La pandémie, c’est le capitalisme

Par Maria Galindo

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La Vaca


Tra­duit par  Faus­to Giudice

EN LIEN :

María Galin­do (1964, La Paz), est une psy­cho­logue, fémi­niste liber­taire, ani­ma­trice de radio et ancienne pré­sen­ta­trice à la télé­vi­sion boli­vienne. Ouver­te­ment décla­rée les­bienne, elle est cofon­da­trice, en 1992 avec notam­ment Julie­ta Paredes et Móni­ca Men­do­za, du groupe liber­taire Mujeres Creando1,2,3,4 en Boli­vie, une asso­cia­tion de femmes de toutes les iden­ti­tés sexuelles ayant pour but d’af­fron­ter le machisme et l’homophobie.

Mili­tante fémi­niste boli­vienne, Maria Galin­do ne ne pro­clame pas de véri­tés pro­phé­tiques, mais pense plu­tôt post-pan­dé­mique à par­tir de l’in­cer­ti­tude, du ques­tion­ne­ment, de l’in­tui­tion et du “tâton­ne­ment”. Le résul­tat est un dic­tion­naire du lexique avec lequel les gou­ver­ne­ments de gauche et de droite dis­ci­plinent les socié­tés. Com­ment pen­ser poli­ti­que­ment et idéo­lo­gi­que­ment les vac­ci­na­tions dans le monde, l’ordre colo­nial-patriar­cal-extrac­ti­viste qui trans­forme le néo­li­bé­ra­lisme en fas­cisme, et com­ment inter­pré­ter la vitesse du chan­ge­ment à la lumière de la rébel­lion et de la créativité.

Je n’é­cris pas depuis la Boli­vie, mais depuis un ter­ri­toire que l’on appelle l’incertitude.

J’é­cris de la der­nière place dans la queue pour obte­nir la vac­ci­na­tion colo­niale, qui dans de nom­breux pays sera appli­quée comme une dose de salut gou­ver­ne­men­tal et comme un nou­veau contrat sani­taire octroyé par le capi­ta­lisme à tra­vers les États pour survivre.

J’é­cris à par­tir de la conscience acquise dans un pot com­mun, dans un petit mou­ve­ment, dans une lutte qui n’a ces­sé de des­si­ner des cartes de sor­tie, de loca­li­sa­tion et de rencontre.

J’é­cris à par­tir d’une marche de tra­vailleuses du sexe en pan­dé­mie qui affirment que la répres­sion poli­cière est pire que le risque de tom­ber malade et la peur de mourir.

J’é­cris alors que, contre ma volon­té, je me pré­pare à par­ler sur un écran froid que je vou­drais réchauf­fer jus­qu’à ce qu’il explose.

Je n’é­cris pas avec cer­ti­tude, mais avec des doutes, des ques­tions, des intui­tions et des tâtonnements.

Je n’ai pas renon­cé à sen­tir ce monde pan­dé­mique sans gants, et bien que j’aie accep­té l’in­vi­ta­tion à écrire, je suis consciente que tout ce que je dis risque de deve­nir sou­dai­ne­ment une décla­ra­tion ridi­cule, obso­lète, naïve ou de perdre sa cohé­rence comme s’il s’a­gis­sait de glace fondue.

En même temps, je pour­rais m’accrocher à un ton pro­phé­tique fata­liste, biblique ou rédemp­tion­niste et m’at­tendre aux applau­dis­se­ments des cœurs pau­més qui, dans les rues, marchent comme des zom­bies à la recherche déses­pé­rée de voix prophétiques.

La pan­dé­mie est un fait poli­tique, non pas parce qu’elle est inven­tée, inexis­tante ou qu’elle a été pro­duite arti­fi­ciel­le­ment en laboratoire.

La pan­dé­mie est un fait poli­tique car elle modi­fie tous les rap­ports sociaux à l’é­chelle mon­diale et il est donc légi­time et urgent d’y réflé­chir et d’en débattre politiquement.

