Grèce. Le programme de l’Unité populaire

L’Unité populaire se donne pour objectif immédiat la création, à travers les mouvements sociaux et l’action politique, à l’intérieur et hors du Parlement, des conditions pour une solution alternative radicale à la réalité actuelle des mémorandums.

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Mee­ting de l’Unité popu­laire le 15 sep­tembre à Athènes

Le Finan­cial Times du 15 sep­tembre 2015 titrait : « Les pro­messes non tenues hantent la cam­pagne de Tsi­pras ». Cela se concré­tise dans les résul­tats des son­dages – dont la fia­bi­li­té est certes dis­cu­tée car par­ti­ci­pant à la cam­pagne des médias domi­nants – qui, pour la plu­part, mettent les inten­tions de vote pour Syri­za à quelques points de celles de la Nou­velle Démo­cra­tie. Or, dès l’annonce d’élections anti­ci­pées par Alexis Tsi­pras – élec­tions concoc­tées lors des négo­cia­tions des 12 – 13 juillet –, le direc­teur de cabi­net de Jean-Claude Jun­cker, Mar­tin Sel­mayr, décla­rait : « Des élec­tions anti­ci­pées rapides peuvent être un moyen d’élargir le sou­tien au pro­gramme qui vient d’être signé. » (Les Echos, 21 – 22 août 2015) Cet élar­gis­se­ment du sou­tien poli­tique au troi­sième mémo­ran­dum est au centre des scé­na­rios que les médias mul­ti­plient actuel­le­ment sur le type de coa­li­tion gou­ver­ne­men­tale que Tsi­pras – si Syri­za est en tête lors des élec­tions du 20 sep­tembre – met­tra en œuvre. Pour rap­pel, le troi­sième mémo­ran­dum a été adop­té grâce aux votes de la Nou­velle Démo­cra­tie et du Pasok, les par­tis his­to­riques des deux mémo­ran­dums pré­cé­dents de 2010 et 2012.

Quel était l’objectif immé­diat de la direc­tion poli­ti­co-gou­ver­ne­men­tale de Tsi­pras – au sein de laquelle Yan­nis Dra­ga­sa­kis et Gior­gios Sta­tha­kis jouaient et jouent un rôle cen­tral – en appe­lant à des élec­tions anti­ci­pées ? Mar­gi­na­li­ser au maxi­mum le poids poli­tique du « non » au troi­sième mémo­ran­dum qui s’est expri­mé dans les ins­tances de Syri­za – que le gou­ver­ne­ment n’a ces­sé de vou­loir vider de tout pou­voir déci­sion­nel – et dans le par­le­ment. Une oppo­si­tion qui s’est tra­duite fina­le­ment par la rup­ture d’avec Syri­za et son gou­ver­ne­ment de 25 par­le­men­taires qui, dans la fou­lée, ont par­ti­ci­pé à la créa­tion d’une coa­li­tion por­tant le nom d’Unité populaire.

L’Unité popu­laire doit donc faire face aux effets d’une défaite d’ampleur qui peut être impu­tée à la stra­té­gie adop­tée par la direc­tion de Syri­za, qui s’exprima ouver­te­ment dès le pre­mier accord avec les créan­ciers en date du 20 février. Tou­te­fois, cette défaite ne peut être ana­ly­sée – même si l’intelligence a pos­te­rio­ri fait tré­pi­der les neu­rones de nom­breux com­men­ta­teurs – en dehors des rap­ports de force sociaux, poli­tiques et éco­no­miques d’ensemble à l’échelle euro­péenne. En outre, au sein même de Syri­za, la force de frappe gou­ver­ne­men­tale, avec ses relais dans un appa­reil d’Etat lais­sé qua­si intact, neu­tra­li­sait les oppo­si­tions aux pra­tiques cumu­la­tives de subor­di­na­tion aux « condi­tions-cadres » défen­dues avec une déter­mi­na­tion de classe impla­cable par l’association entre les « ins­ti­tu­tions » (ex-troï­ka et Méca­nisme euro­péen de sta­bi­li­té) et la classe domi­nante grecque. Le résul­tat « excep­tion­nel » du réfé­ren­dum du 5 juillet – 61,3% de « non » – ne peut être déta­ché et iso­lé de la courbe plane des mobi­li­sa­tions sociales d’une cer­taine ampleur dès la fin de 2012 et, dès lors, d’un trans­fert d’espoir dans le gou­ver­ne­ment élu le 25 jan­vier. Un trans­fert qui devrait être sai­si en pre­nant en compte le contexte d’une socié­té ébran­lée dans ses tré­fonds suite à une régres­sion sociale assi­mi­lable aux effets d’une guerre.

Nous publions ci-des­sous le pro­gramme adop­té par l’Unité popu­laire pour les élec­tions du 20 sep­tembre. Dans une décla­ra­tion publiée, le 15 sep­tembre, par le Red Net­work – com­po­sante de l’Unité popu­laire, dont la force la plus impor­tante est repré­sen­tée par le Cou­rant de gauche de Pana­gio­tis Lafa­za­nis – sur le site Rpro­ject, il est sou­li­gné notam­ment que la rup­ture avec l’Eurozone décou­lant de l’obstacle pla­cé par ses ins­ti­tu­tions pour répondre aux besoins sociaux fon­da­men­taux débouche certes sur l’adoption d’une mon­naie natio­nale. Mais la drachme ne peut être qu’un outil d’un pro­gramme de tran­si­tion d’ensemble et ne peut pas s’y substituer.

