Espionnage et propagande avec Facebook, Twitter

Les médias sociaux constitue « la nouvelle façon avant-gardiste de recueillir des renseignements tactiques »

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Le 14 février 2012

Une nou­velle étude[[mcis2012.pdf]] parue dans le 2012 Intel­li­gence Stu­dies Year­book, publié par le Medi­ter­ra­nean Coun­cil for Intel­li­gence Stu­dies (MCIS) indique que l’utilisation des médias sociaux consti­tue « la nou­velle façon avant-gar­diste de recueillir des ren­sei­gne­ments tac­tiques à l’aide de logi­ciels libres ». Joseph Fit­sa­na­kis d’IntelNews.org, co-auteur de l’étude, écrit :

Nous expli­quons que les agences de ren­sei­gne­ment voient de plus en plus Face­book, Twit­ter, You­Tube, et une foule d’autres pla­te­formes de réseau­tage comme des façons ines­ti­mables d’acquérir des infor­ma­tions. Nous basons nos conclu­sions sur trois récentes études, les­quelles, selon nous, mettent en lumière la fonc­tion des réseaux sociaux dans la col­lecte de ren­sei­gne­ment. (Joseph Fit­sa­na­kis, Research : Spies increa­sin­gly using Face­book, Twit­ter to gather data, intelNews.org, 13 février 2012)

L’étude ne men­tionne tou­te­fois pas que les agences de ren­sei­gne­ment uti­lisent les médias sociaux à d’autres des­seins. L’étude porte à croire que les médias sociaux servent uni­que­ment à la col­lecte de ren­sei­gne­ment, alors qu’en réa­li­té, de nom­breux repor­tages ont démon­tré qu’ils sont uti­li­sés à des fins de pro­pa­gande et pour la créa­tion de fausses iden­ti­tés uti­li­sées dans des opé­ra­tions clan­des­tines. Ces pra­tiques sont explo­rées dans des articles publiés en 2011 sur Glo­bal Research (Army of Fake Social Media Friends to Pro­mote Pro­pa­gan­da, Social Media : Air Force orde­red soft­ware to manage army of Fake Vir­tual People et Penta­gon Seeks to Mani­pu­late Social Media for Pro­pa­gan­da Pur­poses).

L’étude du MCIS est en par­tie basée sur le « prin­temps arabe », lequel aurait « inci­té le gou­ver­ne­ment éta­su­nien à com­men­cer à déve­lop­per des direc­tives pour pui­ser des ren­sei­gne­ments sur les sites de réseau­tage ». (Ibid.)

Encore une fois, on omet de men­tion­ner un fait : le gou­ver­ne­ment éta­su­nien offre des « for­ma­tions d’activiste » à des étran­gers afin qu’ils désta­bi­lisent leur pays d’origine. Dans son der­nier article, Egypt : US-fun­ded Agi­ta­tors on Trial : US “Demo­cra­cy Pro­mo­tion” = Forei­gn-fun­ded Sedi­tion, Tony Car­ta­luc­ci explique cette tactique.

La « cyber­dis­si­dence » est orga­ni­sée entre autres par Free­dom House, liée à la CIA. Le pre­mier évé­ne­ment sur le liber­té humaine du Bush Ins­ti­tute, co-com­man­di­té par Free­dom House, s’intitulait « La confé­rence des cyber­dis­si­dents : suc­cès et défis internationaux ».

La confé­rence sur les cyber­dis­si­dents a sou­li­gné le tra­vail, les méthodes, le cou­rage et les accom­plis­se­ments de ses huit confé­ren­ciers invi­tés pro­ve­nant de sept pays. Dans cinq d’entre eux la liber­té est dis­pa­rue (tous jugés « non libres » par Free­dom House) : la Chine, Cuba, l’Iran, la Syrie et la Rus­sie. Dans les deux autres la liber­té est en péril (tous deux jugés « par­tiel­le­ment libres » par Free­dom House) en rai­son d’un gou­ver­ne­ment auto­ri­taire accu­mu­lant davan­tage de pou­voir, comme au Vene­zue­la, ou de la menace de groupes ter­ro­ristes natio­naux, comme en Colom­bie. (The Confe­rence on Cyber Dis­si­dents : Glo­bal Suc­cesses and Chal­lenges, The George W. Bush Pre­si­den­tial Center.)

Les pays où la « liber­té est dis­pa­rue » et qui sont des alliés des États-Unis, comme l’Arabie Saou­dite et Bah­reïn, ne figurent pas sur la liste. Le seul allié que l’on men­tionne est la Colom­bie et la liber­té y serait mena­cée non pas par le gou­ver­ne­ment mais par des groupes ter­ro­ristes. Le gou­ver­ne­ment colom­bien a tou­te­fois été accu­sé d’espionner ses jour­na­listes et la Com­mis­sion inter­amé­ri­caine des droits humains a décla­ré que la liber­té d’ex­pres­sion « existe à peine » en Colom­bie.

Le but de la “for­ma­tion d’activiste” par les ONG éta­su­niennes est de désta­bi­li­ser les enne­mis poli­tiques des États-Unis au nom de la liber­té. La « cyber­dis­si­dence » est ensuite employée par les agences de ren­sei­gne­ment dans le cadre d’opérations clandestines.

par Mon­dia­li­sa­tion.ca & Julie Lévesque