver ce mer­cre­di à Port-au-Prince pour éva­luer les résul­tats pré­li­mi­naires pro­cla­més le 7 décembre par le Conseil élec­to­ral pro­vi­soire et qui ont pro­voque des vio­lences, des casses et des pillages dans plu­sieurs villes du pays , par­ti­cu­liè­re­ment aux Cayes (sud) et dans la capi­tale (Port-au-Prince)

Les 12 accusent le pré­sident René Pré­val d’être le prin­ci­pal sinon l’unique res­pon­sable de ce qu’ils appellent la mas­ca­rade du 28 novembre.

Ils contestent éga­le­ment toute vel­léi­té du pré­sident de res­ter au pou­voir au-delà du 7 février, tel qu’il l’a sug­gé­ré le 23 décembre der­nier, en s’appuyant sur la loi voté par le par­le­ment lui per­met­tant de res­ter au pou­voir jusqu’au 14 mai (2011), date à laquelle il avait prê­té ser­ment en 2006. Le pré­sident exploite aus­si un flou de la consti­tu­tion qui pré­voit la date du 7 février pour l’entrée en fonc­tion du nou­veau pré­sident pen­dant qu’elle sti­pule que le man­dat du pré­sident est de 5 ans.

Les 12 exhortent les Nations-Unies (ONU), l’Organisation des États amé­ri­cains (OEA) et les pays amis d’Haïti à ne pas entrer dans le jeu du chef de l’État et du Conseil élec­to­ral pro­vi­soire (CEP), sachant tout que le pro­ces­sus élec­to­ral a été vicié dès le départ. « Ce pro­ces­sus ne pou­vait que culmi­ner avec la jour­née de la honte du 28 novem­br »e, a dit Josette Bijou qui don­nait lec­ture d’une décla­ra­tion au nom du groupe.

La can­di­date indé­pen­dante a fait savoir que le pré­sident Pré­val a prou­vé une fois de plus son inca­pa­ci­té à orga­ni­ser de bonnes élec­tions dans le pays.

Les can­di­dats contes­ta­taires demandent éga­le­ment à la popu­la­tion de res­ter mobi­li­sée pour défendre ses droits, se disant cer­tains que « la paro­die du 28 novembre ne pas­se­ra pas et sera annulée ».

De son côté, le can­di­dat de Ren­men Ayi­ti (Aimer Haï­ti), Jean-Hen­ry Céant a rap­pe­lé au chef de l’État qu’en orga­ni­sant les élec­tions le 28 novembre der­nier, il s’était enga­gé à par­tir le 7 février voi­la pour­quoi, a‑t-il dit, M. Pre­val ne peut pré­tendre pou­voir res­ter au pou­voir au delà de cette date constitutionnelle.

Il a indi­qué que le gou­ver­ne­ment pro­vi­soire dont le groupe réclame l’installation le 7 février est pré­vu par les lois haï­tiennes et est de ce fait consti­tu­tion­nel ce qui n’est pas le cas, selon lui, pour la loi élec­to­rale amen­dée, qui donne pro­vi­sion au chef de l’État de gar­der le pou­voir jusqu’au 14 mai.

Pour sa part, le can­di­dat de Respè (Res­pect), Charles-Hen­ry Baker, estime que toute enquête sérieuse devrait conduire a l’annulation de 90% des pro­cès-ver­baux et donc du pro­ces­sus électoral.

Si on veut vrai­ment savoir s’il y avait effec­ti­ve­ment des fraudes mas­sives le 28 novembre, on n’a qu’à com­pa­rer les listes d’émargement et les pro­cès-ver­baux, a‑t-il sou­te­nu, fai­sant savoir que l’article 161.1 de la loi élec­to­rale per­met en effet de s’assurer « Une voix pour une personne ».

Le can­di­dat du MPH (Mobi­li­sa­tion pour le Pro­grès d’Haïti), Jacques Edouard Alexis a lui affir­mé que le groupe dont il fait par­tie ne recon­nait pas, tout comme la consti­tu­tion d’ailleurs, la mis­sion d’experts de l’OEA devant par­ti­ci­per a la véri­fi­ca­tion des procès-verbaux.