L’Unité popu­laire, comme front d’organisations, en est à ses pre­miers pas. Les résul­tats du 20 sep­tembre ont leur impor­tance. Pour l’heure, dans la large majo­ri­té des son­dages l’Unité popu­laire est cré­di­té de 3 à 5% des inten­tions de vote. Les scé­na­rios poli­tiques issus de ces élec­tions sont mul­tiples. Mais l’interrogation prin­ci­pale reste : quelles seront l’ampleur et les formes du rejet des consé­quences très concrètes du déploie­ment du troi­sième mémo­ran­dum. (Rédac­tion A l’Encontre)

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Pro­gramme élec­to­ral de l’Unité populaire

Gre­ce­La créa­tion d’Unité popu­laire a pour point de départ le NON mas­sif du peuple grec lors du réfé­ren­dum du 5 juillet. Au ter­ro­risme des forces domi­nantes dans l’Union euro­péenne et en Grèce, une vaste majo­ri­té sociale, avec une forte pré­sence de jeunes, a oppo­sé une véri­table révolte popu­laire. La résis­tance du peuple grec, une résis­tance sans pré­cé­dent du fait de sa durée comme de son carac­tère mas­sif – sur­tout les deux pre­mières années d’imposition des mémo­ran­dums – consti­tue éga­le­ment un héri­tage pré­cieux pour l’Unité popu­laire. Notre par­ti a consti­tué l’expression de la résis­tance géné­ra­li­sée contre le plan stra­té­gique d’imposition d’une aus­té­ri­té per­ma­nente, de dépouille­ment de tout droit du tra­vail, d’accaparement des biens publics, de déman­tè­le­ment de la démo­cra­tie et d’imposition d’un régime de sou­ve­rai­ne­té limitée.

Pas plus d’un mois après le « OXI » du peuple grec au réfé­ren­dum, l’adoption du troi­sième mémo­ran­dum a cau­sé un bou­le­ver­se­ment dans le champ poli­tique. L’équipe diri­geante du gou­ver­ne­ment, por­tée au pou­voir par les élec­tions du 25 jan­vier, a bru­ta­le­ment mis en pièces le contrat social qui la liait à la majo­ri­té popu­laire, semant la déso­la­tion et atti­sant de nou­veau la peur. Elle est pas­sée sur la rive oppo­sée, celle des forces des mémo­ran­dums, bom­bar­dant les couches ouvrières et moyennes de nou­velles mesures diri­gées contre le peuple. Ce retour­ne­ment a per­mis aux créan­ciers d’avancer encore, avec un coup d’Etat poli­tique en vio­la­tion de toute notion de sou­ve­rai­ne­té popu­laire. Avec le troi­sième mémo­ran­dum, la sur­veillance inter­na­tio­nale devient plus étouf­fante encore, l’illustration la plus fla­grante de cette humi­lia­tion étant la créa­tion du fameux « fund », du fonds char­gé de pro­cé­der à la mise sous hypo­thèque des biens natio­naux et de la richesse sociale pour des géné­ra­tions entières.

Mais le troi­sième mémo­ran­dum n’est qu’un début. A l’ordre du jour sont déjà ins­crits le déman­tè­le­ment com­plet du droit du tra­vail et des rela­tions pro­fes­sion­nelles, une nou­velle réduc­tion, jusqu’à des niveaux ridi­cules, des pen­sions de retraites prin­ci­pales et com­plé­men­taires, une raz­zia fis­cale sur les reve­nus des agri­cul­teurs ain­si que des strates sociales basses et moyennes, tout comme une série d’autres mesures dont l’application sera mise en œuvre dans les pro­chains mois.

C’est pré­ci­sé­ment pour cette rai­son, et pour empê­cher la for­ma­tion d’un front anti-mémo­ran­dum de poli­tique alter­na­tive, que le gou­ver­ne­ment a été pous­sé à démis­sion­ner et à entraî­ner le pays vers des élec­tions express. Il s’agit d’une ten­ta­tive d’accaparement du vote popu­laire, avant que le peuple ne puisse s’informer et ne res­sente, dans son quo­ti­dien et dans toute leur ampleur, les effets du troi­sième mémo­ran­dum. Ces ten­ta­tives ont béné­fi­cié du sou­tien incon­di­tion­nel des domi­nants de l’Europe – Mer­kel, Jun­cker, Mos­co­vi­ci, Dijs­sel­bloem –, les­quels ont tout fait, il y a deux mois, pour empê­cher que ne s’exerce le droit d’expression démo­cra­tique du peuple grec via un référendum.

Nul ne peut sérieu­se­ment croire que ces mesures, aux consé­quences sociales catas­tro­phiques, pour­raient de quelque façon que ce soit être effi­caces même d’un point de vue stric­te­ment finan­cier. Elles sont vouées à l’échec, et cet échec mène­ra droit à de nou­veaux trains de mesures anti­po­pu­laires, pour nour­rir un cercle vicieux que nous avons connu sous les gou­ver­ne­ments pro-mémo­ran­dums pré­cé­dents. Ouvriers, pay­sans, jeunes, pro­fes­sion­nels et petits entre­pre­neurs sont rava­gés à la seule fin d’assurer le ver­se­ment des tranches d’«aide » qui, sitôt qu’elles sont encais­sées, sont rever­sées à 99% soit aux créan­ciers, soit aux ban­quiers. Il ne reste pas une goutte pour l’économie réelle et les citoyens qui sont au bord de l’extinction économique.

