Quand Charlie Hebdo chasse avec les chiens de garde.

Presse « de gauche », plagiat, troncature, enfumage et reprises des bobards de factieux.

Par Vla­di­mir MARCIAC

Vous allez voir : nos médias ne sup­portent pas ça. Et pas que nos médias répu­tés de droite, hélas !

Tan­dis que se construit l’Europe de la concur­rence et de l’argent-roi, de la com­pé­ti­tion inami­cale entre les pays de l’UE, tan­dis que nos médias pri­vés condamnent le tra­vailleur grec (oisif et non impo­sé), l’Espagnol dépen­sier, l’Italien com­bi­nard, le Fran­çais aux 35 heures et qu’ils ali­mentent la crainte de voir arri­ver le plom­bier polo­nais, les pays du sous-conti­nent lati­no-amé­ri­cain se dressent un à un contre l’Empire dans un pro­ces­sus soli­daire où cha­cun aide l’autre et se réjouit de ses succès.

Après Cuba, qui fut long­temps seule, le Vene­zue­la, la Boli­vie, le Nica­ra­gua, l’Equateur, d’autres, à des degrés divers, ont choi­si l’entraide dans la récu­pé­ra­tion de leur souveraineté.

Des orga­nismes inter­éta­tiques ont été mis en place, qui réunissent nombre de pays lati­nos-amé­ri­cains. Une télé­vi­sion, par satel­lite (Tele­sur) taille des crou­pières à CNN en langue espa­gnole, des pro­grammes d’alphabétisation, de san­té, d’alimentation ont été mis en place, les échanges com­mer­ciaux se paient par­fois, non pas en mon­naie, mais en ser­vices, dans une sorte de troc.

Pour ces rai­sons-là, ces pays sont mitraillés par nos médias.

Lais­sons, pour une fois, leurs cibles favo­rites (Cuba, le Vene­zue­la) et pas­sons à une autre qu’il faut dia­bo­li­ser d’urgence car elle se mêle de gêner consi­dé­ra­ble­ment les USA et d’agacer l’aile droite de Char­lie Hebdo.

D’abord, le « vio­leur agres­seur sexuel ».

L’Equateur a déci­dé d’accorder l’asile poli­tique à Julian Assange, le créa­teur de Wiki­leaks. Du coup, Rafael Cor­rea, pré­sident élu de ce pays devient l’homme à abattre. Média­ti­que­ment puisque la ten­ta­tive d’exécution phy­sique a échoué.

Puis le futur despote…

Le 7 mai 2011, Rafael Cor­rea célé­brait la 8 ème vic­toire élec­to­rale de la « Révo­lu­tion citoyenne ». 11 mil­lions d’Equatoriens venaient de voter oui à 61% aux 10 ques­tions posées par référendum.

Dans une inter­view redif­fu­sée par Tele­sur, Rafael Cor­rea a rele­vé, qu’une fois de plus, les grands médias ont mené une féroce cam­pagne pour le « non ». Ce ne sont pas les oppo­sants qui ont été les prin­ci­paux adver­saires du « Oui » mais une presse qui « a dépas­sé toutes les limites et a per­du tout scru­pule ». Et Rafael Cor­rea pré­voit une nou­velle mon­tée en puis­sance de la guerre médiatique.

Petit coup d’Etat sans impor­tance pour nos défen­seurs des droits de l’Homme

Bref retour en arrière pour rap­pe­ler que le pré­sident avait été vic­time d’une ten­ta­tive de coup d’État le 30 sep­tembre 2010, fomen­té par des élé­ments d’extrême-droite de la police, alliés aux médias pri­vés. Sa voi­ture mitraillée (17 impacts de balles), vic­time d’un lan­cer de gre­nade lacry­mo­gène, Rafael Cor­rea, qui se bles­sa alors au genou, et une poi­gnée d’hommes (ses gardes du corps) avaient pu se réfu­gier dans une pièce de l’hôpital de Qui­to où ils s’apprêtaient à mou­rir quand les fac­tieux armés entre­prirent de les déloger.