La pan­dé­mie est un fait poli­tique car elle est pré­sen­tée comme la consé­quence d’un modèle capi­ta­liste mon­dial qui passe de sa ver­sion éco­ci­daire à sa ver­sion sui­ci­daire. Elle ouvre, ou plu­tôt met en évi­dence, la rela­tion sys­té­mique entre éco­cide et suicide.

Soumission grégaire

La pan­dé­mie a mis en place un lexique stan­dar­di­sé au niveau pla­né­taire, uni­forme et éten­du dans tous les pays. Elle sert à réorien­ter la vie sociale vers une socié­té disciplinaire.

Mot à mot, la vie est mise au car­ré pour la réduire à la peur, à la sur­veillance légi­ti­mée de l’É­tat sur toute notre vie, à la dis­so­lu­tion des formes de col­la­bo­ra­tion et d’or­ga­ni­sa­tion non éta­tiques. Les seules formes de col­la­bo­ra­tion qui ont été reva­lo­ri­sées ont été réduites à une sorte de pater­na­lisme social sans pou­voir de poli­ti­sa­tion. L’am­pu­ta­tion du désir est l’une de ses constantes.

Toutes ces opé­ra­tions poli­tiques se font à tra­vers le lan­gage de la pan­dé­mie comme un ins­tru­ment pour nom­mer et don­ner un conte­nu à ce qui se passe. Nous ne remet­tons pas en cause les mesures de pro­tec­tion, la néces­si­té de les prendre ou l’in­con­grui­té de beau­coup d’entre elles, mais la manière de nom­mer l’u­ni­vers entier de la pandémie.

Je ne parle pas de signi­fi­ca­tions cachées : elles sont expli­cites et leur effet des­truc­teur tient à leur répé­ti­tion enva­his­sante, au fait que les diri­geants et les orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales en sont les porte-parole incon­tes­tables et que la popu­la­tion, en géné­ral, fonc­tionne comme une caisse de résonance.

C’est un lan­gage que l’on finit par uti­li­ser pour se com­prendre en quelques mots. Avec son carac­tère glo­bal sans nuances et avec son uti­li­sa­tion irré­flé­chie sans marge pour ques­tion­ner les signi­fi­ca­tions, il fonc­tionne en fas­ci­sant les rela­tions sociales.

Une fois de plus, comme si sou­vent dans l’his­toire, le droit de nom­mer des faits est uti­li­sé comme une arme pour pro­gram­mer leur conte­nu social.

C’est dans les termes avec les­quels les faits sont bap­ti­sés que réside leur conte­nu idéo­lo­gique cen­tral. Ce n’est pas un conte­nu idéo­lo­gique qui fonc­tionne comme une théo­rie à accep­ter, à débattre ou à repen­ser. C’est un conte­nu idéo­lo­gique qui fonc­tionne comme un sens fixe irré­fu­table et une réa­li­té directe, qui a un effet de thé­ra­pie de condi­tion­ne­ment comportemental.

Lexique pandémique

J’ai trou­vé une tren­taine de termes qui consti­tuent l’é­pine dor­sale du lexique et sa fonc­tion de condi­tion­ne­ment com­por­te­men­tal col­lec­tif. Tou­te­fois, je vais pro­po­ser d’en exa­mi­ner quelques-uns seule­ment, pour des rai­sons de place :

Bio­sé­cu­ri­té : Ensemble de mesures visant à faire face au dan­ger mor­tel de conta­gion. Nous devrions rem­pla­cer le mot « sécu­ri­té » par « vul­né­ra­bi­li­té » et le suf­fixe « bio » par « nécro ». Nous sommes vul­né­rables à un dan­ger omni­pré­sent, invi­sible et incon­trô­lable. S’il y a une chose qui n’est pas sûre, c’est bien la vie. Nous ne pou­vons pas par­ler de bio­sé­cu­ri­té alors qu’un tel terme désigne en réa­li­té le nécro­dan­ger ou la biovulnérabilité.