Il est ridi­cule d’attendre de cette équipe diri­geante, qui a signé le troi­sième mémo­ran­dum et qui est depuis encen­sées par les repré­sen­tants des créan­ciers et de l’oligarchie natio­nale, qu’elle par­vienne – un jour loin­tain, d’une façon encore à déter­mi­ner – à se déga­ger de ce car­can. Si vous pre­nez le mau­vais train, aucune des gares où vous vous arrê­te­rez ne sera la bonne. Et se four­voie qui­conque s’imagine qu’un gou­ver­ne­ment qui a accep­té de reti­rer immé­dia­te­ment 93 euros par mois aux plus pauvres des pauvres, rédui­sant la retraite mini­mum au plan­cher humi­liant de 393 euros, sera en mesure de s’élever contre les inté­rêts dominants.

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Pour un vaste front du « non jusqu’au bout »

Pour toutes ces rai­sons, le besoin s’est avé­ré urgent de consti­tuer l’Unité popu­laire, un front poli­tique et social de ren­ver­se­ment des mémo­ran­dums, contre l’austérité qui tue, la dérive anti­dé­mo­cra­tique et la trans­for­ma­tion de la Grèce en une colo­nie au cœur de l’Europe, avec la dette pour levier.

Nous avons besoin d’un large front popu­laire et patrio­tique, digne de confiance, cohé­rent et dés­in­té­res­sé, qui res­tau­re­ra les espoirs tra­his, vain­cra la peur et insuf­fle­ra la vic­toire au large cou­rant jeune et popu­laire du « OXI » du 5 juillet. Ils parlent en vain, ceux qui dénoncent a prio­ri cette ten­ta­tive comme une « opé­ra­tion de francs-tireurs », pré­ten­du­ment res­pon­sables de la chute du « pre­mier gou­ver­ne­ment de gauche ». Il n’y eut de renon­ce­ment que de la part de ceux qui ont choi­si de deve­nir le troi­sième gou­ver­ne­ment des mémo­ran­dums de ce pays.

L’Unité popu­laire n’est pas un pavillon de com­plai­sance, et ne veut pas davan­tage ajou­ter son nom à celui des par­tis de l’establishment en faillite. Elle consti­tue une alliance d’organisations poli­tiques, de mou­ve­ments et de citoyens enga­gés sans éti­quette, et ambi­tionne de don­ner sa voix, d’inspirer et de ren­for­cer un vrai mou­ve­ment popu­laire, avec des ini­tia­tives auto-orga­ni­sées. Nous vou­lons qu’elle devienne la voix de ceux qui aujourd’hui n’ont pas voix au cha­pitre, la force des faibles. Nous vou­lons qu’elle consti­tue le point de départ du front qui scel­le­ra l’alliance des tra­vailleurs, des chô­meurs, des pay­sans, des tra­vailleurs indé­pen­dants, des couches urbaines moyennes et infé­rieures, des intel­lec­tuels et des gens de lettres et de culture, dans un effort com­mun pour que la socié­té grecque change de voie.

Cette pers­pec­tive n’est pas com­pa­tible avec les logiques d’hégémonisme et de véri­té exclu­sive. Toutes les sen­si­bi­li­tés sociales, toutes les tra­di­tions poli­tiques pro­gres­sistes et les incli­na­tions idéo­lo­giques y ont leur place. Le fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique consti­tue, pour ce front, une condi­tion sine qua non de son exis­tence, autour des mili­tants eux-mêmes, de leurs reven­di­ca­tions et de leurs ques­tion­ne­ments. Les forces, les mili­tants et mili­tantes qui par­ti­cipent à l’Unité popu­laire sont liés entre eux par un solide accord poli­tique pour une solu­tion alter­na­tive et radi­cale immé­diate, abso­lu­ment néces­saire, à la tra­gé­die des mémorandums.

Cette solu­tion s’avérera effi­cace et au pro­fit des classes popu­laires, aux dépens du grand capi­tal, et débar­ras­se­ra la Grèce de la domi­na­tion mor­ti­fère des centres impé­ria­listes. Nous sommes unis par la recherche com­mune, à tra­vers des che­mins divers, d’une socié­té nou­velle, libé­rée des chaînes de l’exploitation et de toute forme d’oppression, une socié­té soli­daire, juste et libre, sur la voie vers le socia­lisme du XXIe siècle.

Les mesures immé­diates pour une sor­tie de la catas­trophe sociale

L’Unité popu­laire se donne pour objec­tif immé­diat la créa­tion, à tra­vers les mou­ve­ments sociaux et l’action poli­tique, à l’intérieur et hors du Par­le­ment, des condi­tions pour une solu­tion alter­na­tive radi­cale à la réa­li­té actuelle des mémorandums.

Les coor­don­nées fon­da­men­tales de l’autre voie ont déjà été défi­nies par de nom­breuses forces de gauche, mou­ve­ments radi­caux et scien­ti­fiques pro­gres­sistes. La solu­tion alter­na­tive que nous défen­dons vise à don­ner des réponses à tous les pro­blèmes cru­ciaux de l’économie, de la socié­té, de l’État et de la poli­tique exté­rieure. Elle ne se limite natu­rel­le­ment pas à la ques­tion de la poli­tique moné­taire, comme l’affirment les faus­saires et syco­phantes qui dénoncent un sup­po­sé « lob­by de la drachme ».