Il affirme que l’OEA fait par­tie du pro­blème et ne peut, en aucun cas, pré­tendre par­ti­ci­per aux recherches de solutions.

Nous ne recon­nais­sons pas cette mis­sion ni le 2e tour qu’on veut nous impo­ser. Il faut un gou­ver­ne­ment pro­vi­soire pour orga­ni­ser de nou­velles élec­tions, a‑t-il dit, tout en exi­geant come ses autres col­lègues, l’annulation du pro­ces­sus élec­to­ral, la révo­ca­tion du CEP et l’arrestation des conseillers élec­to­raux que le groupe accuse d’être les cou­pables des fraudes et autres irré­gu­la­ri­tés enre­gis­trées le mois dernier.



Élec­tions : Michel Mar­tel­ly veut un résul­tat « nor­mal et légal »

Source : http://www.alterpresse.org/spip.php?article10454

Michel_Martelly.png23 décembre 2010, Port-au-Prince — Alter­Presse — Les avo­cats du can­di­dat à la pré­si­dence Michel Mar­tel­ly, ont pré­sen­té, ce jeu­di 23 décembre, les dif­fé­rentes irré­gu­la­ri­tés appuyant leur contes­ta­tion et demandent la pro­cla­ma­tion d’un résul­tat « nor­mal et légal » en vue de connaitre leur vraie posi­tion dans la course électorale.

« Je veux qu’on donne un résul­tat nor­mal et légal », déclare Gre­go­ry Mayard Paul, un des avo­cats de Michel Mar­tel­ly, au cours d’une confé­rence de presse. C’est, selon lui, la meilleure façon de connaitre la vraie posi­tion occu­pée par le candidat.

« Jusqu’à date il y a des gens qui ne savent pas où ils sont posi­tion­nés », ajoute-t-il.

Les avo­cats de Michel Mar­tel­ly sou­tiennent à nou­veau que le scru­tin pré­si­den­tiel et légis­la­tif du 28 novembre était truf­fé d’irrégularités.

Le nombre de bul­le­tins valides ne cor­res­pond pas au nombre de votes dans plus de 38% des bureaux qui ont accueilli les élec­teurs, relèvent-ils.

Ils affirment que le Conseil élec­to­ral pro­vi­soire (Cep) a dis­tri­bué 1000 bul­le­tins dans des bureaux de plu­sieurs régions du pays, notam­ment, à Bai­net et Cayes Jac­mel (Sud-est), à Tabarre et Pétion-ville (Ouest) ou dans la Grande Rivière du Nord, au lieu de 480 qui est la quan­ti­té normale.

Me Gre­go­ry Mayard Paul dénonce le fait que le Cep a comp­té des pro­cès ver­baux là ou il n’y avait pas délections.

D’après l’avocat, qui reprend un rap­port d’observation de l’organisme amé­ri­cain Hai­ti Demo­cra­cy Pro­ject, « il y a plus de 14 408 votes — accep­tés comme valides par le cep — qui méri­te­raient d’être consi­dé­rés comme frau­du­leux et mis à l’écart ».

Ces ano­ma­lies pré­sen­tées par les avo­cats du can­di­dat de Repons Peyi­zan (Réponse Pay­sanne), sont le fruit de « recherches et études » réa­li­sées sur 312 pro­cès ver­baux mis en qua­ran­taine par le Conseil électoral.

Les avo­cats pro­clament leur refus des résul­tats déjà publiés et exigent un « audit » des élec­tions du 28 novembre par un orga­nisme indépendant.

La publi­ca­tion des résul­tats défi­ni­tifs a été offi­ciel­le­ment repor­tée sur demande du pré­sident de la répu­blique, René Pré­val, après un avis émis en ce sens par l’Organisation des États amé­ri­cains (OEA).



Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions bidon

Les­lie Péan, Alter­presse, 25 décembre 2010. Les­lie Péan est éco­no­miste et écrivain.

