Israël reconnaît son mensonge sur le nucléaire Iranien

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n’a jamais déclaré qu’Israël devait être « rayé de la carte » : sept ans après le lancement de la campagne occidentale contre le programme nucléaire iranien, un haut dirigeant israélien a fini par admettre, publiquement, que cette phrase avait été inventée de toutes pièces par ses propres services de propagande !

Le pré­sident ira­nien Mah­moud Ahma­di­ne­jad n’a jamais décla­ré qu’Israël devait être « rayé de la carte » : sept ans après le lan­ce­ment de la cam­pagne occi­den­tale contre le pro­gramme nucléaire ira­nien, un haut diri­geant israé­lien a fini par admettre, publi­que­ment, que cette phrase avait été inven­tée de toutes pièces par ses propres ser­vices de propagande !

L’aveu de Dan Meri­dor, vice-Pre­mier ministre israé­lien char­gé du Ren­sei­gne­ment et de l’Energie ato­mique, a eu lieu lun­di soir à l’antenne d’Al Jazeera.

Le quo­ti­dien israé­lien Yediot Aha­ro­noth a l’honnêteté de le repro­duire dans ses colonnes mar­di matin.

http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L‑4216986,00.html

Les médias ignares, notam­ment fran­çais, qui nous ont bas­si­né pen­dant des années avec cette phrase, pour­tant démen­tie dès 2005 par des tra­duc­tions impar­tiales de la parole du pré­sident ira­nien, feront-ils leur auto­cri­tique ? On peut en douter.

La phrase « rayer Israël de la carte » a pour­tant une grande impor­tance. C’est en effet le seul « argu­ment » déve­lop­pé par les puis­sances elles-mêmes maî­tresses de la tech­no­lo­gie nucléaire, civile et mili­taire, pour s’opposer au pro­gramme nucléaire ira­nien, au point de mena­cer ouver­te­ment de bom­bar­der l’Iran.

Car le nucléaire ira­nien n’a pas tou­jours été tabou pour l’Occident, bien au contraire.

Dans les années 1970, l’Iran était diri­gé par une monar­chie (un « Roi des Rois », le « Shah-an-Shah ») étroi­te­ment alliée à Israël et à l’Otan (Etats-Unis, France, etc ).

Et l’Iran de ces années-là, dont la police secrète (la « Savak ») est for­mée par le Mos­sad israé­lien et la CIA amé­ri­caine, est ouver­te­ment encou­ra­gé à dépen­ser ses pétro-dol­lars pour ache­ter en Occi­dent des cen­trales nucléaires, et à déve­lop­per les tech­no­lo­gies de pro­duc­tion de plu­to­nium, à usage poten­tiel­le­ment militaire.

La donne change en 1979 quand une vaste révo­lu­tion popu­laire ren­verse le régime du Shah, et abou­tit assez rapi­de­ment à l’avènement du régime tou­jours en place 30 ans plus tard, la Répu­blique Isla­mique d’Iran.

Contrai­re­ment à ce que médias et gou­ver­nants tentent de nous faire croire, ce ne sont pas les carac­té­ris­tiques reli­gieuses et poli­tiques détes­tables (tcha­dor obli­ga­toire, cas de lapi­da­tions de femmes adul­tères, tor­ture et assas­si­nat des oppo­sants, etc.) de l’Iran actuel qui gênent les puis­sances occi­den­tales, mais le posi­tion­ne­ment plus indé­pen­dant de ce pays depuis le ren­ver­se­ment du Shah et l’instauration de la Répu­blique Islamique.

Nos Sar­ko­zy, Hol­lande, Guéant et com­pa­gnie s’accommodent par­fai­te­ment du régime de l’Arabie Saou­dite, où les femmes n’ont même pas le droit de conduire une auto­mo­bile, mais dont les diri­geants lèchent les pieds de Washington.

Alors, quand l’Iran entend pour­suivre le déve­lop­pe­ment de son indus­trie nucléaire –uni­que­ment civile selon ses diri­geants, assu­ré­ment mili­taire aus­si, selon la pro­pa­gande occidentale‑, l’Otan et Israël menacent. Non qu’on puisse inter­dire, en règle abso­lue, le droit de l’Iran de se pré­pa­rer à l’après-pétrole, concèdent-ils dans un pre­mier temps.

Non qu’on puisse même inter­dire, en règle abso­lue, le droit de l’Iran à éven­tuel­le­ment pos­sé­der l’arme ato­mique, sont-ils bien obli­gés d’ajouter, puisqu’eux-mêmes pos­sèdent un arse­nal nucléaire, et qu’ils s’en sont déjà ser­vi (les Etats-Unis en 1945, contre les popu­la­tions civiles japo­naises d’Hiroshima et Nagasaki).

Mais voyez-vous, il faut éta­blir un règle­ment dif­fé­rent pour l’Iran, car ce der­nier « veut rayer Israël de la carte », nous ont-ils répé­té depuis des années.

Or, la phrase était une inven­tion d’une offi­cine israé­lienne de dés­in­for­ma­tion, le centre MEMRI.

Dès le lan­ce­ment de la cam­pagne « Ahma­di­ne­jad veut rayer Israël de la carte », des tra­duc­teurs indé­pen­dants s’étaient pour­tant inté­res­sés à la réa­li­té des pro­pos pro­non­cés en 2005, dans sa langue per­sane mater­nelle, par le pré­sident ira­nien fraî­che­ment élu.

Et on n’y trou­vait pas trace de ce fameux « rayer Israël de la carte ». La phrase exacte du dis­cours d’Ahmadinejad était en effet : « L’Imam Kho­mey­ni (fon­da­teur de la Répu­blique Isla­mique en 1979, NDLR) a dit que le régime occu­pant Jéru­sa­lem dis­pa­raî­tra un jour de la page de l’histoire ».

Ahma­di­ne­jad avait ensuite pré­ci­sé sa pen­sée, en pré­di­sant au régime sio­niste (les diri­geants ira­niens se refusent à pro­non­cer le mot « Israël ») un sort iden­tique à celui de l’Union sovié­tique ou à celui du Shah d’Iran. Une rhé­to­rique somme toute banale, illus­trant le fait que l’histoire est pleine d’exemples de dis­pa­ri­tions de régimes poli­tiques, sans que les pays cor­res­pon­dants soient pour autant « rayés de la carte » par une dévas­ta­tion nucléaire ou autre.

L’aveu de Dan Meri­dor est-il une bévue de sa part, ou le signal que les diri­geants israé­liens ont mis un bémol, ne serait-ce que tem­po­raire, à leur folie bel­li­ciste ? A suivre.

Nico­las Shahshahani

CAP­J­PO-Euro­Pa­les­tine

Source : http://www.europalestine.com/spip.php?article7130

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