Myanmar, les femmes en première ligne

Par Kevin Lin

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Syn­di­col­lec­tif


Tra­duc­tion Patrick Le Tréhondat

EN LIEN :

La Confé­dé­ra­tion des syn­di­cats du Myan­mar (CTUM) a été créée en 1991 à Bang­kok, en Thaï­lande, sous le nom de Fédé­ra­tion des syn­di­cats de Bir­ma­nie (FTUB). Le 23 juillet 2015, la CTUM est deve­nue la seule confé­dé­ra­tion enre­gis­trée en Bir­ma­nie. Outre les acti­vi­tés du syn­di­cat, le CTUM dis­pose du Dépar­te­ment du tra­vail pour s’attaquer aux pro­blèmes des employeurs et des employés, de la fraude des cour­tiers, des pro­blèmes des tra­vailleurs dans les pays de des­ti­na­tion et de la traite des êtres humains

Les syn­di­cats de l’industrie et de l’habillement du Myan­mar appellent les marques inter­na­tio­nales pres­ti­gieuses pré­sentes dans le pays à dénon­cer le coup d’état et à refu­ser toute répres­sion contre les sala­rié-es. Les femmes sont au pre­mier rang des luttes.

Des travailleur·euses de l’habillement en grève ont mani­fes­té devant les bureaux de l’Organisation inter­na­tio­nale du tra­vail à Yan­gon, au Myan­mar, en début de la semaine, pour exi­ger que les marques mon­diales de vête­ments veillent à ce que les travailleur·euses ne soient pas réprimé·es pour avoir par­ti­ci­pé à des mani­fes­ta­tions pro-démocratiques.

Tard dans la soi­rée du ven­dre­di 26 février (heure locale), l’armée du Myan­mar a décla­ré illé­gales la plu­part des orga­ni­sa­tions syn­di­cales du pays à la télé­vi­sion publique, avec la menace d’arrestations si leurs acti­vi­tés se pour­suivent, ce qui ajoute à l’urgence des acti­vi­tés de soli­da­ri­té internationale.

Le 1er  février, les mili­taires du Myan­mar ont orga­ni­sé un coup d’État et ont pris le pou­voir contre le gou­ver­ne­ment civil élu sous le pré­texte d’une fraude élec­to­rale pré­su­mée. Les diri­geants du coup d’État ont arrê­té les prin­ci­paux diri­geants et mili­tants du gou­ver­ne­ment, ont cou­pé l’Internet et ont sus­pen­du les vols aériens. Cela marque un tour­nant sombre et incer­tain dans l’expérience de démo­cra­ti­sa­tion par­tielle du pays, qui dure depuis dix ans.

Le coup d’État menace d’annuler les pro­grès réa­li­sés au Myan­mar en matière de droits démo­cra­tiques. Un puis­sant mou­ve­ment ouvrier s’est construit depuis une décen­nie grâce à la lutte mili­tante des ouvrier·es d’usine, leur per­met­tant d’avoir une forte par­ti­ci­pa­tion dans le sou­lè­ve­ment actuel en défense de la démo­cra­tie. Après les débrayages crois­sants des travailleur·euses des sec­teurs public et pri­vé au cours des trois der­nières semaines, les grèves géné­rales depuis le 22 février offrent main­te­nant le meilleur espoir de résis­ter au coup d’État et de construire un mou­ve­ment ouvrier plus fort.

Les travailleur·euses se révoltent

Peu après la décla­ra­tion du coup d’État, un mou­ve­ment de déso­béis­sance civile mas­sif a vu le jour, avec les travailleur·euses et les syn­di­cats en pre­mière ligne. Lors de l’une des pre­mières mobi­li­sa­tions, les travailleur·euses médi­caux de plus de 110 hôpi­taux et ser­vices de san­té dans 50 villes du Myan­mar ont été par­mi les pre­miers à se sou­le­ver et à se mettre en grève, deux jours après le coup d’État.

Dans un hôpi­tal gou­ver­ne­men­tal, 38 des 40 méde­cins et 50 des 70 infir­mières ont fait grève.