Source : http://www.alterpresse.org/spip.php?article10462

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. C’est un petit sacri­fice que les Haï­tiens doivent faire pour sau­ver la face à l’ordre et à la sta­bi­li­té. La com­mu­nau­té inter­na­tio­nale recom­mande avec insis­tance la véri­fi­ca­tion des voix, le recomp­tage des votes dans les urnes bour­rées. N’importe qui peut voir dans le repor­tage du jour­na­liste Paul Hun­ter de la Cana­dian Broad­cas­ting Cor­po­ra­tion (CBC) un sans-maman, la mine pati­bu­laire, rem­plir une urne à Cité soleil avec plu­sieurs bul­le­tins de vote [1]. De tels agis­se­ments ont eu lieu à tra­vers le pays. À quoi sert l’insistance à vou­loir comp­ter la fraude ? À contrô­ler la sub­jec­ti­va­tion des Haï­tiens ? À néan­ti­ser leur capa­ci­té de pro­blé­ma­ti­ser le litige les oppo­sant au par­ti INITÉ et au CEP contrô­lé par le pré­sident Pré­val ? Les experts de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale semblent donc avoir pour mis­sion de faire dis­pa­raître tous les cadavres qui sont dans le pla­card. Il faut faire vite avant que d’autres se mêlent de cette affaire et découvrent le rôle joué par le gou­ver­ne­ment Pré­val pour cor­rompre les experts étran­gers, leur faire fal­si­fier les conclu­sions sur l’impossibilité des élec­tions après le trem­ble­ment de terre du 12 jan­vier et décla­rer qu’il n’y avait aucun obs­tacle à l’organisation des élec­tions. Des com­mis­sions indé­pen­dantes ris­que­raient de décou­vrir le pot aux roses et tout pour­rait se défi­ler comme une vieille chaussette.

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Sinon cela pro­vo­que­rait des grin­ce­ments aux portes. Au nom du secret d’État, il faut cacher la véri­té et pro­té­ger ceux qui ont com­mis les infrac­tions et les crimes. On ris­que­rait de voir en clair tous ceux qui sont les com­plices dans cette mas­ca­rade élec­to­rale. Les Haï­tiens vont se croire des êtres humains comme les Euro­péens et exi­ger que leurs droits soient respectés.

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Sinon, l’apaisement et la détente recher­chés ne seront pas trou­vés. Les Haï­tiens risquent de prendre conscience du rôle des­truc­teur de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale comme c’est arri­vé à ce diplo­mate de l’Organisation des États Amé­ri­cains (OEA). Pour qui se prend-il ? Il a été gras­se­ment payé pour se la fer­mer. La com­mu­nau­té inter­na­tio­nale ne peut pas se payer des fonc­tion­naires qui font de telles bêtises. Ce hâbleur a por­té atteinte au droit sacro­saint des grandes puis­sances. On aurait pu lui régler son compte en l’accusant de cor­rup­tion. Mais cela pren­drait trop de temps. Il fal­lait faire vite. Le risque était trop grand qu’il déballe l’autre face de la médaille. On ne sait jamais. Ce mon­sieur ris­que­rait de s’en prendre aus­si au gou­ver­ne­ment de Pré­val, aux élites diri­geantes qu’il a pro­té­gées au cours des deux der­nières années et qu’il pro­tège encore en les dédoua­nant de leur res­pon­sa­bi­li­té dans la déchéance actuelle. Car il y a bien deux lar­rons dans la foire d’empoigne qu’est deve­nue Haï­ti. Et Pré­val le ticou­loute est, à bien des égards, le plus dangereux.

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Sinon trop de télé­phones reten­ti­ront à tra­vers le monde. Cela risque de mettre fin aux fonc­tion­naires aux gros ventres qui gagnent leur magot fort hon­nê­te­ment en Hai­ti. Les Haï­tiens ris­que­raient de mettre à nu les vrais cou­pables de leur misère. L’aubaine de la CIRH pour­rait dis­pa­raître. Les Haï­tiens vont com­prendre trop de choses et on risque de remon­ter la filière.

