Monsieur le President Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
Le premier août 2011.
Monsieur le Président,
Il y a dix ans, le 8 juin 2001, le tribunal de Miami déclarait coupables les cinq cubains : Gerardo Hernández Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino et René González. Quelques jours plus tard, le 17 juin 2001, alors que ces cinq patriotes étaient encore emprisonnés à Miami, ils écrivaient un message destiné au peuple des Etats-Unis.
La censure qui s’est exercée, et qui s’exerce toujours à l’encontre des Cinq, est telle, que peut-être n’avez-vous pas eu ce message entre vos mains, Monsieur le Président. Dix ans après, je vous le fais donc parvenir.
« MESSAGE AU PEUPLE DES ETATS-UNIS
Nous, cinq Cubains fidèles à leur peuple, qui, pendant trente trois mois et cinq jours, avons supporté l’enfermement rigoureux dans les cachots d’une prison d’un pays dont les autorités sont hostiles à notre peuple et où nous avons été jugés après un procès long et scandaleux avec des procédures, méthodes et objectifs absolument politiques et sous un véritable déluge de propagande malintentionnée et frauduleuse ; nous nous sommes décidés a nous adresser directement au peuple nord-américain pour lui communiquer que nous avons été victimes d’une injustice colossale.
On nous a accusés de mettre en péril la sécurité des Etats-Unis, on nous a imputé de nombreuses charges, et même de délits comme la conspiration pour assassiner, dont l’incontestable fausseté ne put et ne pourra être prouvée, et pour lesquels nous sommes passibles de dizaines d’années de prison ou de réclusion à vie.
Un tribunal constitué à Miami, et cela explique tout, nous a déclarés coupables de tous les chefs d’accusations imputés.
Nous sommes des patriotes cubains et nous n’avons jamais eu l’intention de porter atteinte aux valeurs du peuple nord-américain, ni à son intégrité. Cependant notre petit pays, qui a survécu héroïquement quarante ans durant aux agressions et aux menaces contre sa sécurité, aux plans subversifs, aux sabotages et à la déstabilisation interne, a le droit de se défendre de ses ennemis qui, depuis le territoire nord-américain conçoivent, organisent et financent des actions terroristes en violant leurs propres lois.
Nous avons droit à la paix, au respect, à notre souveraineté et à nos intérêts les plus sacrés.
Nous sommes restés ici, dans ce pays, pendant plus de quatre ans, et nous nous sommes toujours demandés pourquoi nos deux peuples ne pouvaient pas vivre en paix, pourquoi des intérêts mesquins d’une extrême droite, y compris des groupes et des organisations terroristes d’origine cubaine, peuvent-ils polluer l’air que nos deux peuples respirent. Peuples qui, vue leur proximité géographique, pourraient entretenir des relations de respect et d’égalité.
Pendant ces jours de prison nous avons réfléchi à notre comportement ici et nous réaffirmons avoir la plus profonde conviction qu’avec notre attitude et nos actions nous n’avons ni transgressé et ni mis en danger la sécurité du peuple nord-américain ; pourtant nous avons contribué dans une certaine mesure, à dévoiler des plans et des actions terroristes contre notre peuple, empêchant ainsi la mort de citoyens innocents, cubains et nord-américains.
Pourquoi est-il nécessaire que des patriotes cubains s’acquittent du devoir honorable de protéger leur pays, loin de leurs familles et de leurs êtres les plus chers, devant renoncer aussi à la joie de la vie quotidienne au sein de leur peuple ?
Pourquoi les autorités des Etats-Unis, avec leur tolérance, permettent-elles qu’on fasse des attentats contre notre pays ? Pourquoi n’ouvrent-elles pas des enquêtes et n’adoptent-elles pas des mesures contre les plans terroristes que Cuba a dénoncé ? Pourquoi n’évitent-elles pas les plans d’attentats contre nos dirigeants ?