« Il est impos­sible de tra­vailler sous une dic­ta­ture », a décla­ré le Dr Kyaw Zin, un chi­rur­gien qui a mené l’une des pre­mières grèves. « Je suis presque sûr que nous pou­vons faire tom­ber le régime. Nous ne repren­drons jamais le tra­vail tant que [le géné­ral Min Aung Hlaing, le chef du coup d’État] ne se sera pas reti­ré. Il n’a pas le droit de nous dire de venir tra­vailler, parce que per­sonne ne le recon­naît comme le chef.»

Les fédé­ra­tions syn­di­cales se sont rapi­de­ment mobi­li­sées. La Confé­dé­ra­tion des syn­di­cats du Myan­mar (CTUM), la plus grande fédé­ra­tion syn­di­cale du Myan­mar, a appe­lé à la pre­mière grève géné­rale le 8 février. Mal­gré les menaces d’arrestation et les tac­tiques répres­sives crois­santes du gou­ver­ne­ment, les travailleur·euses d’un grand nombre de sec­teurs, notam­ment les éboueurs, les pom­piers, les élec­tri­ciens, les employé·es de banques pri­vées et les travailleur·euses de l’industrie du vête­ment, ont déclen­ché des vagues de grèves et beau­coup se sont joints aux mani­fes­ta­tions de rue.

Les enseignant·es ont rapi­de­ment rejoint le mou­ve­ment avec leurs élèves. Sept syn­di­cats d’enseignant·es, dont la Fédé­ra­tion des enseignant·e·s du Myan­mar, forte de 100 000 membres, qui syn­dique l’enseignement pri­maire et supé­rieur et les écoles des monas­tères, ont annon­cé des arrêts de travail.

Les jour­na­listes aus­si ont quit­té leur emploi. En réac­tion au coup d’État et aux menaces pesant sur la liber­té des médias, les membres du Conseil de presse du Myan­mar et plus d’une dou­zaine de jour­na­listes du Myan­mar Times ont démissionné.

Il est impor­tant de noter que les employé·es des admi­nis­tra­tions muni­ci­pales et des minis­tères du com­merce, de l’électricité et de l’énergie, des trans­ports et des com­mu­ni­ca­tions, et de l’agriculture, de l’élevage et de l’irrigation se sont joint·es aux actions de grève, lais­sant de nom­breux sec­teurs sans acti­vi­té,   déserts la semaine der­nière. Les actions syn­di­cales ont par­ti­cu­liè­re­ment tou­ché le sec­teur des trans­ports. Selon un res­pon­sable des che­mins de fer du Myan­mar (MR), 99 % des employés des che­mins de fer sont en grève, ce qui entraîne l’arrêt des ser­vices ferroviaires.

Les travailleur·euses en grève ont réus­si à faire fer­mer la Myan­mar Oil and Gas Enter­prise, la Myan­mar Natio­nal Air­lines, les mines, les chan­tiers de construc­tion, les usines de vête­ments et les écoles, sous contrôle mili­taire, ce qui a entraî­né un coût éco­no­mique pour les diri­geants mili­taires. Les travailleur·euses ont été rejoints par les consommateur·trices qui boy­cottent les inté­rêts com­mer­ciaux des entre­prises liées à l’armée dans les domaines des pro­duits ali­men­taires et des bois­sons, des ciga­rettes, de l’industrie du diver­tis­se­ment, des four­nis­seurs de ser­vices Inter­net, des banques, des entre­prises finan­cières, des hôpi­taux, des com­pa­gnies pétro­lières, des mar­chés de gros et des com­merces de détail.

L’armée a réagi par la répres­sion. Des travailleur·euses et des étudiant·es ont été arrêté·es pour avoir par­ti­ci­pé à des mani­fes­ta­tions paci­fiques, et l’armée a com­men­cé à uti­li­ser une vio­lence meur­trière, tuant déjà trois personnes.

