“Qui n’a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d’un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les intentions” René Char, Lettera amorosa
“La vie, ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie” Une “indignée”, 63 ans
Mesdames et messieurs nos Responsables, Messieurs et Mesdames nos Entrepreneurs,
Il est donc venu le temps. Le temps d’écouter. Il vient. Il est là. Le temps. De l’écoute. De la béance. Qui oeuvre. La béance. Qui ouvre.
Il était temps. Le temps retrouvé. Il est temps.
Il est temps d’en finir avec le Jugement d’un microbe.
Il est temps d’en finir avec l’Ordre policier ayant (un jour, étant égal à tous les jours) institué le fait social, naturalisé dans la lassitude du Gros Animal Populaire, dans l’érection du Pastorat, dans l’infantilisation généralisée, dans la misère symbolique appelée malheureusement « culture », dans le lissage de nos existences complexes, dans l’atrophie de nos cris et de nos rires.
En finir. Pour recommencer. Sans cesse. Reprendre le contrat social moisissant dans cet introuvable coffre mou. Revitaliser. Recharger ce beau mot de « démocratie » par d’intelligentes et patientes palabres, par des gestes habiles et précis, instituer à nouveaux frais ce qui fait lien et déliaison entre « nous », cohabitants de territoires et d’une Terre…
Et vous en appelez au Pouvoir de l’Ordre ? A la Conjuration par la Matraque ? A la Gouvernance par le Chaos ? Un peu de dignité que diable !
« Nous » sommes très calmes, et déterminés. Vous « nous » voudriez caricatures de « rebelles », d’ « insurgés », de « révolutionnaires » fatigués.
Sereins. Simplement sensibles aux battements du monde, à la terre qui tonne, aux catastrophes en cours, au gouvernement par le chaos, à la bêtise qui nous habite tous, au milieu empoissonné dans lequel nous subsistons.
Le politique se fait ainsi toxicologie collective. Laquelle émanera, doucement, d’un peuple inaudible. Là où d’autres ont l’usage de la parole qui autorise à Gouverner, à se gaver d’un Règne, à étaler leur vulgaire Gloire
.
Rendre audible une parole qui pour vous n’est que bruit, ou silence.
Les corps glorieux arrivent. Et ils sont déjà là. Ils sont ceux qui refusent, localement, pour une grande affirmation, cette vaste et triste blague nommée Représentation. Une machine qui tourne à vide dans des habits désincarnés. Insupportable, cette dernière empêche, ici et maintenant, qu’émergent de nouveaux champs d’expériences et d’être-avec, de coopération en fait. La mégamachine suicidaire comme conjuration frénétique d’autres rapports entre humains et non-humains.
“Nous” en appelons à créer un nous, pluriel, des agora là où vous vivez (Il y en a déjà une tous les jours à Flagey, 18h), qui seraient comme des ébranlements dans l’ordre policier des divisions, lequel ne peut se résoudre dans l’universalisme utopique d’un sujet politique signant la fin des différences.
Amour et dissension
Au désir de vous rencontrer
Une campeuse réveillée ce matin, ici, par des chiens privatisés