Pourquoi les auteurs qui ont déjà avoué ces faits ou d’autres actes terroristes se baladent-ils librement au sud de la Floride, comme nous avons pu le constater pendant le procès ?
Qui les a entraîné et qui autorise leurs plans ?
Qui sont réellement ceux qui portent atteinte à la sécurité des Etats-Unis ?
Ce sont les groupes terroristes d’origine cubaine et leurs mentors économiques et politiques nord-américains qui érodent la crédibilité de ce pays, eux qui donnent à cette nation cette image bestiale et à ses institutions un comportement inconséquent, plein de préjugés et peu sérieux, incapable d’être sage et prudent devant les problèmes qui touchent Cuba.
Ces groupes et leur mentors se sont organisés afin d’influencer et de favoriser un conflit entre les deux pays. Ils privilégient au sein du Pouvoir Législatif et Exécutif des mesures et des actions chaque fois plus agressives contre Cuba.
Ils veulent maintenir à l’ordre du jour l’histoire des invasions, des sabotages et des agressions biologiques, ou autres similaires. Ils se battent pour créer des situations provocant de graves incidents entre nos peuples.
Comme résultat de ces agressions dans notre pays, de 1959 à 1999, il y a eu 3 478 morts et 2 099 personnes handicapés, ainsi que des dommages matériels élevés.
Ils poursuivent leurs campagnes de propagande visant à dénaturer l’image de Cuba aux Etats-Unis et ils essayent d’empêcher sous divers prétextes — lois ou normes — que les Nord-américains voyagent librement à Cuba et qu’ils apprécient sur place la situation réelle du pays. Ils entravent également la coopération sur des sujets d’intérêt mutuel comme la lutte contre l’émigration illégale et le trafic des stupéfiants qui touchent tant la population des Etats-Unis.
Il faut ajouter à tout ça la demande constante de fonds toujours plus énormes au Gouvernement, qui retombe sur les contribuables, pour financer les activités anti-cubaines. Des sommes énormes sont allouées aux émissions de radio et de télévision, ainsi qu’aux supplétifs sur l’île de Cuba. Tout cela au détriment des ressources nécessaires à résoudre les problèmes sociaux des citoyens nord-américains eux-mêmes.
De récents antécédents montrent l’influence et les pressions que ces groupes exercent sur la communauté de Miami et sur ses agences gouvernementales, notamment sur le système judiciaire.
Le plus gros service que l’on pourrait rendre au peuple nord-américain, serait de le libérer de l’influence de ces extrémistes et terroristes qui lèsent si profondément les Etats-Unis en conspirant contre ses propres lois.
Nous n’avons jamais rien fait pour de l’argent et nous avons toujours vécu modestement, à la hauteur du sacrifice consenti par notre peuple.
Nous avons été guidé par un sentiment profond de solidarité humaine, par l’amour à l’égard de notre patrie et le mépris pour tout ce qui ne respecte pas la dignité de l’homme.
Accusés d’avoir défendu cette cause, nous ne nous repentons pas de ce que nous avons fait pour notre pays. Nous nous déclarons totalement innocents. Le devoir accompli envers notre peuple et notre patrie nous réconforte. Nos familles comprennent la portée des idées qui nous ont guidés et elles seront fières de ce dévouement à l’humanité dans la lutte contre le terrorisme et pour l’indépendance de Cuba
René González, Ramón Labañino, Fernando González Llort, Antonio Guerrero, Gerardo Hernández »
Voilà, Monsieur le Président, tout est dit dans ce message. Treize ans après leur arrestation, les Cinq sont toujours emprisonnés, pourtant il vous suffirait d’une signature pour rendre à ces cinq courageux Cubains la liberté dont ils n’auraient jamais dû être privée.
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie
Quartier Castet (64360 Monein)
Copies envoyées à : Mesdames. Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Janet Napolitano, à Messieurs. Harry Reid, Eric Holder, John F. Kerry, Pete Rouse, Donald Werrilli, et Charles Rivkin,Ambassadeur des Etats-Unis en France.