Le projet a été élaboré à partir de la réunion des mouvements sociaux à Athènes fin avril 2015.
L’idée fondamentale portée par ces marches contre l’austérité en Europe était de créer du lien entre luttes locales, nationales et européennes. Partir de la dynamique à l’œuvre dans les sociétés pour organiser des convergences européennes. C’était particulièrement vrai pour nos amis espagnols qui ont été à l’initiative du projet.
Les marcheurs (en fait des bus de marcheurs) faisant le lien entre des villes étapes où l’accueil, la nature des actions et les sujets concrets de mobilisation étaient choisis de façon flexible par les forces locales. Outre l’austérité et ses impacts locaux, les sujets portés par les marches étaient divers : TAFTA, COP 21, migrants, Dette, paradis fiscaux, … L’objectif étant d’associer des citoyens à des actions de portée européenne de façon beaucoup plus large que les militants se déplaçant à Bruxelles pour des manifestations européennes.
Ces marches parties d’Espagne, ont traversé la France, le Luxembourg, la Belgique, et ont convergé vers Bruxelles pour trois jours d’action du 15 au 17 octobre. De même qu’un bus venu de Grèce, un autre d’Italie, ainsi que des Allemands.
Lors de leur mise en œuvre, ces marches se sont heurtées à des difficultés révélatrices de l’état de l’Europe et des dynamiques sociales dans les différents pays.
D’une façon générale, ce projet construit avant le 13 juillet a beaucoup souffert de la démobilisation subjective qu’a provoquée la reddition du gouvernement grec. Déjà, au cours de ce qu’il convient d’appeler le « printemps d’Athènes », la mobilisation des mouvements sociaux pour une solidarité avec le peuple grec et pour une alternative à l’austérité en Europe s’est révélée d’un niveau insuffisant. Mais on pouvait constater fin juin une montée des mobilisations, que les événements de juillet ont stoppé. Le projet des Euromarches a donc été mis en œuvre dans une situation complètement différente du contexte de son élaboration.
- En Espagne, les Euromarches ont eu lieu dans un contexte de forte régression des mobilisations politiques liée en partie à la situation pré-électorale. Les mobilisations ont été très en dessous de l’attente des organisateurs.
- En France, il a été très difficile de créer une dynamique autour de ces marches. Le noyau d’organisation s’est vite réduit à Attac, Solidaires, FSU, avec une faible participation des partis. Même au sein du noyau d’organisation, il a été difficile de mobiliser les militants locaux avec d’heureuses exceptions (Marseille, Metz, …) et une grosse déception (à Paris). Les actions ciblées sur des sujets d’actualité comme les paradis fiscaux (à Gibraltar, Andorre, Luxembourg) ou les migrants (déambulation dans la jungle de Calais avec des marcheurs espagnols impressionnés) ont eu une portée symbolique intéressante.
- En Allemagne, la grande mobilisation contre le TAFTA à Berlin (10 octobre) a mobilisé toutes les énergies. Cependant plusieurs dizaines d’Allemands sont venus à Bruxelles, par Attac Allemagne et Blockupy.
- En Italie, l’attention était portée sur les mobilisations pour les migrants, mais des Italiens sont venus à Bruxelles. Un bus de jeunes est venu d’Athènes et a notamment participé à un débat sur la remise en cause du droit du travail et des conventions collectives. Syriza a lancé un appel à une mobilisation européenne sur ce sujet.
L’encerclement du Sommet européen le 15 octobre à Bruxelles à l’appel de l’alliance 19 – 20 a mobilisé moins de monde que dans les exercices précédents, mais a connu un succès médiatique en Belgique. D’une façon générale, les mouvements belges étaient en phase de récupération d’une très grande mobilisation contre l’austérité à Bruxelles la semaine précédente.
Le 16 octobre, plusieurs conférences se sont tenues, notamment celle organisée par Attac et le Cadtm sur la dette. Devant une salle bien fournie, plusieurs expériences d’audits citoyens (Grèce, France, Italie, Belgique, Royaume-Uni, Espagne, …) ont été présentées. Un débat a réuni Zoe Konstantopoulou (ancienne présidente du Parlement européen), Philippe Lamberts (Verts, député européen), Myriam Djegham (syndicaliste belge), Miguel Urban (Podemos), Bruno Théret (économiste),
La journée de mobilisation contre l’austérité à Namur a été une réussite. Des réunions sectorielles comme sur la santé publique avec des représentants de 15 pays ont permis de progresser dans le développement de réseaux européens. Blockupy international était présent et à organisé une réunion de travail sur la suite des mobilisations. Le meeting du soir, rassemblant responsables politiques et des mouvements sociaux, a été consacré à l’avenir de l’Europe.
La manifestation du 17 octobre, très marquée TAFTA, a été dynamique et colorée, rassemblant environ 3 000 personnes, bien au dessous des exigences de la situation.
Après cette séquence difficile marquée par l’échec de Syriza et le caractère insuffisant des solidarités européennes entre peuples, les réseaux militants européens ouvrent une phase de bilan et de réflexion. Les Attac d’Europe ont tenu un séminaire de réflexion du 20 au 22 octobre. Une réunion de l’AlterSommet a lieu à Paris le 30 novembre. De son côté Blockupy se réunit fin novembre. Les inévitables rebondissements de la crise européenne – partant de la Grèce ou d’ailleurs – fourniront sans doute la matière à un rebond du débat et des mobilisations dans les mois à venir : il est décisif que ces débats ne mènent pas à des replis sur soi mais à la construction de réelles solidarités de luttes transnationales.
Source de l’article & photos : Attac France