Le pro­blème de cette solu­tion alter­na­tive ne réside pas dans la pré­ten­due insuf­fi­sance de trai­te­ment « tech­nique » qu’elle pré­sen­te­rait, mais dans son insuf­fi­sante pré­pa­ra­tion poli­tique : elle n’a pas suf­fi­sam­ment fait l’objet de dis­cus­sions au sein du peuple et des col­lec­ti­vi­tés sociales. C’est-à-dire, par­mi ceux qui seront appe­lés à livrer une lutte achar­née, face à des inté­rêts énormes, pour faire de cette alter­na­tive une réa­li­té. C’est cette lacune que nous aspi­rons à com­bler sans tar­der, par une vaste cam­pagne de dia­logue public, face à ceux qui s’efforcent d’imposer un nou­veau « délit sui gene­ris », et de dia­bo­li­ser, voire de péna­li­ser le débat « interdit ».

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Les mesures immé­diates et urgentes qui doivent être adop­tées pour ouvrir une nou­velle voie sont les suivantes :

– La sup­pres­sion des mémo­ran­dums assas­sins tant pour la socié­té que pour l’économie, ain­si que des accords colo­niaux d’emprunts signant l’hypothèque de notre futur qui les accompagnent.

– L’arrêt du rem­bour­se­ment de la dette – dont même le FMI recon­naît, de son point de vue par­ti­cu­lier, qu’elle n’est pas sou­te­nable – avec pour hori­zon l’annulation glo­bale de la plus grande part de cette dette. La ces­sa­tion des paie­ments sera accom­pa­gnée d’actions poli­tiques et légales, au niveau inter­na­tio­nal, qui exploi­te­ront éga­le­ment les conclu­sions en la matière de la Com­mis­sion de véri­té sur la dette publique du Par­le­ment hellénique.

– Indé­pen­dam­ment, mais paral­lè­le­ment à l’action inter­na­tio­nale sur la ques­tion de la dette, seront immé­dia­te­ment et avec insis­tance posées des exi­gences – à carac­tère poli­tique, juri­dique aus­si bien que citoyen – en ce qui concerne le ver­se­ment des sommes dues par l’Allemagne au titre de répa­ra­tion pour les vic­times et la dévas­ta­tion cau­sées par la bar­ba­rie nazie.

– L’arrêt immé­diat de l’austérité et la mise en œuvre d’une poli­tique de redis­tri­bu­tion de la richesse sociale au pro­fit des tra­vailleurs et aux dépens des oli­garques. Un soin tout par­ti­cu­lier doit être accor­dé aux couches de la popu­la­tion les plus dure­ment tou­chées par la crise, avec un ren­for­ce­ment de leurs reve­nus et une aug­men­ta­tion gra­duelle des salaires mini­mum, des pen­sions et des allo­ca­tions de chô­mage, la garan­tie de soins médi­caux et de biens fon­da­men­taux (élec­tri­ci­té, eau, chauf­fage) pour tous.

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Evo­lu­tion de l’in­dice des salaires, cor­ri­gée des varia­tions sai­son­nières, du second tri­mestre 2006 au deuxième tri­mestre 2015 (indice 100,0 en 2012). Le sec­teur pri­maire n’est pas inclus. Le pre­mier mémo­ran­dum date de 2010, le deuxième de 2012. Source : Elstat

Plus géné­ra­le­ment, les salaires, les retraites et les dépenses sociales pour l’enseignement public gra­tuit, la san­té popu­laire, la culture, seront sou­te­nus. Leur aug­men­ta­tion gra­duelle sera encou­ra­gée, en fonc­tion des rythmes de crois­sance. Les mesures fis­cales et autres des mémo­ran­dums, qui déciment les pay­sans et les tra­vailleurs indé­pen­dants, seront levées. L’ENFIA (impôt fon­cier uni­fié) sera sup­pri­mé et seul sera ins­ti­tué un impôt sur la grande for­tune foncière.

– La natio­na­li­sa­tion des banques et leur fonc­tion­ne­ment sous contrôle social, assu­rant une garan­tie abso­lue de l’épargne popu­laire. Le nou­veau sys­tème ban­caire, natio­na­li­sé et débar­ras­sé du « par­rai­nage » de la BCE, garan­ti­ra l’annulation des dettes pour les foyers épui­sés par la crise. Il four­ni­ra les liqui­di­tés tout aus­si indis­pen­sables aux pro­fes­sion­nels et aux PME qui sont mena­cés de dis­pa­ri­tion. Dans cette optique, la Banque Agri­cole et la Caisse d’Epargne Pos­tale seront rou­vertes et les scan­dales liés à leur bra­dage seront inves­ti­gués. La natio­na­li­sa­tion des banques per­met­tra que soient détec­tés et inves­ti­gués les prêts abu­sifs [« tha­las­sodà­nia »] accor­dés aux groupes jouis­sant de mono­poles et les cas d’évasion fis­cale, au moyen des diverses listes telles que la liste Lagarde.

