L’austérité, mais dans le calme

Les pays en difficulté entraînent toute la zone euro dans l’effondrement, le seul moyen qu’aient trouvé les institutions européennes de les « aider » les tuant plus sûrement.

james_dean_rebel_without.pngmer­cre­di 19 sep­tembre 2012, par Fré­dé­ric Lordon

Le « jeu de la mau­viette » (chi­cken game) est un jeu de con : deux voi­tures se pré­ci­pitent l’une vers l’autre, le pre­mier conduc­teur qui dévie de la ligne pour évi­ter la col­li­sion est la « mau­viette ». Il existe cepen­dant une ver­sion « Fureur de vivre » plus stu­pide encore : les deux voi­tures paral­lèles fon­çant vers un pré­ci­pice, le der­nier qui s’éjecte de la voi­ture pour ne pas faire le grand saut a gagné. On note­ra que dans cette ver­sion-là, les deux voi­tures sont per­dues à coup sûr et le cas échéant un conduc­teur (ou deux) avec – death without a cause.

C’est à cette mer­veille d’intelligence que la zone euro semble avoir déci­dé de s’adonner depuis trois ans – en tout cas jusqu’à la réunion de la Banque cen­trale euro­péenne (BCE) du 6 sep­tembre. Les pays en détresse n’ont même pas à appuyer sur l’accélérateur, ils roulent tout seuls vers l’abîme et à tom­beau ouvert. A leur côté, la BCE, qui peut les sau­ver, roule en paral­lèle mais en les regar­dant sans rien faire tant qu’elle n’aura pas la cer­ti­tude que les « assis­tés » s’engagent irré­vo­ca­ble­ment dans un pro­gramme d’austérité – c’est-à-dire à souf­frir mort et pas­sion… A ce compte-là, les pays en dif­fi­cul­té entraînent toute la zone euro dans l’effondrement, le seul moyen qu’aient trou­vé les ins­ti­tu­tions euro­péennes de les « aider » les tuant plus sûre­ment. La BCE quant à elle ne bouge pas, téta­ni­sée par les que­relles byzan­tines de défi­ni­tion de son man­dat, et prête à n’intervenir incon­di­tion­nel­le­ment qu’au tout der­nier moment – c’est-à-dire trop tard. Pen­dant ce temps le bord du gouffre se rap­proche gaillardement…

L’aléa moral ou le symp­tôme de la Dés­union européenne

« Aléa moral » est le nom tech­nique don­né à la méfiance interne qui ravage une Europe méri­tant chaque jour un peu moins le nom d’Union – à sup­po­ser qu’elle ait jamais pu le reven­di­quer. Car la dis­so­cia­tion est par­tout : entre les Etats, entre les ins­ti­tu­tions – et puis aus­si, plus grave, entre les peuples (Alle­mands contre Grecs, Grecs contre Alle­mands, Fin­lan­dais ayant sou­pé de l’Europe et des Euro­péens, extrêmes droites un peu par­tout… L’Europe deman­dait à être jugée à l’aune de la paix et de l’amitié entre les peuples, nous y sommes…) En tout cas, voi­là main­te­nant les Etats domi­nants pri­son­niers du piège qu’ils ont eux-mêmes armé : l’Allemagne et ses affi­dés, s’appuyant sur la contrainte des mar­chés obli­ga­taires, mais autant de leur propres pen­chants, imposent à toute la zone euro des poli­tiques d’austérité dont on pou­vait savoir dès 2010 qu’elles iraient infailli­ble­ment à l’échec – c’est d’ailleurs cette catas­trophe annon­cée qui s’actualise comme au ralen­ti depuis deux ans, por­tée par l’implacable tem­po de la macroéconomie.