Dis­tan­cia­tion sociale et iso­le­ment : ce ne sont pas les deux mètres dont nous avons besoin pour évi­ter la conta­gion, mais ce sont le conte­nu de l’aiguisement de l’enfermement en soi, du sauve-qui-peut loin de « l’autre », qui est dan­ge­reux par excel­lence. Nous sommes tou·tes deve­nus l’ « autre » de l’ « autre », fai­sant du lan­gage pan­dé­mique un ins­tru­ment de dis­so­lu­tion du col­lec­tif. Ce qui a aus­si œuvré à la fas­ci­sa­tion sociale c’est l’accent mis sur le petit groupe fami­lial ‑la « bulle »- comme votre seul uni­vers de res­pon­sa­bi­li­té et de sens, en uti­li­sant le pro­nom pos­ses­sif inof­fen­sif « les tiens » encore et toujours.

Qua­ran­taine : terme trans­por­té de la peste noire du Moyen-Âge au monde contem­po­rain comme indi­ca­teur qu’au 21e siècle — après plu­sieurs révo­lu­tions tech­no­lo­giques — les mesures sociales de soins sont les mêmes qu’il y a plu­sieurs siècles et portent le même nom. À qui sert la tech­no­lo­gie alors ? Pour­quoi ne dis­po­sons-nous pas d’autres outils contem­po­rains que ceux du Moyen-Âge pour faire face à une pandémie ?

Couvre-feu, confi­ne­ment : ce ne sont pas les seuls termes qui font par­tie du lexique de la pan­dé­mie et qui, dans cette par­tie du monde, ont repré­sen­té les dic­ta­tures mili­taires qui sont dans notre mémoire vivante. N’au­rions-nous pas pu uti­li­ser d’autres mots qui ne sont pas char­gés de mémoire dic­ta­to­riale, ou est-ce que leur charge dic­ta­to­riale était et reste socia­le­ment utile pour réins­tal­ler le pou­voir abso­lu de l’É­tat sur la population ?

Acti­vi­tés essen­tielles : La reclas­si­fi­ca­tion des acti­vi­tés sociales avec le qua­li­fi­ca­tif d’ « essen­tielles », en lais­sant de côté toutes celles qui appar­tiennent à l’u­ni­vers de l’af­fec­tion, du désir, de la créa­ti­vi­té et en rédui­sant les per­sonnes au monde du tra­vail a, dans le lan­gage pan­dé­mique, un effet chi­rur­gi­cal d’am­pu­ta­tion. La seule notion valable de la vie est celle de « tra­vail ». Le simple fait de rem­pla­cer « essen­tiel » par « fonc­tion­nel » don­ne­rait un sens dif­fé­rent à la vie quotidienne.

Télé­tra­vail : dépla­ce­ment du lieu de tra­vail vers le domi­cile, trans­for­mant le tra­vail en un pro­duit qui est payé comme un pro­duit et non comme une acti­vi­té qui est mesu­rée en un nombre d’heures déter­mi­né. C’est ce que l’on appelle dans cette par­tie du monde — que ce soit au Hon­du­ras, au Mexique ou au Bré­sil — la « maqui­la » et le « tra­vail à la pièce », où l’on est payé pour le tra­vail effec­tué et non pour les heures de pro­duc­tion. La maqui­la — ins­tru­ment néo­li­bé­ral par excel­lence — uti­li­sée par les grandes trans­na­tio­nales, notam­ment dans l’in­dus­trie tex­tile — a été trans­fé­rée dans de grands sec­teurs de tra­vail avec la pan­dé­mie et a reçu un nom euphé­mique. Ima­gi­nez le résul­tat si on rebap­ti­sait le télé­tra­vail maqui­la pan­dé­mique ou en exploi­ta­tion à domicile !