Recons­truc­tion éco­no­mique et renais­sance culturelle

Paral­lè­le­ment à ces mesures d’extrême urgence, qui don­ne­ront une pre­mière bouf­fée d’air à l’économie et aux couches popu­laires, des réformes radi­cales seront mises en œuvre en vue de la trans­for­ma­tion du modèle de crois­sance en faillite et du ren­ver­se­ment des rap­ports de force sociaux en faveur du peuple et aux dépens des oli­garques et de leurs réseaux.

Ces réformes com­prennent, entre autres :

– la révi­sion radi­cale de la légis­la­tion du tra­vail, avec le réta­blis­se­ment des conven­tions col­lec­tives et des négo­cia­tions col­lec­tives libres. La pré­ven­tion contre l’arbitraire patro­nal, avec des mesures de dis­sua­sion et des limi­ta­tions posées en matière de licen­cie­ments, la mobi­li­sa­tion et le ren­for­ce­ment des ins­pec­tions du tra­vail. Un OAED [ndlt : Orga­nisme pour l’emploi de la main‑d’œuvre] réfor­mé, social et public, et la sup­pres­sion des entre­prises pri­vées de sous-trai­tance de travailleurs.

– La créa­tion d’un sys­tème fis­cal stable, socia­le­ment juste et basé sur le prin­cipe de la redis­tri­bu­tion, afin que le coût de la crise soit enfin pris en charge non pas par les bêtes de somme habi­tuelles, mais par les possédants.

– L’arrêt des pri­va­ti­sa­tions rapaces, des réduc­tions d’effectif et des liqui­da­tions d’entreprises, réseaux et infra­struc­tures (Entre­prise publique d’électricité, gaz natu­rel, ports, aéro­ports, bâti­ments et ter­rains du domaine public, etc.). La sup­pres­sion immé­diate du TAIPED [Fonds de déve­lop­pe­ment des actifs de la Répu­blique hel­lé­nique]. La récu­pé­ra­tion des biens publics cédés au capi­tal pri­vé, par l’annulation des déci­sions illé­gales et incons­ti­tu­tion­nelles rela­tives à leur ces­sion, sans dédom­ma­ge­ment, à l’exception des petits por­teurs. La natio­na­li­sa­tion, la recons­truc­tion et la remise en marche, sous contrôle ouvrier et social, de toutes les entre­prises, réseaux et infra­struc­tures d’importance stra­té­gique, qui assu­me­ront le rôle de loco­mo­tives de l’économie. L’objectif est d’assurer une revi­ta­li­sa­tion rapide de l’économie qui crée­ra des emplois et ren­for­ce­ra la place des tra­vailleurs, dans le res­pect de l’environnement.

– La recons­truc­tion du sys­tème natio­nal de san­té – qui a été com­plè­te­ment déman­te­lé –, des hôpi­taux publics et d’un sys­tème de san­té assu­rant des soins de pre­mier degré et de haute qua­li­té, acces­sibles à tous, dans la capi­tale comme en province.

– La lutte contre la déser­ti­fi­ca­tion cultu­relle et la garan­tie du carac­tère public des ins­ti­tu­tions cultu­relles et de l’accès de l’ensemble de la popu­la­tion à la créa­tion cultu­relle. Le sou­tien public à chaque ini­tia­tive de créa­tion des hommes de culture et de tous les citoyens.

– La recons­truc­tion éco­no­mique avec trans­fert du centre de gra­vi­té a) de la consom­ma­tion de pro­duits d’importation à la pro­duc­tion (prin­ci­pa­le­ment à la pro­duc­tion indus­trielle et agri­cole de pro­duits de haute qua­li­té) et b) de la com­pres­sion du coût du tra­vail à la maxi­mi­sa­tion de la plus-value. Nous visons, enfin, une tran­si­tion d’une crois­sance au ser­vice de ceux qui détournent le tra­vail et la nature à une crois­sance cen­trée sur le renou­veau tech­no­lo­gique, l’innovation, l’organisation moderne et, sur­tout, sur les fac­teurs de richesse sociale. Cette crois­sance s’appuiera sur le savoir, l’entrain et la créa­ti­vi­té des tra­vailleurs. Cette orien­ta­tion néces­si­te­ra une poli­tique de pla­ni­fi­ca­tion démo­cra­tique au niveau cen­tral comme à la péri­phé­rie, avec une dimen­sion envi­ron­ne­men­tale forte.

– Le sou­tien sub­stan­tiel à l’enseignement public et gra­tuit et à la recherche, qui consti­tue, en plus de toutes les autres mesures, une condi­tion fon­da­men­tale de la conver­sion vers un nou­veau modèle social performant.

– Le « troi­sième » sec­teur (aux côtés des sec­teurs public et pri­vé) consti­tue une com­po­sante essen­tielle de la recons­truc­tion éco­no­mique : coopé­ra­tives, entre­prises auto­gé­rées qui ont été aban­don­nées par leurs pro­prié­taires, struc­tures soli­daires, etc. Il sera exi­gé un ren­fort sub­stan­tiel de la part du sys­tème ban­caire public et de l’appareil d’Etat.