Ali­gnée sur l’Allemagne (à quelques détails près), la BCE ne redoute rien tant que les Etats aidés ne s’abandonnent à une molle lan­gueur et cessent leurs « efforts » de « réforme » sitôt qu’on les aura allé­gés d’un peu de pres­sion. Faire pres­sion : voi­là le maître-mot, l’obsession des Etats domi­nants et des ins­ti­tu­tions euro­péennes à l’encontre des Etats en dif­fi­cul­té ; les main­te­nir sous pres­sion, oui sous une saine pres­sion, seul moyen de leur faire faire enfin un peu de « réforme » ; c’est pour­quoi à la pres­sion des mar­chés obli­ga­taires qui coupent l’accès au refi­nan­ce­ment des Etats, on ajou­te­ra la pres­sion auxi­liaire du secours euro­péen refu­sé ou ater­moyé, pour que, bien pris à la gorge, les « assis­tés » n’aient plus d’autre solu­tion que de se jeter dans les pattes de la condi­tion­na­li­té – et alors tout y passe : effec­tifs et rému­né­ra­tions de la fonc­tion publique, équar­ris­sage de la pro­tec­tion sociale, notam­ment des retraites, déré­gle­men­ta­tions ines­pé­rées (des pro­fes­sions pro­té­gées, du mar­ché du tra­vail), pri­va­ti­sa­tions à gogo, un régal. Il ferait beau voir dans ces condi­tions que la BCE inter­vienne tant soit peu en avance, au risque que les inté­res­sés retrou­vant un peu d’air n’aient plus le goût de l’apnée volontaire.

Mais voi­là où la ges­tion mal­avi­sée de l’aléa moral rejoint – rejoi­gnait ? – le chi­cken game (à la con) : 1) la BCE refuse d’intervenir car il n’y a, par construc­tion, aucune condi­tion­na­li­té accom­pa­gnant son action : la banque cen­trale ne noue pas de rela­tion avec des Etats mais s’adresse à l’open mar­ket ou bien aux banques ; 2) plus la BCE tente de main­te­nir son bras de fer, plus les Etats fra­giles se rap­prochent du point de bail-out, c’est-à-dire du pas­sage par la case FESF (le Fonds euro­péen de sta­bi­li­té financière[[Bientôt pro­lon­gé-rem­pla­cé par le MES, Méca­nisme euro­péen de stabilité.
]])… pré­ci­sé­ment là où la BCE veut les envoyer, puisque le FESF, lui, dis­pose des armes de la condi­tion­na­li­té ; or 3) si le FESF a su absor­ber les sau­ve­tages grecs, irlan­dais et por­tu­gais, il en irait tout autre­ment si l’Espagne et l’Italie se pré­sen­taient au gui­chet ; 4) la BCE voit se rap­pro­cher le bord du pré­ci­pice mais ne veut pas sau­ter de la voi­ture en pre­mier, elle attend le point de catas­trophe, celui où tout explose pour de bon puisque tant qu’on n’y est pas tota­le­ment, il reste, par défi­ni­tion, une pos­si­bi­li­té que les assis­tés poten­tiels s’avouent des assis­tés réels – et, réduits à toquer à la porte du FESF, se laissent sai­sir par la conditionnalité.

Évi­dem­ment, tout aurait été plus facile, et pour tout le monde, si la BCE était inter­ve­nue dès le départ pour rache­ter les dettes sou­ve­raines et évi­ter les envo­lées absurdes de taux qui ont pré­ci­pi­té cer­tains Etats dans des situa­tions impos­sibles. Mais pour la BCE, bien d’accord en cela avec l’Allemagne, « plus facile », c’est tou­jours « trop facile ».

La BCE : sur­vivre aussi

Comme on l’a fait remar­quer dès le début, le jeu idiot a pour désa­gréable pro­prié­té de mena­cer jusqu’à l’intégrité du « gagnant ». La chose n’a pas échap­pé à la BCE qui s’est trou­vée mise sous ten­sion crois­sante à mesure de ses propres refus. Car aban­don­ner les pays en dif­fi­cul­té, sous pré­texte de les for­cer à la ver­tu macroé­co­no­mique (en les contrai­gnant à l’ajustement struc­tu­rel), a eu pour unique résul­tat de répandre la pour­ri­ture dans la zone euro au point où l’existence même de la mon­naie unique s’est trou­vée mise en jeu. Qui eût cru il y a encore cinq ans que les diri­geants euro­péens auraient à se fendre de décla­ra­tions solen­nelles pour jurer que « l’euro est irré­ver­sible » et que « tout sera fait pour qu’il en soit ain­si » ? Comme pour la ver­tu de la femme de César, il est à craindre qu’il ne soit trop tard quand la ques­tion est sim­ple­ment posée. Or la BCE veut bien jouer au chi­cken game mais pas jusqu’au bout tout de même puisque, mine de rien, avec la sur­vie de l’euro, il y va… de la sienne propre ! Plus d’euro, plus de BCE : c’est un argu­ment que même la BCE comprend.