Mau­rice Lemoine, grand spé­cia­liste de l’Amérique latine rap­porte ceci dans le Monde Diplo­ma­tique : « Le ministre des affaires étran­gères Ricar­do Patiño et le maire de Qui­to Augus­to Bar­re­ra appellent la popu­la­tion, déjà ras­sem­blée en masse devant le palais pré­si­den­tiel, à se rendre à l’hôpital mili­taire, « de façon tran­quille et paci­fique », pour en sor­tir M. Correa.

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Com­mence un long face à face pen­dant lequel les « forces de l’ordre » répriment – sans doute un mort et une cen­taine de bles­sés – les par­ti­sans du pré­sident, ten­tant, à l’aide d’un déluge de gaz lacry­mo­gène, de les empê­cher d’approcher. Ce n’est qu’au bout de onze heures de chaos, à 21h25, qu’un com­man­do de l’armée, affron­tant vio­lem­ment les mutins, vien­dra « extraire » M. Correa ».

Pen­dant ce temps, des mili­taires occu­paient la piste de l’aéroport inter­na­tio­nal et les put­schistes ten­taient d’empêcher la télé­vi­sion publique équa­to­rienne de conti­nuer à dif­fu­ser des infor­ma­tions sur l’encerclement du pré­sident. Tele­Sur a per­mis de suivre les évé­ne­ments en direct et en continu.

L’aile droite de Char­lie Heb­do n’aime pas qu’on résiste aux mil­liar­daires et aux USA.

Char­lie Heb­do du 29 août consacre un tiers de sa page 11 à (contre) l’Equateur. L’article est signé Gérard Biard, rédac­teur en chef, qui fus­ti­geait Cuba la semaine pré­cé­dente, en jetant poivre et piment sur une dépêche de l’AFP qui lui parais­sait trop cas­triste : www.legrandsoir.info/charlie-hebdo-contre-l-afp.html

A Char­lie Heb­do, l’international est assu­ré par Gérard Biard et par Eric Simon qui a confié à un admi­nis­tra­teur du GS qu’il est pris de nau­sée devant les anti-impé­ria­listes et qui qua­li­fie LGS et ses admi­nis­tra­teurs de nazis (rouges-bruns).

L’article de Biard (on n’ose dire « enquête » sans gal­vau­der ce mot) est un pam­phlet contre Rafael Cor­rea, accu­sé d’opprimer sa presse. C’est amu­sant, car le pré­texte à cette attaque est l’asile accor­dée par l’ambassade de l’Equateur à Londres à Julian Assange (qui, dit Biard, fait des « décla­ra­tions hal­lu­ci­nées »). En d’autres temps, Char­lie Heb­do, ses plumes his­to­riques, auraient pris le par­ti du fugi­tif recher­ché par l’énorme machine fli­carde inter­na­tio­nale pour crime de dif­fu­sion d’informations incontestables.

Mais là, le pro­jet de Biard, c’est de démon­trer que Rafael Cor­rea ne res­pecte pas la liber­té de la presse chez lui. Oh que non ! C’est amu­sant encore quand on sait qu’il y a, en Amé­rique-Latine, des dic­ta­tures, amies des USA, où les jour­na­listes se font des­cendre comme des lapins, mais, bon, silence, hein ?

De même que l’article d’Eric Simon était fon­dé sur des sources vaseuses (Ornel­la Guyet) décriées par toutes les consciences, celui de Gérard Biard puise dans les infor­ma­tions des médias de droite et chez Repor­ters sans fron­tières. Il faut ne rien connaître pour igno­rer que RSF, finan­cée par plu­sieurs agences qui sont des para­vents, par­fois avoués, de la CIA, mène un com­bat par­ti­san contre tous les pays du monde qui pré­tendent résis­ter aux USA.