– La poli­tique de soli­da­ri­té et d’humanité face aux réfu­giés et aux migrants éco­no­miques. Nous com­bat­trons tout com­por­te­ment xéno­phobe et raciste, dont le cas d’Aube dorée consti­tue un exemple extrême qui tend à trans­for­mer la guerre sociale du capi­tal en guerre « civile » eth­nique, à l’intérieur même du monde du tra­vail. Nous lut­te­rons contre les guerres impé­ria­listes qui exa­cerbent le pro­blème des réfu­giés et des migrants. Nous reven­di­que­rons le sou­tien que doivent accor­der à notre pays et aux autres pays en « pre­mière ligne » les autres pays du nord de l’Europe, tout en exi­geant la sup­pres­sion de l’accord de Dublin II qui trans­forme la Grèce en une gigan­tesque pri­son pour migrants.

Sor­tie de la pri­son moné­taire de l’Eurozone

Nous sommes plei­ne­ment conscients que l’annulation des mémo­ran­dums à elle seule et plus encore les chan­ge­ments radi­caux que nous avons décrits sus­ci­te­ront la réac­tion viru­lente des forces domi­nantes de l’UE. Celles-ci ten­te­ront d’étouffer notre entre­prise dans l’œuf, en uti­li­sant comme prin­ci­pal levier l’arrêt des liqui­di­tés four­nies par la BCE aux banques grecques. C’est d’ailleurs pré­ci­sé­ment ce que nous avons vécu dès le semestre der­nier, même avec la poli­tique beau­coup plus modé­rée du gou­ver­ne­ment SYRIZA-ANEL.

Par consé­quent, les ques­tions rela­tives à la sor­tie de la zone euro et à la rup­ture avec les poli­tiques néo­li­bé­rales et les choix de l’UE – qui emprunte des che­mins de plus en plus conser­va­teurs et anti­dé­mo­cra­tiques – sont à l’ordre du jour. Il ne s’agit pas de quelque obses­sion idéo­lo­gique, mais du réa­lisme poli­tique le plus élé­men­taire. L’expérience, cher payée, des der­niers mois, a mon­tré aux plus scep­tiques que les forces domi­nantes, au sein de l’actuelle UE alle­mande, ne sont ni des « alliés » ni des « par­te­naires ». Ce sont des maîtres chan­teurs éco­no­miques et des vio­leurs poli­tiques. Ils n’hésitent pas à se ven­ger sur un peuple tout entier, appli­quant la plus féroce des « puni­tions col­lec­tives », lorsque les déci­sions de ce peuple ne leur conviennent pas.

La recon­quête de la sou­ve­rai­ne­té moné­taire et l’institution – sur de nou­velles bases : démo­cra­tiques, sociales et orien­tées vers la crois­sance – d’une nou­velle mon­naie, ne consti­tuent pas un objec­tif per se. Elles ne consti­tuent que l’un des outils néces­saires à la réa­li­sa­tion des chan­ge­ments radi­caux que nous avons décrits ; de ces chan­ge­ments, le garant final ne sera pas la mon­naie, mais la lutte des classes popu­laires. En dépit des inévi­tables dif­fi­cul­tés des pre­miers mois, rien ne jus­ti­fie les Cas­sandre qui iden­ti­fient cette ini­tia­tive à un holo­causte éco­no­mique et à la mort de la nation. Au cours du XXe siècle, 69 unions moné­taires se sont effon­drées, sans pour autant cau­ser la fin du monde. L’institution d’une mon­naie natio­nale, en tant que condi­tion pour l’application d’un pro­gramme pro­gres­siste de recons­truc­tion et de sor­tie de l’impasse, ne consti­tue pas seule­ment un choix viable ; c’est un choix d’espoir, à même de pla­cer le pays sur une nou­velle voie de développement.

Nous ne sommes pas nos­tal­giques de la Grèce capi­ta­liste de la drachme. Nous savons per­ti­nem­ment que la situa­tion de notre pays, avant l’euro, était tout sauf idyl­lique. Mais les 13 années que nous avons vécues avec l’euro, et tout par­ti­cu­liè­re­ment les der­nières, ne furent en rien meilleures : les sept pre­mières années ont mar­qué, pour cer­taines parts de la popu­la­tion, l’ère de l’ivresse du cré­dit et de la consom­ma­tion, sur les ruines de la base pro­duc­tive du pays. Cepen­dant, les six années sui­vantes ont été celles du réveil bru­tal de cet état d’ébriété, et la des­cente aux enfers des mémo­ran­dums, sans une once de lumière au bout du tun­nel. Il est temps, désor­mais, de ten­ter une sor­tie salutaire.

La recon­quête de la sou­ve­rai­ne­té moné­taire, avec la Banque de Grèce désor­mais libé­rée de la BCE, fonc­tion­nant sous la res­pon­sa­bi­li­té gou­ver­ne­men­tale, publique et sociale, et l’émission d’une mon­naie natio­nale, offri­ra les liqui­di­tés néces­saires à l’économie, sans les condi­tions odieuses des accords d’emprunt. Elle aide­ra de façon déci­sive au sou­tien des expor­ta­tions, à la limi­ta­tion et au rem­pla­ce­ment gra­duel des impor­ta­tions par des pro­duits locaux, et au ren­for­ce­ment de la base pro­duc­tive du pays et du flux touristique.