Et qui lui donne à pen­ser. Davan­tage qu’à l’Allemagne, en pas­sant, à pro­pos de laquelle on pour­rait assez faci­le­ment construire une ratio­na­li­té d’abandon de la mon­naie unique et de retour au mark – certes beau­coup d’exportations per­dues à la clé, mais au moins le res­pect enfin garan­ti à nou­veau des sacro-saints prin­cipes de la poli­tique moné­taire ; on pro­pose d’ailleurs à ce sujet la conjec­ture sui­vante : si l’Allemagne se trouve un jour en situa­tion de devoir faire un choix exclu­sif entre l’euro et ses prin­cipes, elle choi­si­ra ces der­niers (c’est-à-dire un néo-deutschmark).

La BCE en revanche n’a à choi­sir qu’entre l’être et le néant… Or, comme toute ins­ti­tu­tion – comme toute chose – elle aspire à per­sé­vé­rer dans son être. C’est pour­quoi elle se trouve à gérer des com­pro­mis extra­or­di­nai­re­ment déli­cats entre 1) son désir de sur­vie, 2) ses prin­cipes consti­tu­tifs, et 3) ses puis­sances tuté­laires – essen­tiel­le­ment l’Allemagne. Il lui faut donc trou­ver l’étroit pas­sage qui lui per­met­trait de sau­ver l’euro (et elle avec…) (objec­tif 1) ; tout en accor­dant le moins pos­sible aux Etats en dif­fi­cul­té, mais un peu quand même, car à sim­ple­ment pro­lon­ger la stra­té­gie de ces der­nières années, tout fini­ra au chaos (objec­tif 2) ; accor­der « un peu », donc, mais pas trop au risque que ce soit tou­jours trop pour l’Allemagne (objec­tif 3) qui, par Bun­des­bank inter­po­sée dit non à tout (et elle peut se le per­mettre sans ris­quer de ces­ser d’exister).

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On en était là lorsque Mario Dra­ghi a choi­si de faire un pas plus réso­lu du côté de sa sur­vie – c’était le 26 juillet et la décla­ra­tion qu’il était prêt à faire tout ce qu’il fau­dra pour sau­ver l’euro, « believe me », a suf­fi­sam­ment frap­pé les esprits. Il aura fal­lu tout de même un bon mois pour que la BCE joigne le geste à la parole et se décide, le 6 sep­tembre, à annon­cer un pro­gramme d’intervention illi­mi­té sur les mar­chés secon­daires des titres sou­ve­rains atta­qués (dit OMT pour Outright Money Tran­sac­tion). De cette sor­tie, pro­mise à des effets reten­tis­sants et cette fois plus durables que le pro­gramme LTRO[Long Term Refi­nan­cing Ope­ra­tions, pro­gramme qui a per­mis à la BCE (fin 2011, début 2012) de mettre à dis­po­si­tion des banques pri­vées presque un tril­lion d’euros à trois ans, échéance extra­or­di­naire pour une inter­ven­tion de banque cen­trale.]] en direc­tion des banques, le com­men­ta­riat euro­péiste s’empresse déjà de chan­ter qu’elle a sau­vé l’euro – Eric Le Bou­cher dans un élan de bon­heur à la limite de l’humidité ne s’exclame-t-il pas : « [Que de bonnes nou­velles venues d’Europe ! »[[Slate, 15 sep­tembre 2012.]] Du point de vue des popu­la­tions mal­heu­reu­se­ment il y a matière à se deman­der ce qu’il faut vrai­ment pen­ser de la « bonne nou­velle » et si, pour­tant long­temps appe­lée, cette inter­ven­tion de la BCE n’est pas en fait la pire des solu­tions : celle qui sta­bi­lise le sys­tème tout en main­te­nant intacts ses catas­tro­phiques fonc­tion­ne­ments internes.