User des infor­ma­tions de RSF en la matière, c’est repro­duire les dépêches des médias (pri­vés) d’opposition de l’Equateur. Croire un mot de ce qu’elles racontent, c’est croire Lan­dru quand il dit qu’il ne sait pas allu­mer un feu ou Sar­ko­zy qui jure­rait n’avoir jamais eu de montre ou Eric Simon quand il pré­tend que les admi­nis­tra­teurs du GS invitent les nazis (les bruns) chez eux ou, bien sûr, Robert Ménard quand il pré­tend ne pas être proche du FN.

L’Equateur à RSF : « la réa­li­té du pays ne se réduit pas à celle de quatre familles pro­prié­taires de médias ».

En réponse à une lettre ouverte de Repor­ters sans fron­tières cri­ti­quant l’attitude du pré­sident Rafael Cor­rea à l’égard des médias, le gou­ver­ne­ment équa­to­rien lui a pro­po­sé de par­ti­ci­per dans son pays à un débat sur la liber­té de la presse :

« Nous vous invi­tons, avec d’autres orga­nismes inter­na­tio­naux défen­dant la liber­té de la presse à par­ti­ci­per à un forum » sur ce sujet. « Ain­si nous pour­rons avoir une vision plus ample de la réa­li­té du pays qui ne se réduit pas à celle de quatre familles pro­prié­taires de médias ». Des jour­na­listes, des étu­diants et des patrons de presse seraient éga­le­ment invités.

Invi­ta­tion reje­tée, à notre connaissance.

L’article de Biard contre l’Equateur, disons-le tout net, est aus­si mal­hon­nête et mou du genou-déon­to­lo­gique que ceux de son com­parse Simon et de son ins­pi­ra­trice (Guyet) contre LGS.

Exemples :

Biard dit que Julian Assange est accu­sé d’agression sexuelle et de viol, sans pré­ci­ser, même en deux mots, ce que la loi sué­doise entend par-là et que la loi fran­çaise ne retient pas. Char­lie Heb­do : Assange est un agres­seur vio­leur. Ah ? Ils sont vache­ment média­ti­sés, ces temps-ci, les agres­seurs-vio­leurs. Dans le monde entier, dis-donc. Tous, n’est-ce pas ? On voit ici l’ampleur du fou­tage de gueule planétaire.

En véri­té, ce bon Oba­ma compte faire voya­ger le fon­da­teur de Wiki­leaks : Grande-Bretagne>Suède, Suède >USA, USA>Cuba (Guan­ta­na­mo).

D’après Biard, Cor­rea a por­té plainte contre le jour­nal El Uni­ver­so, parce qu’un article le trai­tait de dic­ta­teur et l’accusait de crimes contre l’humanité. Ce que le lec­teur de Char­lie Heb­do ne sau­ra pas, c’est que ce jour­nal accu­sait aus­si Cor­rea d’avoir « ordon­né de tirer à dis­cré­tion dans un hôpi­tal plein de civils ». Et que ce men­songe éhon­té d’El Uni­ver­so était la manière dont il ren­dait compte de l’encerclement du pré­sident dans cet hôpi­tal, tan­dis que les put­schistes tiraient sur lui et qu’ils essayaient (par la force des armes et les men­songes des médias pri­vés) d’empêcher la foule d’arriver en ren­fort vers le pré­sident élu.

Biard écrit que des jour­na­listes ont été condam­nés à ver­ser au pré­sident des mil­lions de dollars[[Rafael Cor­rea a renon­cé à per­ce­voir les amendes infli­gées aux médias condam­nés. Biard signale qu’il a accor­dé son « par­don » (les guille­mets et ita­liques sont de Biard). Par­don­ner est un pri­vi­lège de tyrans. Les pré­si­dents démo­crates, eux, usent « d’un droit de grâce ». C’est d’ailleurs cette for­mu­la­tion (Cor­rea a gra­cié… ») qu’ont rete­nue nombre d’organes de presse (pas tous) puisque « per­do­nar » peut aus­si être tra­duit par « gra­cier », ce qui conve­nait mieux ici. Objec­ti­ve­ment. D’ailleurs, la dépêche de l’AFP parle de « par­don », mais évoque aus­si « le direc­teur d’El Uni­ver­so, condam­né puis gra­cié ».]] « pour avoir évo­qué des contrats publics dou­teux accor­dés, à son frère ». Nous lisons bien : le frère du pré­sident a (et non pas « aurait », ou « aurait selon l’opposition » ou « aurait selon la presse pri­vée d’opposition ») béné­fi­cié de contrats dou­teux. Et le seul fait de l’évoquer est puni.

