Dans les mois et les années qui viennent, la dette grecque va rester au centre des enjeux européens. Le combat pour rendre justice au peuple grec en matière de dettes est loin d’être terminé.
Au milieu de cette situation complexe, où le gouvernement d’Alexis Tsipras assume des politiques aux antipodes du programme qui lui a fait remporter les élections de janvier et le référendum du 5 juillet 2015, se mélangent confusion et désespoir populaire accompagnés de tensions politiques fortes au sein de Syriza. Les voix discordantes qui s’opposent au nouveau mémorandum sont écartées. Nous avons tenu à publier dans son intégralité une longue interview d’Alexis Tsipras car elle permet de mieux comprendre les graves évolutions en cours.
Comme le résume Pierre Khalfa « Prendre des mesures unilatérales, même si elles sont contraires aux traités et aux directives européennes, est la condition pour appliquer un programme de rupture. ». Ces mesures unilatérales, préconisées par le CADTM et rappelées dans de nombreux des derniers articles publiés, n’ont pas encore été utilisées. Le rapport préliminaire présenté le 18 juin par la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque constitue une base solide pour engager le virage nécessaire. La vidéo de l’intervention d’Éric Toussaint à cette présentation a rencontré un tel écho qu’elle a été sous-titrée en espagnol, anglais, portugais et italien (et devrait bientôt l’être en allemand, polonais, serbo-croate, slovène…). Nous avons traduit ce rapport en français et l’avons publié, chapitre par chapitre, sur notre site internet. Il sera publié sous forme de livre par Les Liens qui Libèrent.
Dans les mois et les années qui viennent la dette grecque va rester au centre des enjeux européens. L’introduction présentée par Éric Toussaint et le travail de la Commission demeureront pertinents. Le combat pour rendre justice au peuple grec, en termes d’endettement illégitime, est loin d’être terminé et la Commission continuera ses travaux avec ou sans appui institutionnel.
La déclaration du CADTM Afrique en soutien au peuple grec permet de se rappeler que le système dette n’est pas neuf et qu’il sévit partout, mais que, partout également, il rencontre des résistances. Il est question d’ouvrir également les livres au Cameroun, de dénoncer la fausse annulation de dette mise en avant par la France au Mali, de refuser un nouveau prêt illégal de la Banque mondiale au Maroc, de combattre un traité de libre-échange au Nigeria, etc.
De l’autre côté de l’Atlantique, la colonie de Porto Rico subit — comme la Grèce — une pression maximale de la part de ses créanciers afin qu’elle paie sa dette publique à tout prix et applique de nouvelles mesures d’austérité. L’Argentine a également créé une Commission d’audit de sa dette, Maud Bailly commente la rencontre qui s’est déroulée au début du mois de juin à Buenos Aires, convoquée par de nombreuses organisations sociales et syndicales afin de s’organiser face aux mérites et limites de cette Commission. Nous pouvons également nous inspirer de l’audit citoyen de la dette municipale au Brésil ou de l’audit municipal de Madrid voté ce 22 juillet (pas encore d’article en français).
Enfin, et puisque de nombreux autres mondes sont possibles, le CADTM Belgique s’est rendu avec plusieurs militant.e.s au festival “Esperanzah!” de Floreffe pour montrer au large public que (1) il existe des alternatives à la saignée grecque en cours et que (2) aujourd’hui, c’est le Sud qui finance le Nord et non l’inverse…
DOSSIER SPÉCIAL GRÈCE
Le 13 juillet 2015, malgré la victoire éclatante du Non/OXI à l’austérité lors du référendum du 5 juillet (62% de Non contre 38% de Oui), les créanciers ont imposé au premier ministre grec un accord inacceptable. Ensuite, dans la nuit du 15 au 16 juillet, le parlement grec a ratifié ce nouveau mémorandum grâce à l’apport des partis de droite alors que Syriza se divisait. Le rapport intermédiaire de la Commission d’audit de la dette grecque, présenté les 17 et 18 juin, établit que la dette réclamée à la Grèce est presque entièrement illégitime, illégale et odieuse. Elle est aussi insoutenable. Jusqu’ici il n’a pas été utilisé par le gouvernement grec. Dans les mois et les années qui viennent, la dette grecque va rester au centre des enjeux européens. Le combat pour rendre justice au peuple grec en matière de dettes est loin d’être terminé. Il est nécessaire de renforcer la solidarité internationale avec le peuple grec qui résiste.
Grèce. « Non à la mutation mémorandaire de SYRIZA », par Antonis Ntavanellos
Grèce : La conditionnalité contre la soutenabilité. Chapitre 5. Commission pour la vérité sur la dette grecque
« La présidente du parlement grec a sauvé l’honneur de Syriza » Eric Toussaint, interviewé par le journal espagnol Diagonal
Alexis Tsipras : « Le peuple grec a tenté de s’échapper de la prison de l’austérité. Rattrapé, il a été placé en cellule d’isolement », par Alexis Tsipras , Kostas Arvanitis
L’affrontement inévitable, par Pierre Khalfa
Grèce : La député allemande Sahra Wagenknecht (Die Linke) dénonce l’attitude de son pays (Vidéo, discours sous-titré en français), par Revue Progressistes
Grèce. Syriza au milieu du gué, par Antonis Ntavanellos
Michel Husson : La « bonne drachme » ? Modeste contribution au débat sur la Grèce
Stathis Kouvélakis : « Le non n’est pas vaincu, nous continuons »
Dettocratie, Grèce et Podemos, par Jaime Pastor
Le mécanisme du système-dette en Grèce, Chapitre 4. Commission pour la vérité sur la dette grecque