Le texte ci-dessous est une position personnelle. Elle n’engage pas collectivement l’ASBL CEPRé dans laquelle je travaille, ni la FGTB/Centre, avec laquelle je collabore étroitement et dans laquelle je milite.
S’engager avec celles et ceux qui la proposent. En écho de l’appel du premier mai 2012 de la FGTB de Charleroi. (voir sur http://debat-syndicats.blogspot.com)
Depuis longtemps, le Parti Socialiste n’est plus un parti de gauche. Les options qu’il défend et ce qu’il pratique tous les jours au pouvoir correspondent beaucoup plus aux conceptions d’un parti social libéral. En fait, le P.S. est convaincu que le seul système possible est l’économie de marché. Face à la main mise des marchés financiers, des intérêts privés sur la société et la pression de l’Union Européenne, il n’y aurait qu’une seule possibilité : « mettre des rustines ». Il comprend les syndicats, ceux et celles qui descendent dans la rue, mais il est convaincu que la seule politique possible est ce que l’on vit actuellement, c’est-à-dire des réformes libérales, tout en disant essayer de faire en sorte qu’elles fassent le moins mal possible. Malheureusement, depuis 20 – 30 ans, chaque réforme constitue autant de reculs sociaux et détruit notre système de sécurité sociale et nos services publics. Chacune de ces réformes a augmenté le nombre de gens qui vivent des situations de pauvreté et de précarité. Par rapport aux toutes dernières mesures du gouvernement papillon, on estime par exemple que 50000 personnes pourraient être exclues des allocations de chômage à l’horizon 2015. Il y a donc un problème de fond important, une incompatibilité irréconciliable entre les alternatives défendues par les syndicats, les mouvements sociaux et la politique menée par le PS.
Dernièrement, la FGTB wallonne a mené une action sur le thème « on a trouvé l’argent » En faisant payer les crises par ceux qui les ont provoquées, il y aurait moyen de financer des politiques sociales et économiques qui correspondent aux besoins de l’ensemble de la collectivité. Impôt plus progressif (en rétablissant des tranches qui feraient contribuer davantage les très gros revenus), lutte plus efficace contre la fraude fiscale, suppression des intérêts notionnels,… sont une partie des moyens avancés par la FGTB pour résoudre les problèmes. On aurait pu aussi combattre les crises financières en revendiquant la nationalisation du secteur bancaire. C’est une condition minimale si l’on souhaite un développement économique qui soit au service des besoins de l’ensemble de la collectivité et non plus au seul service des intérêts privés et de ceux des actionnaires. Que nous a répondu le P.S. ? Il a pris la tête d’un gouvernement qui démantèle les droits aux prépensions et aux pensions, aux allocations de chômage, qui continue à détruire les services publics et à précariser le marché de l’emploi.
Oui, Il faut bien le constater, nous n’avons plus de relais politique à gauche !
En fonction de ce constat d’un vide politique presque complet à gauche, il faudrait aussi que les syndicats réinterrogent leur stratégie d’action : jusqu’où mène-t-on les combats et avec quel degré d’indépendance par rapport « aux amis politiques »… Certains événements, mouvements sociaux d’envergure qui ont eu lieu dans certaines parties du monde montrent qu’en étant déterminé, on peut obtenir des victoires importantes même si celles-ci sont partielles et ne changent pas complètement, loin de là, la face du monde.
Constatant le fait que le PS n’est plus un relais politique pour nos revendications, il faut se poser la question de travailler à la reconstruction d’une alternative politique à gauche. ECOLO n’est pas la solution et son dissident récent non plus. Reste les petits partis (PSL, PTB, LCR, PC,…) qui ne sont que des morceaux d’alternatives… Il y a également toutes celles et ceux qui dans les syndicats, les associations, le mouvement des indignés, se démènent pour faire entendre une voix différente en réoccupant le plus possible l’espace public pour s’exprimer. Je pense qu’il faudrait carrément se poser la question de la création d’un nouveau parti de gauche véritablement anticapitaliste. Cette idée doit venir de nous, de la base, de toutes celles et ceux qui, un peu partout, mettent en cause l’ensemble du système capitaliste. Comment faire, je n’en sais rien… De nombreuses tentatives ont déjà eu lieu mais sans succès probant… Les petits partis (PSL, PTB, LCR, PC,…), les associations de gauche, les militants combatifs des syndicats devraient se rencontrer pour œuvrer dans ce sens là. En tout cas, pour qu’une grande partie de la population entre dans une contestation plus radicale du capitalisme, nous avons absolument besoin de ce nouveau relais politique. Celles et ceux qui aujourd’hui, dans ou à l’extérieur du mouvement syndical, prennent des initiatives pour concrétiser cette recomposition à gauche sont à soutenir. Nous devons nous engager avec eux pour que ce nouveau parti anticapitaliste devienne réalité.
Freddy Bouchez
Coordinateur de l’ASBL CEPRé
Militant FGTB/Centre.