L’ob­jec­tif de ce texte étant de pro­po­ser des défis, voi­ci le pre­mier : dres­ser une liste com­plète du lexique de la pan­dé­mie, don­ner à chaque terme sa signi­fi­ca­tion réelle et renom­mer le phé­no­mène que le terme entend nom­mer. C’est pour nous réveiller, pour aigui­ser notre créa­ti­vi­té et pour res­pi­rer la rébel­lion. Les maté­riaux sophis­ti­qués néces­saires sont un crayon et un mor­ceau de papier et si vous le faites entre ami·es, le résul­tat sera amu­sant et explosif.

Contrat sanitaire mondial

Avant de rece­voir le vac­cin, il est urgent de savoir ce que l’on reçoit, non pour pro­po­ser la déso­béis­sance ou la non-vac­ci­na­tion, mais pour ne pas accep­ter pas­si­ve­ment la vac­ci­na­tion comme quel­qu’un qui reçoit la marque au fer du bétail. Nous devons éga­le­ment débattre de son sens poli­tique sur le plan idéologique.

La vac­ci­na­tion n’est pas une solu­tion, quoique fassent les gou­ver­ne­ments du monde entier pour cher­cher à la pré­sen­ter comme telle.

La vac­ci­na­tion est une solu­tion par­tielle pour la tran­si­tion vers un nou­vel ordre qui n’a pas encore de nom. C’est une mesure de sur­vie qui laisse intact le ques­tion­ne­ment struc­tu­rel sys­té­mique que cette pan­dé­mie doit impli­quer pour l’en­semble de l’Humanité.

La queue de vac­ci­na­tion est un dia­gramme des hié­rar­chies glo­bales à carac­tère colo­nial sans méta­phore, mais de manière directe. L’ordre de prio­ri­té est l’ordre de la capa­ci­té de paiement.

À son tour, dans chaque socié­té, l’ordre de vac­ci­na­tion repré­sente en interne le même sché­ma de hié­rar­chies sociales : plus on est à la péri­phé­rie, plus le vac­cin arri­ve­ra tard ou jamais.

Dans ces terres, ils com­mencent par le per­son­nel de san­té parce qu’ils en ont besoin, mais celui-ci est sui­vi par les mili­taires et les poli­ciers, les curés et les évêques, les dépu­tés et les ministres. Et s’ils n’a­vaient pas besoin du per­son­nel de san­té, celui-ci serait éga­le­ment le der­nier à le recevoir.

Les vac­cins sont la maté­ria­li­sa­tion des pou­voirs supra-éta­tiques qui dirigent le monde.

Ce n’est pas l’Or­ga­ni­sa­tion mon­diale de la san­té qui orga­nise la dis­tri­bu­tion équi­table des vac­cins, mais ce sont les entre­prises qui — accu­mu­lant des gains impos­sibles à conce­voir — orga­nisent l’ordre de four­ni­ture des vaccins.

Et ne pen­sez pas que parce que nous sommes pauvres, nous payons moins : nous payons le même prix ou un prix plus éle­vé pour rece­voir des doses plus petites, et les gou­ver­ne­ments les reçoivent à genoux comme une grande conquête, prêts à signer en petits carac­tères tout ce qu’il faut.

Les gou­ver­ne­ments, à leur tour, admi­nistrent les vac­cins comme une injec­tion intra­mus­cu­laire gou­ver­ne­men­tale, un geste dont vous devriez être recon­nais­sant sans vous plaindre.

Les publi­ci­tés pour la vac­ci­na­tion qui sont déve­lop­pées dans des contextes natio­naux par les gou­ver­ne­ments vous font pen­ser que ce que vous obte­nez est une faveur du gouvernement.

Les mon­tants que l’a­chat de vac­cins sup­pose pour de nom­breux États dépassent les inves­tis­se­ments dans la san­té ou sont com­pa­rables à ceux-ci.