Une sta­bi­li­sa­tion pour le pire

A l’évidence le pro­gramme OMT a pour fina­li­té de contrô­ler les taux d’intérêt sou­ve­rains et d’éviter les embar­dées que leur imposent les paniques spé­cu­la­tives auto­réa­li­sa­trices. Mais sur quelles échéances et pour viser quelle valeur-consigne ? Seules les matu­ri­tés entre un an et trois ans seront sou­la­gées, manière de dire que les taux de refi­nan­ce­ment sou­ve­rains rede­vien­dront humains pour un petit moyen terme seule­ment – il ne s’agirait pas que les Etats s’imaginent pou­voir sécu­ri­ser de la res­source finan­cière bon mar­ché à dix ans… Des taux « humains » mais de com­bien au juste ? Cela, on ne le sau­ra pas. La BCE a refu­sé d’indiquer des valeurs-cibles aux­quelles rame­ner les taux d’intérêt, une autre façon de main­te­nir le rap­port de force dans la ges­tion de l’aléa moral puisque les Etats ne pour­ront jamais jouir d’avance d’un coût de res­source garan­ti, et que la BCE se réserve la lati­tude de les mena­cer de nou­veau si jamais ils ne se tenaient pas à car­reau – soit repar­tir pour une manche de chi­cken game…

Disons éga­le­ment que cette incer­ti­tude a sa part de ver­tu quand elle s’exerce en direc­tion des mar­chés finan­ciers qui, ne connais­sant pas les cibles de la BCE, se sen­ti­ront tou­jours expo­sés au risque de l’avoir dépas­sée et de se faire « taper » par une inter­ven­tion blitz. Ceci mis à part, la BCE fait donc tout pour gar­der les Etats fau­tifs « dans sa main » – et pour avoir la pos­si­bi­li­té de ser­rer à la moindre incar­tade. Elle fait même davan­tage encore puisque les inter­ven­tions OMT ne se feront qu’à la condi­tion d’expédier le pays béné­fi­ciaire dans les pattes du FESF, c’est-à-dire de la Troï­ka et de ses huma­nistes. Comble presque esthé­tique de l’empapaoutage, du fait même du pro­gramme OMT on ver­ra peut-être cer­tains pays pas­ser par la case « condi­tion­na­li­té » mais sans tou­cher les euros du FESF ! – puisque la BCE « les aide déjà »…

Si l’on n’avait en tête la longue per­ma­nence de l’Allemagne dans ses obses­sions moné­ta­ristes, on fini­rait presque par se deman­der quelle aber­ra­tion a rete­nu si long­temps la BCE de jouer ce coup en fait assez effi­cace. Assez effi­cace, il l’est car il a la pro­prié­té d’opérer la pire des sta­bi­li­sa­tions pos­sibles, la sta­bi­li­sa­tion du « sys­tème » seul, entendre par là l’attelage mi-conflic­tuel mi-com­plice des mar­chés et des poli­tiques euro­péennes ortho­doxes – les popu­la­tions n’entrent pas dans cette défi­ni­tion du sys­tème. Pré­su­mant que, même si elle ne le dit pas, la BCE doit avoir une petite idée des taux pla­fonds, la finance va ces­ser de s’emballer et reve­nir au calme ; de leur côté, per­sua­dés que ces taux pla­fonds seront fixés suf­fi­sam­ment haut pour ne pas rendre la vie trop facile aux Etats béné­fi­ciaires, le car­tel ortho­doxe est bien assu­ré que l’agenda néo­li­bé­ral de l’austérité reste d’une inal­té­rable actualité.

Nous voi­là donc entrés dans ce qu’on pour­rait appe­ler un régime d’austérité sub-atroce, en fait le pire de tous, en tout cas du point de vue du « hors sys­tème » – les popu­la­tions. Sub‑, car à l’évidence, à objec­tif de défi­cit équi­valent, la res­tric­tion est un peu moindre avec des taux d’intérêt de 4 % que de 7 – 8 % (ou plus). Mais ‑atroce tou­jours car, tout autant d’évidence, les pro­grammes d’ajustement struc­tu­rel ne connaî­tront pas le moindre ralen­tis­se­ment signi­fi­ca­tif. Il devrait donc être bien clair que les contra­dic­tions pro­fondes des poli­tiques éco­no­miques euro­péennes demeu­re­ront, par­fai­te­ment inen­ta­mées : la coor­di­na­tion des res­tric­tions natio­nales conti­nue­ra de pro­duire sans coup férir la réces­sion régio­nale. Mais dans un envi­ron­ne­ment finan­cier (tem­po­rai­re­ment) déshys­té­ri­sé par les sta­bi­li­sa­teurs du pro­gramme OMT.