Et pour­quoi est-ce puni ? Soit parce que l’information est dif­fa­ma­toire, soit parce que la Jus­tice est aux ordres. Dans ce der­nier cas, com­ment expli­quer des déci­sions de juges débou­tant le gou­ver­ne­ment (Biard s’en réjouit) dans un pro­cès contre des oppo­sants à un pro­jet d’exploitation minière et pétrolière ?

De plus, Rafael Cor­rea exerce un tel contrôle sur la jus­tice que les auteurs du coup d’Etat raté sont qua­si­ment tous remis en liber­té ou non poursuivis.

Par ailleurs, com­ment Biard peut-il se déso­ler du pro­jet de créa­tion (approu­vé par le peuple consul­té par réfé­ren­dum) d’un « organe de contrôle des conte­nus jour­na­lis­tiques » sans dénon­cer en même temps son pen­dant dans toutes les pays occi­den­taux et dont le nom en France est : le CSA ?

D’autant plus que, me souffle un lec­teur bien infor­mé, « Le pro­jet de loi sur la com­mu­ni­ca­tion, blo­qué depuis 2 ans à l’Assemblée Natio­nale équa­to­rienne par l’opposition et les grands groupes de com­mu­ni­ca­tion, ne crée pas une ins­tance de contrôle du conte­nu des médias, mais une ins­tance de régu­la­tion qui, entre autres, repé­re­ra les mes­sages vio­lents, sexuels et dis­cri­mi­na­toires. Cette ins­tance ne sera même pas super­vi­sée par le gou­ver­ne­ment, n’aura aucun pou­voir de cen­sure et dis­po­se­ra de beau­coup moins de pou­voir que le CSA en France, par exemple ».

Com­ment Biard peut-il glis­ser une phrase où il concède que « Rafael Cor­rea n’a pour le moment rien d’un des­pote… », alors que tout son article tend à per­sua­der son lec­teur du contraire. Et d’où tient-il la vali­di­té de son « pour le moment » ?

L’art de pla­gier et tri­tu­rer une dépêche d’agence sans la citer.

Le 17 août, l’AFP dif­fu­sait une dépêche réqui­si­toire au titre assez « enga­gé » : « Cor­rea — Quand un pour­fen­deur de la presse, se fait le héraut de la liber­té d’expression. »

Gérard Biard s’en ins­pire en douce pour titrer pla­te­ment son article : « Cor­rea défend la liber­té d’expression, sauf chez lui ».

Regar­dons main­te­nant les res­sem­blances entre la dépêche de l’AFP (source non citée par Biard), en notant bien les cou­pés-col­lés par­fois affec­tés de varia­tions infimes qui per­mettent à l’auteur de faire croire qu’il a creu­sé le sujet, de gom­mer ce que sa source dit de posi­tif, d’en ajou­ter dans le négatif :
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Du pla­giat mal­veillant par­se­mé de tra­fi­co­tages et d’insinuations. Un vrai jour­na­liste aurait au moins appe­lé l’ambassade de l’Equateur pour avoir sa ver­sion, quitte à la contester.

Mais ce n’est pas tout !

Com­ment l’AFP et Gérard Biard mentent par omis­sion et insinuation

Etu­dions main­te­nant le der­nier pas­sage du tableau ci-des­sus, rela­tif à une plainte pour une pho­to. Le texte est assez sibyl­lin, non daté, exempt de noms pour qu’aucune recherche et véri­fi­ca­tion ne puissent être faites par le lec­teur qui, après cet ajout sans aucun rap­port avec l’affaire Julian Assange, est mûr pour tirer une conclu­sion finale : Cor­rea est un dictateur.