Elle favo­ri­se­ra la créa­tion d’emplois, au moyen d’un pro­gramme de néces­saires inves­tis­se­ments publics de pro­duc­tion, d’initiatives de déve­lop­pe­ment des grandes entre­prises publiques, de sou­tien du sec­teur public de l’économie et de réta­blis­se­ment du cré­dit accor­dé aux PME. La sup­pres­sion des charges, notam­ment fis­cales, pesant sur les reve­nus modestes et moyens et sur les entre­prises – impo­sées par les mémo­ran­dums aux seules fins d’assurer le ser­vice de la dette non viable – revi­go­re­ra la demande et condui­ra à la crois­sance. Nous pré­sen­te­rons et sou­met­trons au débat, de façon glo­bale, un plan spé­ci­fique pour la Grèce, qui appli­que­ra un pro­gramme radi­cal, pro­gres­siste avec une mon­naie nationale.

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Pour une place équi­table de la Grèce dans le monde moderne

La sor­tie de la « pri­son » éco­no­mique de l’Eurozone ne sup­pose pas une « autar­cie » et une poli­tique inter­na­tio­nale d’isolement, comme l’affirment à tort nos adver­saires. Au contraire, en inau­gu­rant une voie dif­fé­rente de chan­ge­ments radi­caux, le peuple grec peut consti­tuer un phare d’espoir pour les autres peuples d’Europe et du monde, et s’assurer des sym­pa­thies, des sou­tiens et des alliances pré­cieux. La voie alter­na­tive que nous pro­po­sions ne pri­ve­ra la Grèce que de ses chaînes, qui la limitent dans le rôle du « ter­rain » euro-atlan­tique. Elle libé­re­ra, ce fai­sant, ses poten­tia­li­tés en termes de déve­lop­pe­ment, de rela­tions mutuel­le­ment béné­fiques avec tous les pays qui res­pec­te­ront sa sou­ve­rai­ne­té et sa déci­sion d’être ami­cale vis-à-vis de tous les peuples du monde, sans que cela n’aille de soi pour aucune puissance.

Nous nous don­ne­rons pour direc­tion cen­trale une nou­velle poli­tique, mul­ti­di­men­sion­nelle et indé­pen­dante, dans le domaine des rela­tions inter­na­tio­nales, comme dans ceux de l’énergie, de l’économie et de la poli­tique. Ces rela­tions inter­na­tio­nales ne se limi­te­ront pas aux strictes fron­tières de l’UE. Nous vou­lons déve­lop­per une poli­tique éner­gé­tique de coopé­ra­tion sur le bas­sin médi­ter­ra­néen, les Bal­kans, le Moyen-Orient. Cette poli­tique met­tra en valeur les nou­velles poten­tia­li­tés de par­te­na­riats mutuel­le­ment béné­fiques avec les puis­sances émer­gentes des BRICS, l’Amérique latine et d’autres régions du monde.

Nous nous pro­non­çons contre la nou­velle « guerre froide » et une nou­velle divi­sion de l’Europe, avec l’érection d’un nou­veau mur avec la Rus­sie. Nous lut­tons contre les choix impé­ria­listes et les stra­té­gies aven­tu­rières de l’OTAN. Nous nous enga­geons en faveur de la sor­tie de la Grèce de cette alliance, une machine de guerre qui déman­tèle les Etats, opprime les peuples et désta­bi­lise l’axe géo­po­li­tique le plus large de notre région, de l’Ukraine orien­tale au Moyen-Orient. Nous lut­tons pour la fer­me­ture des bases amé­ri­caines de l’OTAN, pour la non-par­ti­ci­pa­tion de la Grèce à quelque orga­nisme impé­ria­liste que ce soit. Nous aspi­rons à ce que les pro­blèmes cau­sés dans les rela­tions hel­lé­no-turques par les exi­gences d’Ankara soient abor­dés par un dia­logue paci­fique, sur la base du res­pect total des accords inter­na­tio­naux, du droit inter­na­tio­nal et plus par­ti­cu­liè­re­ment du droit des mers.

Nous sommes fon­ciè­re­ment oppo­sés à toute ten­ta­tive de modi­fi­ca­tion des fron­tières dans notre région. Nous reje­tons tout atti­se­ment de ten­dances natio­na­listes ou chau­vi­nistes. Nous lut­tons pour une solu­tion juste et durable pour Chypre, sur la base des réso­lu­tions des Nations Unies, pour une Chypre indé­pen­dante, sans troupes d’occupation ni bases étran­gères. Nous consi­dé­rons néces­saires l’arrêt de la coopé­ra­tion mili­taire avec Israël – puis­sance d’occupation de terres étran­gères dans la région – et la recon­nais­sance immé­diate de l’Etat de Pales­tine. Nous nous tenons soli­dai­re­ment aux côtés de tous les peuples du monde qui se battent pour la liber­té, la jus­tice et l’autodétermination.

La sor­tie de la zone euro et la mise en œuvre d’un pro­gramme radi­cal avec pour pro­ta­go­niste le peuple orga­ni­sé, impliquent une voie de conflit avec les choix de l’UE et ses organes supra­na­tio­naux anti­dé­mo­cra­tiques. Car dès l’accord de Maas­tricht, la pro­cé­dure de consti­tu­tion de l’UE sert la cause néo­li­bé­rale, ren­force les vues impé­ria­listes des grandes puis­sances et nuit à la sou­ve­rai­ne­té populaire.

Face à l’inévitable attaque du capi­tal finan­cier et de ses repré­sen­tants poli­tiques, le peuple doit être prêt à tout. La ques­tion de la sor­tie de la Grèce de l’Union euro­péenne peut être ins­crite de fait et à tout moment à l’ordre du jour. Dans ce cas, nous appel­le­rons le peuple à per­sis­ter dans la mise en œuvre du pro­gramme pro­gres­siste qu’il a choi­si, en se pro­non­çant, par réfé­ren­dum, en faveur du main­tien ou de la sor­tie de la Grèce de l’UE, comme cela s’est d’ailleurs déjà fait et se fait encore dans d’autres pays européens.

