Communiqué de presse du mouvement des indignés suite aux arrestations abusives du 21 juillet 2011

Ce 21 juillet, 16 personnes faisant partie ou soupçonnées de faire partie du mouvement des Indignés ont été arrêtées administrativement.

Ce 21 juillet, 16 per­sonnes fai­sant par­tie ou soup­çon­nées de faire par­tie du mou­ve­ment des Indi­gnés (mou­ve­ment de réap­pro­pria­tion de l’es­pace public et de reprise d’une parole poli­tique confis­quée), ont été arrê­tées administrativement.

Quatre Indi­gnés lié­geois qui ont rejoint Bruxelles en train ont été sui­vis par la Police dès la gare de Liège-Palais. Arri­vés à la gare cen­trale, ils ont à peine eu le temps d’en sor­tir que la Police les a arrê­tés pour “trouble de l’ordre public”… Quel était-il, alors que ces per­sonnes des­cen­daient juste du train ?

Quant à l’ar­res­ta­tion des Indi­gnés namu­rois, les rai­sons étaient aus­si floues : “pré­sence de tracts”, ou “t‑shirt”. De quel délit s’a­git-il ? Nous remar­quons dès lors que cette arres­ta­tion était non moti­vée et por­tait éga­le­ment atteinte aux droits fon­da­men­taux de libre expression.

Le dérou­le­ment des arres­ta­tions a été on ne peut plus chao­tique : refus de don­ner un médi­ca­ment (pré­sent dans le sac de la per­sonne), pas de déli­vrance de PV, insultes racistes, mises à nu pour fouilles cor­po­relles (pour cer­tains hommes et cer­taines femmes) et prises de pho­tos (ce qui n’est pas auto­ri­sé dans le cadre d’une arres­ta­tion admi­nis­tra­tive), etc.

Lire aus­si ce que Anne Löwen­thal écrit au sujet de la liber­té d’expression.

Suite à ces arres­ta­tions abu­sives, nous ne pou­vons réagir que vive­ment face à ces abus de pou­voir et ces dérives poli­cières ne res­pec­tant ni les droits consti­tu­tion­nels, ni les “Droits de l’Homme”.

Il en a été de même lors des mani­fes­ta­tions d’In­di­gnés les 19, 22 et 23 juin 2011 à Bruxelles : arres­ta­tions pour trouble de l’ordre public ciblées sur 42 per­sonnes soup­çon­nées, par­fois à tort, de faire par­tie du mou­ve­ment des Indignés.

Par ces pra­tiques, la Police se place déli­bé­ré­ment au-des­sus de la Loi.

Il ne s’a­git pas d’un cas iso­lé ou d’une simple bavure mais d’une inten­tion déli­bé­rée : cette répres­sion s’ins­crit dans le cadre de la cri­mi­na­li­sa­tion de l’ac­tion poli­tique et du rétré­cis­se­ment du champ de la liber­té d’expression.

Sommes nous tous des terroristes ? 

Ces dérives graves, inhé­rentes à nos démo­cra­ties, ont été à plu­sieurs reprises dénon­cées par la Ligue des Droits de l’Homme, des ONG comme Green­peace et Amnes­ty Inter­na­tio­nal, ain­si que par de nom­breux par­le­men­taires euro­péens et syn­di­ca­listes. On se rap­pel­le­ra entre autre des “moyens par­ti­cu­liers d’en­quête” appli­qués à quatre alter­mon­dia­listes lié­geois via le nou­vel arse­nal anti-ter­ro­riste (2001), l’af­faire “Bahar Kymiongür” (accu­sé en 2006 de ter­ro­risme pour avoir seule­ment défen­du les droits de pri­son­niers kurdes en Tur­quie), les arres­ta­tions pré­ven­tives effec­tuées à l’oc­ca­sion du camp “No Bor­der” à Bruxelles en 2010, le pro­cès des incul­pés du Comi­té d’Ac­tion et de Sou­tien aux Sans-Papiers de l’ULB pour­sui­vis pour “délit de soli­da­ri­té” (en 2010), …

Ces affaires montrent un glis­se­ment insi­dieux vers une socié­té au sein de laquelle toute ten­ta­tive concrète d’ac­tion poli­tique en-dehors des struc­tures ins­ti­tuées de la démo­cra­tie par­le­men­taire est répri­mée. Dans quel état de droit sommes-nous lorsque de simples citoyens sont inter­dits d’exer­cer leur libre droit de ras­sem­ble­ment et de liber­té d’expression ?