Nous y appre­nons en sub­stance, avec les 60 000 (?) lec­teurs de Char­lie Heb­do enfu­més par le rédac­teur en chef que, pas­sant outre l’accord et les droits des parents (lamb­das), le gou­ver­ne­ment (liber­ti­cide) veut punir la publi­ca­tion de pho­tos d’enfants (lamb­das) prises lors d’une (ano­dine) récep­tion en son palais présidentiel.

Or, de quoi est-il ques­tion en véri­té ? Pour pro­té­ger les enfants et les ado­les­cents, le gou­ver­ne­ment équa­to­rien a créé un « Conse­jo Nacio­nal de la Niñez y Ado­les­cen­cia » rat­ta­ché au minis­tère « de Inclu­sión Econó­mi­ca y Social », sou­te­nu et en par­tie finan­cé par l’Unicef. Voir étude de l’Unicef (en espagnol)

Cet orga­nisme pré­voit, par­mi des dizaines de dis­po­si­tions cou­vrant un large éven­tail : tra­vail des enfants, mal­trai­tance, soins médi­caux, ali­men­ta­tion, alpha­bé­ti­sa­tion, abus sexuels, etc., un droit des enfants à leur image.

Tous ces droits, on en sera d’accord, sont ceux des enfants et ne peuvent être dépen­dants du bon vou­loir des parents.

Or, un dépu­té de l’opposition, Dalo Buca­ram, fils d’un ancien pré­sident qui avait fui au Pana­ma en empor­tant plu­sieurs mil­lions de dol­lars, a fait publier le dimanche 12 août 2012, dans El Uni­ver­so, un article poli­tique illus­tré d’une pho­to de ses trois enfants au Palais pré­si­den­tiel auprès de Rafael Cor­rea, comme preuves de réunions avec le pré­sident en vue du retour pos­sible de l’exilé.

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Posons que cette affaire, l’utilisation d’enfants par leur père, dépu­té, fils d’un pré­sident fuyard, la réac­tion qu’elle a suci­tée, peuvent paraître sur­réa­listes à un citoyen fran­çais. Mais que dire de l’usage qu’en fait l’AFP par volon­taire réten­tion d’informations et Gérard Biard, trop content de faire un copie-col­lé subrep­tice, à charge ? Et v’lan un coup de sabot final ! Pas la peine de s’embêter à véri­fier ce qui s’est pas­sé vrai­ment. Le lec­teur n’ira pas voir, sur­tout s’il ne connaît pas la langue du coin.

Et puis, contre les « anti-impé­ria­listes » tout bois fait flamme. Quitte à dés­in­for­mer le lec­teur, ce cochon de payant qui, ne fai­sant pas par­tie de la rédac­tion du jour­nal, est affec­té d’un QI for­cé­ment infé­rieur à celui du rédac­teur en chef emberlificoteur.

Conti­nuons à lire Char­lie Hebdo :

Quand le futur « des­pote » inter­dit « toute manifestation »

Biard, déçu sans doute par la modé­ra­tion de l’AFP est allé fouiller dans un rap­port d’Amnesty Inter­na­tio­nal publié le 17 juillet pour y décou­vrir que « Cor­rea est accu­sé de détour­ner abu­si­ve­ment le sys­tème judi­ciaire pour empê­cher toute mani­fes­ta­tion ». Si cela est exact (mais on vient d’apprendre qu’il faut tout véri­fier et tout contex­tua­li­ser), c’est condam­nable. La ver­sion de Char­lie Heb­do nous trace en effet le por­trait d’une dic­ta­ture qui empêche TOUTE ESPECE DE MANIFESTATION dans le pays.

Toute mani­fes­ta­tion ? Non, dit en véri­té le rap­port cité qui déplore les « manœuvres semble-t-il déli­bé­rées visant à les empê­cher [les indi­gènes et cam­pe­si­nos] de pro­tes­ter contre des pro­jets ayant des réper­cus­sions sur leur envi­ron­ne­ment et leurs terres », c’est-à-dire des mani­fes­ta­tions spé­ci­fiques en des lieux précis.