En tous les cas, la sor­tie de la zone euro et la rup­ture avec le cadre asphyxiant de l’UE ne signi­fient nul­le­ment l’isolement de la Grèce vis-à-vis de son envi­ron­ne­ment euro­péen. Nous nous adres­se­rons tout par­ti­cu­liè­re­ment aux autres peuples, aux mou­ve­ments sociaux et aux forces pro­gres­sistes des pays membres de l’UE, aux­quels nous sommes atta­chés par de pro­fonds liens éco­no­miques, poli­tiques et cultu­rels. Nous aspi­rons à contri­buer à la créa­tion d’un mou­ve­ment paneu­ro­péen autour des objec­tifs qui portent les inté­rêts com­muns du monde du tra­vail, indé­pen­dam­ment de la natio­na­li­té de chacun.

Le Par­te­na­riat trans­at­lan­tique de com­merce et d’investissement (TTIP en anglais) consti­tue une étape clé de la muta­tion conser­va­trice de l’UE. Cet accord cède les biens publics (eau, édu­ca­tion, san­té, etc.) aux entre­prises mul­ti­na­tio­nales et ouvre tout grand la voie aux ali­ments géné­ti­que­ment modi­fiés, tout en sup­pri­mant toute notion de droit du tra­vail et de sou­ve­rai­ne­té natio­nale sus­cep­tibles de consti­tuer un obs­tacle face à l’impunité des « inves­tis­seurs ». Nous lut­te­rons de toutes nos forces, avec tous les mou­ve­ments pro­gres­sistes d’Europe, pour empê­cher la rati­fi­ca­tion de ce mons­trueux accord.

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Démo­cra­tie par­tout, pou­voir populaire

Un élé­ment essen­tiel de notre pro­po­si­tion alter­na­tive est la trans­for­ma­tion radi­cale de l’Etat, de la jus­tice et de l’administration publique. Le réta­blis­se­ment et l’élargissement des liber­tés démo­cra­tiques, de l’espace de tra­vail jusqu’au droit à mani­fes­ter, la sup­pres­sion des MAT [ndlt : « Uni­tés de réta­blis­se­ment de l’ordre », équi­valent des CRS] et plus géné­ra­le­ment la lutte contre les méca­nismes de répres­sion face au « peuple enne­mi », la démo­cra­ti­sa­tion et la trans­pa­rence dans le champ des médias, la lutte déci­sive contre la cor­rup­tion et la col­lu­sion, consti­tuent les mesures les plus urgentes dans ce domaine.

Paral­lè­le­ment, nous réexa­mi­ne­rons le rôle et la direc­tion adop­tés, dans des domaines cru­ciaux, par les « auto­ri­tés indé­pen­dantes » qui régissent le sys­tème ban­caire, les télé­com­mu­ni­ca­tions, l’énergie, l’information, etc. Bien enten­du, d’autres auto­ri­tés indé­pen­dantes, qui sont à même de jouer un rôle social impor­tant, telles que l’ASEP [ndlt : Conseil supé­rieur de sélec­tion des per­son­nels] seront main­te­nues et sou­te­nues, par un ren­for­ce­ment de la trans­pa­rence et du contrôle social. Par ailleurs, nous lan­ce­rons une large consul­ta­tion sociale pour la révi­sion de fond de la Consti­tu­tion et de tout le sys­tème poli­tique, en vue d’une nou­velle Assem­blée consti­tuante qui émer­ge­ra d’élections à venir. Cette révi­sion a pour objec­tif cen­tral l’instauration d’une nou­velle forme de démo­cra­tie plus avan­cée, qui allie­ra démo­cra­tie repré­sen­ta­tive et démo­cra­tie directe, gou­ver­ne­ment avec le sou­tien à l’initiative popu­laire et à l’autonomie, par­ti­ci­pa­tion popu­laire et déci­sions popu­laires directes, en se basant sur les meilleures pra­tiques et expé­riences en la matière dans le monde entier.

La pour­suite du pou­voir gou­ver­ne­men­tal n’est pas, pour nous, une fin en soi. Elle s’inscrit dans l’objectif glo­bal de reven­di­ca­tion de l’exercice du pou­voir poli­tique par une large alliance popu­laire. Elle sert un pro­gramme de sor­tie immé­diate de l’impasse, qui peut être mis en place par un gou­ver­ne­ment qui s’appuiera sur la force du peuple orga­ni­sé et sur ses ins­ti­tu­tions propres, sur le mou­ve­ment ouvrier, le mou­ve­ment de la jeu­nesse, les mou­ve­ments locaux et envi­ron­ne­men­taux, les mou­ve­ments soli­daires, les formes d’autogestion popu­laire. La mise en œuvre d’un tel pro­gramme est éga­le­ment sus­cep­tible de modi­fier les rap­ports de force sociaux et de faire émer­ger la pos­si­bi­li­té concrète d’ouvrir une nou­velle voie pour la socié­té grecque, dans une pers­pec­tive socia­liste ». (2 sep­tembre 2015)

Publié par Alen­contre le 16 — sep­tembre — 2015