On l’avait imaginé plein de fois dans les mikrodystopies, mais la marchandisation de la vie privée est bel et bien là : achetez le livre !
« Les robots colonisent notre quotidien. Les voitures sont déjà autonomes et les grille-pains ne vont pas tarder. Les implants cérébraux transhumaniseront chacun et chacune en individu augmenté. À moins qu’un grain de sable… Les Mikrodystopies, avec leur regard acide, sont comme des bugs, des glitchs, des zébrures sur l’écran des futurs parfaits et lisses promus par les techno-prophètes.
Oulipo numérique ? Haïkus techniques ? Aphorismes cybernétiques ? Les Mikrodystopies sont le produit de l’exercice de style auquel s’est livré François Houste : écrire et diffuser sur Twitter des histoires complètes en 280 caractères maximum.
Ce recueil de plus de trois cents nouvelles nous invite à participer, en interagissant directement avec les histoires ou en écrivant les nôtres avec les mêmes contraintes. »
Des textes très courts, plein d’humour plus ou moins grimaçant, des moments de tendresse aussi. Les angoisses et les espoirs dévitalisés projetés vers un avenir sombrement coloré par la pandémie de covid-19. L’affluence technologique contre les controverses démocratiques, l’isolement connecté contre la singularité humaine, le non-sens de la marchandisation des êtres humains. Et le fil tendu d’espoir des résistances…
Le monde des calculs et des algorithmes, les voitures autonomes, les implants cérébraux, « C’était l’un des inconvénients des implants cérébraux gratuits : ils obligeaient parfois leur hôte à prononcer un script publicitaire », les objets connectés, les réalités virtuelles, les robots, « Comprenez bien que pour votre nouveau robot par défaut rien n’est faux. Si vous le nourrissez avec des contes de fées, il cherchera des dragons pour vous », les puces de géolocalisation, la reconnaissance faciale, la Société Protectrice des Robots, l’incapacité des robots de « voir les formes d’animaux dans les nuages », les androïdes, les données personnelles et leur marchandisation à très grandes échelle, les nanorobots, les assistants vocaux, le télétravail, les prothèses, le traçage numérique, l’effacement ou la création de souvenirs, les cyborgs, l’énergie, « il passait le plus clair de son temps à surveiller son niveau de batterie et à chercher une prise de courant », les services de résurrection numérique, les bugs, « son assistant lui proposait désormais quelques-uns des plus beaux poèmes qu’il n’ait jamais entendus », la reproduction des habitudes, le clonage, les assistants d’intérieur, les followers, l’Intelligence Artificielle Centrale, les puces d’audition augmentée, l’immobilité et l’inertie contre les capteurs, la mutualisation des applications de shopping, l’effacement et l’oubli, le reversement de droit d’auteur/autrice au logiciel correcteur d’orthographe, la censure, « L’algorithme de modération des contenus supprimait automatiquement les contenus qui laissent croire qu’il censurait les contenus », l’ennui, les hologrammes, l’individu « statistiquement parfait », les colliers de distanciation physique, les prothèses et les voix synthétiques, la planification des jours fériés en fonction des mises à jour des grands systèmes informatiques, la ségrégation spatiale, les impacts sur le climat des nouvelles technologies, l’absurde, « Les inventeurs avaient dressé une très longue liste de ce que leur robot était capable de faire. Mais il leur était impossible de définir clairement à quoi il servait »…
Quelques éléments choisis subjectivement dans ce monde des mikrodystopies, du coté de la tendresse, « On avait seulement conservés les abribus pour permettre aux amoureux de s’embrasser à l’abri de la pluie », de l’ironie, « Le robot de la bibliothèque municipale aurait été l’assistant idéal s’il n’avait pas pris l’initiative de censurer certains ouvrages de science-fiction qu’il jugeait offensants »…
La construction de irrationalité : « Depuis la pandémie, on avait pris l’habitude d’accrocher un masque au-dessus du berceau des nouveau-nés, comme un talisman ou comme on le faisait autrefois avec les attrape-rêves. On se disait que cela les protégerait contre les futures épidémies »…
Et les réactualisations de résistance :
« L’ensemble des membres de la famille avaient appris le langage des signes afin que toutes leurs conversations ne soient pas comprises par leur assistant vocal ».
« Quand une histoire devait rester secrète, on l’écrivait sur une boite d’allumettes, une serviette en papier, un paquet de gâteau… tout ce qui n’était pas un livre et que les robots ne liraient pas. Des bibliothèques entières virent le jour dans les celliers ou des épiceries ».
« Un peu partout, de nouvelles langues apparaissaient. Et quand ces langues devenaient populaires, de nouveaux types d’échanges étaient inventés. L’objectif était simple : échapper aux micros présents partout et à la reconnaissance vocale de l’Intelligence Artificielle Centrale ».
Un livre et des histoires à partager