Lors de la manifestation de ce 20 novembre, la Ministre Fadila Laanan a reçu les membres du Conseildead (groupe d’artistes à l’initiative de la pétition qui a rassemblé à ce jour plus de 9000 signatures et organisateur de ladite manifestation) ainsi que des représentants de la danse et des musiques non-classiques pour leur présenter ses propositions concernant les coupes budgétaires annoncées dans le secteur des arts de la scène (théâtre, musique, danse).
Il nous est d’abord proposé de maintenir le budget des aides aux projets théâtraux à son niveau ajusté de 2012 : 1.130.000€. Nous contestons le maintien d’un budget dit « ajusté », soit un manque à gagner de 169.000€ par rapport aux sommes restées non indexées depuis 2000. Le secteur fait des efforts depuis 12 ans.
La Ministre nous explique ensuite que l’ajustement du budget du CAPT suppose, du même coup, de dégager sur d’autres postes une somme de 430.000€. La Ministre propose ainsi, pour commencer, une coupe de 65 000 euros dans le budget affecté à la promotion, la recherche, et la diffusion théâtrale. Nous nous bornons à indiquer qu’il s’agirait là, évidemment, d’une mesure contreproductive pour notre secteur. Quant à la suppression de l’opération du 27 septembre, c’est évidemment supprimer une occasion précieuse d’élargir l’accès aux théâtres à des publics qui en sont d’habitude éloignés.
Les coupes supplémentaires dans les aides à l’équipement ne sont, elles non plus, pas souhaitables. Nous attirons l’attention sur le fait qu’une telle mesure aurait une fois de plus pour conséquence insidieuse la réduction encore accrue des budgets allouables par les théâtres à la part artistique.
Enfin, la proposition de soumettre le restant de l’effort à consentir à une concertation CAPT/CAD nous paraît inappropriée. Nous contestons vivement que ces sommes soient retirées au secteur, dont les efforts budgétaires sont déjà suffisamment conséquents du fait de leur non-indexation répétée depuis 2000 pour le CAPT et depuis 2009 pour les conventions et contrats-programmes, ce qui équivaut à un plan d’austérité inscrit dans la structure même du financement du secteur.
Ce très rapide exposé montre que les mesures proposées ne sont ni acceptables ni souhaitables. C’est pourquoi nous les refusons.
Nous avons constaté un décalage réel entre la proposition de la ministre et l’état d’esprit du secteur dans son entier lors de la manifestation. La colère, la frustration et le sentiment d’abandon ne nous semblent pas avoir pas été entendus au travers de cette proposition de simple partage des coupes budgétaires.
Nous sommes conscients que la Ministre doit faire face à des instructions budgétaires qui émanent du gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles dans son ensemble, et qu’elle n’a pas les moyens de répondre seule à ces revendications élargies.
C’est pourquoi, devant l’impossibilité de la Ministre à soutenir les intérêts du secteur culturel auprès du gouvernement (ce qu’elle nous a signifié lors de notre rencontre), nous en appelons à ce que l’ensemble de la profession soit entendu par le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles en la personne de son Ministre Président. Nous n’avons pas vocation à exprimer seuls la colère d’un secteur tout entier. Nous invitons donc instamment le CAPT, le CAD, la CPEPAS, la CONPEAS, l’Unions des Artistes, l’ATPS, la CGSP-Culture, la Setca-Culture, l’ASPROPRO, la SACD, la SABAM, la CTEJ, la RAC, la FAR, le Conseil de la danse et les conseils d’avis du secteur de la musique, ainsi que l’ensemble des opérateurs, conventionnés ou non, et tous les groupes organisés, à prendre position et à se joindre à cette interpellation.
Cette vague, sans précédent depuis dix ans, doit se poursuivre. Conseildead appelle en conséquence chacun, à chaque niveau, à prendre ses responsabilités. La mobilisation continue !