De sur­croît, si Biard rap­porte ensuite fidè­le­ment les écrits d’Amnesty inter­na­tio­nal quand elle parle de 24 diri­geants incul­pés « pour ter­ro­risme, sabo­tage, blo­cage des routes et assas­si­nat » en lien avec des mani­fes­ta­tions de 2009 et 2010, il oublie au pas­sage cette remarque du rap­port : « Amnes­ty Inter­na­tio­nal recon­naît que l’État est tenu de main­te­nir l’ordre public et d’enquêter sur les crimes sus­cep­tibles d’être com­mis dans le cadre d’une manifestation ».

Le lec­teur novice du Grand Soir vient d’avoir une révé­la­tion : le jour­na­liste n’est pas celui qui se fait rétri­buer, c’est celui qui informe. LGS l’avait déjà dit, je crois.

Jean-Luc Mélen­chon com­plice de Rafael Correa.

Il y a peut-être aus­si un autre crime, plus récent, que Biard impute à Rafael Cor­rea. Mais dif­fi­cile pour lui d’y aller fran­co sans contra­rier une par­tie du jour­nal, dont son direc­teur de publication.

Le 11 Avril 2012, l’Humanité publiait ce qui suit :

« Rafael Cor­rea, pré­sident de l’Equateur, sou­tient Jean-Luc Mélenchon

Dans une lettre adres­sée, depuis Qui­to, à Jean-Luc Mélen­chon, que nous repro­dui­sons ici, le pré­sident de l’Equateur, Rafael Cor­rea, salue et sou­tient la cam­pagne du Front de gauche et de son candidat ».

« Cher Jean-Luc,

Les injus­tices et les inéga­li­tés géné­rées par un sys­tème basé sur le pou­voir de quelques-uns et l’exploitation de la majo­ri­té, ont pous­sé, en Amé­rique latine, les citoyennes et les citoyens à s’unir pour redé­fi­nir notre des­tin. La véri­té, l’honnêteté, la force, la créa­ti­vi­té et la sim­pli­ci­té des grandes idées résident en nos com­pa­triotes et avec eux nous construi­sons ce futur que nous appe­lons tous de nos voeux.

« Qu’ils s’en aillent tous »

En Amé­rique latine, ce sys­tème qui met­tait le capi­tal au-des­sus de l’humain et les inté­rêts cor­po­ra­tistes au-des­sus des droits citoyens s’est défi­ni­ti­ve­ment éteint. En Équa­teur, cela s’est tra­duit par le mot d’ordre du peuple : « Qu’ils s’en aillent tous ! ». Et c’est ain­si que nous avons débu­té une révo­lu­tion citoyenne des­ti­née à chan­ger les struc­tures du pou­voir et à ins­tau­rer le bien vivre pour toutes et tous. Nos pas ne sont pas gui­dés par les recom­man­da­tions du Fonds moné­taire inter­na­tio­nal (FMI) et de la Banque mon­diale, mais par une nou­velle Consti­tu­tion, adop­tée direc­te­ment par le peuple, et dont les droits de l’homme consti­tuent la colonne vertébrale.

« Sur­mon­ter le fon­da­men­ta­lisme néolibéral »

Le nou­veau Front de Gauche que tu mènes est une réfé­rence pour les mou­ve­ments pro­gres­sistes de toute l’Europe, nous sommes sûrs que vous sau­rez affron­ter les défis posés par ce moment his­to­rique de la réa­li­té euro­péenne. Ce sou­tien popu­laire crois­sant est une preuve que l’Europe peut, elle aus­si, sur­mon­ter le fon­da­men­ta­lisme néo­li­bé­ral qui fait subir aux citoyens le coût de la crise, repous­sant ain­si les aspi­ra­tions sociales et enra­ci­nant les inégalités.

Les pro­po­si­tions sociales que tu fais ont d’ores et déjà com­men­cé à être stig­ma­ti­sées par les grands médias, les­quels te qua­li­fient de « popu­liste » et « démagogue » :

bien­ve­nue dans la lutte, il s’agit là de la réac­tion du capi­tal, lorsque se pro­filent les poli­tiques et les mesures au béné­fice des tra­vailleurs, des sala­riés, de la grande majorité.