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Les travailleur·euses de l’habillement ont ouvert la voie

Le mili­tan­tisme des travailleur·euses du Myan­mar se déve­loppe depuis plu­sieurs années. Lorsque le pays s’est ouvert aux inves­tis­se­ments étran­gers directs il y a près de dix ans, le gou­ver­ne­ment a accep­té de pro­cé­der à d’importantes réformes du droit du tra­vail, en léga­li­sant les syn­di­cats et en codi­fiant les droits du tra­vail dans la loi de 2011 sur l’organisation du tra­vail. Il a éga­le­ment inté­gré des méca­nismes de réso­lu­tion des conflits du tra­vail dans sa loi de 2012.

Cepen­dant, les militant·es syn­di­caux du Myan­mar ont fait valoir que les lois cher­chaient à cana­li­ser les travailleur·euses vers des voies légales qui sont bien moins puis­santes que leurs actions mili­tantes et mas­sives pour exi­ger de réelles amé­lio­ra­tions des condi­tions de tra­vail dif­fi­ciles et du faible salaire mini­mum, qui s’élève actuel­le­ment à 4 800 kyats (3,26 dol­lars amé­ri­cains par jour).

Une vague de grèves mili­tantes a balayé le sec­teur de l’habillement en 2019 pour récla­mer des salaires plus éle­vés et des condi­tions de tra­vail plus sûres. Cette indus­trie de 6 mil­liards de dol­lars, qui emploie 700 000 travailleur·euses, pour la plu­part des femmes, four­nit des marques mon­diales telles que H&M, Zara, C&A, entre autres. Elle repré­sen­tait 30 % des expor­ta­tions du Myan­mar en 2019, contre 7 % en 2011, lorsque les réformes démo­cra­tiques du pays ont commencé.

« Quand une grève a lieu, les autres travailleur·euses voient que la grève fonc­tionne », a décla­ré Daw Moe San­dar Myint, diri­geante de la Fédé­ra­tion des travailleur·euses de l’habillement du Myan­mar et elle-même ancienne tra­vailleuse de l’habillement, en décri­vant la vague de grève dans le sec­teur de l’habillement. « Ils en viennent à connaître le goût de la grève, et c’est un bon goût. La grève leur donne aus­si le syn­di­cat ».

Mais le début de Covid a été un revers pour les luttes syn­di­cales mili­tantes, inter­rom­pant la vague de grève et la syn­di­ca­li­sa­tion crois­sante dans le sec­teur. Les employeurs ont pro­fi­té des per­tur­ba­tions de l’activité éco­no­mique pro­vo­quées par la pan­dé­mie pour déman­te­ler les syn­di­cats en licen­ciant leurs membres.

Les  reven­di­ca­tions des travailleur·euses d’usine pour une aug­men­ta­tion du salaire mini­mum et des condi­tions de tra­vail meilleures ont éga­le­ment été igno­rées, et ils ont subi des réduc­tions de salaire ou des retards dans leur paie­ment. Beau­coup ont ripos­té mal­gré des condi­tions d’organisation plus dif­fi­ciles ; les travailleur·euses de plu­sieurs usines se sont mis en grève au début de la pan­dé­mie pour rece­voir leurs salaires impayés et des indem­ni­tés de licenciement.

Par exemple, en mars 2020, l’usine de vête­ments Myan Mode a licen­cié défi­ni­ti­ve­ment les 520 membres du syn­di­cat et a rete­nu leurs salaires, pré­tex­tant le Covid, tout en conser­vant ses 700 travailleur·euses non syndiqué·es. Le syn­di­cat a orga­ni­sé des pro­tes­ta­tions et a pu obte­nir le paie­ment des salaires des travailleur·euses licencié·es.

Mal­gré les revers subis pen­dant la pan­dé­mie, lorsque l’armée du Myan­mar s’est employée à atta­quer la démo­cra­tie, de nom­breux travailleur·euses de l’habillement ont esti­mé qu’ils en avaient assez et qu’ils étaient prêts à se battre. « Les travailleur·euses étaient déjà en colère, ils étaient déjà mobi­li­sés », a décla­ré Daw Moe San­dar Myint, qui a été en pre­mière ligne du mou­ve­ment contre le coup d’État. « Un sen­ti­ment fami­lier de souf­france était reve­nu et elles et ils ne pou­vaient pas res­ter silencieu·euses. » Cette colère l’a pous­sée, elle et beau­coup d’autres, à mener les ouvrier·es d’usine dans le mouvement.