Non plus l’austérité, mais l’austérité dans le calme…

Com­bien de temps en dure­ra l’effet séda­tif, nul ne peut le dire avec cer­ti­tude. Mais, avec une bonne pro­ba­bi­li­té, suf­fi­sam­ment long­temps pour désa­mor­cer la dyna­mique d’explosion de l’euro telle qu’elle mena­çait de deve­nir cri­tique depuis cet été. Voi­là donc le splen­dide résul­tat que va pro­duire, un temps, l’intervention de la BCE : en lieu et place de l’austérité tout court, l’austérité dans le calme – dans le calme des mar­chés bien sûr. Dans ce petit moyen terme, les popu­la­tions, qui n’avaient plus pour elles que les espé­rances para­doxales du pire, c’est-à-dire la pers­pec­tive d’en finir avec leurs souf­frances par l’effondrement endo­gène de la construc­tion moné­taire euro­péenne, les popu­la­tions, donc, vont replon­ger de plus belle dans l’ajustement struc­tu­rel sans même le secours des contra­dic­tions euro­péennes, tem­po­rai­re­ment conte­nues par la BCE, et dont la diver­gence consti­tuait la seule manière de mettre un terme à leurs épreuves. Car c’est à cela qu’en étaient réduits les peuples euro­péens : à attendre le sou­la­ge­ment de l’explosion géné­rale ! radieuse pers­pec­tive poli­tique, on en convien­dra. Même cette issue de déses­poir est désor­mais fermée…

En tout cas pour quelque temps. Il est bien cer­tain en effet que, pen­dant la période de sta­bi­li­sa­tion, la macroé­co­no­mie conti­nue de faire son œuvre, et la res­tric­tion d’engendrer impla­ca­ble­ment la réces­sion. Même sachant la BCE dévouée à se char­ger de titres sou­ve­rains, les mar­chés obli­ga­taires recom­men­ce­ront à tiquer de voir les défi­cits se réduire aus­si len­te­ment, c’est-à-dire les ratios de dette conti­nuer d’exploser, les objec­tifs troï­kesques indé­fi­ni­ment dif­fé­rés, etc. A ce moment là, de nou­veau, il fau­dra inven­ter quelque chose, et le car­tel ortho­doxe se trou­ve­ra recon­duit à ses contra­dic­tions fon­da­men­tales : car, sauf à être un patch de plus, le « quelque chose » en ques­tion sup­po­se­ra de détendre l’une des contraintes consti­tu­tives du car­tel, soit, au mini­mum, jeter à la rivière les prin­cipes « alle­mands » pour adop­ter des poli­tiques macroé­co­no­miques enfin contra­cy­cliques et « neu­tra­li­ser » d’une manière ou d’une autre le fléau des mar­chés obli­ga­taires, pour lais­ser à ces poli­tiques le temps de faire leur tra­vail dans le calme.

le-corniaud.jpgPour l’heure, nous voi­là dans cette épaisse mous­caille où la BCE a sor­ti le scotch extra-large pour empê­cher l’euro de s’effondrer en pièces façon 2CV de Bour­vil dans Le Cor­niaud (« elle va mar­cher beau­coup moins bien for­cé­ment »), où Hol­lande pense avoir hono­ré ses pro­messes en rame­nant des caca­huètes de crois­sance d’un som­met bruxel­lois, se croit par là auto­ri­sé à faire rati­fier hors de toute consul­ta­tion popu­laire le trai­té concoc­té par son pré­dé­ces­seur, et nour­rit par là même le grief très bien fon­dé de l’indifférenciation UMPS, pour ouvrir des bou­le­vards à la « dif­fé­rence » FN, et où, pour finir, le col­ma­tage de for­tune de la BCE laisse l’austérité pour seul hori­zon, avec d’autant moins d’appel qu’elle est main­te­nant pré­sen­tée comme la contre­par­tie natu­relle de cette insigne faveur…

En un rac­cour­ci poli­tique sai­sis­sant qui dit tout de l’abîme creu­sé entre elles, l’oligarchie euro­péiste reprend espoir au moment pré­cis où les popu­la­tions sont jetées au tré­fonds du désespoir.

C’est pour­quoi il va bien­tôt fal­loir pas­ser à autre chose[[Dont on repar­le­ra bientôt…]] .

Source : blog du diplo