« CETTE FOIS, POUR L’ARENBERG, FAISONS TOUT UN CINÉMA…»

EN LIEN :

Sauvons l'Arenberg !

Nous dif­fu­sons ici un texte de Jean-Flin­ker, membre d’Attac-Bruxelles .

L’existence de l’Arenberg est compromise.

Vous l’a­vez sans doute appris : les pro­prié­taires des Gale­ries Saint-Hubert ont déci­dé de ne plus en renou­ve­ler le bail et la salle devrait défi­ni­ti­ve­ment fer­mer ses portes fin décembre.

A la place ? Un com­plexe com­mer­cial –livré au busi­ness cultu­rel, à la consom­ma­tion de luxe et aux fré­né­sies d’une clien­tèle four­rée et en four­rure. Plus rien à voir, en tous cas, avec ce qui avait (près de 25 années durant) éta­bli la spé­ci­fi­ci­té pré­cieuse de l’A­ren­berg : un lieu titré, où pou­vait se don­ner à voir –hors de toute cen­sure édi­to­riale ou finan­cière– une fil­mo­gra­phie pro­gres­siste, reven­di­ca­trice, talentueuse.

Autant le faire savoir : si un tel scé­na­rio-catas­trophe devait se confir­mer, la fin de l’A­ren­berg signi­fie­rait la dis­pa­ri­tion, dans la Région, du der­nier ciné­ma pro­je­tant en conti­nu des oeuvres de talent ouvertes à tous les publics.

Ce n’est pas accep­table et on ne peut l’accepter.

Il nous reste donc quatre mois, pour convaincre les pou­voirs publics. Il serait, en effet, incon­ce­vable d’a­ban­don­ner un espace cultu­rel d’ex­cep­tion qui –à tra­vers l’i­ni­tia­tion à l’es­thé­tique et au lan­gage ciné­ma­to­gra­phiques– est par­ve­nu à don­ner un sens concret à la notion éman­ci­pa­trice d’é­du­ca­tion permanente.

Car l’A­ren­berg, c’est (paral­lè­le­ment à sa voca­tion ordi­naire) une série d’é­vo­ca­tions extra­or­di­naires : les pro­gram­ma­tions des­ti­nées aux éco­liers (de la mater­nelle aux secon­daires); les Ciné­clubs orga­ni­sés par l’as­so­cia­tion Lire et Ecrire (à l’at­ten­tion des groupes d’al­pha­bé­ti­sa­tion); Genres d’à côté, une ini­tia­tive consa­crée aux auteurs gays et les­biens ; ou La Quin­zaine des réa­li­sa­teurs (une sorte de décen­tra­li­sa­tion annuelle du Fes­ti­val de Cannes)…

En réa­li­té, cette salle de « spec­tacles » répond (plus que tous les autres cinés de la ville) à une exi­gence de pro­bi­té civile. Même désta­bi­li­sés de manière chro­nique par la crise qui touche tout le sec­teur, les res­pon­sables de l’A­ren­berg ont tou­jours refu­sé de faire allé­geance aux indus­triels de la dis­trac­tion, de suc­com­ber au spon­so­ring publi­ci­taire, de se vendre en ven­dant aux spec­ta­teurs les der­niers pro­duits du mer­chan­di­sing up, ou de se trans­for­mer en dea­lers de pop­corn à consom­mer « séance tenante»… 

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Le pré­sent cour­rier est donc un Appel pres­sé et pres­sant. Adres­sé à tous les ama­teurs du grand écran (adultes à cran, ou ados accros).

Il est pos­sible d’é­vi­ter ce que les médias pré­sentent déjà comme l’i­né­vi­table nau­frage de l’A­ren­berg. Car il s’a­gi­rait là d’un acte cra­pu­leux, enté­ri­né par une entente dis­crète mais objec­tive : d’un côté, la volon­té vénale du Conseil d’Ad­mi­nis­tra­tion de la Socié­té civile ano­nyme des Gale­ries Saint-Hubert –emme­né par Oli­vier Lip­pens (cou­sin de Léo­pold, le bourg­mestre caco­chyme de Knokke ; et de Mau­rice, l’ex-magnat de la Banque For­tis); de l’autre, le défaus­se­ment vicieux de l’au­to­ri­té publique.

Ce n’est pas accep­table et on ne peut l’accepter.

Depuis 2004, Attac-Bruxelles a noué un par­te­na­riat fruc­tueux avec l’A­ren­berg. Soixante-cinq soi­rées pro­li­fiques nous ont en effet per­mis d’y pro­gram­mer des fic­tions de qua­li­té, plu­sieurs avant-pre­mières déjan­tées, des docu­men­taires insen­sés et des chefs d’oeuvre subli­més. A chaque fois, les pro­jec­tions étaient accom­pa­gnées de débats por­tant sur l’ac­tua­li­té ou des thé­ma­tiques civi­li­sa­tion­nelles. Nous sou­hai­tons conti­nuer cette aven­ture. En démon­trant que « l’A­ren­berg, ça marche»…

Le jeu­di 15 sep­tembre, nous y pro­gram­me­rons donc une nou­velle avant-pre­mière mon­diale, un repor­tage explo­sif, aus­si radi­cal que la réa­li­té (l’emprise, sur nos juge­ments et nos vies, de l’in­dus­trie de l’in­for­ma­tion, des médias aux ordres et du jour­na­lisme de conni­vence): « Les nou­veaux chiens de garde » de Gilles Bal­bastre, d’a­près le livre épo­nyme de Serge Hali­mi (pré­sen­te­ment direc­teur du Monde Diplomatique). 

En intro à cette vibrion­nante soi­rée, une dis­cus­sion –en pré­sence des réa­li­sa­teurs, venus tout spé­cia­le­ment de Paris.

Jeu­di 15 sep­tembre, dès 20 heures…

Pour ce ren­dez-vous du feu de Dieu, il faut abso­lu­ment que tu sol­li­cites dès main­te­nant tes proches, tes cama­rades les plus chers –afin que cha­cun réserve cette date dans son agen­da, duplique cette invi­ta­tion autour de lui, fasse en sorte que nous soyons les innom­brables spec­ta­teurs d’une soi­rée per­cu­tante et les acteurs upper­cu­tants d’une mobi­li­sa­tion ascen­dante pour laquelle il reste juste 120 jours.

Mer­ci.
Amitiés,

Jean Flin­ker