Les travailleur·euses de l’habillement ont été par­mi les pre­miers à appe­ler à des mani­fes­ta­tions de rue et à se mobi­li­ser dans la rue mal­gré l’avertissement sévère des chefs du coup d’État. Ces appels ont contri­bué à ren­for­cer la confiance du mou­ve­ment de déso­béis­sance civile. Comme le sou­ligne Andrew Tillett- Saks, un syn­di­ca­liste basé au Myan­mar, « Le spec­tacle des travailleur·euses de l’industrie, en grande par­tie des jeunes femmes tra­vaillant dans l’habillement, semble avoir pro­fon­dé­ment ins­pi­ré le grand public, bri­sé une par­tie de la peur, et cata­ly­sé les pro­tes­ta­tions mas­sives et la grève géné­rale que nous obser­vons main­te­nant ».

« Les travailleur·euses et les syn­di­cats sont la prin­ci­pale force du mou­ve­ment à Yan­gon [la plus grande ville du pays]», a décla­ré Thet Swe Win, mili­tante du tra­vail et des droits de l’homme. « Parce qu’il y a plu­sieurs mil­liers de travailleur·euses des usines, leurs ras­sem­ble­ments dans la rue vont atti­rer beau­coup d’attention de la popu­la­tion. »

« Ils et elles prennent beau­coup de risques lors de ces mobi­li­sa­tions », a‑t-elle décla­ré. « Beau­coup de dirigeant·es syn­di­caux ont déjà été licencié·es aupa­ra­vant. Ils et elles ont été répri­mées par le gou­ver­ne­ment et les pro­prié­taires d’usines. Elles et ils sont très vul­né­rables, mais sont très dévoué·es ».

Pour son rôle dans la mobi­li­sa­tion et l’organisation des travailleur·euses de l’habillement dans le mou­ve­ment de déso­béis­sance civile, la mai­son de Daw Moe San­dar Myint a été per­qui­si­tion­née le 6 février. Elle a pu évi­ter l’arrestation et conti­nue mira­cu­leu­se­ment à diri­ger les pro­tes­ta­tions de jour. Mais la nuit, elle doit se cacher car les auto­ri­tés la recherchent.

La par­ti­ci­pa­tion orga­ni­sée des travailleur·euses et de leurs syn­di­cats dans les sec­teurs public et pri­vé est l’un des fac­teurs les plus cru­ciaux pour faire avan­cer le mou­ve­ment de déso­béis­sance civile et déter­mi­ner l’avenir du Myanmar.

Tillett-Saks a sou­li­gné que le mou­ve­ment de déso­béis­sance civile a été mené prin­ci­pa­le­ment par des employé·es du gou­ver­ne­ment et des travailleur·euses de l’industrie du vête­ment dans le sec­teur pri­vé. Il estime qu’ils consti­tuent la der­nière ligne de défense contre la dic­ta­ture mili­taire. Les grèves géné­rales les plus récentes, depuis le 22 février, ont vu la par­ti­ci­pa­tion des travailleur·euses d’un plus large éven­tail de la socié­té du Myan­mar. Le défi reste d’étendre le mili­tan­tisme des travailleur·euses et d’accroître le nombre de grèves par­mi un plus grand nombre de travailleur·euses du sec­teur pri­vé et les travailleur·euses non syndiqués.

Pour­quoi la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale est importante

Face à la répres­sion crois­sante de l’armée – y com­pris par l’émission de man­dats d’arrêt contre huit diri­geants de la CTUM en début de semaine – la pres­sion inter­na­tio­nale est plus urgente que jamais pour pro­té­ger les droits démo­cra­tiques des travailleur·euses et de leurs syndicats.