Les vac­cins bouffent les bud­gets de san­té, si bien qu’une fois la tem­pête pas­sée, les hôpi­taux et les salles d’o­pé­ra­tion sont tout aus­si miteux qu’avant.

Les vac­cins repré­sentent éga­le­ment la pri­va­ti­sa­tion des connais­sances, car les centres de recherche qui ont les mil­lions que repré­sente la recherche dans le domaine de la bio­lo­gie ou de la méde­cine ne se trouvent pas dans les uni­ver­si­tés publiques ou même dans les socié­tés capi­ta­listes impé­riales, mais direc­te­ment dans les entre­prises qui aspirent les cer­veaux des universités.

Thé­ma­ti­ser et débattre de ces ques­tions autour de la vac­ci­na­tion mon­diale est qua­li­fié de sus­pect car face au vac­cin, ce que nous devons faire, c’est signer pas­si­ve­ment un contrat de san­té uni­la­té­ral comme celui que les banques pro­posent quand on s’en­dette ou comme celui que l’É­tat boli­vien exige des tra­vailleuses du sexe pour leur don­ner la per­mis­sion de travailler.

C’est ce contrat sani­taire et son carac­tère expli­cite qui peuvent conte­nir les luttes qui auront un sens à l’avenir.

Obsolescence politique

Les gou­ver­ne­ments béné­fi­cient de l’ad­mi­nis­tra­tion des États, mais ils ne gou­vernent pas : ce sont des admi­nis­tra­teurs secon­daires d’un ordre colo­nial-patriar­cal-extrac­ti­viste. Ce fait tan­gible aujourd’­hui réoriente radi­ca­le­ment nos luttes et nos horizons.

La dif­fé­ren­cia­tion clas­sique gauche-droite pour inter­pré­ter le champ poli­tique est deve­nue obso­lète : la fas­ci­sa­tion, par exemple, dans le lexique a englo­bé les deux.

Nous sommes dans la tran­si­tion du régime néo­li­bé­ral au régime néo­li­bé­ral de marque fas­ciste et la gauche ne le visua­lise même pas car si les caté­go­ries d’a­na­lyse et d’or­ga­ni­sa­tion sociale que la gauche nous pro­po­sait étaient déjà dépas­sées, aujourd’­hui elles sont deve­nues obsolètes.

Les gou­ver­ne­ments dits « de gauche » sont aus­si des gou­ver­ne­ments inca­pables de pro­po­ser un autre hori­zon que celui impo­sé par le néo­li­bé­ra­lisme. Ce fait n’est en aucun cas la fin de la poli­tique, mais la nais­sance d’une nou­velle poli­tique. Une nou­velle poli­tique qui n’a ni avant-garde, ni sau­veurs, ni chefs et qui exige de nous tou·tes une forte dose de créativité.

Ce n’est pas de force dont nous avons besoin, mais de la conscience de notre vulnérabilité.

Les sujets sociaux sont dilués par la fatigue, le manque d’i­dées, le deuil, l’in­ca­pa­ci­té ou l’im­pos­si­bi­li­té de réagir, tan­dis que d’autres per­sonnes dépos­sé­dées se recons­ti­tuent en tant que sujets sociaux avec une capa­ci­té d’in­ter­pel­la­tion : ceux qui se tournent vers les ani­maux pour se réin­té­grer en tant qu’a­ni­maux, ou ceux qui pro­duisent de la san­té, de la nour­ri­ture ou de la jus­tice avec leur col­lec­ti­vi­té sont ceux qui n’ont pas été para­ly­sés par la peur.

Tout se passe à grande vitesse même si le temps s’est arrêté.

La vitesse des chan­ge­ments est la vitesse d’une pro­fonde métamorphose.

L’in­ter­pré­ter au risque de se trom­per est notre pari.