« Has­ta la vic­to­ria Siempre »

Reçois, cher Jean-Luc, au nom du gou­ver­ne­ment de la Révo­lu­tion citoyenne, de tous les révo­lu­tion­naires de l’Équateur, et de moi-même, le sou­tien à ton pro­jet de socié­té au ser­vice de ton pays. Ici comme en France a son­né l’heure de la Révo­lu­tion citoyenne et de la marche vers un ave­nir fait de vie et de paix, fruits de la justice.

Nous saluons ta recon­nais­sance envers le tra­vail quo­ti­dien que des mil­lions d’Équatoriennes et d’Équatoriens menent avec cohé­rence et volon­té pour trans­for­mer radi­ca­le­ment et pro­fon­dé­ment les struc­tures d’une réa­li­té éco­no­mique, sociale et poli­tique qui nous avait plon­gés dans la pau­vre­té, la dépen­dance et le sous-développement.

Nous te sou­hai­tons, com­pañe­ro, le suc­cès dans cette élec­tion pré­si­den­tielle. Compte sur notre soli­da­ri­té militante.

Has­ta la vic­to­ria Siempre,

Rafael Cor­rea Del­ga­do, Pré­sident consti­tu­tion­nel de la République ».

Jean-Luc Mélen­chon com­plice de Rafael Cor­rea et de Julian Assange

Julian Assange est inter­ve­nu le 24 août en direct par télé­phone au cours des jour­nées d’été du Par­ti de gauche (PG) . « La France a été un pays impor­tant pour Wiki­leaks », a‑t-il décla­ré avant d’ajouter : « Une par­tie de la presse fran­çaise a été à nos côtés ». Oui, sauf celle qui savate le petit pays qui prend le risque de vous accueillir.

Fina­le­ment, que lire le mercredi ?

Bref, Rafael Cor­rea, éco­no­miste modé­ré qui a fait ses études aux USA, entend ne plus lais­ser le puis­sant voi­sin consi­dé­rer son pays comme une colo­nie offi­cieuse. Il veut éta­blir la jus­tice sociale, pro­té­ger l’enfance et l’adolescence, arra­cher son peuple à la misère et récu­pé­rer le fruit des richesses de son pays (pétrole, cacao…). Il le fait contre des médias appar­te­nant aux oli­garques et qui rem­placent l’opposition défaite par les ver­dicts des urnes. Il est vic­time d’un coup d’Etat auquel les médias par­ti­cipent. Il veut fixer des règles média­tiques s’approchant de celles dont nous nous accom­mo­dons. Il pro­pose l’asile et la liber­té au fon­da­teur de Wikileaks.

C’est trop pour les USA et les put­schistes (on les com­prend). C’est trop pour Char­lie Heb­do (il n’est plus à gauche, cet heb­do ? Vous le saviez ? Ses lec­teurs le savent ? Il est reve­nu, Phi­lippe Val ?).

Je viens de com­prendre d’un seul coup pour­quoi, autour de moi, des esprits libres et sans pré­ju­gés, qui ont un besoin heb­do­ma­daire de satire, d’impertinence, de per­si­flage et de des­sins, me disent ache­ter désor­mais le Canard Enchaî­né, qui tire à 500 000 exemplaires.

Du coup, je suis allé y voir. Claude Angel­li qui y traite (pru­dem­ment) des affaires inter­na­tio­nales, n’a aucun mal à contour­ner Biard et Simon sur leur gauche.

Cepen­dant, je vais m’astreindre régu­liè­re­ment à décryp­ter la prose de Char­lie Heb­do, comme ce jour­nal a com­men­cé à éplu­cher celle du Grand Soir avec, dit-il, une future mise en oeuvre de gros moyens.

Je te tiens, tu me tiens, par la bar­bi­chette, le pre­mier qui mentira…

Vla­di­mir Marciac

Source de l’ar­ticle : LGS