« Le sou­tien inter­na­tio­nal signi­fie beau­coup pour nous », a décla­ré Thet Swe Win. « Il nous aide à sen­tir que nous ne sommes pas seuls, et à savoir qu’il y a des gens qui sou­tiennent notre liber­té ».

Des groupes de travailleur·euses et de défense des droits humains ont orga­ni­sé des mani­fes­ta­tions devant les ambas­sades du Myan­mar et publié des décla­ra­tions de soli­da­ri­té condam­nant le coup d’État en Thaï­lande, au Japon, à Hong Kong, à Taï­wan, au Cam­bodge et aux Phi­lip­pines, entre autres.

Caisse de grève

Les travailleur·euses et les syn­di­cats d’autres pays peuvent contri­buer à une caisse de grève qui a été mis en place pour sou­te­nir les syn­di­cats du Myan­mar. Le moment est venu d’exercer la pres­sion directe néces­saire pour obli­ger les mili­taires à faire marche arrière.

Il n’est pas dif­fi­cile de com­prendre pour­quoi le mou­ve­ment a trou­vé un écho et sus­ci­té un tel élan de sou­tien dans la région. Les manifestant·es d’autres pays expriment leur soli­da­ri­té face au défi com­mun que repré­sentent les régimes non démo­cra­tiques et la répres­sion per­ma­nente contre les syn­di­ca­listes et les mou­ve­ments  de la socié­té civile. Des endroits comme Hong Kong et la Thaï­lande ont récem­ment connu leurs propres mou­ve­ments de pro­tes­ta­tion démo­cra­tique de masse.

Kamz Deli­gente, du Centre pour les syn­di­cats et les droits de l’homme aux Phi­lip­pines, qui fait cam­pagne contre les vio­lentes attaques contre les syn­di­ca­listes dans le pays, a décla­ré : « Le peuple phi­lip­pin peut éga­le­ment s’identifier à la lutte du Myan­mar, car notre gou­ver­ne­ment actuel, et plus pré­ci­sé­ment le pou­voir exé­cu­tif, est domi­né par des mili­taires à la retraite et dirige de fac­to le pays sous une loi mar­tiale. Cela a lar­ge­ment contri­bué à l’intensification des attaques contre les mili­tants et les cri­tiques de Duterte et de son admi­nis­tra­tion ».

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Les travailleur·euses migrants

De nom­breux pays de la région ont éga­le­ment des travailleur·euses migrants du Myan­mar qui tra­vaillent dans des usines, la construc­tion, la pêche et d’autres sec­teurs. En Thaï­lande, quelques dizaines de travailleur·euses migrants du Myan­mar (le nombre total de migrant·es du Myan­mar pré­sents en Thaï­lande, est esti­mé entre trois et quatre mil­lions) ont mani­fes­té devant l’ambassade du Myan­mar dans les jours qui ont sui­vi le coup d’État.

Au Japon, des cen­taines de travailleur·euses du Myan­mar ont éga­le­ment orga­ni­sé une mani­fes­ta­tion devant le bureau des Nations unies.

À Tai­wan, envi­ron 400 migrant·s du Myan­mar se sont ras­sem­blés pour condam­ner le coup d’État  mili­taire dans la ville de New Tai­pei, où vivent beau­coup d’entre eux-elles. Len­non Ying-Dah Wong, de l’association Serve the People, qui tra­vaille avec les travailleur·euses immigré·es, a aver­ti : « Une dic­ta­ture diri­gée par la junte mal­fai­sante pour­rait adop­ter une poli­tique d’exportation d’immigré·es afin de réduire ses frais et ses citoyen·nes seraient obligé·es d’aller tra­vailler à l’étranger, mais donc aus­si négli­ger tota­le­ment leurs droits. Si cela se pro­duit, cela met­tra en dan­ger les droits et le bien-être non seule­ment des travailleur·euses migrant·es birman·nes, mais aus­si de tous les travailleur·euses migrantes et des travailleur·euses taïwanais·es ».