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Sinon cela réveille­ra trop de gens qui sont endor­mis d’un pro­fond som­meil. Il faut donc étouf­fer l’affaire. Le cor­pus du délit est là. Dans ce cor­pus, il y a une infi­ni­té d’imbrications. Pas seule­ment la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale mais aus­si et sur­tout la mafia du pré­sident Pré­val qui en consti­tue la matrice vivante. La fraude crève les yeux.

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Sinon les Haï­tiens risquent de jugu­ler la sale­té qui se répand dans leur pays. Les Haï­tiens risquent de faire à leur tête. Cela pour­rait avoir un effet fou­droyant dans de nom­breux pays qui veulent gérer leurs propres affaires. La com­mu­nau­té inter­na­tio­nale aurait alors très peur et ne sau­rait plus où don­ner de la tête. Il faut donc tout mettre en œuvre pour sous­traire les Haï­tiens de l’humanité, pour qu’ils ne soient pas sem­blables aux autres êtres humains qui reven­diquent leurs droits d’être des citoyens pour déci­der de leurs dirigeants.

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Sinon l’émotion de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale devant les mani­fes­ta­tions des 7 et 8 décembre risque de se trans­for­mer en inquié­tude. Les masses popu­laires ne peuvent pas se per­mettre de vou­loir sor­tir de l’exclusion en vou­lant voter. C’est un dan­ge­reux pré­cé­dent que de leur lais­ser exer­cer leurs droits d’avoir des droits, de par­ler et d’agir [2]. Elles com­mettent des infrac­tions et deviennent cri­mi­nelles en vou­lant par­ti­ci­per à la com­mu­nau­té poli­tique et en vou­lant dire leurs mots sur la ges­tion de la cité. Elles doivent accep­ter de res­ter dans l’errance et d’être des morts-vivants. Des zom­bies. Se sa blan-di, se sak pou fèt. L’Occident a besoin de s’honorer en secou­rant les Haï­tiens qui ont per­du leur huma­ni­té. Ces der­niers ne peuvent pas pré­tendre vou­loir chan­ger les don­nées au détri­ment d’une indus­trie de la cha­ri­té qui ne rend de compte à personne.

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Sinon, on dira que ce sont des gens bou­chés qui ont fait les rap­ports des ser­vices secrets des grandes écoles d’espionnage de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale qui pré­voyaient que tout allait bien se pas­ser. Ce serait admettre qu’ils peuvent se trom­per. Com­ment n’ont-ils pas pu avoir des infor­ma­tions sur ce qui allait se pas­ser ce fou­tu dimanche ? C’est bien le rôle d’un ser­vice d’intelligence d’obtenir des infor­ma­tions et de les vali­der pour pou­voir sépa­rer les cou­pables des inno­cents. Les Haï­tiens doivent donc ces­ser tout leur tapage pour des élec­tions démo­cra­tiques. Il faut sau­ver le finan­ce­ment des ser­vices de ren­sei­gne­ments qui ont été aveugles, y com­pris ceux de la nou­velle école d’espionnage de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale à Ora­dea en Roumanie.

Il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Sinon, il arri­ve­ra en Haï­ti ce que la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale craint, c’est-à-dire l’arrivée d’un temps dans lequel on ne pour­ra plus faire ava­ler n’importe quoi à ceux que la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale consi­dère comme des idiots. Il ne faut sur­tout pas orga­ni­ser une insur­rec­tion géné­rale car nous devons apprendre de nos aïeux qui avaient pro­té­gé les 29 mil­lions des colons en accep­tant l’esclavage. Face aux troupes armées de Napo­léon Minus­tah, c’est sans vio­lence que nos aïeux ont fait 1804.

Oui, oui, il faut pro­té­ger les 29 mil­lions de dol­lars qu’ont coû­té les élec­tions du 28 novembre 2010. Il y va de l’ordre du monde.


Notes

[1] http://www.youtube.com/watch?v=U3qgB55-n‑E

[2] Han­nah Arendt, Les Ori­gines du tota­li­ta­risme – l’impérialisme, Paris, Fayard, 1982, p. 287.