Faire pres­sion sur les marques

La Fédé­ra­tion des travailleur·euses de l’industrie du Myan­mar, le plus grand syn­di­cat de travailleur·euses de l’habillement du pays, a appe­lé les syn­di­cats mon­diaux à faire pres­sion sur les marques fai­sant des affaires au Myan­mar pour qu’elles condamnent le coup d’État et coupent les liens avec les entre­prises qui pro­fitent aux inté­rêts de l’armée (voir liste ci-des­sous). Il a éga­le­ment deman­dé que les travailleur·euses soient pro­té­gés contre tout licen­cie­ment pour avoir pro­tes­té contre le coup d’État.

Dix syn­di­cats inter­na­tio­naux repré­sen­tant 200 mil­lions de travailleur·euses ont deman­dé aux syn­di­cats du monde entier d’intensifier la pres­sion sur les gou­ver­ne­ments et les entre­prises pour qu’ils s’attaquent aux inté­rêts com­mer­ciaux de l’armée du Myanmar.

Pour les syn­di­cats et les travailleur·euses aux États-Unis et ailleurs, bâtir une soli­da­ri­té concrète avec les travailleur·euses du Myan­mar signi­fie répondre acti­ve­ment à ces appels en publiant des décla­ra­tions condam­nant le coup d’État, en fai­sant pres­sion sur les entre­prises qui font des affaires au Myan­mar pour qu’elles fassent de même, et en deman­dant aux employeurs de cou­per tout lien dans leurs chaînes d’approvisionnement avec les inté­rêts com­mer­ciaux de l’armée.

Les travailleur·euses du Myan­mar ont démon­tré que les actions directes sont puis­santes et qu’elles fonc­tionnent. Que ce soit en orga­ni­sant et en par­ti­ci­pant à des grèves mili­tantes sur leur lieu de tra­vail, ou en quit­tant leur poste de tra­vail et en se joi­gnant à des mani­fes­ta­tions de rue, ils et elles se battent pour défendre leurs droits démo­cra­tiques et obte­nir une vie meilleure pour les travailleur·euses du pays et du monde entier. Elles et ils ont besoin de notre sou­tien et le méritent.

Marques fai­sant des affaires au Myanmar

La Fédé­ra­tion des travailleur·euses de l’industrie du Myan­mar, le plus grand syn­di­cat de travailleur·euses de l’habillement du pays, exige que les marques et les four­nis­seurs dénoncent publi­que­ment le coup d’État et n’acceptent qu’aucun travailleu·euse fabri­quant leurs vête­ments ne soit sanctionné·e ou licencié·e pour avoir par­ti­ci­pé au mou­ve­ment de déso­béis­sance civile. Vous trou­ve­rez ci-des­sous une liste de marques ayant des acti­vi­tés au Myanmar :

Adi­das (Alle­magne)

Aldi Nord (Alle­magne)

Benet­ton (Ita­lie)

Best­sel­ler (Dane­mark)

C&A (Pays-Bas/Al­le­magne)

Cal­vin Klein (États-Unis)

Colum­bia Sports­wear (États-Unis)

Groupe Cot­ton On (Aus­tra­lie)

La mariée de David (États-Unis)

Eddie Bauer (États-Unis)

Fruit of the Loom (États-Unis)

Gap (États-Unis)

H&M (Suède)

Hun­ke­mol­ler (Pays-Bas)

Indi­tex (Espagne)

Ito­chu (Japon)

JCPen­ney (États-Unis)

Jus­tin Alexan­der (États-Unis)

Kap­pahl (Suède)

Le Coq Spor­tif (France)

Lidl (Alle­magne)

Lin­dex (Suède)

Mangue (Espagne)

Marks & Spen­cer (Royaume-Uni)

Mata­lan (Royaume-Uni)

Mizu­no (Japon) Muji (Japon)

New Look (Royaume‑i)

Sui­vant (Royaume-Uni)

OVS (Ita­lie)

Pri­mark (Royaume-Uni)

Spor­ti­ra 1998 (Cana­da) Tal­ly Wei­jl (Suisse)

Tchi­bo (Alle­magne) Tes­co (Royaume-Uni)

VF (Face Nord) (États-Unis)

Wil­son Spor­ting Goods (États-Unis)